Jeudi (27/09/07)
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Ecrit par inconsciente, à 21:08 dans la rubrique Les autres.
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Lundi (03/09/07)
Cousine fourmi
Cousine fourmi était ma prof de français en 1ère L.
Je sortais de l’année de 2nde, où j’avais maman comme prof de français, et j’appréhendais terriblement d’avoir la fourmi comme professeur principal.
Elle semblait tellement plus froide que maman.
Maman est pour moi l’incarnation de la féminité.
Plutôt petite, des bras ronds, des mollets ronds, une belle poitrine, une taille bien dessinée, maquillée, coiffure très étudiée, ongles longs et vernis, bijoux autour des poignets et du cou, bagues aux doigts, et talons hauts.
Mais en plus d’être féminine, elle est bavarde, et un peu exubérante.
Mais dans le bon sens du terme.
En fait elle est exubérante, mais elle n’y peut rien.
Elle reflète la lumière.
Ce n’est pas elle qui tourne les projecteurs pour qu’ils se fixent sur elle.
Ce sont les projecteurs qui la suivent.
Maman est une star.
Fourmi, elle, est tout le contraire.
Elle est à peu près de la même taille que maman (1m57, pas plus) mais elle n’est pas du tout féminine.
Elle a une allure de petit garçon, elle est très très mince, n’a aucune forme.
Pas une once de poitrine, pas de rondeurs.
Les cheveux noirs, tondus.
Mais ses cils sont longs, ses lèvres charnues, ses yeux bruns pétillent, ses dents carnassières se découvrent en un sourire terriblement malicieux et sur ses lobes d’oreilles brillent deux petits diamants.
Comme une goutte de pluie que le soleil ferait briller.
On pourrait la trouver laide, mais quand on prend le temps de la regarder, elle est irrésistible.
Et puis elle est très discrète, elle parle très peu, elle économise ses mots, mais elle a cette qualité que j’admire.
Cette qualité qui fait qu’elle dit beaucoup de choses avec très peu de mots.
Et elle est bavarde. Mais bavarde du regard.
Fourmi aime les femmes.
Personne n’est sensé le savoir, mais pourtant tout le monde le sait.
Parfois, lorsque j’étais triste et que j’essuyais quelques larmes pendant un cours, elle me demandait de venir la voir lorsque la cloche avait sonné.
Et alors nous entamions un dialogue de sourds, dans lequel il fallait manier l’implicite pour comprendre quelque chose.
Mais Elle était adepte de l’implicite, alors je savais parfaitement déchiffrer fourmi.
Elle me disait tellement avec son regard et avec ses mots qui avaient l’air de rien mais qui au fond étaient si précis.
Souvent elle tentait de nous raisonner, nous les ados rebelles révoltés contre le monde entier.
Mais parfois, sa voix grave et suave laissait s’échapper l’ombre d’une pensée rebelle.
Je me souviens que personne ne parvenait à la déchiffrer complètement.
Sauf Laura et moi.
Car Laura et moi avons toujours eu la même sensibilité.
Nous craquions toutes les deux pour Monsieur J. en 5ème.
Et puis fourmi nous émouvait autant l’une que l’autre.
Mais fourmi m’adorait parce que nous nous ressemblions plus que tous les autres.
Elle connaissait mon histoire, et je savais qui elle était.
On se comprenait à demi-mot, c’était fantastique.
Elle me disait que personne ne pouvait me comprendre mieux qu’elle.
En quelques sortes, elle avait raison car même maman ne pouvait comprendre mon attirance pour les femmes.
Et même si aujourd’hui j’aime le Prince, mon penchant pour les femmes ne s’envole pas pour autant.
Car je désire avant tout les femmes.
C’est comme ça.
Mon cœur s’est juste un peu plus arrêté sur le Prince.
Et peut-être que je m’épanouirai sexuellement avec lui ou avec un autre homme.
Ça, je n’en sais rien.
Tout ça pour dire qu’avec cousine fourmi, on est devenu très proche.
Sans vraiment se le dire.
Le 17 mai dernier, nous avons organisé un dîner avec elle, Maman, E, Laura, Eugénie, Amina, Marion L, Marion B, et moi.
C’était fabuleux.
On était au sous-sol d’une très bonne pizzeria de Rouen.
Et de 20h à minuit, cela n’a été que fous rires et émotion.
Car Maman et Fourmi nous avaient écrit un texte, qui nous concernait toutes.
Maman avait, pour une fois, écrit en se mettant dans la peau d’une prof, en faisant allusion surtout à son travail de professeur –ce qui nous avait presque échappé depuis ces trois années où elle était presque comme l’une de nos amies et plus du tout une prof- et Fourmi, d’habitude si discrète et toujours pleine de retenue, s’était beaucoup épanchée, parlant de nous avec émotion et affection.
C’était très émouvant et Laura et moi nous étions mises à pleurer comme des madeleines.
Alors voilà.
Tout à l’heure quand je l’ai vue, elle n’a pas hésité une seconde.
Elle m’a fait la bise, avec une tendresse que je ne lui connaissais pas.
Et je sais que, quoi qu’il arrive, on pourra compter l’une sur l’autre.
Je sortais de l’année de 2nde, où j’avais maman comme prof de français, et j’appréhendais terriblement d’avoir la fourmi comme professeur principal.
Elle semblait tellement plus froide que maman.
Maman est pour moi l’incarnation de la féminité.
Plutôt petite, des bras ronds, des mollets ronds, une belle poitrine, une taille bien dessinée, maquillée, coiffure très étudiée, ongles longs et vernis, bijoux autour des poignets et du cou, bagues aux doigts, et talons hauts.
Mais en plus d’être féminine, elle est bavarde, et un peu exubérante.
Mais dans le bon sens du terme.
En fait elle est exubérante, mais elle n’y peut rien.
Elle reflète la lumière.
Ce n’est pas elle qui tourne les projecteurs pour qu’ils se fixent sur elle.
Ce sont les projecteurs qui la suivent.
Maman est une star.
Fourmi, elle, est tout le contraire.
Elle est à peu près de la même taille que maman (1m57, pas plus) mais elle n’est pas du tout féminine.
Elle a une allure de petit garçon, elle est très très mince, n’a aucune forme.
Pas une once de poitrine, pas de rondeurs.
Les cheveux noirs, tondus.
Mais ses cils sont longs, ses lèvres charnues, ses yeux bruns pétillent, ses dents carnassières se découvrent en un sourire terriblement malicieux et sur ses lobes d’oreilles brillent deux petits diamants.
Comme une goutte de pluie que le soleil ferait briller.
On pourrait la trouver laide, mais quand on prend le temps de la regarder, elle est irrésistible.
Et puis elle est très discrète, elle parle très peu, elle économise ses mots, mais elle a cette qualité que j’admire.
Cette qualité qui fait qu’elle dit beaucoup de choses avec très peu de mots.
Et elle est bavarde. Mais bavarde du regard.
Fourmi aime les femmes.
Personne n’est sensé le savoir, mais pourtant tout le monde le sait.
Parfois, lorsque j’étais triste et que j’essuyais quelques larmes pendant un cours, elle me demandait de venir la voir lorsque la cloche avait sonné.
Et alors nous entamions un dialogue de sourds, dans lequel il fallait manier l’implicite pour comprendre quelque chose.
Mais Elle était adepte de l’implicite, alors je savais parfaitement déchiffrer fourmi.
Elle me disait tellement avec son regard et avec ses mots qui avaient l’air de rien mais qui au fond étaient si précis.
Souvent elle tentait de nous raisonner, nous les ados rebelles révoltés contre le monde entier.
Mais parfois, sa voix grave et suave laissait s’échapper l’ombre d’une pensée rebelle.
Je me souviens que personne ne parvenait à la déchiffrer complètement.
Sauf Laura et moi.
Car Laura et moi avons toujours eu la même sensibilité.
Nous craquions toutes les deux pour Monsieur J. en 5ème.
Et puis fourmi nous émouvait autant l’une que l’autre.
Mais fourmi m’adorait parce que nous nous ressemblions plus que tous les autres.
Elle connaissait mon histoire, et je savais qui elle était.
On se comprenait à demi-mot, c’était fantastique.
Elle me disait que personne ne pouvait me comprendre mieux qu’elle.
En quelques sortes, elle avait raison car même maman ne pouvait comprendre mon attirance pour les femmes.
Et même si aujourd’hui j’aime le Prince, mon penchant pour les femmes ne s’envole pas pour autant.
Car je désire avant tout les femmes.
C’est comme ça.
Mon cœur s’est juste un peu plus arrêté sur le Prince.
Et peut-être que je m’épanouirai sexuellement avec lui ou avec un autre homme.
Ça, je n’en sais rien.
Tout ça pour dire qu’avec cousine fourmi, on est devenu très proche.
Sans vraiment se le dire.
Le 17 mai dernier, nous avons organisé un dîner avec elle, Maman, E, Laura, Eugénie, Amina, Marion L, Marion B, et moi.
C’était fabuleux.
On était au sous-sol d’une très bonne pizzeria de Rouen.
Et de 20h à minuit, cela n’a été que fous rires et émotion.
Car Maman et Fourmi nous avaient écrit un texte, qui nous concernait toutes.
Maman avait, pour une fois, écrit en se mettant dans la peau d’une prof, en faisant allusion surtout à son travail de professeur –ce qui nous avait presque échappé depuis ces trois années où elle était presque comme l’une de nos amies et plus du tout une prof- et Fourmi, d’habitude si discrète et toujours pleine de retenue, s’était beaucoup épanchée, parlant de nous avec émotion et affection.
C’était très émouvant et Laura et moi nous étions mises à pleurer comme des madeleines.
Alors voilà.
Tout à l’heure quand je l’ai vue, elle n’a pas hésité une seconde.
Elle m’a fait la bise, avec une tendresse que je ne lui connaissais pas.
