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Sylvaine
Les gens dont j'ai déjà parlé de Sylvaine trouvaient que ce prénom avait l'air vieillot.
Qu'il n'allait pas à celle qui le portait.

J'aime passionément ce prénom.
J'ai appris à l'aimer.
Il est le plus doux que je connaisse.

Je ne connais que trois personnes qui s'appellent Sylvaine.
Et elles ont toutes les trois ce petit détail charismatique, elles ne sont pas vraiment belles mais au fond elles le sont plus que n'importe qu'elle actrice sublime qui pose dans les magazines.

La première Sylvaine est la femme du patron de ma mère. Une petite brune piquante et très sexy.

La deuxième Sylvaine était une vague collègue de mon père du temps où il était heureux à son travail (heureux tout court d'ailleurs). Une drôle de fille un peu à la Lynda Lemay mais avec des grosses lunettes qui lui donnent un air intello rigolo. Maintenant elle a ouvert une librairie d'occasion avec son mari qui est super gentil.

Mais c'est de la troisième dont j'aimerais vous parler.
Justement la troisième parce qu'en classe de Troisième, c'est-à-dire en 2003 en ce qui me concerne, décembre plus précisément, je devais faire, comme tous les autres troisièmes de mon collège, un stage d'observation en entreprise.
Bien sûr je n'avais aucune envie de choisir la facilité et d'aller au bureau de ma mère ou de mon père.
C'était trop facile et en plus ça ne m'intéressait pas.
J'avais contacté une de mes tantes et un de mes oncles qui connaissent beaucoup beaucoup de gens dans le monde des médias, du cinéma et de l'édition.

C'est mon oncle qui a eu le dernier mot.
Sa voisine, Sylvaine, directrice de fabrication d'un groupe de presse très connu, acceptait de me prendre avec elle pendant une semaine et de m'emmener à son travail.

Le stage devait commencer le lundi 15 décembre et terminer le jeudi au soir.
J'étais arrivée le 14 chez mon oncle qui fêtait avec tous ses amis et sa famille, ses 50 ans dans la salle des fêtes de sa ville.
Il m'avait dit que Sylvaine viendrait y faire un saut, pour me rencontrer avant le lendemain, premier jour de stage.

J'ai passé toute la journée, assise au fond de la salle entre ma cousine qui n'arrêtait pas de prendre en photo avec son portable les fesses de mon cousin qu'elle n'avait pas vu depuis longtemps et qu'elle trouvait craquant (ma cousine est une vraie chaudasse elle se taperait tout le monde si elle pouvait), et une fille hypra timide et même quasiment muette qui ne dégoisait pas un mot.

Bref j'étais là-bas, contre le mur, assise sur un banc, et je regardais la porte.
Et j'ai regardé la porte jusqu'aux environs de 16h30, quand une grande silhouette aux cheveux courts a ouvert la porte, un bébé dans les bras, vêtue d'une marinière blanche à rayures rouges et d'un jean délavé.
J'ai tout de suite su que c'était elle. Et mon coeur a fait un bond.

Mon oncle nous a présentées, et quelques minutes plus tard, c'était comme si je la connaissais depuis toujours.

Cette semaine de stage avec elle restera marquée dans ma mémoire.

D'abord parce que le jeudi d'avant le stage, j'avais eu mes règles pour la première fois et que donc je devais partir là-bas, toute seule, avec ce drôle de phénomène dans mon corps.

Ensuite parce que l'ambiance de la fabrication de ce groupe de presse m'a enchantée.
J'ai rencontré Valérie dont je parlais hier encore dans l'un de mes articles.

Et puis parce que Sylvaine était charmante.

Quand je suis rentrée le jeudi soir chez mon oncle et que c'était fini, je ne la reverrai plus, je suis allée me coucher et dans mon lit j'ai éclaté en sanglots.

Je ne savais pas vraiment pourquoi mais plus tard j'ai réalisé que c'était parce que je venais de tomber follement amoureuse d'elle et que j'allais passer des mois loin d'elle.

Je suis revenue des tas de fois voir Sylvaine.
Chez elle à côté de chez mon oncle.
À Paris quand j'y allais me balader.
Et même à son boulot quand j'allais passer une semaine de vacances chez mon oncle, je prenais une journée où je partais du matin 9h jusqu'au soir 21h avec elle.

Nous ne nous sommes jamais perdues de vue.
Ni sommes jamais restées sans nouvelles.
On s'est écrit des mails.
D'abord des mails banals.

