Vendredi (18/04/08)
Insolation
--> écrit le 14/04/2008
Au fond, la mer c’est un peu comme l’amour.
Assise sur ce rocher, je la regarde. Verte, bleue. Elle paraît si chaude. Elle me fait tellement envie. Elle effacerait la sueur de mon front d’une caresse transparente. Si je portais mon maillot de bain sous mon short et mon pull, je les quitterais de quelques gestes et plongerait en elle, la rejoindrait, deviendrait comme une excroissance, comme ces bateaux qui font corps avec elle.
Mais si je sautais vraiment, le froid m’envahirait alors, le courant me cognerait contre les rochers, ils me blesseraient, mon corps laiteux se colorierait de rouge, la peur me gagnerait…
Mais peut-être aussi que l’eau me conduirait là-bas, vers le soleil, peut-être qu’elle soulagerait mon corps de tous ses maux, peut-être qu’elle me procurerait une détente lointaine, dont j’avais presque oublié la délicieuse sensation…
L’amour me fait toujours envie, je ne me verrais pas vivre sans, je passe mes journées à le chercher, à en rêver, à le réinventer en attendant de le vivre…
Mais soudain, il se présente, face demi-cachée, et j’ai peur. J’ai très envie et très peur à la fois.
Je pense à l’avenir. Je ne peux m’empêcher de penser qu’A n’a pas envie de perdre son temps, et que c’est en partie pour cela qu’il hésite, qu’il a peur. Aurait-il peur, aurait-il des doutes s’il ne ressentait pas quelque chose pour moi ? Il ne voudrait pas me faire de mal, mais il ne serait pas lâche au point de me faire quand même venir chez lui…
Et puis je m’accroche à ma tête. Arrête de penser à ça. Arrête de croire qu’il t’aime. C’est faux. Non, il ne t’aime pas. Ne commence pas à te faire des films. Tu vas encore te faire du mal.
J’angoisse un peu aussi. Ma marraine de l’IUT m’a envoyé un texto ce matin pour me dire aurevoir, et pour me conseiller de bien profiter de l’année qui me reste, parce que ça passe très vite.
Je me doute bien que ça passe vite. J’en suis consciente.
Alors j’angoisse en me demandant ce que je vais bien pouvoir faire de ma peau après l’IUT.
Ce matin, par hasard, je suis tombée sur le nouvel album de Victoria Abril. Elle revisite la chanson française avec du flamenco. J’ai cru m’évanouir quand j’ai vu son nom sur le boitier en plastique. M’évanouir de joie.
J’ai aussi acheté deux livres de Lucia Etxebarria. J’adore cette romancière. Ce qu’elle écrit me parle. Je ne lis plus vraiment. Je ne lis plus qu’elle à vrai dire.
Face à la mer dorée, je me suis dit qu’après l’IUT, j’irais vivre en Espagne. À Madrid ou ailleurs. J’aurais le soleil, j’aurais l’espagnol. J’aurais une autre vie, peut-être.
Je me sens libre.
Assise sur ce rocher, je la regarde. Verte, bleue. Elle paraît si chaude. Elle me fait tellement envie. Elle effacerait la sueur de mon front d’une caresse transparente. Si je portais mon maillot de bain sous mon short et mon pull, je les quitterais de quelques gestes et plongerait en elle, la rejoindrait, deviendrait comme une excroissance, comme ces bateaux qui font corps avec elle.
Mais si je sautais vraiment, le froid m’envahirait alors, le courant me cognerait contre les rochers, ils me blesseraient, mon corps laiteux se colorierait de rouge, la peur me gagnerait…
Mais peut-être aussi que l’eau me conduirait là-bas, vers le soleil, peut-être qu’elle soulagerait mon corps de tous ses maux, peut-être qu’elle me procurerait une détente lointaine, dont j’avais presque oublié la délicieuse sensation…
L’amour me fait toujours envie, je ne me verrais pas vivre sans, je passe mes journées à le chercher, à en rêver, à le réinventer en attendant de le vivre…
Mais soudain, il se présente, face demi-cachée, et j’ai peur. J’ai très envie et très peur à la fois.
Je pense à l’avenir. Je ne peux m’empêcher de penser qu’A n’a pas envie de perdre son temps, et que c’est en partie pour cela qu’il hésite, qu’il a peur. Aurait-il peur, aurait-il des doutes s’il ne ressentait pas quelque chose pour moi ? Il ne voudrait pas me faire de mal, mais il ne serait pas lâche au point de me faire quand même venir chez lui…
Et puis je m’accroche à ma tête. Arrête de penser à ça. Arrête de croire qu’il t’aime. C’est faux. Non, il ne t’aime pas. Ne commence pas à te faire des films. Tu vas encore te faire du mal.
J’angoisse un peu aussi. Ma marraine de l’IUT m’a envoyé un texto ce matin pour me dire aurevoir, et pour me conseiller de bien profiter de l’année qui me reste, parce que ça passe très vite.
Je me doute bien que ça passe vite. J’en suis consciente.
Alors j’angoisse en me demandant ce que je vais bien pouvoir faire de ma peau après l’IUT.
Ce matin, par hasard, je suis tombée sur le nouvel album de Victoria Abril. Elle revisite la chanson française avec du flamenco. J’ai cru m’évanouir quand j’ai vu son nom sur le boitier en plastique. M’évanouir de joie.
J’ai aussi acheté deux livres de Lucia Etxebarria. J’adore cette romancière. Ce qu’elle écrit me parle. Je ne lis plus vraiment. Je ne lis plus qu’elle à vrai dire.
Face à la mer dorée, je me suis dit qu’après l’IUT, j’irais vivre en Espagne. À Madrid ou ailleurs. J’aurais le soleil, j’aurais l’espagnol. J’aurais une autre vie, peut-être.
Je me sens libre.
Ecrit par inconsciente, à 17:34 dans la rubrique Vacances.
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Parallèles
--> écrit le 13/04/2008
Mes pensées voguent d’A à Papane. De Papane à A.
Hier soir, en regardant avec tendresse et bienveillance mon grand-oncle, Maurice, j’ai réalisé que je n’avais plus de grand-père.
Mes parents ne m’ont pas monté la tête contre mes grands-parents paternels, jusqu’alors je ne pensais pas grand chose d’eux. Je les excusais peut-être même un peu.
Et puis à la mort de Papane (mon grand-père maternel), leur cruauté m’a soudain sauté aux yeux. Plus que jamais.
J’ai réalisé qu’ils ne pouvaient pas me faire croire qu’ils m’aimaient tout en ne me témoignant pas leur affection en telles circonstances.
C’est tellement facile de s’effacer lorsque les autres souffrent. Au moment où ils ont le plus besoin de nous.
Je ne suis pas emplie de haine envers eux, pas comme mon père.
Moi je suis juste indifférente.
Christine dit que c’était pire que la haine.
Je pense qu’elle a raison.
Beaucoup de souvenirs me reviennent en ce moment.
Des flashs. Des images. Des endroits. Des anecdotes.
Revenir à Saint-Malo me rappelle toujours la fois précédente.
La fois précédente était entourée d’images du Prince.
Je suis repassée tout à l’heure devant la boutique dans laquelle je lui avais acheté un bol avec son prénom. Je me suis dit que cette tradition là, c’était fini.
Je me suis aussi rendu compte d’à quel point ma relation avec A est devenue sérieuse rapidement.
Par exemple, au bout d’un mois d’échanges, A m’a proposé de venir chez lui, alors que même après plus de sept mois, le Prince ne m’avait donné rendez-vous que dans des cafés, auquel il se rendait d’ailleurs plus pour boire et fumer que pour me voir, puisqu’il y restait encore après que je sois partie.
Il avait peur de moi. Il prenait mon affection, mon sourire. Mais il avait peur.
Sûrement peur que je lui saute dessus. Haha.
A doit avoir peur aussi, mais il doit y croire et en avoir un peu plus envie que le Prince pour oser me faire venir chez lui, après si peu de temps.
C’est étrange comme il m’est tombé dessus. Je ne m’attendais pas vraiment à lui.
Il paraît que les meilleures choses arrivent toujours au moment où on s’y attend le moins.
Je me suis retrouvée en stage, la tête toujours occupée par le Prince.
J’en suis sortie en me disant que le seul avec qui je garderais vraiment contact serait Nino. Et aujourd’hui, j’ai des nouvelles d’A presque tous les jours.
Je me souviens du jour où il est entré dans le grand bureau pour la première fois. Je me suis dit qu’il était une sorte d’ermite, il avait ce petit air mystérieux, si calme, si silencieux. Il a parlé un peu, il est venu nous embrasser chacun notre tour, dix minutes après être arrivé. Je me suis dit qu’il était sûrement homo pour parler de cette façon là et pour me faire tellement penser aux amis gays d’Elle. Il paraît qu’après une expérience homo, on a comme un radar.
Mais peu de temps après, j’ai compris que non. Ou qu’en tout cas il aimait aussi les filles.
Une chose est sûre, il m’attirait. Dès le début.
Nos bureaux étaient collés, l’un en face de l’autre.
Nos ordinateurs nous séparaient, et plein de bordel sous les tables aussi.
Mais aussi dessus de l’écran de mon PC, je voyais ses yeux qui me regardaient lorsqu’il m’entendait rire à ses bêtises.
Je parle d’ailleurs de lui dans l’article que j’ai écrit le dernier jour de mon stage.
« Je me demande ce qu'ils pensent de mon départ.
Lucie m'a dit que j'allais leur manquer, qu'ils aimeraient bien avoir des stagiaires comme moi tous les jours. Mais je n'étais pas si proche d'elle. Enfin je ne sais pas.
Je suis derrière mon petit poste miteux, A bidouille ses photos.
En fond, Song for lovers de The Do. Petite mélancolie dans l'air.
Je ne peux m'empêcher de penser que ça lui fait un peu quelque chose quand même.
J'ai adoré ses regards, j'ai adoré ses sourires.
Et si les autres jours son sourire était un peu carnacier, ou du moins plein de malice et d'ironie, il était très doux aujourd'hui. »
Je me suis rappelée il y a peu de ce moment, à la fois terrible et splendide, dans ce café de Saint-Malo qui s’appelait « La Marie-galante ».
Elle était venue me rejoindre en vacances, quelques jours avant qu’on se tombe dans les bras.
Nous étions face à face, nos regards inquiets se croisaient.
Je ne voulais pas comprendre. Elle ne voulait pas le dire clairement.
On s’était écrit déjà plusieurs fois qu’on s’aimait.
Mais la question du jour était : qu’allons-nous devenir ? Devons-nous craquer, céder à cet amour qui nous brûle ? Allons-nous assumer ? Allons-nous résister ? Que devons-nous faire ?
C’était forcément différent, de par nos positions dans le lycée. Surtout la Sienne, évidemment.
Mais au fond, cette période troublée ressemble à celle que nous vivons en ce moment.
Il n’y a qu’une phrase qui vient un peu gâcher ma rêverie.