Et je sais que, quoi qu’il arrive, on pourra compter l’une sur l’autre.
Ecrit par inconsciente, à 23:15 dans la rubrique Les autres.
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Maman
Maman était ma prof de français en 2nde.
Nous ne nous connaissions pas.
J’avais déjà entendu parler d’elle par une amie de la famille qui était sa meilleure amie.
Mais je ne l’avais jamais vue.
Je me souviens du jour de la rentrée en 2nde.
C’était un peu étrange parce que ma liaison avec Elle avait déjà commencé et l’on s’envoyait alors des regards brûlants à travers la cour.
Je m’étais mise au premier rang avec E.
Maman m’avait souri et je lui avais rendu un sourire tendre.
Quelques jours après elle me devenait indispensable, sans que je m’en rende compte.
Je me suis mise à l’aimer, plus fort que tout.
Il faut dire qu’elle est une prof remarquable.
Elle t’apprend des choses avec passion.
Et puis elle donne sans cesse de l’affection à ses élèves.
Je me souviens d’un jour où elle nous rendait nos copies, désastreuses, et, juste avant de distribuer le gros paquet de toutes ces affreuses notes, elle avait dit « Vos notes sont catastrophiques, mais ça n’empêche pas que je vous aime ! ».
Je me suis reconnue en elle.
Elle m’a aidé à me comprendre, à savoir qui j’étais.
En me revoyant mon propre reflet dans ses actes et dans les sensations qu’elle décrivait.
C’était magique.
Je n’avais jamais connu un pareil sentiment de fusion.
Car même si j’étais très très proche d’Elle et qu’on était presque comme deux jumelles, avec nos queues-de-cheval, nos lunettes, notre style sérieux avec une petite note de fantaisie, nos corps qui s’encastraient à la perfection, nous avions quand même de nombreuses différences, et d’ailleurs je crois que dans un couple c’est mieux d’être un peu différent.
Mais avec maman, on était pareil. Mais pas pareil physiquement.
Il n’y a que les yeux bleus et le nez qui s’étire quand on sourit que nous avons en commun.
Non, on était pareil dans la vision des choses, dans notre vision de la vie.
Dans nos petites habitudes, dans nos petites manies, dans ce qui nous émouvait, et ce qui nous rendait folles de rage.
Le même cœur.
Et le même regard.
En février, ma vie a tourné au drame et la seule personne à laquelle j’ai pensé lorsqu’il me fallait trouver un peu de lumière si je voulais m’en sortir et ne pas décider de mettre fin à mes jours, c’était elle.
Je disais que je ne voulais parler qu’à elle.
Que je voulais la voir avant de retourner en classe.
Nous n’avons pas pu nous voir, mais elle m’a téléphoné pendant une longue demi-heure le dimanche matin, veille de la rentrée des vacances de février.
Les évènements se sont succédé.
Le soir qui a suivi la confrontation, elle m’a de nouveau appelée pendant presque une heure.
Elle m’a fait pleurer. Mais c’était nécessaire.
Je lui ai dit qu’à mon départ de Madrid, mon cousin m’avait offert un album d’Obispo.
Et que je n’écoutais plus que ça.
J’ai calculé qu’on pouvait écouter Lucie vingt et une fois par heure.
Je devais bien l’écouter cent fois par jour.
C’est aussi comme ça qu’elle m’a aidée.
En m’apprenant que C’est la musique qui nous fait supporter la vie.
Les mois ont passé, notre première représentation s’est merveilleusement déroulée et là elle m’est devenue plus qu’indispensable.
Maman était gravée en moi, tatouée, ancrée dans mes viscères.
Aucun sang commun ne nous réunit, mais le lien qui nous relie est bien plus fort encore.
Je pensais que la douleur que j’éprouvais à la fin de la 2nde, de me dire que je ne l’aurais plus jamais comme prof, ne serait jamais moins forte qu’autre chose.
Sauf bien sûr les douleurs éprouvées à la suite du drame de février.
Mais je me rends compte aujourd’hui que celle que j’éprouve en ce moment, de réaliser que plus jamais ça ne m’arrivera de la voir au moins quatre jours par semaine, est pire.
Mais pas pire que tout.
Cela me fait très mal, de perdre tous mes repères, toutes mes habitudes, qui sont encore tellement en moi, mais je sais que jamais on ne se perdra de vue.
L’amour qu’on se porte mutuellement est trop fort.
Ce qui est juste difficile à avaler, c’est de se dire que cela ne sera plus jamais dans le même contexte.
Et que d’autres auront la chance d’apercevoir sa petite bouille angélique tous les jours.
Nous ne nous connaissions pas.
J’avais déjà entendu parler d’elle par une amie de la famille qui était sa meilleure amie.
Mais je ne l’avais jamais vue.
Je me souviens du jour de la rentrée en 2nde.
C’était un peu étrange parce que ma liaison avec Elle avait déjà commencé et l’on s’envoyait alors des regards brûlants à travers la cour.
Je m’étais mise au premier rang avec E.
Maman m’avait souri et je lui avais rendu un sourire tendre.
Quelques jours après elle me devenait indispensable, sans que je m’en rende compte.
Je me suis mise à l’aimer, plus fort que tout.
Il faut dire qu’elle est une prof remarquable.
Elle t’apprend des choses avec passion.
Et puis elle donne sans cesse de l’affection à ses élèves.
Je me souviens d’un jour où elle nous rendait nos copies, désastreuses, et, juste avant de distribuer le gros paquet de toutes ces affreuses notes, elle avait dit « Vos notes sont catastrophiques, mais ça n’empêche pas que je vous aime ! ».
Je me suis reconnue en elle.
Elle m’a aidé à me comprendre, à savoir qui j’étais.
En me revoyant mon propre reflet dans ses actes et dans les sensations qu’elle décrivait.
C’était magique.
Je n’avais jamais connu un pareil sentiment de fusion.
Car même si j’étais très très proche d’Elle et qu’on était presque comme deux jumelles, avec nos queues-de-cheval, nos lunettes, notre style sérieux avec une petite note de fantaisie, nos corps qui s’encastraient à la perfection, nous avions quand même de nombreuses différences, et d’ailleurs je crois que dans un couple c’est mieux d’être un peu différent.
Mais avec maman, on était pareil. Mais pas pareil physiquement.
Il n’y a que les yeux bleus et le nez qui s’étire quand on sourit que nous avons en commun.
Non, on était pareil dans la vision des choses, dans notre vision de la vie.
Dans nos petites habitudes, dans nos petites manies, dans ce qui nous émouvait, et ce qui nous rendait folles de rage.
Le même cœur.
Et le même regard.
En février, ma vie a tourné au drame et la seule personne à laquelle j’ai pensé lorsqu’il me fallait trouver un peu de lumière si je voulais m’en sortir et ne pas décider de mettre fin à mes jours, c’était elle.
Je disais que je ne voulais parler qu’à elle.
Que je voulais la voir avant de retourner en classe.
Nous n’avons pas pu nous voir, mais elle m’a téléphoné pendant une longue demi-heure le dimanche matin, veille de la rentrée des vacances de février.
Les évènements se sont succédé.
Le soir qui a suivi la confrontation, elle m’a de nouveau appelée pendant presque une heure.
Elle m’a fait pleurer. Mais c’était nécessaire.
Je lui ai dit qu’à mon départ de Madrid, mon cousin m’avait offert un album d’Obispo.
Et que je n’écoutais plus que ça.
J’ai calculé qu’on pouvait écouter Lucie vingt et une fois par heure.
Je devais bien l’écouter cent fois par jour.
C’est aussi comme ça qu’elle m’a aidée.
En m’apprenant que C’est la musique qui nous fait supporter la vie.
Les mois ont passé, notre première représentation s’est merveilleusement déroulée et là elle m’est devenue plus qu’indispensable.
Maman était gravée en moi, tatouée, ancrée dans mes viscères.
Aucun sang commun ne nous réunit, mais le lien qui nous relie est bien plus fort encore.
Je pensais que la douleur que j’éprouvais à la fin de la 2nde, de me dire que je ne l’aurais plus jamais comme prof, ne serait jamais moins forte qu’autre chose.
Sauf bien sûr les douleurs éprouvées à la suite du drame de février.
Mais je me rends compte aujourd’hui que celle que j’éprouve en ce moment, de réaliser que plus jamais ça ne m’arrivera de la voir au moins quatre jours par semaine, est pire.
Mais pas pire que tout.
Cela me fait très mal, de perdre tous mes repères, toutes mes habitudes, qui sont encore tellement en moi, mais je sais que jamais on ne se perdra de vue.
L’amour qu’on se porte mutuellement est trop fort.
Ce qui est juste difficile à avaler, c’est de se dire que cela ne sera plus jamais dans le même contexte.
Et que d’autres auront la chance d’apercevoir sa petite bouille angélique tous les jours.
Ecrit par inconsciente, à 23:13 dans la rubrique Les autres.
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Prince
Il était mon prof de maths en Première.
La première fois que je l’avais vu, j’étais en CM2. Le collège avait organisé une journée de stage d’observation pour les futurs 6ème. Je me retrouvais parrainée par une certaine Elodie, et assistais à une heure de français et une heure de maths.
Tout se passait bien, mais ça me terrorisait un peu. Je me disais que jamais je n’arriverais à tout bien apprendre.
C’était lui, le prof de maths.
Je me souviens avoir été marquée par lui. Je ne me souviens pas trop comment, mais quelque part en moi, je m’en souviens.
Souvent il était en retard.
Parfois il était adorable, souriant, de très bonne humeur. Il blaguait.
Parfois il avait les sourcils froncés, d’office, de la colère dans la voix, et une haleine déjà chargée à 10h30.
Amina était dure avec lui, elle n’arrêtait pas de le traiter d’alcoolo, pas devant lui bien sûr, entre nous. Mais elle était sans pitié.