Et puis en février 2005, cela faisait déjà 8 mois que j'avais entamé ma relation avec Elle (qui n'est pas Sylvaine hein mais l'une de mes profs), mes parents ont découvert cette liaison interdite et ont porté plainte contre Elle.
Du jour au lendemain fini les textos cachés au fond du lit, fini les midis à se retrouver dans son appartement pour quelques heures de plaisir, fini les longues conversations au téléphone toute la nuit, fini les mails intenses et brûlants... J'étais définitivement séparée d'Elle et il fallait que je m'y fasse.

Ces quelques mois là ont été les pires de toute ma vie.
Culpabilité. Remord. Manque incommensurable. Doute.

Heureusement il y avait maman, mes amis, et Sylvaine. Sylvaine ne savait rien, je ne lui en avais pas parlé, mais souvent les gens qui ne connaissent pas vos problèmes mais qui vous aiment beaucoup savent vous consoler simplement par un petit mot innocent ou par leur sourire.

En avril 2005 j'allais passer une semaine chez mon oncle.
M'éloigner de mes parents.
Du drame qui bouleversait mon coeur.

Et je passais une journée avec Sylvaine.
En montant dans la voiture pour rejoindre le coeur de Paris, Sylvaine m'avait parlé d'un certain William Sheller. Sur le coup je n'écoutais pas bien, j'étais trop absorbée par sa main sur le volant, sa main sur le levier de vitesse, sa main qui allumait la radio.
Elle était allée voir ce William Sheller en concert quelques jours auparavant et elle me racontait ce qu'il disait de ses chansons, ce qu'il disait dans ses chansons.
Elle avait sorti un grand carnet énorme où se trouvaient tous les CD de ce William Sheller.
Elle m'avait fait écouter plusieurs chansons.
Nicolas, J'suis pas bien, J'cours tout seul et Simplement.

Je me souviens que j'avais été bouleversée en écoutant Simplement.
Et puis dans la seconde d'après je l'avais totalement oublié, parce que Sylvaine s'était mise à chanter une chanson de ce Sheller qui s'appelait Petit comme un caillou et qu'elle aimait beaucoup.

Sylvaine me connaissait sans me connaître.
Je lui écrivais, on se voyait souvent, on discutait plus du collège et de son travail que de nous-mêmes, mais il y avait une sorte de complicité silencieuse entre nous.
Ainsi elle me parlait de cette chanson et elle s'était mise à la chanter, de sa voix fragile.

C'était tellement beau.
J'avais envie de pleurer tellement c'était beau.

L'amour en boule comme une pomme qui sèche parce qu'on l'a mordue d'un seul coup
Le poing fermé qui garde sous l'eau fraîche un coeur petit comme un caillou

Et dans la foule de ceux qui se dépêchent d'être plus heureux, avant tout
Je serre les poings pour garder sous l'eau fraîche un coeur petit comme un caillou


C'était cette phrase "Et dans la foule de ceux qui se dépêchent d'être plus heureux, avant tout" qui touchait le plus Sylvaine.

D'ailleurs, toutes les chansons qui parlent du bonheur qu'on veut vite attraper, du temps qui passe trop vite, du temps que l'on a plus pour apprécier les belles choses, du temps qui nous manque cruellement pour parler, pour se dire des choses agréables, toutes ces chansons là plaisent en général à Sylvaine.

Ce jour là j'aurais pu lui parler, lui dire le drame que je vivais en ce moment.
Mais j'ai préféré écouter William Sheller.
Entrer dans une carterie pendant qu'elle était en réunion et acheter une carte sur laquelle dans une pomme, quelqu'un avait gravé un coeur.
Recopier à l'intérieur de cette carte, les quelques vers qu'elle m'avait chantés.
Oui car pour moi c'est de la poésie.

Et lui offrir.

Déjeuner le midi avec toute la bande pour fêter l'anniversaire de Valérie.

Ne vivre que du bonheur pendant une journée.
Ne pas remuer dans ma tête cette horrible douleur.

Mais en juillet 2005, un soir, une demi-heure avant que mon père monte se coucher, j'ai eu envie de tout lui écrire.
De tout lui écrire à commencer par ce dimanche 14 décembre 2003, ce jour où j'avais eu le coup de foudre pour elle, pour la douceur de ses yeux et de sa voix.
Et puis bien sûr de lui parler d'Elle et de notre histoire qui avait fini mal.