« mais la bonne reponse c’est effectivement une protection contre un vieux « laskar » comme moi … qui ne pourrait en plus pas assumer… »
Qui ne pourrait pas assumer ou qui n’assumerait pas tout court ?
Je sens bien qu’il me considère presque comme une égale.
Mais assumer c’est quoi ?
Assumer auprès de ses collègues, auprès de sa famille, auprès de ses amis…
Assumer de se dire qu’il sort avec une fille qui a seize ans de moins que lui.
C’est sûrement ça, son sens du mot assumer.
Est-il vraiment un lascar comme il le dit ?
Ne serait-ce pas une carapace ? Une image qu’il aime bien donner de lui-même, pour se protéger ?
Pourquoi les hommes prennent-ils tant de plaisir à se dévaloriser…
Pourquoi adorent-ils se faire passer pour des ours, même pas bons à apprivoiser ?
Le Prince a renoncé catégoriquement au bonheur.
Mais je ne suis pas sûre qu’A en fera de même.
Il avoue plus vite un sentiment de tristesse ou de mélancolie, mais se révèle moins désespéré que le Prince. Du moins c’est ce que je crois.
Mais ils ne sont pas vraiment comparables.
A a encore de l’espoir.
Il espère construire une famille, un beau jour…
Le Prince en a déjà construit une. Qui s’est détruite.
Et il n’a plus d’espoir.
Je m’étais toujours dit qu’il me faudrait un artiste.
Quelqu’un d’un peu torturé comme moi. Et de créatif.
Car la créativité est importante pour moi.
Plus que je ne le croyais.
C’est presque indispensable.
Comment pourrais-je m’entendre à long terme avec quelqu’un qui n’a pas un minimum envie de créer ?
Et c’était un plaisir de farfouiller dans les vieilles boîtes en carton d’A, de retrouver ses photos, ratées, collées. J’ai même trouvé une photo de lui avec les cheveux mi-longs, et une longue barbe.
De me trouver chez lui, de découvrir ses photos, d’observer ses tableaux, de caresser ses statues.
Un créatif, enfin, qui a des choses à dire.
En m’approchant de son lit, j’ai découvert un gros livre, posé sur son étagère.
Le surréalisme.
J’avais presque envie de lui sauter dans les bras, rien que pour ça.
Ni Elle, ni le Prince ne comprenaient mon goût pour le surréalisme.
C’est l’artiste torturé que j’attendais.
Oh non, ne vous en faites pas, je ne mise pas tous mes espoirs sur lui. Ses épaules ne seraient pas assez fortes pour les porter. Je ne veux pas lui imposer ça comme je l’ai fait auparavant. Je prends la résolution d’être un peu moins excessive.
Je n’ai pas envie de lui écrire toutes les cinq secondes même si je pense beaucoup à lui, même si je pense qu’on a beaucoup de choses à se dire.
Je ne l’aime pas démesurément mais justement, c’est ce qui me fait penser que cela ne peut être que plus équilibré que tout ce dont j’ai rêvé jusqu’alors. Et puis je vais l’aimer de plus en plus, au fur et à mesure que je vais le découvrir. C’est toujours comme ça.
Alors évidemment, je m’imagine des scénarios dont nous sommes tous les deux les acteurs principaux, mais cela ne me prend pas la tête plus que ça.
Je ne me dis pas que je suis plus heureuse dans mes rêves que dans la réalité.
La réalité me convient, enfin.
Je construis le présent, et même s’il n’est pas sûr de lui, et même si lui non plus n’est pas bavard et me tait son passé, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même d’avoir été nulle vendredi dernier.
Mon mutisme m’exaspère parce que les autres pensent que je ne m’intéresse pas à eux. Alors qu’au contraire…
C’est pitoyable pour quelqu’un qui a envie d’être journaliste de ne pas savoir poser de questions, de ne pas savoir s’intéresser aux autres.
Mais c’est certainement de la timidité, de la gêne, une surcharge d’attentes diverses et un soupçon de peur qui provoquent cette sorte de blocage.
Je m’emballe, quand même.
Mais je vais mieux. C’est ce qui compte, non ?
Hier soir, en regardant avec tendresse et bienveillance mon grand-oncle, Maurice, j’ai réalisé que je n’avais plus de grand-père.
Mes parents ne m’ont pas monté la tête contre mes grands-parents paternels, jusqu’alors je ne pensais pas grand chose d’eux. Je les excusais peut-être même un peu.
Et puis à la mort de Papane (mon grand-père maternel), leur cruauté m’a soudain sauté aux yeux. Plus que jamais.
J’ai réalisé qu’ils ne pouvaient pas me faire croire qu’ils m’aimaient tout en ne me témoignant pas leur affection en telles circonstances.
C’est tellement facile de s’effacer lorsque les autres souffrent. Au moment où ils ont le plus besoin de nous.
Je ne suis pas emplie de haine envers eux, pas comme mon père.
Moi je suis juste indifférente.
Christine dit que c’était pire que la haine.
Je pense qu’elle a raison.
Beaucoup de souvenirs me reviennent en ce moment.
Des flashs. Des images. Des endroits. Des anecdotes.
Revenir à Saint-Malo me rappelle toujours la fois précédente.
La fois précédente était entourée d’images du Prince.
Je suis repassée tout à l’heure devant la boutique dans laquelle je lui avais acheté un bol avec son prénom. Je me suis dit que cette tradition là, c’était fini.
Je me suis aussi rendu compte d’à quel point ma relation avec A est devenue sérieuse rapidement.
Par exemple, au bout d’un mois d’échanges, A m’a proposé de venir chez lui, alors que même après plus de sept mois, le Prince ne m’avait donné rendez-vous que dans des cafés, auquel il se rendait d’ailleurs plus pour boire et fumer que pour me voir, puisqu’il y restait encore après que je sois partie.
Il avait peur de moi. Il prenait mon affection, mon sourire. Mais il avait peur.
Sûrement peur que je lui saute dessus. Haha.
A doit avoir peur aussi, mais il doit y croire et en avoir un peu plus envie que le Prince pour oser me faire venir chez lui, après si peu de temps.
C’est étrange comme il m’est tombé dessus. Je ne m’attendais pas vraiment à lui.
Il paraît que les meilleures choses arrivent toujours au moment où on s’y attend le moins.
Je me suis retrouvée en stage, la tête toujours occupée par le Prince.
J’en suis sortie en me disant que le seul avec qui je garderais vraiment contact serait Nino. Et aujourd’hui, j’ai des nouvelles d’A presque tous les jours.
Je me souviens du jour où il est entré dans le grand bureau pour la première fois. Je me suis dit qu’il était une sorte d’ermite, il avait ce petit air mystérieux, si calme, si silencieux. Il a parlé un peu, il est venu nous embrasser chacun notre tour, dix minutes après être arrivé. Je me suis dit qu’il était sûrement homo pour parler de cette façon là et pour me faire tellement penser aux amis gays d’Elle. Il paraît qu’après une expérience homo, on a comme un radar.
Mais peu de temps après, j’ai compris que non. Ou qu’en tout cas il aimait aussi les filles.
Une chose est sûre, il m’attirait. Dès le début.
Nos bureaux étaient collés, l’un en face de l’autre.
Nos ordinateurs nous séparaient, et plein de bordel sous les tables aussi.
Mais aussi dessus de l’écran de mon PC, je voyais ses yeux qui me regardaient lorsqu’il m’entendait rire à ses bêtises.
Je parle d’ailleurs de lui dans l’article que j’ai écrit le dernier jour de mon stage.
« Je me demande ce qu'ils pensent de mon départ.
Lucie m'a dit que j'allais leur manquer, qu'ils aimeraient bien avoir des stagiaires comme moi tous les jours. Mais je n'étais pas si proche d'elle. Enfin je ne sais pas.
Je suis derrière mon petit poste miteux, A bidouille ses photos.
En fond, Song for lovers de The Do. Petite mélancolie dans l'air.
Je ne peux m'empêcher de penser que ça lui fait un peu quelque chose quand même.
J'ai adoré ses regards, j'ai adoré ses sourires.
Et si les autres jours son sourire était un peu carnacier, ou du moins plein de malice et d'ironie, il était très doux aujourd'hui. »
Je me suis rappelée il y a peu de ce moment, à la fois terrible et splendide, dans ce café de Saint-Malo qui s’appelait « La Marie-galante ».
Elle était venue me rejoindre en vacances, quelques jours avant qu’on se tombe dans les bras.
Nous étions face à face, nos regards inquiets se croisaient.
Je ne voulais pas comprendre. Elle ne voulait pas le dire clairement.
On s’était écrit déjà plusieurs fois qu’on s’aimait.
Mais la question du jour était : qu’allons-nous devenir ? Devons-nous craquer, céder à cet amour qui nous brûle ? Allons-nous assumer ? Allons-nous résister ? Que devons-nous faire ?
C’était forcément différent, de par nos positions dans le lycée. Surtout la Sienne, évidemment.
Mais au fond, cette période troublée ressemble à celle que nous vivons en ce moment.
Il n’y a qu’une phrase qui vient un peu gâcher ma rêverie.
« mais la bonne reponse c’est effectivement une protection contre un vieux « laskar » comme moi … qui ne pourrait en plus pas assumer… »
Qui ne pourrait pas assumer ou qui n’assumerait pas tout court ?
Je sens bien qu’il me considère presque comme une égale.
Mais assumer c’est quoi ?
Assumer auprès de ses collègues, auprès de sa famille, auprès de ses amis…
Assumer de se dire qu’il sort avec une fille qui a seize ans de moins que lui.
C’est sûrement ça, son sens du mot assumer.
Est-il vraiment un lascar comme il le dit ?
Ne serait-ce pas une carapace ? Une image qu’il aime bien donner de lui-même, pour se protéger ?
Pourquoi les hommes prennent-ils tant de plaisir à se dévaloriser…
Pourquoi adorent-ils se faire passer pour des ours, même pas bons à apprivoiser ?
Le Prince a renoncé catégoriquement au bonheur.
Mais je ne suis pas sûre qu’A en fera de même.
Il avoue plus vite un sentiment de tristesse ou de mélancolie, mais se révèle moins désespéré que le Prince. Du moins c’est ce que je crois.
Mais ils ne sont pas vraiment comparables.
A a encore de l’espoir.
Il espère construire une famille, un beau jour…
Le Prince en a déjà construit une. Qui s’est détruite.
Et il n’a plus d’espoir.
Je m’étais toujours dit qu’il me faudrait un artiste.
Quelqu’un d’un peu torturé comme moi. Et de créatif.
Car la créativité est importante pour moi.
Plus que je ne le croyais.
C’est presque indispensable.
Comment pourrais-je m’entendre à long terme avec quelqu’un qui n’a pas un minimum envie de créer ?
Et c’était un plaisir de farfouiller dans les vieilles boîtes en carton d’A, de retrouver ses photos, ratées, collées. J’ai même trouvé une photo de lui avec les cheveux mi-longs, et une longue barbe.
De me trouver chez lui, de découvrir ses photos, d’observer ses tableaux, de caresser ses statues.