Moi je me souviens qu’il m’attendrissait déjà.
J’ai toujours été attirée par ces personnes un peu délaissées, auxquelles il suffirait de peu pour aller mieux.
Il avait un sourire absolument renversant.
Je me souviens aussi qu’il me plaisait quand il portait son pull blanc.
Je ne crois pas me l’être dit, m’être dit « oh il est beau avec son pull blanc », mais je me souviens d’un mardi après-midi où on l’attendait, assis dans le couloir, dos au mur, et il était arrivé, l’air hagard, longue silhouette voûtée. Et avec son pull blanc.
Et je l’avais trouvé beau.
Silencieusement.
Et presque inconsciemment.
Je n’aimais pas trop les maths, cela n’a jamais été mon fort, surtout quand je suis arrivée en Première.
Je sortais de la 2de, d’une année à la fois fabuleuse et cauchemardesque, qui m’avait beaucoup secouée.
De plus, la prof de maths, Mme J, ne pouvait pas me voir, moi qui disais à qui voulait l’entendre que j’irais en L. La petite littéraire maussade et révoltée que j’étais ne lui plaisait pas.La femme au ventre pendant, à l’humour douteux et au parfum détestable ne me plaisait pas non plus.
Ça tombait bien.
Mais en Première, tout s’est arrangé.
D’abord mon entente inespérée et merveilleuse avec ma nouvelle prof de français, qui me comprenait incroyablement. On s’échangeait des regards très appuyés, sans se dire un mot. C’était magique. C’était comme une histoire d’amour mais sans mots. Mais ce n’était pas une histoire d’amour. C’était juste une histoire.
Mes notes sont joliment montées et je me suis vraiment épanouie dans chaque matière.
Et puis en maths, plus question de fonctions, d’équations et de toutes ces horreurs.
J’ai apprivoisé les statistiques et j’ai obtenu 19 à l’épreuve anticipée de Maths-Info.
Quelques jours après mon entrée en Tale, je passais devant l’accueil pour rentrer chez moi quand j’ai entendu des applaudissements.
C’était lui, qui m’applaudissait en me souriant.
Nous avons discuté quelques minutes. Un peu trop mathématique à mon goût mais c’était sympa.
Et puis fin novembre je me suis mise à rêver de lui. Toutes les nuits.
Il venait me chercher, je lui sautais dans les bras, mes jambes autour de sa taille, et il me disait « Oh mon amour, comme tu m’as manqué. Je t’aime tellement ! ».
Jamais rien d’érotique.
Des sentiments amoureux, des mots doux et de la tendresse.
Des situations, des endroits, des mots, toujours différents.
Mais avec cette même douceur au fond.
La première fois j’étais très étonnée.
Et puis je m’y suis faite.
Cela devenait agréable.
Pour Noël, j’avais dit à quelques camarades qui me charriaient que j’allais lui offrir une boîte de chocolats pour contrer le sort.
La veille des vacances, je me pointe le midi devant ses collègues fumeurs et demande où est passé Monsieur C.
Ils me disent qu’il vient juste de partir, qu’il est parti faire un golf et qu’il ne reviendra au Sacré-Cœur qu’à la rentrée.
J’étais un peu triste sur le coup et une étrange mélancolie m’a poursuivie toute la journée.
Je ne comprenais pas pourquoi le fait de l’avoir raté agissait tellement sur mon moral.
Cela n’était pas important après tout.
J’avais emballé la boîte d’un papier kraft violet, l’avais entourée de bolduc brillant, j’avais écrit son nom avec de petites lettres dorées autocollantes et j’avais collé un Père Noël dessus. C’était très beau.
Le soir il y avait un bal.
Tous en tenue de soirée.
J’avais trouvé une robe géniale chez un soldeur, une robe qui coûtait 200 euros et que j’avais payé 22.
Rouge avec plein de frou-frou en forme de cœur. Les épaules dénudées.
Quand je revois des photos de moi avec je me trouve horrible, mais quand je la mets et que je me regarde dans le miroir, je me plais.
Je crois que je devrais me maquiller un peu.
Cela donnerait plus d’équilibre à mon teint qui pâlit si vite.
Vers 23h, plusieurs profs avaient débarqué pour faire la fête avec nous.
Bien sûr il n’était pas là, à mon grand regret.
Ce qui était un délire depuis quelques semaines se mettait à prendre de l’importance.
C’était vraiment idiot.
Parmi les profs, le beau gosse du lycée, le prof d’anglais. Monsieur P.
Un frimeur, lèvres charnues, regard de braise. Il excitait beaucoup de mes copines mais absolument pas moi.
C’est vrai qu’il est sympa, d’ailleurs je me suis toujours très bien entendue avec lui, On aimait bien discuter et inventer plein de projets pour le lycée. Mais quand même c’est un sacré branleur.
En rigolant je lui demande pourquoi il ne danse pas.
Il me dit « oh, mais viens, je vais te faire danser le rock ».
Je laisse mon sac au neurasthénique de service et me laisse entraîner par Monsieur P. sous les regards orageux de Marion, Laura et toutes les autres.
Je lui marche terriblement sur les pieds, lui fous plusieurs fois mon coude dans les yeux, me cogne à sa tête, mais c’est marrant.
Il me fait tourner tourner tourner.
Je suis soulagée quand la chanson est terminée.
C’est marrant comme à tous les bals de Noël j’ai dansé avec des personnages étranges. Une au milieu de la piste. Une danse où tu oublies complètement qu’il y a d’autres gens sur la piste. La fois d’avant, c’était Luc. Et c’était envoûtant.
Mais il m’avait tellement fait tourner que j’étais comme ivre.
J’hurlais des bêtises, je riais comme une folle.
Je me sentais bien, mais je planais vraiment.
Mes amis étaient tous explosés de rire et mon corps, à la fois lourd et léger, passait de bras en bras.
Je ne pouvais vraiment danser sans vaciller et manquer de tomber.
Je m’allongeais par terre, au milieu de la piste de danse.
Je donnerais n’importe quoi pour revivre une soirée pareille.
À la fin de la soirée, j’avais perdu l’une de mes boucles d’oreilles.
Comme je refuse catégoriquement de me faire percer les oreilles, c’était des boucles à clip. Donc encore plus faciles à perdre.
À ce moment, E. a éclaté de rire et a trouvé ce fabuleux jeu de mot qui faisait que Monsieur C. devenait le Prince C.
Et depuis c’est resté.
Quelques minutes après, c’est maman qui est venue me voir en me disant qu’elle avait retrouvé ma boucle d’oreille.
C’était pourtant un objet à moi, pas un cadeau, que j’avais payé 4 euros chez Claire’s Accessoires et que je me fichais bien d’avoir perdu, mais le fait que ce soit maman qui l’ait retrouvée avait rendu la soirée encore plus belle.
À la rentrée des vacances de Noël, j’allais le voir à la fin de sa pause cigarette pour lui offrir sa boîte de chocolats.
Il m’avait fait la bise et j’avais explosé de joie toute la journée.
Et puis au fil des jours, ça s’était tassé.
Je ne faisais plus de rêves perturbants et je pouvais continuer à penser à Elle.
Mais vers mars, vers mon anniversaire, les rêves sont revenus de plus belle.
Je tremblais et j’avais mal au ventre quand je savais qu’il allait arriver.
Je poussais tout le monde pour le voir.
Je manquais de m’évanouir quand il me disait bonjour.
Un mercredi, je suis sortie du lycée et je l’ai vu là qui me souriait.
Je me suis dit qu’au lieu de lui dire simplement Bonjour, je pouvais bien aller un peu discuter avec lui.
Alors je me suis approchée très près de lui, et c’était bien.
Il était tellement beau.
Et chacun de ses gestes me touchait tellement.
Derrière le mur, E et Laura m’attendaient en trépignant.
Le lendemain midi, je retournais le voir et passais cette fois tout le midi avec lui.
Là, on se découvrait des points communs incroyables et c’était génial.
Et puis les vacances de Pâques sont arrivées, je lui ai offert des œufs Kinder pour lui et ses enfants.
Pendant ces 15 jours de vacances, j’ai beaucoup réfléchi.
À la rentrée, j’étais persuadée que j’étais toujours folle amoureuse d’Elle, qu’après tout ce que nous avions vécu, nous ne pouvions pas nous séparer comme ça.
Que cet amour pour lui n’était qu’une illusion, une blague.
Mais dans les petits chemins du pays de la Loire, je voyais courir des petits enfants, et j’imaginais sa présence à côté de moi.
Je sentais presque sa grande et belle main serrer la mienne.
Et son long bras chaud entourer mes épaules.
Je secouais la tête, pour que, comme un petit moucheron, ces pensées s’envolent.
À la rentrée, dès que je me retrouvais de nouveau face à lui, je fondais.
Là, il m’a fallu éclaircir les choses et décider que c’était fini avec Elle.
Je ne pouvais pas continuer comme ça.
Cela pesait de plus en plus lourd en moi et j’ai demandé à maman si on pouvait se parler.
Nous avons donc parlé toutes les deux pendant une heure, nous sommes échangé de longs sms pendant que j’étais en cours de Lettres.
J’ai donc choisi le Prince.
Et j’ai réalisé à quel point j’avais mis ma vie entre parenthèses pendant presque trois ans. À quel point je m’étais arrêtée de vivre.
C’était peut-être nécessaire, pour que je m’en sorte, pour que je me reconstruise vraiment. Avec de nouvelles bases solides.
Et je crois que l’ultime étape était de tomber amoureuse.
De quelqu’un d’autre.
La première fois que je l’avais vu, j’étais en CM2. Le collège avait organisé une journée de stage d’observation pour les futurs 6ème. Je me retrouvais parrainée par une certaine Elodie, et assistais à une heure de français et une heure de maths.
Tout se passait bien, mais ça me terrorisait un peu. Je me disais que jamais je n’arriverais à tout bien apprendre.