Le lendemain matin, aux alentours de 10h, elle me répondait un merveilleux message que je connais par coeur.
À partir de ce jour, je me suis dit que j'avais la chance d'avoir un coeur vraiment doué pour reconnaître les bonnes personnes.
Celles qui font du bien.
Car quand elle était entrée dans la salle des fêtes, mon coeur avait fait un bond monumental mais elle aurait pu paraître douce et être une affreuse égoïste prétencieuse...
Alors que non.
Sylvaine était mieux que tout ce que j'avais pu imaginer.

Des mois ont suivi ce jour où j'ai reçu son mail magnifique.
J'en ai reçu d'autres. Tous aussi touchants.

Et puis je suis retournée à la Fab avec elle.

J'étais toujours amoureuse d'Elle mais je savais qu'au fond, mon coeur ne cesserait de battre pour Sylvaine.
Qu'un amour sincère et pur vivrait toujours pour elle en moi.
Et c'est toujours le cas d'ailleurs.
C'est un de ces amours qu'on aime cultiver.
Un amour qui n'a pas besoin d'être réciproque pour être beau.

Un jour, et je crois que ces quelques secondes resteront parmi les plus belles de ma vie, je rentrais d'une journée dans Paris, j'étais allée à la Fnac, au Disney Store, et dans tous les magasins que je pouvais, et Sylvaine n'était pas dans son bureau mais dans celui qui est collé au sien. Un grand bureau dans lequel travaillent C, S, Pierre et Jo.
Jo était absente pour la semaine et Sylvaine s'était installée à son bureau pour faire sa traduction.

Comme à son habitude elle faisait rire tout le monde avec ses jeux de mots et ses délires actualiticopolitiques.
Je m'étais mise juste derrière elle. Derrière le siège sur lequel elle était assise.

Et à un moment elle a dit une bêtise et j'ai ri.
Alors elle m'a entendu et s'est retournée en me souriant tout en continuant à rire.
En se retournant, le dossier de son siège s'est légèrement penché et comme j'étais très près, il a touché mon ventre. Ses cheveux étaient en pagaille et elle m'a regardé, comme elle seule sait regarder les gens -car j'imagine que je ne suis pas la seule qu'elle regarde comme ça-, ses yeux m'ont lancé un regard très appuyé qui a duré plus longtemps qu'un simple regard complice après une plaisanterie. Ses yeux doux m'ont traversée toute entière, elle m'a souri alors qu'elle me regardait.
C'était comme au ralenti, cet échange de regard m'a semblé duré des siècles, j'aurais voulu qu'il ne s'arrête jamais.

En cet instant, je lisais dans ses yeux son bonheur.

Elle s'est retournée, ses cheveux ont virevolté et se sont reposés normalement.
Elle était heureuse.
Elle sentait mon amour dans son dos.
Mon amour incommensurable qu'elle savait infini.
Mon amour qui pouvait nourrir tous ses espoirs, et qui pouvait flatter son coeur.
Personne ne l'avait jamais aimé pareillement.
Il était aux environs de 17h, la journée se terminait, mais il n'était pas encore trop tard, pas encore assez tard pour que ses sourcils se froncent, pliés sous les idées noires, sous la principale idée noire qui était qu'il faudrait bien qu'elle rentre chez elle, et qu'elle retrouve son mari dont la présence cruellement silencieuse la blessait terriblement.


Et qui la blesse toujours.


Aujourd'hui je possède presque tous les CD de William Sheller.
Je connais toutes ses chansons par coeur.
Il est devenu mon chanteur et mon compositeur préféré.
Le soir où j'ai réécouté Simplement je me suis mise tout bonnement à pleurer parce qu'elle était exactement tout ce que je ressentais à l'égard de Sylvaine.

Mais si t'avais le temps de m'écouter davantage
Et si j'avais les mots qu'il faut pour accrocher les images

J'te dirais
Simplement
En te regardant
J'aurais presque l'envie de te suivre

Tranquillement
Même juste un instant
Je serais peut-être heureux de te voir vivre
Ecrit par inconsciente, le Mardi 26 Juin 2007, 11:58 dans la rubrique Les autres.

Commentaires :

russlenash
russlenash
02-07-07 à 11:27

J'ai les yeux humides...
Tu es formidable.

 
inconsciente
inconsciente
02-07-07 à 14:02

Re:

j'aime parler de Sylvaine
il n'y a pas d'histoire pourtant, mais ce que mon coeur a ressenti pour elle est sans aucun doute ce que j'ai ressenti de plus beau.