Un créatif, enfin, qui a des choses à dire.
En m’approchant de son lit, j’ai découvert un gros livre, posé sur son étagère.
Le surréalisme.
J’avais presque envie de lui sauter dans les bras, rien que pour ça.
Ni Elle, ni le Prince ne comprenaient mon goût pour le surréalisme.
C’est l’artiste torturé que j’attendais.
Oh non, ne vous en faites pas, je ne mise pas tous mes espoirs sur lui. Ses épaules ne seraient pas assez fortes pour les porter. Je ne veux pas lui imposer ça comme je l’ai fait auparavant. Je prends la résolution d’être un peu moins excessive.
Je n’ai pas envie de lui écrire toutes les cinq secondes même si je pense beaucoup à lui, même si je pense qu’on a beaucoup de choses à se dire.
Je ne l’aime pas démesurément mais justement, c’est ce qui me fait penser que cela ne peut être que plus équilibré que tout ce dont j’ai rêvé jusqu’alors. Et puis je vais l’aimer de plus en plus, au fur et à mesure que je vais le découvrir. C’est toujours comme ça.
Alors évidemment, je m’imagine des scénarios dont nous sommes tous les deux les acteurs principaux, mais cela ne me prend pas la tête plus que ça.
Je ne me dis pas que je suis plus heureuse dans mes rêves que dans la réalité.
La réalité me convient, enfin.
Je construis le présent, et même s’il n’est pas sûr de lui, et même si lui non plus n’est pas bavard et me tait son passé, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même d’avoir été nulle vendredi dernier.
Mon mutisme m’exaspère parce que les autres pensent que je ne m’intéresse pas à eux. Alors qu’au contraire…
C’est pitoyable pour quelqu’un qui a envie d’être journaliste de ne pas savoir poser de questions, de ne pas savoir s’intéresser aux autres.
Mais c’est certainement de la timidité, de la gêne, une surcharge d’attentes diverses et un soupçon de peur qui provoquent cette sorte de blocage.
Je m’emballe, quand même.
Mais je vais mieux. C’est ce qui compte, non ?
Ecrit par inconsciente, à 17:28 dans la rubrique Vacances.
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Samedi (11/08/07)
09/08 - Névrose onirique
Chaque nuit, je me sens aspirée par le fin fond de n’importe quoi, plongée dans les profondeurs d’une mer d’un noir épais et dense, dans les plis de laquelle sont enfouies étoiles, étincelles et taches de couleurs vives.
De longues phrases sont brodées sur l’étendue sombre.
Je suis plongée dans cette étendue et je ne trouve plus la sortie.
Je suis prisonnière de cet infini sans plafond ni sol.
Je suis au milieu de rien et de tout.
Je me retrouve au centre de mes pires angoisses et de mes hallucinations créatrices les plus floues et les plus immenses.
Quand on y pense, c’est assez incroyable de se dire que l’on passe une dizaine d’heures allongée sur un matelas, les yeux fermés, sans bouger vraiment, et que l’on vit des histoires et des sensations à la fois terriblement ressemblantes et tellement étrangères à notre quotidien.
J’aime passionnément ces rêves, même les pires, les plus douloureux, ceux qui te plongent pour la journée dans un brouillard maussade. Ils me fascinent.
Je suis pleine de tourments depuis quelques jours, et ni la musique que j’écoute ni le roman que je lis avidement n’arrangent les choses, on pourrait appeler ça une crise.
Une sorte de dépression passagère.
Car si je n’ai jamais sombré dans une réelle dépression, installée et profonde, il m’arrive souvent d’être attrapée par l’une de ses tentacules qui m’enfonce de nouveau la tête sous l’eau, sous une eau qui me met dans une transe méditative et tourmentée.
J’aime les névroses et la folie, et j’ai envie que cela soit le thème de mon prochain court-métrage.
De longues phrases sont brodées sur l’étendue sombre.
Je suis plongée dans cette étendue et je ne trouve plus la sortie.
Je suis prisonnière de cet infini sans plafond ni sol.
Je suis au milieu de rien et de tout.
Je me retrouve au centre de mes pires angoisses et de mes hallucinations créatrices les plus floues et les plus immenses.
Quand on y pense, c’est assez incroyable de se dire que l’on passe une dizaine d’heures allongée sur un matelas, les yeux fermés, sans bouger vraiment, et que l’on vit des histoires et des sensations à la fois terriblement ressemblantes et tellement étrangères à notre quotidien.
J’aime passionnément ces rêves, même les pires, les plus douloureux, ceux qui te plongent pour la journée dans un brouillard maussade. Ils me fascinent.
Je suis pleine de tourments depuis quelques jours, et ni la musique que j’écoute ni le roman que je lis avidement n’arrangent les choses, on pourrait appeler ça une crise.
Une sorte de dépression passagère.
Car si je n’ai jamais sombré dans une réelle dépression, installée et profonde, il m’arrive souvent d’être attrapée par l’une de ses tentacules qui m’enfonce de nouveau la tête sous l’eau, sous une eau qui me met dans une transe méditative et tourmentée.
J’aime les névroses et la folie, et j’ai envie que cela soit le thème de mon prochain court-métrage.
Ecrit par inconsciente, à 15:41 dans la rubrique Vacances.
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08/08 - Pourvu
Aujourd’hui je n’ai pas envie d’écrire.
J’ai déjà écrit une grande lettre à Inès et cela a été mon travail d’écriture du jour.
Je me suis trop épanchée, j’ai trop dit tout ce que je pensais et tout ce qui me rongeait et je n’ai pas envie de me répéter.
Je suis fatiguée, lassée, pas d’écrire car je sais que ça reviendra.
Mais j’ai mal au cœur, j’en ai marre d’être ici, j’en viens à n’avoir même plus envie d’aller à la plage, ni de lire mon roman -que j’adore pourtant.
J’angoisse. Pour plein de choses. La rentrée, l’IUT, et surtout le procès.
Je n’en peux plus de vivre avec cette sorte de couperet au-dessus de la tête. Même si ce n’est pas sur ma nuque qu’il va tomber.
Je n’en peux plus, j’en ai assez.
Je veux vivre normalement, et déjà, je voudrais revivre. Simplement.
Sans avoir à me sentir coupable.
Du moins pas de quelque chose de trop grave.
Même si, au fond, je sais que je traînerai cette culpabilité toute ma vie.
Je veux aimer le Prince, je veux le rendre heureux, doucement, je veux essayer qu’on fasse quelque chose ensemble.
Je lis trop de romans et vois trop de films qui remettent beaucoup trop l’amour en question alors j’ai peur, peur, peur.
Mais je veux bien avoir peur pour nous, pourvu qu’il y ait un nous.
J’ai déjà écrit une grande lettre à Inès et cela a été mon travail d’écriture du jour.
Je me suis trop épanchée, j’ai trop dit tout ce que je pensais et tout ce qui me rongeait et je n’ai pas envie de me répéter.
Je suis fatiguée, lassée, pas d’écrire car je sais que ça reviendra.
Mais j’ai mal au cœur, j’en ai marre d’être ici, j’en viens à n’avoir même plus envie d’aller à la plage, ni de lire mon roman -que j’adore pourtant.
J’angoisse. Pour plein de choses. La rentrée, l’IUT, et surtout le procès.
Je n’en peux plus de vivre avec cette sorte de couperet au-dessus de la tête. Même si ce n’est pas sur ma nuque qu’il va tomber.
Je n’en peux plus, j’en ai assez.
Je veux vivre normalement, et déjà, je voudrais revivre. Simplement.
Sans avoir à me sentir coupable.
Du moins pas de quelque chose de trop grave.
Même si, au fond, je sais que je traînerai cette culpabilité toute ma vie.
Je veux aimer le Prince, je veux le rendre heureux, doucement, je veux essayer qu’on fasse quelque chose ensemble.
Je lis trop de romans et vois trop de films qui remettent beaucoup trop l’amour en question alors j’ai peur, peur, peur.
Mais je veux bien avoir peur pour nous, pourvu qu’il y ait un nous.
Ecrit par inconsciente, à 15:40 dans la rubrique Vacances.
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07/08 - Bordel organisé
Benji, trente-ans, le dealeur thaïlandais, designer à Berlin, intello zen trop sympa, discute avec Emma, onze ans mais qui en fait quatorze, la tête en bourgeon, un morceau de bolduc bleu noué dans les cheveux, qui ne parle qu’anglais et demande sans arrêt à sa mère ce que tel mot français veut dire. Sa mère c’est Marianne, quarante ans mais qui en fait à peine trente, un bandana dans les cheveux, des yeux couleur de l’eau de la mer, la taille super fine mais pas si féminine que ça, d’une coolitude qui fait envie mais avec une petite douleur dans le regard. Elle donne la main à Zélie, cinq ans, petite fille toute mince, toute légère aux yeux bridés qui court après Solvaïne, six ans, quatre barrettes brillantes pendant à ses cheveux blonds, et avec pour tee-shirt un body de sa petite sœur, Isold, huit mois, bébé joufflu blond comme les blés, avec de grands yeux bleu piscine, un sourire adorable et une robe en patchwork super flashy. Isold est dans les bras de sa mère, Ana-Lisa, quarante ans mais qui pourrait en faire aussi bien trente que soixante, drôle de femme mais généreuse et souriante. Elle sourit à son fils Anders qui, en tout modestie, ne cesse de répéter que personne ne peut reproduire ce qu’il fait lui-même, parce qu’il est unique. Le gars barbu qui lui donne raison est Angus, trente-cinq ans, musicien dans l’âme qui demande à son frère, Hugo, vingt-deux ans, sous anti-déprésseur depuis presque toujours -d’où sa douceur d’agneau et son sourire béat-, s’il a pris la crème solaire. Derrière eux, Anne-Marie, la femme d’Angus -qui est aussi la mère du petit singe de Zélie- discute éducation avec Morag, trente-neuf ans, la bouche pincée et l’esprit de contradiction qui pousse son adorable fille Beatrix, deux ans et demi, –que tout le monde appelle Bee-Bee- dans sa poussette. Francette, soixante-quatre ans (la petite sœur de ma grand-mère) et son mari américain Douglas, les parents de Benji, Marianne, Angus, Hugo, Morag (et Juliette qui n’est pas là) regardent le long cortège familial d’un œil amusé et bienveillant.
La maison familiale -qui était celle dans laquelle ma mère passait tous ses étés de petite-fille- donne sur la plage. Elle est très grande, pleine de pièces, dans lesquelles s’amoncelle tout un tas de bazar, un bazar charmant, les lingettes de bébé sont posées sur le vieux piano désaccordé qui repose dans la véranda, les barbies à moitié nues s’exhibent entre un livre de philosophie, une bouteille de cidre, le dernier ELLE et deux pots de Play-Doh.
J’aime ce bordel, cette zénitude de chacun.
Ils vivent à plus de vingt au quotidien pendant les deux mois d’été et tout se passe bien, ils sont cool, il n’y a jamais un cri, tout le monde rit, va se baigner, s’occupe des bébés des autres, et il y a une grande tendresse dans l’air.