C’était lui, le prof de maths.
Je me souviens avoir été marquée par lui. Je ne me souviens pas trop comment, mais quelque part en moi, je m’en souviens.
Souvent il était en retard.
Parfois il était adorable, souriant, de très bonne humeur. Il blaguait.
Parfois il avait les sourcils froncés, d’office, de la colère dans la voix, et une haleine déjà chargée à 10h30.
Amina était dure avec lui, elle n’arrêtait pas de le traiter d’alcoolo, pas devant lui bien sûr, entre nous. Mais elle était sans pitié.
Moi je me souviens qu’il m’attendrissait déjà.
J’ai toujours été attirée par ces personnes un peu délaissées, auxquelles il suffirait de peu pour aller mieux.
Il avait un sourire absolument renversant.
Je me souviens aussi qu’il me plaisait quand il portait son pull blanc.
Je ne crois pas me l’être dit, m’être dit « oh il est beau avec son pull blanc », mais je me souviens d’un mardi après-midi où on l’attendait, assis dans le couloir, dos au mur, et il était arrivé, l’air hagard, longue silhouette voûtée. Et avec son pull blanc.
Et je l’avais trouvé beau.
Silencieusement.
Et presque inconsciemment.
Je n’aimais pas trop les maths, cela n’a jamais été mon fort, surtout quand je suis arrivée en Première.
Je sortais de la 2de, d’une année à la fois fabuleuse et cauchemardesque, qui m’avait beaucoup secouée.
De plus, la prof de maths, Mme J, ne pouvait pas me voir, moi qui disais à qui voulait l’entendre que j’irais en L. La petite littéraire maussade et révoltée que j’étais ne lui plaisait pas.La femme au ventre pendant, à l’humour douteux et au parfum détestable ne me plaisait pas non plus.
Ça tombait bien.
Mais en Première, tout s’est arrangé.
D’abord mon entente inespérée et merveilleuse avec ma nouvelle prof de français, qui me comprenait incroyablement. On s’échangeait des regards très appuyés, sans se dire un mot. C’était magique. C’était comme une histoire d’amour mais sans mots. Mais ce n’était pas une histoire d’amour. C’était juste une histoire.
Mes notes sont joliment montées et je me suis vraiment épanouie dans chaque matière.
Et puis en maths, plus question de fonctions, d’équations et de toutes ces horreurs.
J’ai apprivoisé les statistiques et j’ai obtenu 19 à l’épreuve anticipée de Maths-Info.
Quelques jours après mon entrée en Tale, je passais devant l’accueil pour rentrer chez moi quand j’ai entendu des applaudissements.
C’était lui, qui m’applaudissait en me souriant.
Nous avons discuté quelques minutes. Un peu trop mathématique à mon goût mais c’était sympa.
Et puis fin novembre je me suis mise à rêver de lui. Toutes les nuits.
Il venait me chercher, je lui sautais dans les bras, mes jambes autour de sa taille, et il me disait « Oh mon amour, comme tu m’as manqué. Je t’aime tellement ! ».
Jamais rien d’érotique.
Des sentiments amoureux, des mots doux et de la tendresse.
Des situations, des endroits, des mots, toujours différents.
Mais avec cette même douceur au fond.
La première fois j’étais très étonnée.
Et puis je m’y suis faite.
Cela devenait agréable.
Pour Noël, j’avais dit à quelques camarades qui me charriaient que j’allais lui offrir une boîte de chocolats pour contrer le sort.
La veille des vacances, je me pointe le midi devant ses collègues fumeurs et demande où est passé Monsieur C.
Ils me disent qu’il vient juste de partir, qu’il est parti faire un golf et qu’il ne reviendra au Sacré-Cœur qu’à la rentrée.
J’étais un peu triste sur le coup et une étrange mélancolie m’a poursuivie toute la journée.
Je ne comprenais pas pourquoi le fait de l’avoir raté agissait tellement sur mon moral.
Cela n’était pas important après tout.
J’avais emballé la boîte d’un papier kraft violet, l’avais entourée de bolduc brillant, j’avais écrit son nom avec de petites lettres dorées autocollantes et j’avais collé un Père Noël dessus. C’était très beau.
Le soir il y avait un bal.
Tous en tenue de soirée.
J’avais trouvé une robe géniale chez un soldeur, une robe qui coûtait 200 euros et que j’avais payé 22.
Rouge avec plein de frou-frou en forme de cœur. Les épaules dénudées.
Quand je revois des photos de moi avec je me trouve horrible, mais quand je la mets et que je me regarde dans le miroir, je me plais.
Je crois que je devrais me maquiller un peu.
Cela donnerait plus d’équilibre à mon teint qui pâlit si vite.
Vers 23h, plusieurs profs avaient débarqué pour faire la fête avec nous.
Bien sûr il n’était pas là, à mon grand regret.
Ce qui était un délire depuis quelques semaines se mettait à prendre de l’importance.
C’était vraiment idiot.
Parmi les profs, le beau gosse du lycée, le prof d’anglais. Monsieur P.
Un frimeur, lèvres charnues, regard de braise. Il excitait beaucoup de mes copines mais absolument pas moi.
C’est vrai qu’il est sympa, d’ailleurs je me suis toujours très bien entendue avec lui, On aimait bien discuter et inventer plein de projets pour le lycée. Mais quand même c’est un sacré branleur.
En rigolant je lui demande pourquoi il ne danse pas.
Il me dit « oh, mais viens, je vais te faire danser le rock ».
Je laisse mon sac au neurasthénique de service et me laisse entraîner par Monsieur P. sous les regards orageux de Marion, Laura et toutes les autres.
Je lui marche terriblement sur les pieds, lui fous plusieurs fois mon coude dans les yeux, me cogne à sa tête, mais c’est marrant.
Il me fait tourner tourner tourner.
Je suis soulagée quand la chanson est terminée.
C’est marrant comme à tous les bals de Noël j’ai dansé avec des personnages étranges. Une au milieu de la piste. Une danse où tu oublies complètement qu’il y a d’autres gens sur la piste. La fois d’avant, c’était Luc. Et c’était envoûtant.
Mais il m’avait tellement fait tourner que j’étais comme ivre.
J’hurlais des bêtises, je riais comme une folle.
Je me sentais bien, mais je planais vraiment.
Mes amis étaient tous explosés de rire et mon corps, à la fois lourd et léger, passait de bras en bras.
Je ne pouvais vraiment danser sans vaciller et manquer de tomber.
Je m’allongeais par terre, au milieu de la piste de danse.
Je donnerais n’importe quoi pour revivre une soirée pareille.
À la fin de la soirée, j’avais perdu l’une de mes boucles d’oreilles.
Comme je refuse catégoriquement de me faire percer les oreilles, c’était des boucles à clip. Donc encore plus faciles à perdre.
À ce moment, E. a éclaté de rire et a trouvé ce fabuleux jeu de mot qui faisait que Monsieur C. devenait le Prince C.
Et depuis c’est resté.
Quelques minutes après, c’est maman qui est venue me voir en me disant qu’elle avait retrouvé ma boucle d’oreille.
C’était pourtant un objet à moi, pas un cadeau, que j’avais payé 4 euros chez Claire’s Accessoires et que je me fichais bien d’avoir perdu, mais le fait que ce soit maman qui l’ait retrouvée avait rendu la soirée encore plus belle.
À la rentrée des vacances de Noël, j’allais le voir à la fin de sa pause cigarette pour lui offrir sa boîte de chocolats.
Il m’avait fait la bise et j’avais explosé de joie toute la journée.
Et puis au fil des jours, ça s’était tassé.
Je ne faisais plus de rêves perturbants et je pouvais continuer à penser à Elle.
Mais vers mars, vers mon anniversaire, les rêves sont revenus de plus belle.
Je tremblais et j’avais mal au ventre quand je savais qu’il allait arriver.
Je poussais tout le monde pour le voir.
Je manquais de m’évanouir quand il me disait bonjour.
Un mercredi, je suis sortie du lycée et je l’ai vu là qui me souriait.
Je me suis dit qu’au lieu de lui dire simplement Bonjour, je pouvais bien aller un peu discuter avec lui.
Alors je me suis approchée très près de lui, et c’était bien.
Il était tellement beau.
Et chacun de ses gestes me touchait tellement.
Derrière le mur, E et Laura m’attendaient en trépignant.
Le lendemain midi, je retournais le voir et passais cette fois tout le midi avec lui.
Là, on se découvrait des points communs incroyables et c’était génial.
Et puis les vacances de Pâques sont arrivées, je lui ai offert des œufs Kinder pour lui et ses enfants.
Pendant ces 15 jours de vacances, j’ai beaucoup réfléchi.
À la rentrée, j’étais persuadée que j’étais toujours folle amoureuse d’Elle, qu’après tout ce que nous avions vécu, nous ne pouvions pas nous séparer comme ça.
Que cet amour pour lui n’était qu’une illusion, une blague.
Mais dans les petits chemins du pays de la Loire, je voyais courir des petits enfants, et j’imaginais sa présence à côté de moi.
Je sentais presque sa grande et belle main serrer la mienne.
Et son long bras chaud entourer mes épaules.
Je secouais la tête, pour que, comme un petit moucheron, ces pensées s’envolent.
À la rentrée, dès que je me retrouvais de nouveau face à lui, je fondais.
Là, il m’a fallu éclaircir les choses et décider que c’était fini avec Elle.
Je ne pouvais pas continuer comme ça.
Cela pesait de plus en plus lourd en moi et j’ai demandé à maman si on pouvait se parler.
Nous avons donc parlé toutes les deux pendant une heure, nous sommes échangé de longs sms pendant que j’étais en cours de Lettres.
J’ai donc choisi le Prince.
Et j’ai réalisé à quel point j’avais mis ma vie entre parenthèses pendant presque trois ans. À quel point je m’étais arrêtée de vivre.
