Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
Soutenez le Secours populaire
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)

06/08 - Gracieux amour
Je viens de regarder Sur la route de Madison avec Meryl Streep et Clint Eastwood.
Je l’avais déjà vu il y a quelques mois, mais lorsque je l’ai trouvé à 2,99 € à la maison de la presse, l’envie de le revoir m’est tombée dessus.
C’est un très beau film. Un film qui te fout bien les boules. Enfin, moins quand même que Une bouteille à la mer, mais pas mal non plus.

J’ai hâte de revoir le Prince.
Je voudrais le serrer dans mes bras. Caresser son visage.
Et même s’il ne se passe rien d’autre que cela, ni un baiser ni une caresse désireuse. Juste un peu de tendresse.
Je voudrais tellement lui apporter cette petite dose d’amour, celle que ses enfants ne peuvent lui donner, et que les gens qu’il connaît depuis longtemps déjà ne peuvent plus ressentir.
Cet émoi tout neuf, cet élan du cœur, sentiment qui dépasse tout, qui pousserait à tout quitter, qui est plus immense que tout, et qui fait s’envoler mon cœur.
Une sorte d’orgasme de l’âme.
Si puissant et si doux.

Je l’aime et je voudrais vraiment qu’il profite de ce sentiment.

J’ai essayé de me trouver belle l’autre jour dans le miroir.
J’ai vraiment essayé, mais je n’ai pas réussi.
Ce n’est pas possible.
Ma peau fait des plis de partout, mes kilos en trop sont trop voyants, trop lourds sur moi, mes seins ne sont pas beaux, ils n’ont rien de charmant, de frais, de sensuel.
Ils sont là, tout roses, entourés de veines bleues et de vergetures qui ressemblent à d’horribles cicatrices. Comme si on m’avait dessiné des rayons de soleil au couteau tout autour de ces énormes cercles roses.
Je ne comprends pas comment Elle a pu me trouver désirable.
Et avoir envie de moi comme cela.
Elle était si belle, elle. Si mince, avec ses seins si petits et si chauds, ses tétons marron qui se distinguaient, comme une cerise sur le gâteau, au milieu de ces deux collines brûlantes.
Tous ceux qui m’ont déjà vu diront que je ne suis pas du tout grosse, à moins que depuis la dernière fois j’aie pris 10 kilos, mais non, je suis toujours la même.
Seulement je suis une fausse mince.
Habillée on pourrait croire que je suis plutôt bien faite, que j’ai ce qu’il faut où il faut, que je ne suis pas anorexique mais que je suis bien. Normale.
Mais déshabillée je vous assure que je suis immonde.
J’ai apprivoisé ce corps, je le connais par cœur, je pourrais le dessiner au détail près, je l’ai d’ailleurs fait de nombreuses fois, je le connais comme on connaît une ville, une petite ville dont on aurait arpenté chaque recoin.
Je ne me déteste pas seulement je ne suis pas belle.
Je me plais parfois, lorsque je me regarde dans le miroir, mais ce n’est que lorsque je suis habillée.
Déshabillée je n’ai aucun charme, je suis encore moins gracieuse que lorsque je suis habillée, quoi que je fasse mon ventre fait d’horribles plis et mes seins ne ressemblent à rien.
Je ne suis pas vraiment complexée, peut-être qu’il me trouvera à son goût et, dans ce cas, je n’aurai plus qu’à me réjouir, je me dirai que finalement je ne suis pas si mal si je peux lui plaire.

Je me suis beaucoup attachée au personnage de Ruth dans le roman de Lucía Extebarria, elle tombe follement amoureuse de Juan mais pendant le quart d’heure qui précède ses retrouvailles avec lui, elle se trouve soudain pleine de doutes, ne cesse de revoir le corps mince et ferme de Biotza, la fiancée officielle de Juan, en se disant que ses courbes vertigineuses se trouvent trop à l’opposé du corps de celle-ci, qu’il n’est pas possible que Juan apprécie ses rondeurs si celle qu’il a officiellement choisie est si différente.
Mais mes courbes ne sont pas vertigineuses, elles sont disgracieuses.
Elles n’ont rien de sensuel.
Je sais qu’il faudrait que j’arrête de me goinfrer de chocolat et de tout ce que j’aime manger sans me priver, qu’il faudrait aussi que je fasse du sport, mais cela fait des années que je n’en ai pas fait et le seul sport qui me convient à peu près c’est la natation, mais la natation cool, sans un maître nageur pour me donner des ordres.
Je crois qu’à part les quelques années que j’ai passé au club d’escrime, je n’ai jamais supporté de faire du sport en club, en n’étant pas maître de mes actes, en devant toujours obéir à quelqu’un. Quelqu’un qui aurait pris mon corps pour une marionnette et qui lui ferait faire ce qu’il veut.
Jamais je ne referai du sport quelque part, dans un club quelconque.
La natation est le seul sport que je supporte parce que je me sens irrésistiblement bien dans l’eau.
Quoi que je fasse d’autre, et même lorsque ce n’est qu’une balade dans la ville, des escaliers à monter, un gros sac à porter, ou juste lorsqu’il s’agit de quitter la position assise et de me lever, je suis inévitablement atteinte d’étourdissements, de maux de tête éclairs qui me secouent le cerveau pendant trois secondes, qui me laissent ensuite vide, et qui me font voir tout en bleu pendant quelques autres secondes.
Je m’y suis faite, je ne sais même plus depuis combien de temps je traîne ce genre de symptômes, en fait je crois que je suis tellement habituée à la douleur qu’elle est devenue une compagne, un repère.
Ce n’est pas normal de souffrir, je le sais, mais je m’y suis habituée, c’est terrible, mais c’est comme ça.
Cela me fait penser à une des chansons du dernier album de Jeanne Cherhal.
Je n’ai pas les paroles ici et elle n’est pas dans mon iPod. Elle s’appelle « On dirait que c’est normal ». Je me souviens qu’une des phrases m’avait particulièrement parlée.

Je vais aller lire un peu de la vie de Ruth.
Quand j’aurai fini le roman, je sais qu’elle va me manquer.
Elle est bien différente de celles que j’ai aimées précédemment c’est-à-dire Eva dans Un miracle en équilibre et Cristina dans Amour, Prozac et autres curiosités mais son personnage est merveilleusement approfondi.
Et elle me plaît beaucoup.

J’aime sa fragilité.

Tout à l’heure j’ai vu une fille dans la rue qui lui ressemblait.
Qui ressemblait du moins à l’image que j’ai d’elle.

J’aime croiser des personnages comme cela.

Un jour je me suis retrouvée face au William qui me trotte dans la tête depuis un an et dont je rêve d’écrire un jour l’histoire.
Il avait le crâne dégarni, une cigarette Winston à la main, un regard brisé mais d’une bonté inouïe, et un sourire qui redonnerait à un criminel, l’envie de faire le bien.
Il était prof de maths.
Et mon cœur a fait un grand bond.
Depuis il ne se passe pas une seconde sans que je pense à lui.


Ecrit par inconsciente, le Samedi 11 Août 2007, 15:39 dans la rubrique Vacances.