J’étais contente de passer cette journée avec eux, de m’éloigner un peu de mes parents qui étaient restés discuter avec Francette pour vivre naturellement entre Benji, Hugo et Marianne, sur la plage, et plonger dans l’eau bleue-verte salée de Saint-Jacut.
Je crois que j’ai toujours rêvé de ces vacances-là.
Une journée de rêve c’est déjà beaucoup.
La maison familiale -qui était celle dans laquelle ma mère passait tous ses étés de petite-fille- donne sur la plage. Elle est très grande, pleine de pièces, dans lesquelles s’amoncelle tout un tas de bazar, un bazar charmant, les lingettes de bébé sont posées sur le vieux piano désaccordé qui repose dans la véranda, les barbies à moitié nues s’exhibent entre un livre de philosophie, une bouteille de cidre, le dernier ELLE et deux pots de Play-Doh.
J’aime ce bordel, cette zénitude de chacun.
Ils vivent à plus de vingt au quotidien pendant les deux mois d’été et tout se passe bien, ils sont cool, il n’y a jamais un cri, tout le monde rit, va se baigner, s’occupe des bébés des autres, et il y a une grande tendresse dans l’air.
J’étais contente de passer cette journée avec eux, de m’éloigner un peu de mes parents qui étaient restés discuter avec Francette pour vivre naturellement entre Benji, Hugo et Marianne, sur la plage, et plonger dans l’eau bleue-verte salée de Saint-Jacut.
Je crois que j’ai toujours rêvé de ces vacances-là.
Une journée de rêve c’est déjà beaucoup.
Ecrit par inconsciente, à 15:39 dans la rubrique Vacances.
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06/08 - Gracieux amour
Je viens de regarder Sur la route de Madison avec Meryl Streep et Clint Eastwood.
Je l’avais déjà vu il y a quelques mois, mais lorsque je l’ai trouvé à 2,99 € à la maison de la presse, l’envie de le revoir m’est tombée dessus.
C’est un très beau film. Un film qui te fout bien les boules. Enfin, moins quand même que Une bouteille à la mer, mais pas mal non plus.
J’ai hâte de revoir le Prince.
Je voudrais le serrer dans mes bras. Caresser son visage.
Et même s’il ne se passe rien d’autre que cela, ni un baiser ni une caresse désireuse. Juste un peu de tendresse.
Je voudrais tellement lui apporter cette petite dose d’amour, celle que ses enfants ne peuvent lui donner, et que les gens qu’il connaît depuis longtemps déjà ne peuvent plus ressentir.
Cet émoi tout neuf, cet élan du cœur, sentiment qui dépasse tout, qui pousserait à tout quitter, qui est plus immense que tout, et qui fait s’envoler mon cœur.
Une sorte d’orgasme de l’âme.
Si puissant et si doux.
Je l’aime et je voudrais vraiment qu’il profite de ce sentiment.
J’ai essayé de me trouver belle l’autre jour dans le miroir.
J’ai vraiment essayé, mais je n’ai pas réussi.
Ce n’est pas possible.
Ma peau fait des plis de partout, mes kilos en trop sont trop voyants, trop lourds sur moi, mes seins ne sont pas beaux, ils n’ont rien de charmant, de frais, de sensuel.
Ils sont là, tout roses, entourés de veines bleues et de vergetures qui ressemblent à d’horribles cicatrices. Comme si on m’avait dessiné des rayons de soleil au couteau tout autour de ces énormes cercles roses.
Je ne comprends pas comment Elle a pu me trouver désirable.
Et avoir envie de moi comme cela.
Elle était si belle, elle. Si mince, avec ses seins si petits et si chauds, ses tétons marron qui se distinguaient, comme une cerise sur le gâteau, au milieu de ces deux collines brûlantes.
Tous ceux qui m’ont déjà vu diront que je ne suis pas du tout grosse, à moins que depuis la dernière fois j’aie pris 10 kilos, mais non, je suis toujours la même.
Seulement je suis une fausse mince.
Habillée on pourrait croire que je suis plutôt bien faite, que j’ai ce qu’il faut où il faut, que je ne suis pas anorexique mais que je suis bien. Normale.
Mais déshabillée je vous assure que je suis immonde.
J’ai apprivoisé ce corps, je le connais par cœur, je pourrais le dessiner au détail près, je l’ai d’ailleurs fait de nombreuses fois, je le connais comme on connaît une ville, une petite ville dont on aurait arpenté chaque recoin.
Je ne me déteste pas seulement je ne suis pas belle.
Je me plais parfois, lorsque je me regarde dans le miroir, mais ce n’est que lorsque je suis habillée.
Déshabillée je n’ai aucun charme, je suis encore moins gracieuse que lorsque je suis habillée, quoi que je fasse mon ventre fait d’horribles plis et mes seins ne ressemblent à rien.
Je ne suis pas vraiment complexée, peut-être qu’il me trouvera à son goût et, dans ce cas, je n’aurai plus qu’à me réjouir, je me dirai que finalement je ne suis pas si mal si je peux lui plaire.
Je me suis beaucoup attachée au personnage de Ruth dans le roman de Lucía Extebarria, elle tombe follement amoureuse de Juan mais pendant le quart d’heure qui précède ses retrouvailles avec lui, elle se trouve soudain pleine de doutes, ne cesse de revoir le corps mince et ferme de Biotza, la fiancée officielle de Juan, en se disant que ses courbes vertigineuses se trouvent trop à l’opposé du corps de celle-ci, qu’il n’est pas possible que Juan apprécie ses rondeurs si celle qu’il a officiellement choisie est si différente.
Mais mes courbes ne sont pas vertigineuses, elles sont disgracieuses.
Elles n’ont rien de sensuel.
Je sais qu’il faudrait que j’arrête de me goinfrer de chocolat et de tout ce que j’aime manger sans me priver, qu’il faudrait aussi que je fasse du sport, mais cela fait des années que je n’en ai pas fait et le seul sport qui me convient à peu près c’est la natation, mais la natation cool, sans un maître nageur pour me donner des ordres.
Je crois qu’à part les quelques années que j’ai passé au club d’escrime, je n’ai jamais supporté de faire du sport en club, en n’étant pas maître de mes actes, en devant toujours obéir à quelqu’un. Quelqu’un qui aurait pris mon corps pour une marionnette et qui lui ferait faire ce qu’il veut.
Jamais je ne referai du sport quelque part, dans un club quelconque.
La natation est le seul sport que je supporte parce que je me sens irrésistiblement bien dans l’eau.
Quoi que je fasse d’autre, et même lorsque ce n’est qu’une balade dans la ville, des escaliers à monter, un gros sac à porter, ou juste lorsqu’il s’agit de quitter la position assise et de me lever, je suis inévitablement atteinte d’étourdissements, de maux de tête éclairs qui me secouent le cerveau pendant trois secondes, qui me laissent ensuite vide, et qui me font voir tout en bleu pendant quelques autres secondes.
Je m’y suis faite, je ne sais même plus depuis combien de temps je traîne ce genre de symptômes, en fait je crois que je suis tellement habituée à la douleur qu’elle est devenue une compagne, un repère.
Ce n’est pas normal de souffrir, je le sais, mais je m’y suis habituée, c’est terrible, mais c’est comme ça.
Cela me fait penser à une des chansons du dernier album de Jeanne Cherhal.
Je n’ai pas les paroles ici et elle n’est pas dans mon iPod. Elle s’appelle « On dirait que c’est normal ». Je me souviens qu’une des phrases m’avait particulièrement parlée.
Je vais aller lire un peu de la vie de Ruth.
Quand j’aurai fini le roman, je sais qu’elle va me manquer.
Elle est bien différente de celles que j’ai aimées précédemment c’est-à-dire Eva dans Un miracle en équilibre et Cristina dans Amour, Prozac et autres curiosités mais son personnage est merveilleusement approfondi.
Et elle me plaît beaucoup.
J’aime sa fragilité.
Tout à l’heure j’ai vu une fille dans la rue qui lui ressemblait.
Qui ressemblait du moins à l’image que j’ai d’elle.
J’aime croiser des personnages comme cela.
Un jour je me suis retrouvée face au William qui me trotte dans la tête depuis un an et dont je rêve d’écrire un jour l’histoire.
Il avait le crâne dégarni, une cigarette Winston à la main, un regard brisé mais d’une bonté inouïe, et un sourire qui redonnerait à un criminel, l’envie de faire le bien.
Il était prof de maths.
Et mon cœur a fait un grand bond.
Depuis il ne se passe pas une seconde sans que je pense à lui.
Je l’avais déjà vu il y a quelques mois, mais lorsque je l’ai trouvé à 2,99 € à la maison de la presse, l’envie de le revoir m’est tombée dessus.
C’est un très beau film. Un film qui te fout bien les boules. Enfin, moins quand même que Une bouteille à la mer, mais pas mal non plus.
J’ai hâte de revoir le Prince.
Je voudrais le serrer dans mes bras. Caresser son visage.
Et même s’il ne se passe rien d’autre que cela, ni un baiser ni une caresse désireuse. Juste un peu de tendresse.
Je voudrais tellement lui apporter cette petite dose d’amour, celle que ses enfants ne peuvent lui donner, et que les gens qu’il connaît depuis longtemps déjà ne peuvent plus ressentir.
Cet émoi tout neuf, cet élan du cœur, sentiment qui dépasse tout, qui pousserait à tout quitter, qui est plus immense que tout, et qui fait s’envoler mon cœur.
Une sorte d’orgasme de l’âme.
Si puissant et si doux.
Je l’aime et je voudrais vraiment qu’il profite de ce sentiment.
J’ai essayé de me trouver belle l’autre jour dans le miroir.
J’ai vraiment essayé, mais je n’ai pas réussi.
Ce n’est pas possible.
Ma peau fait des plis de partout, mes kilos en trop sont trop voyants, trop lourds sur moi, mes seins ne sont pas beaux, ils n’ont rien de charmant, de frais, de sensuel.
Ils sont là, tout roses, entourés de veines bleues et de vergetures qui ressemblent à d’horribles cicatrices. Comme si on m’avait dessiné des rayons de soleil au couteau tout autour de ces énormes cercles roses.
Je ne comprends pas comment Elle a pu me trouver désirable.
Et avoir envie de moi comme cela.
Elle était si belle, elle. Si mince, avec ses seins si petits et si chauds, ses tétons marron qui se distinguaient, comme une cerise sur le gâteau, au milieu de ces deux collines brûlantes.
Tous ceux qui m’ont déjà vu diront que je ne suis pas du tout grosse, à moins que depuis la dernière fois j’aie pris 10 kilos, mais non, je suis toujours la même.
Seulement je suis une fausse mince.
Habillée on pourrait croire que je suis plutôt bien faite, que j’ai ce qu’il faut où il faut, que je ne suis pas anorexique mais que je suis bien. Normale.
Mais déshabillée je vous assure que je suis immonde.