C’était peut-être nécessaire, pour que je m’en sorte, pour que je me reconstruise vraiment. Avec de nouvelles bases solides.
Et je crois que l’ultime étape était de tomber amoureuse.
De quelqu’un d’autre.
Ecrit par inconsciente, à 23:12 dans la rubrique Les autres.
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Vendredi (29/06/07)
Garfu
-->
Je ne sais plus le combien on était ce jour là.
En tout cas c'était en septembre 2000.
C'était le jour de ma rentrée en 6ème.
J'avais tout juste 10 ans et demi.
C'est jeune quand même 10 ans et demi.
Mme H-A, notre merveilleuse prof de français nous avait placés par ordre alphabétique dans la classe.
Je me retrouvais à côté de Marion L. que je connaissais surtout de vue mais que j'aimais bien.
Dans l'ordre alphabétique il y avait une certaine Sophie, puis moi, puis Marion, puis une fille qui s'appellait Claire L.
Quelques minutes après l'entrée dans la classe, Mme H-A se rend compte que l'ordre alphabétique n'est pas bien respectée et qu'il faut donc nous décaler.
Je me retrouve à côté de Sophie.
À partir de ce jour, je ne l'ai plus quittée.
Sophie est donc Garfu, que j'ai surnommée ainsi à cause de Simon & Garfunkel parce qu'elle s'était mise à la guitare et je disais qu'elle serait Garfunkelle et moi Symone.
Elle m'a suivi dans mes délires les plus profonds, mes amourettes, mes passions, mes faims, mes folies, mes projets, elle était la seule à qui je faisais lire mon journal intime que j'ai tenu pendant des années avant d'être présentée à cette merveille qu'est Joueb.
D'ailleurs c'est amusant mais Garfu est la seule aujourd'hui qui a l'adresse de ce Joueb.
La seule dans mon entourage non-virtuel.
Je ne vois personne d'autre à qui je pourrais confier autant de choses personnelles.
Les autres sont trop instables, et font trop des histoires pour rien.
Ce petit trésor qu'est ce Joueb n'aurait rien à faire entre leurs sales pattes.
Nous n'avons été qu'une seule année dans la même classe.
C'était cette année de 6ème.
Mais au lieu de nous éloigner, cette séparation nous a rapprochées et a renforcé notre amitié.
Plus question de se prendre la tête pour des bêtises. Lorsque nous nous voyons, la seule chose qui compte c'est de passer un bon moment ensemble.
Alors bien sûr nous avons d'autres amis dans nos classes respectives, elle a Lisa, Anaïs, Manon, Lucie, ... et j'ai E, Marion, Julien, ... mais je crois que nous avons su protéger notre petit jardin secret à nous, ces choses que l'on ne peut partager avec d'autres, de même qu'on ne partage certaines choses qu'avec les autres.
Souvent je me trouve nulle avec elle.
Je ne me trouve pas drôle, trop sérieuse, ennuyeuse.
Je me dis que je ne vais pas avec ses autres amies.
Mais c'est possible qu'elle se dise la même chose et après tout ce serait normal.
On est resté comme on était en 6ème. On a juste évolué.
Mais la base reste la même.
Ma Garfu qui était si timide est restée discrète mais plutôt extravertie, elle est devenue féminine et audacieuse, séduisante et musicienne.
Je viens de taper "Garfu" sur Google et les 5 premiers liens parlent de ma Garfu à moi.
Je suis fière.
L'année prochaine, si bien sûr les résultats sont positifs pour nous deux lundi (ce qui est probable à mon avis), nous allons certainement habiter ensemble au Havre puisque j'intègre un IUT là-bas et qu'elle va à la Fac.
Je suis contente de partir avec elle. Qu'elle reste l'épaule sur laquelle m'appuyer. Que ce soit avec elle que je partage ces années qui seront importantes et sûrement inoubliables.
Et même si encore une fois nos orientations nous séparent, ce sera pour mieux nous retrouver le soir à la maison.
À la maison.
À moi ça me fait tout drôle de me dire qu'on va avoir un petit chez nous.
En tout cas c'était en septembre 2000.
C'était le jour de ma rentrée en 6ème.
J'avais tout juste 10 ans et demi.
C'est jeune quand même 10 ans et demi.
Mme H-A, notre merveilleuse prof de français nous avait placés par ordre alphabétique dans la classe.
Je me retrouvais à côté de Marion L. que je connaissais surtout de vue mais que j'aimais bien.
Dans l'ordre alphabétique il y avait une certaine Sophie, puis moi, puis Marion, puis une fille qui s'appellait Claire L.
Quelques minutes après l'entrée dans la classe, Mme H-A se rend compte que l'ordre alphabétique n'est pas bien respectée et qu'il faut donc nous décaler.
Je me retrouve à côté de Sophie.
À partir de ce jour, je ne l'ai plus quittée.
Sophie est donc Garfu, que j'ai surnommée ainsi à cause de Simon & Garfunkel parce qu'elle s'était mise à la guitare et je disais qu'elle serait Garfunkelle et moi Symone.
Elle m'a suivi dans mes délires les plus profonds, mes amourettes, mes passions, mes faims, mes folies, mes projets, elle était la seule à qui je faisais lire mon journal intime que j'ai tenu pendant des années avant d'être présentée à cette merveille qu'est Joueb.
D'ailleurs c'est amusant mais Garfu est la seule aujourd'hui qui a l'adresse de ce Joueb.
La seule dans mon entourage non-virtuel.
Je ne vois personne d'autre à qui je pourrais confier autant de choses personnelles.
Les autres sont trop instables, et font trop des histoires pour rien.
Ce petit trésor qu'est ce Joueb n'aurait rien à faire entre leurs sales pattes.
Nous n'avons été qu'une seule année dans la même classe.
C'était cette année de 6ème.
Mais au lieu de nous éloigner, cette séparation nous a rapprochées et a renforcé notre amitié.
Plus question de se prendre la tête pour des bêtises. Lorsque nous nous voyons, la seule chose qui compte c'est de passer un bon moment ensemble.
Alors bien sûr nous avons d'autres amis dans nos classes respectives, elle a Lisa, Anaïs, Manon, Lucie, ... et j'ai E, Marion, Julien, ... mais je crois que nous avons su protéger notre petit jardin secret à nous, ces choses que l'on ne peut partager avec d'autres, de même qu'on ne partage certaines choses qu'avec les autres.
Souvent je me trouve nulle avec elle.
Je ne me trouve pas drôle, trop sérieuse, ennuyeuse.
Je me dis que je ne vais pas avec ses autres amies.
Mais c'est possible qu'elle se dise la même chose et après tout ce serait normal.
On est resté comme on était en 6ème. On a juste évolué.
Mais la base reste la même.
Ma Garfu qui était si timide est restée discrète mais plutôt extravertie, elle est devenue féminine et audacieuse, séduisante et musicienne.
Je viens de taper "Garfu" sur Google et les 5 premiers liens parlent de ma Garfu à moi.
Je suis fière.
L'année prochaine, si bien sûr les résultats sont positifs pour nous deux lundi (ce qui est probable à mon avis), nous allons certainement habiter ensemble au Havre puisque j'intègre un IUT là-bas et qu'elle va à la Fac.
Je suis contente de partir avec elle. Qu'elle reste l'épaule sur laquelle m'appuyer. Que ce soit avec elle que je partage ces années qui seront importantes et sûrement inoubliables.
Et même si encore une fois nos orientations nous séparent, ce sera pour mieux nous retrouver le soir à la maison.
À la maison.
À moi ça me fait tout drôle de me dire qu'on va avoir un petit chez nous.
Ecrit par inconsciente, à 12:11 dans la rubrique Les autres.
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Jeudi (28/06/07)
Jérôme
--> C'est cette lettre que j'adresse à mon ancien maître d'armes que je souhaite vous faire partager pour que vous compreniez un peu mieux qui il est pour moi.
Mon cher Jérôme,
Cela m'occasionne à chaque fois une immense joie de te revoir comme j'ai pu le faire mardi soir.
Après cela, même si les idées noires essayent de se faire une place dans ma tête ou de se frayer un rang dans mes priorités, tu restes comme une lumière, comme la rencontre positive d'une journée, d'une semaine.
J'ai vécu des tas de choses ces dernières années, des tas de choses qui auraient pu me faire t'oublier, me faire oublier ce que j'ai vécu pendant deux ans au club, deux ans qui me semblent parfois des siècles de bonheur et parfois des secondes, j'ai vécu des choses qui auraient pu me détruire, me rendre folle, me faire perdre la tête, me briser entièrement, mais j'ai puisé une force que je ne soupçonnais pas en moi et je m'en suis sortie.
Je ne peux m'empêcher de croire que c'est un peu grâce à toi.
Car si tu m'as appris à manier le fleuret, tu m'as appris de nombreuses autres choses.
Et cette force, cet instinct de survie qui m'est peut-être inné a sans doute été renforcé au fil des années et au fil des rencontres.
Maître a dit tu vas t'en sortir
S'il l'a dit alors je m'en sortirai.
Je n'ai jamais vraiment le temps ni le cran de te parler.
Pourtant j'aimerais le faire.
J'aimerais que tu me parles de toi.
J'aimerais aussi te parler de moi.
Je n'avais qu'une petite dizaine d'années quand nos chemins se sont séparés et pourtant l'affection que j'ai pour toi a grandi avec moi. Elle est restée intacte et sincère.
Il reste en moi également comme une petite flamme douce et positive.
Comme une de ces petites choses qui mettent du baume au coeur.
Mais quand je passe la porte du club, lorsque j'entre dans cette salle, lorsque je vois la balle de tennis accrochée à l'escalier, lorsque je vois les coupes et les trophées au fond, lorsque je regarde les photos et les cadres accrochés, je ne peux empêcher une grosse boule de se former dans ma gorge, une boule de larmes qui éclate à chaque fois que j'en sors.
