07/08 - Bordel organisé
Benji, trente-ans, le dealeur thaïlandais, designer à Berlin, intello zen trop sympa, discute avec Emma, onze ans mais qui en fait quatorze, la tête en bourgeon, un morceau de bolduc bleu noué dans les cheveux, qui ne parle qu’anglais et demande sans arrêt à sa mère ce que tel mot français veut dire. Sa mère c’est Marianne, quarante ans mais qui en fait à peine trente, un bandana dans les cheveux, des yeux couleur de l’eau de la mer, la taille super fine mais pas si féminine que ça, d’une coolitude qui fait envie mais avec une petite douleur dans le regard. Elle donne la main à Zélie, cinq ans, petite fille toute mince, toute légère aux yeux bridés qui court après Solvaïne, six ans, quatre barrettes brillantes pendant à ses cheveux blonds, et avec pour tee-shirt un body de sa petite sœur, Isold, huit mois, bébé joufflu blond comme les blés, avec de grands yeux bleu piscine, un sourire adorable et une robe en patchwork super flashy. Isold est dans les bras de sa mère, Ana-Lisa, quarante ans mais qui pourrait en faire aussi bien trente que soixante, drôle de femme mais généreuse et souriante. Elle sourit à son fils Anders qui, en tout modestie, ne cesse de répéter que personne ne peut reproduire ce qu’il fait lui-même, parce qu’il est unique. Le gars barbu qui lui donne raison est Angus, trente-cinq ans, musicien dans l’âme qui demande à son frère, Hugo, vingt-deux ans, sous anti-déprésseur depuis presque toujours -d’où sa douceur d’agneau et son sourire béat-, s’il a pris la crème solaire. Derrière eux, Anne-Marie, la femme d’Angus -qui est aussi la mère du petit singe de Zélie- discute éducation avec Morag, trente-neuf ans, la bouche pincée et l’esprit de contradiction qui pousse son adorable fille Beatrix, deux ans et demi, –que tout le monde appelle Bee-Bee- dans sa poussette. Francette, soixante-quatre ans (la petite sœur de ma grand-mère) et son mari américain Douglas, les parents de Benji, Marianne, Angus, Hugo, Morag (et Juliette qui n’est pas là) regardent le long cortège familial d’un œil amusé et bienveillant.
La maison familiale -qui était celle dans laquelle ma mère passait tous ses étés de petite-fille- donne sur la plage. Elle est très grande, pleine de pièces, dans lesquelles s’amoncelle tout un tas de bazar, un bazar charmant, les lingettes de bébé sont posées sur le vieux piano désaccordé qui repose dans la véranda, les barbies à moitié nues s’exhibent entre un livre de philosophie, une bouteille de cidre, le dernier ELLE et deux pots de Play-Doh.
J’aime ce bordel, cette zénitude de chacun.
Ils vivent à plus de vingt au quotidien pendant les deux mois d’été et tout se passe bien, ils sont cool, il n’y a jamais un cri, tout le monde rit, va se baigner, s’occupe des bébés des autres, et il y a une grande tendresse dans l’air.
J’étais contente de passer cette journée avec eux, de m’éloigner un peu de mes parents qui étaient restés discuter avec Francette pour vivre naturellement entre Benji, Hugo et Marianne, sur la plage, et plonger dans l’eau bleue-verte salée de Saint-Jacut.
Je crois que j’ai toujours rêvé de ces vacances-là.
Une journée de rêve c’est déjà beaucoup.
La maison familiale -qui était celle dans laquelle ma mère passait tous ses étés de petite-fille- donne sur la plage. Elle est très grande, pleine de pièces, dans lesquelles s’amoncelle tout un tas de bazar, un bazar charmant, les lingettes de bébé sont posées sur le vieux piano désaccordé qui repose dans la véranda, les barbies à moitié nues s’exhibent entre un livre de philosophie, une bouteille de cidre, le dernier ELLE et deux pots de Play-Doh.
J’aime ce bordel, cette zénitude de chacun.
Ils vivent à plus de vingt au quotidien pendant les deux mois d’été et tout se passe bien, ils sont cool, il n’y a jamais un cri, tout le monde rit, va se baigner, s’occupe des bébés des autres, et il y a une grande tendresse dans l’air.
J’étais contente de passer cette journée avec eux, de m’éloigner un peu de mes parents qui étaient restés discuter avec Francette pour vivre naturellement entre Benji, Hugo et Marianne, sur la plage, et plonger dans l’eau bleue-verte salée de Saint-Jacut.
Je crois que j’ai toujours rêvé de ces vacances-là.
Une journée de rêve c’est déjà beaucoup.
Ecrit par inconsciente, le Samedi 11 Août 2007, 15:39 dans la rubrique Vacances.