J’ai apprivoisé ce corps, je le connais par cœur, je pourrais le dessiner au détail près, je l’ai d’ailleurs fait de nombreuses fois, je le connais comme on connaît une ville, une petite ville dont on aurait arpenté chaque recoin.
Je ne me déteste pas seulement je ne suis pas belle.
Je me plais parfois, lorsque je me regarde dans le miroir, mais ce n’est que lorsque je suis habillée.
Déshabillée je n’ai aucun charme, je suis encore moins gracieuse que lorsque je suis habillée, quoi que je fasse mon ventre fait d’horribles plis et mes seins ne ressemblent à rien.
Je ne suis pas vraiment complexée, peut-être qu’il me trouvera à son goût et, dans ce cas, je n’aurai plus qu’à me réjouir, je me dirai que finalement je ne suis pas si mal si je peux lui plaire.
Je me suis beaucoup attachée au personnage de Ruth dans le roman de Lucía Extebarria, elle tombe follement amoureuse de Juan mais pendant le quart d’heure qui précède ses retrouvailles avec lui, elle se trouve soudain pleine de doutes, ne cesse de revoir le corps mince et ferme de Biotza, la fiancée officielle de Juan, en se disant que ses courbes vertigineuses se trouvent trop à l’opposé du corps de celle-ci, qu’il n’est pas possible que Juan apprécie ses rondeurs si celle qu’il a officiellement choisie est si différente.
Mais mes courbes ne sont pas vertigineuses, elles sont disgracieuses.
Elles n’ont rien de sensuel.
Je sais qu’il faudrait que j’arrête de me goinfrer de chocolat et de tout ce que j’aime manger sans me priver, qu’il faudrait aussi que je fasse du sport, mais cela fait des années que je n’en ai pas fait et le seul sport qui me convient à peu près c’est la natation, mais la natation cool, sans un maître nageur pour me donner des ordres.
Je crois qu’à part les quelques années que j’ai passé au club d’escrime, je n’ai jamais supporté de faire du sport en club, en n’étant pas maître de mes actes, en devant toujours obéir à quelqu’un. Quelqu’un qui aurait pris mon corps pour une marionnette et qui lui ferait faire ce qu’il veut.
Jamais je ne referai du sport quelque part, dans un club quelconque.
La natation est le seul sport que je supporte parce que je me sens irrésistiblement bien dans l’eau.
Quoi que je fasse d’autre, et même lorsque ce n’est qu’une balade dans la ville, des escaliers à monter, un gros sac à porter, ou juste lorsqu’il s’agit de quitter la position assise et de me lever, je suis inévitablement atteinte d’étourdissements, de maux de tête éclairs qui me secouent le cerveau pendant trois secondes, qui me laissent ensuite vide, et qui me font voir tout en bleu pendant quelques autres secondes.
Je m’y suis faite, je ne sais même plus depuis combien de temps je traîne ce genre de symptômes, en fait je crois que je suis tellement habituée à la douleur qu’elle est devenue une compagne, un repère.
Ce n’est pas normal de souffrir, je le sais, mais je m’y suis habituée, c’est terrible, mais c’est comme ça.
Cela me fait penser à une des chansons du dernier album de Jeanne Cherhal.
Je n’ai pas les paroles ici et elle n’est pas dans mon iPod. Elle s’appelle « On dirait que c’est normal ». Je me souviens qu’une des phrases m’avait particulièrement parlée.
Je vais aller lire un peu de la vie de Ruth.
Quand j’aurai fini le roman, je sais qu’elle va me manquer.
Elle est bien différente de celles que j’ai aimées précédemment c’est-à-dire Eva dans Un miracle en équilibre et Cristina dans Amour, Prozac et autres curiosités mais son personnage est merveilleusement approfondi.
Et elle me plaît beaucoup.
J’aime sa fragilité.
Tout à l’heure j’ai vu une fille dans la rue qui lui ressemblait.
Qui ressemblait du moins à l’image que j’ai d’elle.
J’aime croiser des personnages comme cela.
Un jour je me suis retrouvée face au William qui me trotte dans la tête depuis un an et dont je rêve d’écrire un jour l’histoire.
Il avait le crâne dégarni, une cigarette Winston à la main, un regard brisé mais d’une bonté inouïe, et un sourire qui redonnerait à un criminel, l’envie de faire le bien.
Il était prof de maths.
Et mon cœur a fait un grand bond.
Depuis il ne se passe pas une seconde sans que je pense à lui.
Ecrit par inconsciente, à 15:39 dans la rubrique Vacances.
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05/08 - Égoïsme aquatique
C’est fou comme je me sens égoïste lorsque je suis dans l’eau, en train de me baigner.
Au milieu de la piscine d’eau de mer, qui est vide à l’heure qu’il est, il doit être 21 heures passées.
Je fais la planche.
L’eau est d’un calme absolu.
Personne ne vient troubler sa tranquillité.
Ni la mienne.
Mes yeux contemplent l’immensité bleue du ciel.
Je pourrais rester là des heures, toute la vie même, si le froid ne m’atteignait jamais, si la faim et la soif ne prenaient jamais possession de mon corps.
Je pourrais rester là pour toujours.
C’est drôle, mais lorsque je suis dans mon lit pour m’endormir ou juste pour me reposer, je ne peux bien sûr pas empêcher mon esprit de cogiter.
Mais mes pensées sont motivées par le fait que dès que je vais me lever, il faudra que je les réalise, que je les mette en pratique, que j’agisse, d’une manière ou d’une autre.
Or, mes pensées aquatiques ne sont pas du même ordre.
Elles sont bien plus immenses, et plus importantes, elles ne s’attardent pas sur les détails. Elles sont profondes et futiles en même temps.
Elles sont grandioses.
Elles sont divines.
Elles sont créatrices.
Elles sont grandes, infinies.
Elles sont plus grandes encore que l’immensité du ciel, l’immensité de la mer.
Il n’y a plus que moi.
Mais il n’y a plus de lit, plus de sensations en trop, plus de voix qui empoisonnent le silence.
Il y a l’amour en moi.
Sur le ciel et avec mes yeux, j’écris Jean-Christophe.
J’imagine qu’il voit le même ciel que moi.
Et à travers ce bleu intense je lui dis que je l’aime.
Je pourrais me dire que je vais sortir de l’eau, prendre le premier train pour Paris et le rejoindre ensuite en prenant un train de banlieue qui me mènera à Rouen.
Mais cette idée, je la repousse.
Pas vraiment à plus tard, mais un peu comme si elle appartenait à une autre vie.
Comme si dès que je me trouvais dans l’eau, je commençais une autre vie.
Une vie de plénitude et de méditation. Une vie qui n’aurait pas besoin d’action(s).
Et ces pensées de midinette amoureuse sont presque de trop.
Je m’oblige presque à les avoir pour ne pas décrocher de ma vraie vie.
Parce que cet amour est la meilleure des choses qui vivent en moi en ce moment.
Ce pourquoi je vis depuis plusieurs mois.
Et qui m’embellit un peu la vie.
Mais dans cette eau, toute seule, tranquille, je me mets à ne penser qu’à moi.
Il n’y a plus que moi.
L’immensité m’appartient.
Les gens que j’aime sont très loin.
Le soleil couchant se reflète sur mon ventre humide.
L’eau est mon élément.
Je me sens bien, je me sens moi. Je me sens à la fois rien et tout.
Au milieu de la piscine d’eau de mer, qui est vide à l’heure qu’il est, il doit être 21 heures passées.
Je fais la planche.
L’eau est d’un calme absolu.
Personne ne vient troubler sa tranquillité.
Ni la mienne.
Mes yeux contemplent l’immensité bleue du ciel.
Je pourrais rester là des heures, toute la vie même, si le froid ne m’atteignait jamais, si la faim et la soif ne prenaient jamais possession de mon corps.
Je pourrais rester là pour toujours.
C’est drôle, mais lorsque je suis dans mon lit pour m’endormir ou juste pour me reposer, je ne peux bien sûr pas empêcher mon esprit de cogiter.
Mais mes pensées sont motivées par le fait que dès que je vais me lever, il faudra que je les réalise, que je les mette en pratique, que j’agisse, d’une manière ou d’une autre.
Or, mes pensées aquatiques ne sont pas du même ordre.
Elles sont bien plus immenses, et plus importantes, elles ne s’attardent pas sur les détails. Elles sont profondes et futiles en même temps.
Elles sont grandioses.
Elles sont divines.
Elles sont créatrices.
Elles sont grandes, infinies.
Elles sont plus grandes encore que l’immensité du ciel, l’immensité de la mer.
Il n’y a plus que moi.
Mais il n’y a plus de lit, plus de sensations en trop, plus de voix qui empoisonnent le silence.
Il y a l’amour en moi.
Sur le ciel et avec mes yeux, j’écris Jean-Christophe.
J’imagine qu’il voit le même ciel que moi.
Et à travers ce bleu intense je lui dis que je l’aime.
Je pourrais me dire que je vais sortir de l’eau, prendre le premier train pour Paris et le rejoindre ensuite en prenant un train de banlieue qui me mènera à Rouen.
Mais cette idée, je la repousse.
Pas vraiment à plus tard, mais un peu comme si elle appartenait à une autre vie.
Comme si dès que je me trouvais dans l’eau, je commençais une autre vie.
Une vie de plénitude et de méditation. Une vie qui n’aurait pas besoin d’action(s).
Et ces pensées de midinette amoureuse sont presque de trop.
Je m’oblige presque à les avoir pour ne pas décrocher de ma vraie vie.
Parce que cet amour est la meilleure des choses qui vivent en moi en ce moment.
Ce pourquoi je vis depuis plusieurs mois.
Et qui m’embellit un peu la vie.
Mais dans cette eau, toute seule, tranquille, je me mets à ne penser qu’à moi.
Il n’y a plus que moi.
L’immensité m’appartient.
Les gens que j’aime sont très loin.
Le soleil couchant se reflète sur mon ventre humide.
L’eau est mon élément.
Je me sens bien, je me sens moi. Je me sens à la fois rien et tout.
Ecrit par inconsciente, à 15:38 dans la rubrique Vacances.
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04/08 - Caramel
Dès que mon père a quitté la plage ce midi, j’ai dit à ma mère et à ma sœur que je mourrais d’envie d’appeler le Prince.
Elles m’ont encouragée à le faire, j’ai donc pris sur moi, ai attrapé mon portable dans la petite poche de mon sac et ai cherché son nom dans mon répertoire.
Les cinq sonneries et son répondeur. Mais, contrairement à celui de son fixe sur lequel on ne peut entendre que la voix préenregistrée d’une quelconque pouffiasse, j’ai pu entendre sa voix caramel. Suave et brisée. Qui disait son prénom et son nom.
Ce simple détail m’a fait chaud au cœur.
Je lui ai laissé un bref message, futile, qui disait que je lui envoyais un peu de soleil et de ciel bleu.
J’ai attendu fébrilement toute la journée qu’il rappelle, je me disais qu’il allait forcément rappeler.
Nous avions décidé de pique-niquer sur la plage ce soir.