Je maudirai toujours mon genou gauche de m'avoir séparée de vous.
J'aurais pu revenir.
Mais je n'étais pas sûre d'abord que ce maudit genou le veuille, et puis je crois que je n'avais pas le courage.
Me réintégrer au groupe.
Car j'ai manqué tant de choses.
Je suis contente d'avoir retrouvée Claire qui est devenue une amie particulière, une amie que j'avais idéalisée étant petite et qui m'est revenue encore mieux que je l'imaginais.
J'aurais voulu avoir cette complicité avec toi, mon cher maître d'armes, mon très cher Jérôme.
Lorsque je vais manger le midi, acheter mon sandwich, j'ai un réflexe, toujours le même, un geste qui me rassure, c'est de lever la tête et de regarder les fenêtres du club pour vérifier si les néons sont allumés.
Si c'est le cas, et c'est souvent le cas, je t'envoie mille ondes d'affection pour qu'au fond de toi, quelque chose te dise que tu as une place spéciale dans mon coeur et que je ne t'oublie pas.
Je t'embrasse très fort mon Jérôme.
Prends soin de toi.
Cela m'occasionne à chaque fois une immense joie de te revoir comme j'ai pu le faire mardi soir.
Après cela, même si les idées noires essayent de se faire une place dans ma tête ou de se frayer un rang dans mes priorités, tu restes comme une lumière, comme la rencontre positive d'une journée, d'une semaine.
J'ai vécu des tas de choses ces dernières années, des tas de choses qui auraient pu me faire t'oublier, me faire oublier ce que j'ai vécu pendant deux ans au club, deux ans qui me semblent parfois des siècles de bonheur et parfois des secondes, j'ai vécu des choses qui auraient pu me détruire, me rendre folle, me faire perdre la tête, me briser entièrement, mais j'ai puisé une force que je ne soupçonnais pas en moi et je m'en suis sortie.
Je ne peux m'empêcher de croire que c'est un peu grâce à toi.
Car si tu m'as appris à manier le fleuret, tu m'as appris de nombreuses autres choses.
Et cette force, cet instinct de survie qui m'est peut-être inné a sans doute été renforcé au fil des années et au fil des rencontres.
Maître a dit tu vas t'en sortir
S'il l'a dit alors je m'en sortirai.
Je n'ai jamais vraiment le temps ni le cran de te parler.
Pourtant j'aimerais le faire.
J'aimerais que tu me parles de toi.
J'aimerais aussi te parler de moi.
Je n'avais qu'une petite dizaine d'années quand nos chemins se sont séparés et pourtant l'affection que j'ai pour toi a grandi avec moi. Elle est restée intacte et sincère.
Il reste en moi également comme une petite flamme douce et positive.
Comme une de ces petites choses qui mettent du baume au coeur.
Mais quand je passe la porte du club, lorsque j'entre dans cette salle, lorsque je vois la balle de tennis accrochée à l'escalier, lorsque je vois les coupes et les trophées au fond, lorsque je regarde les photos et les cadres accrochés, je ne peux empêcher une grosse boule de se former dans ma gorge, une boule de larmes qui éclate à chaque fois que j'en sors.
Je maudirai toujours mon genou gauche de m'avoir séparée de vous.
J'aurais pu revenir.
Mais je n'étais pas sûre d'abord que ce maudit genou le veuille, et puis je crois que je n'avais pas le courage.
Me réintégrer au groupe.
Car j'ai manqué tant de choses.
Je suis contente d'avoir retrouvée Claire qui est devenue une amie particulière, une amie que j'avais idéalisée étant petite et qui m'est revenue encore mieux que je l'imaginais.
J'aurais voulu avoir cette complicité avec toi, mon cher maître d'armes, mon très cher Jérôme.
Lorsque je vais manger le midi, acheter mon sandwich, j'ai un réflexe, toujours le même, un geste qui me rassure, c'est de lever la tête et de regarder les fenêtres du club pour vérifier si les néons sont allumés.
Si c'est le cas, et c'est souvent le cas, je t'envoie mille ondes d'affection pour qu'au fond de toi, quelque chose te dise que tu as une place spéciale dans mon coeur et que je ne t'oublie pas.
Je t'embrasse très fort mon Jérôme.
Prends soin de toi.
Ecrit par inconsciente, à 15:11 dans la rubrique Les autres.
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Mardi (26/06/07)
Sylvaine
Les gens dont j'ai déjà parlé de Sylvaine trouvaient que ce prénom avait l'air vieillot.
Qu'il n'allait pas à celle qui le portait.
J'aime passionément ce prénom.
J'ai appris à l'aimer.
Il est le plus doux que je connaisse.
Je ne connais que trois personnes qui s'appellent Sylvaine.
Et elles ont toutes les trois ce petit détail charismatique, elles ne sont pas vraiment belles mais au fond elles le sont plus que n'importe qu'elle actrice sublime qui pose dans les magazines.
La première Sylvaine est la femme du patron de ma mère. Une petite brune piquante et très sexy.
La deuxième Sylvaine était une vague collègue de mon père du temps où il était heureux à son travail (heureux tout court d'ailleurs). Une drôle de fille un peu à la Lynda Lemay mais avec des grosses lunettes qui lui donnent un air intello rigolo. Maintenant elle a ouvert une librairie d'occasion avec son mari qui est super gentil.
Mais c'est de la troisième dont j'aimerais vous parler.
Justement la troisième parce qu'en classe de Troisième, c'est-à-dire en 2003 en ce qui me concerne, décembre plus précisément, je devais faire, comme tous les autres troisièmes de mon collège, un stage d'observation en entreprise.
Bien sûr je n'avais aucune envie de choisir la facilité et d'aller au bureau de ma mère ou de mon père.
C'était trop facile et en plus ça ne m'intéressait pas.
J'avais contacté une de mes tantes et un de mes oncles qui connaissent beaucoup beaucoup de gens dans le monde des médias, du cinéma et de l'édition.
C'est mon oncle qui a eu le dernier mot.
Sa voisine, Sylvaine, directrice de fabrication d'un groupe de presse très connu, acceptait de me prendre avec elle pendant une semaine et de m'emmener à son travail.
Le stage devait commencer le lundi 15 décembre et terminer le jeudi au soir.
J'étais arrivée le 14 chez mon oncle qui fêtait avec tous ses amis et sa famille, ses 50 ans dans la salle des fêtes de sa ville.
Il m'avait dit que Sylvaine viendrait y faire un saut, pour me rencontrer avant le lendemain, premier jour de stage.
J'ai passé toute la journée, assise au fond de la salle entre ma cousine qui n'arrêtait pas de prendre en photo avec son portable les fesses de mon cousin qu'elle n'avait pas vu depuis longtemps et qu'elle trouvait craquant (ma cousine est une vraie chaudasse elle se taperait tout le monde si elle pouvait), et une fille hypra timide et même quasiment muette qui ne dégoisait pas un mot.
Bref j'étais là-bas, contre le mur, assise sur un banc, et je regardais la porte.
Et j'ai regardé la porte jusqu'aux environs de 16h30, quand une grande silhouette aux cheveux courts a ouvert la porte, un bébé dans les bras, vêtue d'une marinière blanche à rayures rouges et d'un jean délavé.
J'ai tout de suite su que c'était elle. Et mon coeur a fait un bond.
Mon oncle nous a présentées, et quelques minutes plus tard, c'était comme si je la connaissais depuis toujours.
Cette semaine de stage avec elle restera marquée dans ma mémoire.
D'abord parce que le jeudi d'avant le stage, j'avais eu mes règles pour la première fois et que donc je devais partir là-bas, toute seule, avec ce drôle de phénomène dans mon corps.
Ensuite parce que l'ambiance de la fabrication de ce groupe de presse m'a enchantée.
J'ai rencontré Valérie dont je parlais hier encore dans l'un de mes articles.
Et puis parce que Sylvaine était charmante.
Quand je suis rentrée le jeudi soir chez mon oncle et que c'était fini, je ne la reverrai plus, je suis allée me coucher et dans mon lit j'ai éclaté en sanglots.
Je ne savais pas vraiment pourquoi mais plus tard j'ai réalisé que c'était parce que je venais de tomber follement amoureuse d'elle et que j'allais passer des mois loin d'elle.
Je suis revenue des tas de fois voir Sylvaine.
Chez elle à côté de chez mon oncle.
À Paris quand j'y allais me balader.
Et même à son boulot quand j'allais passer une semaine de vacances chez mon oncle, je prenais une journée où je partais du matin 9h jusqu'au soir 21h avec elle.
Nous ne nous sommes jamais perdues de vue.
Ni sommes jamais restées sans nouvelles.
On s'est écrit des mails.
D'abord des mails banals.
Et puis en février 2005, cela faisait déjà 8 mois que j'avais entamé ma relation avec Elle (qui n'est pas Sylvaine hein mais l'une de mes profs), mes parents ont découvert cette liaison interdite et ont porté plainte contre Elle.
Du jour au lendemain fini les textos cachés au fond du lit, fini les midis à se retrouver dans son appartement pour quelques heures de plaisir, fini les longues conversations au téléphone toute la nuit, fini les mails intenses et brûlants... J'étais définitivement séparée d'Elle et il fallait que je m'y fasse.
Ces quelques mois là ont été les pires de toute ma vie.
Culpabilité. Remord. Manque incommensurable. Doute.
Heureusement il y avait maman, mes amis, et Sylvaine. Sylvaine ne savait rien, je ne lui en avais pas parlé, mais souvent les gens qui ne connaissent pas vos problèmes mais qui vous aiment beaucoup savent vous consoler simplement par un petit mot innocent ou par leur sourire.
En avril 2005 j'allais passer une semaine chez mon oncle.
M'éloigner de mes parents.
Du drame qui bouleversait mon coeur.
Et je passais une journée avec Sylvaine.
En montant dans la voiture pour rejoindre le coeur de Paris, Sylvaine m'avait parlé d'un certain William Sheller. Sur le coup je n'écoutais pas bien, j'étais trop absorbée par sa main sur le volant, sa main sur le levier de vitesse, sa main qui allumait la radio.
Elle était allée voir ce William Sheller en concert quelques jours auparavant et elle me racontait ce qu'il disait de ses chansons, ce qu'il disait dans ses chansons.
Elle avait sorti un grand carnet énorme où se trouvaient tous les CD de ce William Sheller.
Elle m'avait fait écouter plusieurs chansons.
Nicolas, J'suis pas bien, J'cours tout seul et Simplement.
Je me souviens que j'avais été bouleversée en écoutant Simplement.
Et puis dans la seconde d'après je l'avais totalement oublié, parce que Sylvaine s'était mise à chanter une chanson de ce Sheller qui s'appelait Petit comme un caillou et qu'elle aimait beaucoup.
Sylvaine me connaissait sans me connaître.
Je lui écrivais, on se voyait souvent, on discutait plus du collège et de son travail que de nous-mêmes, mais il y avait une sorte de complicité silencieuse entre nous.
Ainsi elle me parlait de cette chanson et elle s'était mise à la chanter, de sa voix fragile.
C'était tellement beau.
J'avais envie de pleurer tellement c'était beau.
L'amour en boule comme une pomme qui sèche parce qu'on l'a mordue d'un seul coup
Le poing fermé qui garde sous l'eau fraîche un coeur petit comme un caillou
Et dans la foule de ceux qui se dépêchent d'être plus heureux, avant tout
Je serre les poings pour garder sous l'eau fraîche un coeur petit comme un caillou
C'était cette phrase "Et dans la foule de ceux qui se dépêchent d'être plus heureux, avant tout" qui touchait le plus Sylvaine.
D'ailleurs, toutes les chansons qui parlent du bonheur qu'on veut vite attraper, du temps qui passe trop vite, du temps que l'on a plus pour apprécier les belles choses, du temps qui nous manque cruellement pour parler, pour se dire des choses agréables, toutes ces chansons là plaisent en général à Sylvaine.
Ce jour là j'aurais pu lui parler, lui dire le drame que je vivais en ce moment.
Mais j'ai préféré écouter William Sheller.
Entrer dans une carterie pendant qu'elle était en réunion et acheter une carte sur laquelle dans une pomme, quelqu'un avait gravé un coeur.
Recopier à l'intérieur de cette carte, les quelques vers qu'elle m'avait chantés.
Oui car pour moi c'est de la poésie.
Et lui offrir.
Déjeuner le midi avec toute la bande pour fêter l'anniversaire de Valérie.
Ne vivre que du bonheur pendant une journée.
Ne pas remuer dans ma tête cette horrible douleur.
Mais en juillet 2005, un soir, une demi-heure avant que mon père monte se coucher, j'ai eu envie de tout lui écrire.
De tout lui écrire à commencer par ce dimanche 14 décembre 2003, ce jour où j'avais eu le coup de foudre pour elle, pour la douceur de ses yeux et de sa voix.
Et puis bien sûr de lui parler d'Elle et de notre histoire qui avait fini mal.
Le lendemain matin, aux alentours de 10h, elle me répondait un merveilleux message que je connais par coeur.
À partir de ce jour, je me suis dit que j'avais la chance d'avoir un coeur vraiment doué pour reconnaître les bonnes personnes.
Celles qui font du bien.
Car quand elle était entrée dans la salle des fêtes, mon coeur avait fait un bond monumental mais elle aurait pu paraître douce et être une affreuse égoïste prétencieuse...
Alors que non.
Sylvaine était mieux que tout ce que j'avais pu imaginer.
Des mois ont suivi ce jour où j'ai reçu son mail magnifique.
J'en ai reçu d'autres. Tous aussi touchants.
Et puis je suis retournée à la Fab avec elle.
J'étais toujours amoureuse d'Elle mais je savais qu'au fond, mon coeur ne cesserait de battre pour Sylvaine.
Qu'un amour sincère et pur vivrait toujours pour elle en moi.
Et c'est toujours le cas d'ailleurs.
C'est un de ces amours qu'on aime cultiver.
Un amour qui n'a pas besoin d'être réciproque pour être beau.
Un jour, et je crois que ces quelques secondes resteront parmi les plus belles de ma vie, je rentrais d'une journée dans Paris, j'étais allée à la Fnac, au Disney Store, et dans tous les magasins que je pouvais, et Sylvaine n'était pas dans son bureau mais dans celui qui est collé au sien. Un grand bureau dans lequel travaillent C, S, Pierre et Jo.
Jo était absente pour la semaine et Sylvaine s'était installée à son bureau pour faire sa traduction.
Comme à son habitude elle faisait rire tout le monde avec ses jeux de mots et ses délires actualiticopolitiques.
Je m'étais mise juste derrière elle. Derrière le siège sur lequel elle était assise.
Et à un moment elle a dit une bêtise et j'ai ri.
Alors elle m'a entendu et s'est retournée en me souriant tout en continuant à rire.
En se retournant, le dossier de son siège s'est légèrement penché et comme j'étais très près, il a touché mon ventre. Ses cheveux étaient en pagaille et elle m'a regardé, comme elle seule sait regarder les gens -car j'imagine que je ne suis pas la seule qu'elle regarde comme ça-, ses yeux m'ont lancé un regard très appuyé qui a duré plus longtemps qu'un simple regard complice après une plaisanterie. Ses yeux doux m'ont traversée toute entière, elle m'a souri alors qu'elle me regardait.
C'était comme au ralenti, cet échange de regard m'a semblé duré des siècles, j'aurais voulu qu'il ne s'arrête jamais.
En cet instant, je lisais dans ses yeux son bonheur.
Elle s'est retournée, ses cheveux ont virevolté et se sont reposés normalement.
Elle était heureuse.
Elle sentait mon amour dans son dos.
Mon amour incommensurable qu'elle savait infini.
Mon amour qui pouvait nourrir tous ses espoirs, et qui pouvait flatter son coeur.
Personne ne l'avait jamais aimé pareillement.
Il était aux environs de 17h, la journée se terminait, mais il n'était pas encore trop tard, pas encore assez tard pour que ses sourcils se froncent, pliés sous les idées noires, sous la principale idée noire qui était qu'il faudrait bien qu'elle rentre chez elle, et qu'elle retrouve son mari dont la présence cruellement silencieuse la blessait terriblement.
Et qui la blesse toujours.
Aujourd'hui je possède presque tous les CD de William Sheller.
Je connais toutes ses chansons par coeur.
Il est devenu mon chanteur et mon compositeur préféré.
Le soir où j'ai réécouté Simplement je me suis mise tout bonnement à pleurer parce qu'elle était exactement tout ce que je ressentais à l'égard de Sylvaine.
Mais si t'avais le temps de m'écouter davantage
Et si j'avais les mots qu'il faut pour accrocher les images
J'te dirais
Simplement
En te regardant
J'aurais presque l'envie de te suivre
Tranquillement
Même juste un instant
Je serais peut-être heureux de te voir vivre
Qu'il n'allait pas à celle qui le portait.
J'aime passionément ce prénom.
J'ai appris à l'aimer.
Il est le plus doux que je connaisse.
Je ne connais que trois personnes qui s'appellent Sylvaine.
Et elles ont toutes les trois ce petit détail charismatique, elles ne sont pas vraiment belles mais au fond elles le sont plus que n'importe qu'elle actrice sublime qui pose dans les magazines.
La première Sylvaine est la femme du patron de ma mère. Une petite brune piquante et très sexy.
La deuxième Sylvaine était une vague collègue de mon père du temps où il était heureux à son travail (heureux tout court d'ailleurs). Une drôle de fille un peu à la Lynda Lemay mais avec des grosses lunettes qui lui donnent un air intello rigolo. Maintenant elle a ouvert une librairie d'occasion avec son mari qui est super gentil.
Mais c'est de la troisième dont j'aimerais vous parler.
Justement la troisième parce qu'en classe de Troisième, c'est-à-dire en 2003 en ce qui me concerne, décembre plus précisément, je devais faire, comme tous les autres troisièmes de mon collège, un stage d'observation en entreprise.
Bien sûr je n'avais aucune envie de choisir la facilité et d'aller au bureau de ma mère ou de mon père.
C'était trop facile et en plus ça ne m'intéressait pas.
J'avais contacté une de mes tantes et un de mes oncles qui connaissent beaucoup beaucoup de gens dans le monde des médias, du cinéma et de l'édition.
C'est mon oncle qui a eu le dernier mot.
Sa voisine, Sylvaine, directrice de fabrication d'un groupe de presse très connu, acceptait de me prendre avec elle pendant une semaine et de m'emmener à son travail.
Le stage devait commencer le lundi 15 décembre et terminer le jeudi au soir.
J'étais arrivée le 14 chez mon oncle qui fêtait avec tous ses amis et sa famille, ses 50 ans dans la salle des fêtes de sa ville.
Il m'avait dit que Sylvaine viendrait y faire un saut, pour me rencontrer avant le lendemain, premier jour de stage.
J'ai passé toute la journée, assise au fond de la salle entre ma cousine qui n'arrêtait pas de prendre en photo avec son portable les fesses de mon cousin qu'elle n'avait pas vu depuis longtemps et qu'elle trouvait craquant (ma cousine est une vraie chaudasse elle se taperait tout le monde si elle pouvait), et une fille hypra timide et même quasiment muette qui ne dégoisait pas un mot.
Bref j'étais là-bas, contre le mur, assise sur un banc, et je regardais la porte.
Et j'ai regardé la porte jusqu'aux environs de 16h30, quand une grande silhouette aux cheveux courts a ouvert la porte, un bébé dans les bras, vêtue d'une marinière blanche à rayures rouges et d'un jean délavé.