J’ai donc attendu que mes parents quittent la plage vers 19h et partent faire les sandwichs pour retenter de l’appeler.
Cette fois deux sonneries puis sa voix.
J’étais aux anges.
Il y avait, un peu plus que d’habitude, une profonde tristesse dans sa voix.
Je n’ai jamais été vraiment capable de tenir une conversation de longue durée par téléphone.
Hormis avec quelques personnes, j’ai nommé Elle bien sûr avec qui je passais mes nuits à parler, Janet qui reste à chaque fois plus d’une heure et demie au bout du fil à chaque fois qu’on s’appelle, Maman les peu de fois où je l’ai eue au téléphone, et lui.
Il y a souvent des silences entre nous, mais comme je le dis à chaque fois, ils ne sont pas gênants. Ils sont naturels.
Et que ce soit lui ou moi, on trouve toujours quelque chose à se dire.
Il m’a dit qu’il était en train de préparer un barbecue.
Étonnée, je lui ai demandé s’il faisait ça sur son balcon.
Il a répondu que non, qu’il était à la campagne chez ses parents et qu’il préparait le dîner pour ses parents, sa grand-mère, …
J’ai achevé sa phrase en disant « Ah oui, toute la famille quoi ! » mais il a répondu « Oui enfin, une partie. La plus importante » puis il a marqué un léger silence. « Après les enfants bien sûr ».
Je lui ai posé une question que je voulais lui poser déjà depuis un certain temps.
Le genre de questions que l’on pose à quelqu’un qu’on est en train de découvrir.
Une question bateau, banale.
« Et, tu as des frères et sœurs ? »
J’étais presque sûre qu’il allait répondre oui. En fait je l’imaginais bien avoir un frère.
« Oui j’ai un frère. Mais je ne le vois plus depuis des années. Ce n’est plus vraiment lui ma famille. Donc oui, j’ai un frère. »
Il marque de nouveau un léger silence.
« Et j’avais aussi une sœur. »
Je frissonne en entendant l’imparfait.
Voilà l’un des drames qui se cache derrière son regard brisé.
Derrière son sourire fragile tellement tellement beau.
« Mais elle est morte d’une maladie l’année de mon entrée en Terminale. C’était sa rentrée en Première. Cela a marqué mon année de Terminale. J’étais beaucoup plus proche d’elle que de mon frère. »
Je suis toute retournée.
Je ne sais pas quoi dire, forcément, mais, contrairement, à d’autres situations vécues par ailleurs, je ne suis pas vraiment mal à l’aise.
Juste touchée qu’il me fasse cette confidence.
Et chamboulée parce que je me doutais bien qu’il y avait eu au moins un drame dans sa vie, mais je ne m’attendais pas à cela.
Il me parle de ses enfants.
Me dit qu’ils sont dans la Manche. Dans ma tête j’ajoute « avec leur mère ».
Sa fille passe matin et après-midi au club hippique.
Elle s’occupe des chevaux toute la journée.
Si notre histoire mène un jour quelque part, ma sœur et elle s’entendront bien là-dessus.
Mais son fils lui ne se plait pas du tout sur la plage.
Il a déjà hâte de rentrer.
J’ai de nouveau le sentiment que ce petit Robin ne supporte pas d’être continuellement séparé de son père.
La tendresse que ce dernier lui porte en est la preuve.
Si je connaissais cela et qu’on me l’arrachait, presque du jour au lendemain, je souffrirai. Enormément.
D’ailleurs c’est ce que j’ai vécu, lorsqu’ils m’ont séparée d’Elle.
Cette séparation forcée m’a fait découvrir de nombreux maux. Le manque, moral, intellectuel, physique, la séparation, l’injustice, la culpabilité, le doute, le regret, la colère, la frustration, et une certaine forme de deuil …
Je lui ai demandé s’il aimait le caramel.
-Oui, surtout le caramel, euh le caramel…
-Beurre salé ?
-Oui c’est ça !
-Tant mieux, c’est la spécialité ici ! Je vais t’en ramener.
La couleur de sa peau m’a toujours fait penser à du caramel. Il n’est pas si basané que ça mais c’est une association d’idées qui me plaît.
Il m’a remercié plusieurs fois de suite de l’avoir appelé.
Puis il m’a dit qu’il ne fallait peut-être pas que je bousille tout mon forfait.
Je lui ai dit qu’il me semblait que dans mon abonnement, je pouvais téléphoner de façon illimité chaque week-end.
Il m’a dit « Ah, comme Eugénie ! » j’ai dit « Oui ! Sauf que je ne suis pas une accro du téléphone, moi -parce que sa fille est accro du portable- et qu’à part toi je n’ai personne à appeler, alors jusque-là je n’avais pas vraiment essayé cette option ! »
Il s’est étonné : « mais t’as pas de nouvelles de tes camarades ? »
J’ai répondu : « si, si, mais ils m’écrivent plutôt des sms… ».
Il a eu l’air plutôt flatté d’être mon principal interlocuteur.
Quelques secondes avant de raccrocher il m’a dit « bon et ben, j’espère que c’était bien illimité ! ».
Comme on disait l’autre jour avec Garfu en discutant dans la voiture pour aller au Havre, rien ne se passe jamais comme on l’imagine.
Le rendez-vous au café n’avait rien du rendez-vous auquel vous pensiez tous, et cette conversation, pour moi, c’est exactement la même chose.
Les choses se passent toujours de manière inattendue entre nous, et cela me plaît.
Bien sûr cela aurait été pas mal que le rendez-vous au café se passe autrement, plus aventureux, plus audacieux, mais je l’aime d’un amour plein de tendresse et j’ai profondément envie de le connaître. Il m’intéresse, il me plaît.
Cette conversation téléphonique est bien plus belle que tout ce que j’avais pu imaginer.
Entre le dernier appel qui date de lundi soir dernier et celui d’aujourd’hui, je me suis imaginé un tas de choses. Que finalement ça allait plus vite que prévu.
Mais finalement non. Et c’est bien aussi comme ça.
Ce n’est que le début de la découverte.
Cela signifie aussi qu’on a du temps devant nous, et que la distance ne va pas forcément nous séparer.
Moi je dis que si l’été nous a rapprochés au lieu de nous séparer, c’est que le meilleur reste à venir.
Je ne fais pas de plans sur la comète, je laisse venir, cela me plaît comme ça.
Je ne sais pas ce qu’il se passera quand on se reverra.
Je voudrais qu’il me fasse monter chez lui.
Je voudrais pouvoir lui caresser la joue et le serrer dans mes bras.
Lui dire avec certains mots combien il compte pour moi.
Mais peut-être que tout sera encore une fois très différent de ce que j’imagine.
Je ne veux pas que ce soit forcément conforme aux lois habituelles de rendez-vous entre un homme et une jeune fille qui s’apprécient.
De toute façon cela fait bien longtemps que j’ai commencé et je ne vois pas pourquoi pour la première fois de ma vie, je m’arrêterais et me mettrais à faire quelque chose de conforme à l’idée commune.
Je ne fais jamais rien comme tout le monde, mais au fond, je cherche juste à aimer et à être aimé. Et ça c’est sûrement ce que la plupart des gens cherchent.
Ce pourquoi nous luttons tous, jour après jour.
Plus que la réussite, la gloire et la fortune.
J’aime ce qui se passe entre lui et moi.
C’est calme, lent, mais c’est doux et beau.
Exactement ce qu’il me faut.
Et cela ne manque pas d’espoir.
Elles m’ont encouragée à le faire, j’ai donc pris sur moi, ai attrapé mon portable dans la petite poche de mon sac et ai cherché son nom dans mon répertoire.
Les cinq sonneries et son répondeur. Mais, contrairement à celui de son fixe sur lequel on ne peut entendre que la voix préenregistrée d’une quelconque pouffiasse, j’ai pu entendre sa voix caramel. Suave et brisée. Qui disait son prénom et son nom.
Ce simple détail m’a fait chaud au cœur.
Je lui ai laissé un bref message, futile, qui disait que je lui envoyais un peu de soleil et de ciel bleu.
J’ai attendu fébrilement toute la journée qu’il rappelle, je me disais qu’il allait forcément rappeler.
Nous avions décidé de pique-niquer sur la plage ce soir.
J’ai donc attendu que mes parents quittent la plage vers 19h et partent faire les sandwichs pour retenter de l’appeler.
Cette fois deux sonneries puis sa voix.
J’étais aux anges.
Il y avait, un peu plus que d’habitude, une profonde tristesse dans sa voix.
Je n’ai jamais été vraiment capable de tenir une conversation de longue durée par téléphone.
Hormis avec quelques personnes, j’ai nommé Elle bien sûr avec qui je passais mes nuits à parler, Janet qui reste à chaque fois plus d’une heure et demie au bout du fil à chaque fois qu’on s’appelle, Maman les peu de fois où je l’ai eue au téléphone, et lui.
Il y a souvent des silences entre nous, mais comme je le dis à chaque fois, ils ne sont pas gênants. Ils sont naturels.
Et que ce soit lui ou moi, on trouve toujours quelque chose à se dire.
Il m’a dit qu’il était en train de préparer un barbecue.
Étonnée, je lui ai demandé s’il faisait ça sur son balcon.
Il a répondu que non, qu’il était à la campagne chez ses parents et qu’il préparait le dîner pour ses parents, sa grand-mère, …
J’ai achevé sa phrase en disant « Ah oui, toute la famille quoi ! » mais il a répondu « Oui enfin, une partie. La plus importante » puis il a marqué un léger silence. « Après les enfants bien sûr ».
Je lui ai posé une question que je voulais lui poser déjà depuis un certain temps.
Le genre de questions que l’on pose à quelqu’un qu’on est en train de découvrir.
Une question bateau, banale.
« Et, tu as des frères et sœurs ? »
J’étais presque sûre qu’il allait répondre oui. En fait je l’imaginais bien avoir un frère.
« Oui j’ai un frère. Mais je ne le vois plus depuis des années. Ce n’est plus vraiment lui ma famille. Donc oui, j’ai un frère. »
Il marque de nouveau un léger silence.
« Et j’avais aussi une sœur. »
Je frissonne en entendant l’imparfait.
Voilà l’un des drames qui se cache derrière son regard brisé.
Derrière son sourire fragile tellement tellement beau.
« Mais elle est morte d’une maladie l’année de mon entrée en Terminale. C’était sa rentrée en Première. Cela a marqué mon année de Terminale. J’étais beaucoup plus proche d’elle que de mon frère. »
Je suis toute retournée.
Je ne sais pas quoi dire, forcément, mais, contrairement, à d’autres situations vécues par ailleurs, je ne suis pas vraiment mal à l’aise.
Juste touchée qu’il me fasse cette confidence.
Et chamboulée parce que je me doutais bien qu’il y avait eu au moins un drame dans sa vie, mais je ne m’attendais pas à cela.
Il me parle de ses enfants.
Me dit qu’ils sont dans la Manche. Dans ma tête j’ajoute « avec leur mère ».
Sa fille passe matin et après-midi au club hippique.
Elle s’occupe des chevaux toute la journée.
Si notre histoire mène un jour quelque part, ma sœur et elle s’entendront bien là-dessus.
Mais son fils lui ne se plait pas du tout sur la plage.
Il a déjà hâte de rentrer.
J’ai de nouveau le sentiment que ce petit Robin ne supporte pas d’être continuellement séparé de son père.
La tendresse que ce dernier lui porte en est la preuve.
Si je connaissais cela et qu’on me l’arrachait, presque du jour au lendemain, je souffrirai. Enormément.
D’ailleurs c’est ce que j’ai vécu, lorsqu’ils m’ont séparée d’Elle.
Cette séparation forcée m’a fait découvrir de nombreux maux. Le manque, moral, intellectuel, physique, la séparation, l’injustice, la culpabilité, le doute, le regret, la colère, la frustration, et une certaine forme de deuil …
Je lui ai demandé s’il aimait le caramel.
-Oui, surtout le caramel, euh le caramel…
-Beurre salé ?
-Oui c’est ça !
-Tant mieux, c’est la spécialité ici ! Je vais t’en ramener.
La couleur de sa peau m’a toujours fait penser à du caramel. Il n’est pas si basané que ça mais c’est une association d’idées qui me plaît.
Il m’a remercié plusieurs fois de suite de l’avoir appelé.
Puis il m’a dit qu’il ne fallait peut-être pas que je bousille tout mon forfait.
Je lui ai dit qu’il me semblait que dans mon abonnement, je pouvais téléphoner de façon illimité chaque week-end.
Il m’a dit « Ah, comme Eugénie ! » j’ai dit « Oui ! Sauf que je ne suis pas une accro du téléphone, moi -parce que sa fille est accro du portable- et qu’à part toi je n’ai personne à appeler, alors jusque-là je n’avais pas vraiment essayé cette option ! »
Il s’est étonné : « mais t’as pas de nouvelles de tes camarades ? »
J’ai répondu : « si, si, mais ils m’écrivent plutôt des sms… ».
Il a eu l’air plutôt flatté d’être mon principal interlocuteur.
Quelques secondes avant de raccrocher il m’a dit « bon et ben, j’espère que c’était bien illimité ! ».
Comme on disait l’autre jour avec Garfu en discutant dans la voiture pour aller au Havre, rien ne se passe jamais comme on l’imagine.
Le rendez-vous au café n’avait rien du rendez-vous auquel vous pensiez tous, et cette conversation, pour moi, c’est exactement la même chose.
Les choses se passent toujours de manière inattendue entre nous, et cela me plaît.
Bien sûr cela aurait été pas mal que le rendez-vous au café se passe autrement, plus aventureux, plus audacieux, mais je l’aime d’un amour plein de tendresse et j’ai profondément envie de le connaître. Il m’intéresse, il me plaît.
Cette conversation téléphonique est bien plus belle que tout ce que j’avais pu imaginer.
Entre le dernier appel qui date de lundi soir dernier et celui d’aujourd’hui, je me suis imaginé un tas de choses. Que finalement ça allait plus vite que prévu.
Mais finalement non. Et c’est bien aussi comme ça.
Ce n’est que le début de la découverte.
Cela signifie aussi qu’on a du temps devant nous, et que la distance ne va pas forcément nous séparer.
Moi je dis que si l’été nous a rapprochés au lieu de nous séparer, c’est que le meilleur reste à venir.
Je ne fais pas de plans sur la comète, je laisse venir, cela me plaît comme ça.
Je ne sais pas ce qu’il se passera quand on se reverra.
Je voudrais qu’il me fasse monter chez lui.
Je voudrais pouvoir lui caresser la joue et le serrer dans mes bras.
Lui dire avec certains mots combien il compte pour moi.
Mais peut-être que tout sera encore une fois très différent de ce que j’imagine.
Je ne veux pas que ce soit forcément conforme aux lois habituelles de rendez-vous entre un homme et une jeune fille qui s’apprécient.
De toute façon cela fait bien longtemps que j’ai commencé et je ne vois pas pourquoi pour la première fois de ma vie, je m’arrêterais et me mettrais à faire quelque chose de conforme à l’idée commune.
Je ne fais jamais rien comme tout le monde, mais au fond, je cherche juste à aimer et à être aimé. Et ça c’est sûrement ce que la plupart des gens cherchent.
Ce pourquoi nous luttons tous, jour après jour.
Plus que la réussite, la gloire et la fortune.
J’aime ce qui se passe entre lui et moi.
C’est calme, lent, mais c’est doux et beau.
Exactement ce qu’il me faut.
Et cela ne manque pas d’espoir.
Ecrit par inconsciente, à 15:37 dans la rubrique Vacances.
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03/08 - Ordre de la folie
Je pensais très sérieusement qu’il allait appeler.
Je surveillais mon portable toutes les cinq minutes.
Et puis je me suis mise à sa place.
J’ai imaginé ce qu’il pouvait penser dans sa tête d’homme.
Et je me suis dit qu’appeler deux fois de suite une fille qui a 25 ans de moins que vous en réponse à un sms, c’était un peu beaucoup.
Il est évidemment possible qu’il n’ait pas du tout pensé ça et qu’il se soit dit qu’il allait me répondre par un simple texto. Sans aller chercher de théorie par ailleurs.
Quand j’ai rallumé mon portable en sortant du cinéma, je n’ai donc pas été étonnée de voir son message.
Juste ravie.
En fait avec lui, il ne faut pas trop s’attacher aux mots. Ils sont gentils, attachants, mais ne vont pas dans un sens spécial, je veux dire par là qu’il n’est pas aussi explicite que moi –si bien sûr il a des raisons de l’être ou de ne pas l’être- dans ses sentiments.
Ma façon d’écrire trahit clairement mes sentiments, mais sous ma gouverne puisque c’est moi qui décide d’ajouter mon ou d’ajouter chéri ou adoré au mot Prince.
Je ne m’attache donc pas principalement à ce qu’il écrit, mais au geste.
Lui qui n’aime pas écrire, qui n’a pas du tout l’habitude d’avoir une relation plus approfondie que la simple prof/élève avec l’une de ses anciennes élèves, lui qui pourrait avoir autre chose à faire ou à penser, il prend quand même le temps de m’écrire, et plus que de me remercier, il me donne de ses nouvelles, me parle de lui, même si ce n’est qu’infime. Pour moi c’est beaucoup.
Cet après-midi je me suis amusée à relire des textes que j’avais écrit lorsque la passion de l’écriture a commencé à me dévorer.
C’était fin 2003 - début 2004.
J’ai pris conscience de la souffrance que m’avait fait endurer une personne que je pensais être mon amie en classe de 4ème et à quel point elle nous avait manipulés moi et mes camarades. Je ne me souvenais plus de tous ces détails. Je les avais presque oubliés. Comme les autres j’imagine. Je ne comprends toujours pas comment des gens peuvent trouver cette fille adorable ou peuvent se confier intimement à elle. Elle m’a tellement trahie. Je ne crois pas à la guérison de ce comportement manipulateur. Elle est pour moi de la même espèce que ce fêlé qui était encore au lycée cette année. Folie destructrice.
J’ai parfois l’impression d’être la seule à prendre conscience de la véritable personnalité de certaines personnes. Pourtant je vous assure que je ne suis pas parano. Je suis même plutôt du genre à me confier très vite et à n’importe qui. Sa trahison en est la preuve. Mais cette capacité à cerner ces gens renforce l’extrême solitude dans laquelle je me sens souvent enfermée.
J’ai frémi en relisant les mots que j’avais écrit à l’égard d’une fille dont j’étais mordue.
J’ai évité tous les textes où je parlais d’Elle. Je ne veux pas me replonger là-dedans. C’est encore trop récent. Je le ferai un jour mais pas aujourd’hui. Pas alors que je suis en train de passer à autre chose, non sans peine.
J’ai souri face aux premiers poèmes et lettres que j’adressais à maman.
Je n’ai pas osé relire certains textes.
Nous sommes allés dans une librairie près de l’appartement.
J’ai trouvé un roman de Lucía Etxebarria que je n’avais pas encore lu.
J’ai fini Amour, Prozac et autres curiosités et j’ai commencé De l’amour et autres mensonges tout à l’heure sur la plage.
Le dernier que j’ai lu portait beaucoup sur le sexe et sur la drogue. Mais je ne peux pas vous dire que ça ne m’a intéressée.
J’aime ce débit d’écriture, ces mots serrés les uns contre les autres, ces descriptions à la fois crues et tendres. Ce goût de la vie malgré un certain talent pour l’autodestruction. Et puis ce rythme, espagnol, festif et grave, dans lequel je me retrouve tellement.
Comme je me retrouve dans les films d’Almodovar.
Quand j’ai fini Amour, Prozac et autres curiosités, j’avais envie de lire un autre livre, forcément, mais ce qui se présentait dans mon sac était bien différent.
L’empreinte de l’ange de Nancy Huston, Jean-Christophe -juste pour le titre- de Roman Rolland, ou bien La part de l’autre d’Eric-Emmanuel Schmidt.
Je sais que ces trois romans sont très bons, mais je voulais encore de ce goût de movida. De cette lutte aigre-douce contre les tourments de la vie.
J’ai 507 pages pour me distraire.
Ce matin nous sommes allés nous baigner alors que la mer était haute sur la plage qui se situe juste derrière l’appartement et de laquelle on entend les vagues se briser contre le sable lorsqu’on est dans le salon.
C’était magique.
Je suis sortie de l’eau et me suis assise sur ma serviette bariolée.
J’ai laissé le soleil me brûler la peau.
Puis j’ai joué aux raquettes avec sœur.
Plus la partie avançait, plus j’avais chaud, nous nous sommes rapprochées de plus en plus de l’eau et la partie s’est terminée les pieds dans l’eau.
Plus besoin de se préparer psychologiquement à ne faire plus qu’un avec l’étendue salée et glacée, je suis rentrée d’un coup d’un seul, la tête la première dans l’eau verte transparente.
Le soleil était si chaud et la mer si belle qu’on aurait pu se croire aux Caraïbes.
C’est pour cela que j’aime la Bretagne.
Elle n’est jamais la même.
Elle devient ce que tu veux qu’elle soit.
J’ai enfin pris des couleurs autres que les coups de soleil rouges qui m’irritaient horriblement les mollets.
Je suis bien ici mais j’ai hâte de revoir mon Prince.
Il faut encore attendre deux semaines.
Une à passer ici et une autre à attendre que mon père reprenne le travail.
Comme ça je n’aurai pas à répondre aux questions, inévitables.
Il me manque.
Je surveillais mon portable toutes les cinq minutes.
Et puis je me suis mise à sa place.
J’ai imaginé ce qu’il pouvait penser dans sa tête d’homme.
Et je me suis dit qu’appeler deux fois de suite une fille qui a 25 ans de moins que vous en réponse à un sms, c’était un peu beaucoup.