J'ai tout de suite su que c'était elle. Et mon coeur a fait un bond.
Mon oncle nous a présentées, et quelques minutes plus tard, c'était comme si je la connaissais depuis toujours.
Cette semaine de stage avec elle restera marquée dans ma mémoire.
D'abord parce que le jeudi d'avant le stage, j'avais eu mes règles pour la première fois et que donc je devais partir là-bas, toute seule, avec ce drôle de phénomène dans mon corps.
Ensuite parce que l'ambiance de la fabrication de ce groupe de presse m'a enchantée.
J'ai rencontré Valérie dont je parlais hier encore dans l'un de mes articles.
Et puis parce que Sylvaine était charmante.
Quand je suis rentrée le jeudi soir chez mon oncle et que c'était fini, je ne la reverrai plus, je suis allée me coucher et dans mon lit j'ai éclaté en sanglots.
Je ne savais pas vraiment pourquoi mais plus tard j'ai réalisé que c'était parce que je venais de tomber follement amoureuse d'elle et que j'allais passer des mois loin d'elle.
Je suis revenue des tas de fois voir Sylvaine.
Chez elle à côté de chez mon oncle.
À Paris quand j'y allais me balader.
Et même à son boulot quand j'allais passer une semaine de vacances chez mon oncle, je prenais une journée où je partais du matin 9h jusqu'au soir 21h avec elle.
Nous ne nous sommes jamais perdues de vue.
Ni sommes jamais restées sans nouvelles.
On s'est écrit des mails.
D'abord des mails banals.
Et puis en février 2005, cela faisait déjà 8 mois que j'avais entamé ma relation avec Elle (qui n'est pas Sylvaine hein mais l'une de mes profs), mes parents ont découvert cette liaison interdite et ont porté plainte contre Elle.
Du jour au lendemain fini les textos cachés au fond du lit, fini les midis à se retrouver dans son appartement pour quelques heures de plaisir, fini les longues conversations au téléphone toute la nuit, fini les mails intenses et brûlants... J'étais définitivement séparée d'Elle et il fallait que je m'y fasse.
Ces quelques mois là ont été les pires de toute ma vie.
Culpabilité. Remord. Manque incommensurable. Doute.
Heureusement il y avait maman, mes amis, et Sylvaine. Sylvaine ne savait rien, je ne lui en avais pas parlé, mais souvent les gens qui ne connaissent pas vos problèmes mais qui vous aiment beaucoup savent vous consoler simplement par un petit mot innocent ou par leur sourire.
En avril 2005 j'allais passer une semaine chez mon oncle.
M'éloigner de mes parents.
Du drame qui bouleversait mon coeur.
Et je passais une journée avec Sylvaine.
En montant dans la voiture pour rejoindre le coeur de Paris, Sylvaine m'avait parlé d'un certain William Sheller. Sur le coup je n'écoutais pas bien, j'étais trop absorbée par sa main sur le volant, sa main sur le levier de vitesse, sa main qui allumait la radio.
Elle était allée voir ce William Sheller en concert quelques jours auparavant et elle me racontait ce qu'il disait de ses chansons, ce qu'il disait dans ses chansons.
Elle avait sorti un grand carnet énorme où se trouvaient tous les CD de ce William Sheller.
Elle m'avait fait écouter plusieurs chansons.
Nicolas, J'suis pas bien, J'cours tout seul et Simplement.
Je me souviens que j'avais été bouleversée en écoutant Simplement.
Et puis dans la seconde d'après je l'avais totalement oublié, parce que Sylvaine s'était mise à chanter une chanson de ce Sheller qui s'appelait Petit comme un caillou et qu'elle aimait beaucoup.
Sylvaine me connaissait sans me connaître.
Je lui écrivais, on se voyait souvent, on discutait plus du collège et de son travail que de nous-mêmes, mais il y avait une sorte de complicité silencieuse entre nous.
Ainsi elle me parlait de cette chanson et elle s'était mise à la chanter, de sa voix fragile.
C'était tellement beau.
J'avais envie de pleurer tellement c'était beau.
L'amour en boule comme une pomme qui sèche parce qu'on l'a mordue d'un seul coup
Le poing fermé qui garde sous l'eau fraîche un coeur petit comme un caillou
Et dans la foule de ceux qui se dépêchent d'être plus heureux, avant tout
Je serre les poings pour garder sous l'eau fraîche un coeur petit comme un caillou
C'était cette phrase "Et dans la foule de ceux qui se dépêchent d'être plus heureux, avant tout" qui touchait le plus Sylvaine.
D'ailleurs, toutes les chansons qui parlent du bonheur qu'on veut vite attraper, du temps qui passe trop vite, du temps que l'on a plus pour apprécier les belles choses, du temps qui nous manque cruellement pour parler, pour se dire des choses agréables, toutes ces chansons là plaisent en général à Sylvaine.
Ce jour là j'aurais pu lui parler, lui dire le drame que je vivais en ce moment.
Mais j'ai préféré écouter William Sheller.
Entrer dans une carterie pendant qu'elle était en réunion et acheter une carte sur laquelle dans une pomme, quelqu'un avait gravé un coeur.
Recopier à l'intérieur de cette carte, les quelques vers qu'elle m'avait chantés.
Oui car pour moi c'est de la poésie.
Et lui offrir.
Déjeuner le midi avec toute la bande pour fêter l'anniversaire de Valérie.
Ne vivre que du bonheur pendant une journée.
Ne pas remuer dans ma tête cette horrible douleur.
Mais en juillet 2005, un soir, une demi-heure avant que mon père monte se coucher, j'ai eu envie de tout lui écrire.
De tout lui écrire à commencer par ce dimanche 14 décembre 2003, ce jour où j'avais eu le coup de foudre pour elle, pour la douceur de ses yeux et de sa voix.
Et puis bien sûr de lui parler d'Elle et de notre histoire qui avait fini mal.
Le lendemain matin, aux alentours de 10h, elle me répondait un merveilleux message que je connais par coeur.
À partir de ce jour, je me suis dit que j'avais la chance d'avoir un coeur vraiment doué pour reconnaître les bonnes personnes.
Celles qui font du bien.
Car quand elle était entrée dans la salle des fêtes, mon coeur avait fait un bond monumental mais elle aurait pu paraître douce et être une affreuse égoïste prétencieuse...
Alors que non.
Sylvaine était mieux que tout ce que j'avais pu imaginer.
Des mois ont suivi ce jour où j'ai reçu son mail magnifique.
J'en ai reçu d'autres. Tous aussi touchants.
Et puis je suis retournée à la Fab avec elle.
J'étais toujours amoureuse d'Elle mais je savais qu'au fond, mon coeur ne cesserait de battre pour Sylvaine.
Qu'un amour sincère et pur vivrait toujours pour elle en moi.
Et c'est toujours le cas d'ailleurs.
C'est un de ces amours qu'on aime cultiver.
Un amour qui n'a pas besoin d'être réciproque pour être beau.
Un jour, et je crois que ces quelques secondes resteront parmi les plus belles de ma vie, je rentrais d'une journée dans Paris, j'étais allée à la Fnac, au Disney Store, et dans tous les magasins que je pouvais, et Sylvaine n'était pas dans son bureau mais dans celui qui est collé au sien. Un grand bureau dans lequel travaillent C, S, Pierre et Jo.
Jo était absente pour la semaine et Sylvaine s'était installée à son bureau pour faire sa traduction.
Comme à son habitude elle faisait rire tout le monde avec ses jeux de mots et ses délires actualiticopolitiques.
Je m'étais mise juste derrière elle. Derrière le siège sur lequel elle était assise.
Et à un moment elle a dit une bêtise et j'ai ri.
Alors elle m'a entendu et s'est retournée en me souriant tout en continuant à rire.
En se retournant, le dossier de son siège s'est légèrement penché et comme j'étais très près, il a touché mon ventre. Ses cheveux étaient en pagaille et elle m'a regardé, comme elle seule sait regarder les gens -car j'imagine que je ne suis pas la seule qu'elle regarde comme ça-, ses yeux m'ont lancé un regard très appuyé qui a duré plus longtemps qu'un simple regard complice après une plaisanterie. Ses yeux doux m'ont traversée toute entière, elle m'a souri alors qu'elle me regardait.
C'était comme au ralenti, cet échange de regard m'a semblé duré des siècles, j'aurais voulu qu'il ne s'arrête jamais.
En cet instant, je lisais dans ses yeux son bonheur.
Elle s'est retournée, ses cheveux ont virevolté et se sont reposés normalement.
Elle était heureuse.
Elle sentait mon amour dans son dos.
Mon amour incommensurable qu'elle savait infini.
Mon amour qui pouvait nourrir tous ses espoirs, et qui pouvait flatter son coeur.
Personne ne l'avait jamais aimé pareillement.
Il était aux environs de 17h, la journée se terminait, mais il n'était pas encore trop tard, pas encore assez tard pour que ses sourcils se froncent, pliés sous les idées noires, sous la principale idée noire qui était qu'il faudrait bien qu'elle rentre chez elle, et qu'elle retrouve son mari dont la présence cruellement silencieuse la blessait terriblement.
Et qui la blesse toujours.
Aujourd'hui je possède presque tous les CD de William Sheller.
Je connais toutes ses chansons par coeur.
Il est devenu mon chanteur et mon compositeur préféré.
Le soir où j'ai réécouté Simplement je me suis mise tout bonnement à pleurer parce qu'elle était exactement tout ce que je ressentais à l'égard de Sylvaine.
Mais si t'avais le temps de m'écouter davantage
Et si j'avais les mots qu'il faut pour accrocher les images
J'te dirais
Simplement
En te regardant
J'aurais presque l'envie de te suivre
Tranquillement
Même juste un instant
Je serais peut-être heureux de te voir vivre
Ecrit par inconsciente, à 11:58 dans la rubrique Les autres.
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