Il est évidemment possible qu’il n’ait pas du tout pensé ça et qu’il se soit dit qu’il allait me répondre par un simple texto. Sans aller chercher de théorie par ailleurs.
Quand j’ai rallumé mon portable en sortant du cinéma, je n’ai donc pas été étonnée de voir son message.
Juste ravie.
En fait avec lui, il ne faut pas trop s’attacher aux mots. Ils sont gentils, attachants, mais ne vont pas dans un sens spécial, je veux dire par là qu’il n’est pas aussi explicite que moi –si bien sûr il a des raisons de l’être ou de ne pas l’être- dans ses sentiments.
Ma façon d’écrire trahit clairement mes sentiments, mais sous ma gouverne puisque c’est moi qui décide d’ajouter mon ou d’ajouter chéri ou adoré au mot Prince.
Je ne m’attache donc pas principalement à ce qu’il écrit, mais au geste.
Lui qui n’aime pas écrire, qui n’a pas du tout l’habitude d’avoir une relation plus approfondie que la simple prof/élève avec l’une de ses anciennes élèves, lui qui pourrait avoir autre chose à faire ou à penser, il prend quand même le temps de m’écrire, et plus que de me remercier, il me donne de ses nouvelles, me parle de lui, même si ce n’est qu’infime. Pour moi c’est beaucoup.
Cet après-midi je me suis amusée à relire des textes que j’avais écrit lorsque la passion de l’écriture a commencé à me dévorer.
C’était fin 2003 - début 2004.
J’ai pris conscience de la souffrance que m’avait fait endurer une personne que je pensais être mon amie en classe de 4ème et à quel point elle nous avait manipulés moi et mes camarades. Je ne me souvenais plus de tous ces détails. Je les avais presque oubliés. Comme les autres j’imagine. Je ne comprends toujours pas comment des gens peuvent trouver cette fille adorable ou peuvent se confier intimement à elle. Elle m’a tellement trahie. Je ne crois pas à la guérison de ce comportement manipulateur. Elle est pour moi de la même espèce que ce fêlé qui était encore au lycée cette année. Folie destructrice.
J’ai parfois l’impression d’être la seule à prendre conscience de la véritable personnalité de certaines personnes. Pourtant je vous assure que je ne suis pas parano. Je suis même plutôt du genre à me confier très vite et à n’importe qui. Sa trahison en est la preuve. Mais cette capacité à cerner ces gens renforce l’extrême solitude dans laquelle je me sens souvent enfermée.
J’ai frémi en relisant les mots que j’avais écrit à l’égard d’une fille dont j’étais mordue.
J’ai évité tous les textes où je parlais d’Elle. Je ne veux pas me replonger là-dedans. C’est encore trop récent. Je le ferai un jour mais pas aujourd’hui. Pas alors que je suis en train de passer à autre chose, non sans peine.
J’ai souri face aux premiers poèmes et lettres que j’adressais à maman.
Je n’ai pas osé relire certains textes.
Nous sommes allés dans une librairie près de l’appartement.
J’ai trouvé un roman de Lucía Etxebarria que je n’avais pas encore lu.
J’ai fini Amour, Prozac et autres curiosités et j’ai commencé De l’amour et autres mensonges tout à l’heure sur la plage.
Le dernier que j’ai lu portait beaucoup sur le sexe et sur la drogue. Mais je ne peux pas vous dire que ça ne m’a intéressée.
J’aime ce débit d’écriture, ces mots serrés les uns contre les autres, ces descriptions à la fois crues et tendres. Ce goût de la vie malgré un certain talent pour l’autodestruction. Et puis ce rythme, espagnol, festif et grave, dans lequel je me retrouve tellement.
Comme je me retrouve dans les films d’Almodovar.
Quand j’ai fini Amour, Prozac et autres curiosités, j’avais envie de lire un autre livre, forcément, mais ce qui se présentait dans mon sac était bien différent.
L’empreinte de l’ange de Nancy Huston, Jean-Christophe -juste pour le titre- de Roman Rolland, ou bien La part de l’autre d’Eric-Emmanuel Schmidt.
Je sais que ces trois romans sont très bons, mais je voulais encore de ce goût de movida. De cette lutte aigre-douce contre les tourments de la vie.
J’ai 507 pages pour me distraire.
Ce matin nous sommes allés nous baigner alors que la mer était haute sur la plage qui se situe juste derrière l’appartement et de laquelle on entend les vagues se briser contre le sable lorsqu’on est dans le salon.
C’était magique.
Je suis sortie de l’eau et me suis assise sur ma serviette bariolée.
J’ai laissé le soleil me brûler la peau.
Puis j’ai joué aux raquettes avec sœur.
Plus la partie avançait, plus j’avais chaud, nous nous sommes rapprochées de plus en plus de l’eau et la partie s’est terminée les pieds dans l’eau.
Plus besoin de se préparer psychologiquement à ne faire plus qu’un avec l’étendue salée et glacée, je suis rentrée d’un coup d’un seul, la tête la première dans l’eau verte transparente.
Le soleil était si chaud et la mer si belle qu’on aurait pu se croire aux Caraïbes.
C’est pour cela que j’aime la Bretagne.
Elle n’est jamais la même.
Elle devient ce que tu veux qu’elle soit.
J’ai enfin pris des couleurs autres que les coups de soleil rouges qui m’irritaient horriblement les mollets.
Je suis bien ici mais j’ai hâte de revoir mon Prince.
Il faut encore attendre deux semaines.
Une à passer ici et une autre à attendre que mon père reprenne le travail.
Comme ça je n’aurai pas à répondre aux questions, inévitables.
Il me manque.
Ecrit par inconsciente, à 15:36 dans la rubrique Vacances.
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02/08 - Calme plat tonique
Il pleut.
Je suis dans le bateau pour revenir à Saint-Malo.
Nous sommes allés déjeuner à Dinard (ville qui se situe en face de St Malo, genre de Deauville bretonne pour gens friqués et frimeurs. Mes parents adôrent cette ville mais moi, hormis quelques petits détails qui passent inaperçus aux yeux des bobos et autres rentiers, je la déteste).
Parce que c’est jeudi et qu’aujourd’hui c’était le marché là-bas.
Cela faisait des années que je n’avais pas mangé une galette au beurre achetée à une dame dans un camion. Une galette qui brûle les doigts et réchauffe le cœur, roulée dans un papier absorbant.
J’ai Octopus’s Garden à fond dans mes oreillettes.
Mes yeux suivent les plis que fait le passage du bateau sur la mer.
Je suis vaguement étourdie.
Puis la musique mêlée à l’air iodé me plonge dans une douce ivresse.
Les légères secousses du bateau réveillent doucement mes sens et m’enivrent encore plus.
Mon imagination vole autour de ma tête comme un nuage d’étoiles.
Je viens de lui envoyer un message.
Je n’arrête pas de penser à lui.
J’ai lu dans mon horoscope qu’il ne fallait pour l’instant pas que je cherche à construire quelque chose mais simplement à élargir mes horizons.
Je me fiche un peu de l’horoscope, mais quand je suis un peu paumée, je le lis et ça me rassure, du moins en surface. Me recadre bêtement.
Je pourrais vous dire que je suis terriblement superstitieuse et vous dire exactement le contraire, mais ce serait faux dans les deux cas.
Je m’attache à ces petits détails et parfois me prends volontiers la tête…
Si j’arrive avant que le feu ne passe au rouge, la journée sera bonne.
Le Prince est exactement comme moi.
On s’amusait bien tous les deux pendant les récrés.
Si son mégot touchait le poteau, c’était bon présage.
S’il n’atteignait ni la poubelle, ni le poteau, c’était mauvais signe.
En envoyant ce message, je me suis insufflé un peu de piment dans le calme plat de cette journée grise.
Après l’avoir envoyé, j’avais comme des palpitations, mon rythme cardiaque s’était accéléré et ça me faisait du bien.
Le goût du risque, vous savez.
La montée d’adrénaline.
Bon je ne risque pas grand-chose, mais cela faisait longtemps que quelque chose d’important (à mes yeux) et de positif se passait en moi. Me poussait à me dépasser.
À avoir peur positivement.
Être amoureuse de mon Prince est une de mes petites victoires personnelles.
Même si ça ne mène nulle part.
Mais bon là vous comprendrez bien que ce que je viens de dire est un peu hypocrite.
J’ai vraiment envie que ça mène quelque part.
Je suis dans le bateau pour revenir à Saint-Malo.
Nous sommes allés déjeuner à Dinard (ville qui se situe en face de St Malo, genre de Deauville bretonne pour gens friqués et frimeurs. Mes parents adôrent cette ville mais moi, hormis quelques petits détails qui passent inaperçus aux yeux des bobos et autres rentiers, je la déteste).
Parce que c’est jeudi et qu’aujourd’hui c’était le marché là-bas.
Cela faisait des années que je n’avais pas mangé une galette au beurre achetée à une dame dans un camion. Une galette qui brûle les doigts et réchauffe le cœur, roulée dans un papier absorbant.
J’ai Octopus’s Garden à fond dans mes oreillettes.
Mes yeux suivent les plis que fait le passage du bateau sur la mer.
Je suis vaguement étourdie.
Puis la musique mêlée à l’air iodé me plonge dans une douce ivresse.
Les légères secousses du bateau réveillent doucement mes sens et m’enivrent encore plus.
Mon imagination vole autour de ma tête comme un nuage d’étoiles.
Je viens de lui envoyer un message.
Je n’arrête pas de penser à lui.
J’ai lu dans mon horoscope qu’il ne fallait pour l’instant pas que je cherche à construire quelque chose mais simplement à élargir mes horizons.
Je me fiche un peu de l’horoscope, mais quand je suis un peu paumée, je le lis et ça me rassure, du moins en surface. Me recadre bêtement.
Je pourrais vous dire que je suis terriblement superstitieuse et vous dire exactement le contraire, mais ce serait faux dans les deux cas.
Je m’attache à ces petits détails et parfois me prends volontiers la tête…
Si j’arrive avant que le feu ne passe au rouge, la journée sera bonne.
Le Prince est exactement comme moi.
On s’amusait bien tous les deux pendant les récrés.
Si son mégot touchait le poteau, c’était bon présage.
S’il n’atteignait ni la poubelle, ni le poteau, c’était mauvais signe.
En envoyant ce message, je me suis insufflé un peu de piment dans le calme plat de cette journée grise.
Après l’avoir envoyé, j’avais comme des palpitations, mon rythme cardiaque s’était accéléré et ça me faisait du bien.
Le goût du risque, vous savez.
La montée d’adrénaline.
Bon je ne risque pas grand-chose, mais cela faisait longtemps que quelque chose d’important (à mes yeux) et de positif se passait en moi. Me poussait à me dépasser.
À avoir peur positivement.
Être amoureuse de mon Prince est une de mes petites victoires personnelles.
Même si ça ne mène nulle part.
Mais bon là vous comprendrez bien que ce que je viens de dire est un peu hypocrite.
J’ai vraiment envie que ça mène quelque part.
Ecrit par inconsciente, à 15:35 dans la rubrique Vacances.
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