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Parallèles
--> écrit le 13/04/2008
Mes pensées voguent d’A à Papane. De Papane à A.

Hier soir, en regardant avec tendresse et bienveillance mon grand-oncle, Maurice, j’ai réalisé que je n’avais plus de grand-père.

Mes parents ne m’ont pas monté la tête contre mes grands-parents paternels, jusqu’alors je ne pensais pas grand chose d’eux. Je les excusais peut-être même un peu.
Et puis à la mort de Papane (mon grand-père maternel), leur cruauté m’a soudain sauté aux yeux. Plus que jamais.
J’ai réalisé qu’ils ne pouvaient pas me faire croire qu’ils m’aimaient tout en ne me témoignant pas leur affection en telles circonstances.
C’est tellement facile de s’effacer lorsque les autres souffrent. Au moment où ils ont le plus besoin de nous.

Je ne suis pas emplie de haine envers eux, pas comme mon père.
Moi je suis juste indifférente.
Christine dit que c’était pire que la haine.
Je pense qu’elle a raison.

Beaucoup de souvenirs me reviennent en ce moment.
Des flashs. Des images. Des endroits. Des anecdotes.

Revenir à Saint-Malo me rappelle toujours la fois précédente.
La fois précédente était entourée d’images du Prince.

Je suis repassée tout à l’heure devant la boutique dans laquelle je lui avais acheté un bol avec son prénom. Je me suis dit que cette tradition là, c’était fini.

Je me suis aussi rendu compte d’à quel point ma relation avec A est devenue sérieuse rapidement.
Par exemple, au bout d’un mois d’échanges, A m’a proposé de venir chez lui, alors que même après plus de sept mois, le Prince ne m’avait donné rendez-vous que dans des cafés, auquel il se rendait d’ailleurs plus pour boire et fumer que pour me voir, puisqu’il y restait encore après que je sois partie.

Il avait peur de moi. Il prenait mon affection, mon sourire. Mais il avait peur.
Sûrement peur que je lui saute dessus. Haha.
A doit avoir peur aussi, mais il doit y croire et en avoir un peu plus envie que le Prince pour oser me faire venir chez lui, après si peu de temps.

C’est étrange comme il m’est tombé dessus. Je ne m’attendais pas vraiment à lui.

Il paraît que les meilleures choses arrivent toujours au moment où on s’y attend le moins.

Je me suis retrouvée en stage, la tête toujours occupée par le Prince.
J’en suis sortie en me disant que le seul avec qui je garderais vraiment contact serait Nino. Et aujourd’hui, j’ai des nouvelles d’A presque tous les jours.
Je me souviens du jour où il est entré dans le grand bureau pour la première fois. Je me suis dit qu’il était une sorte d’ermite, il avait ce petit air mystérieux, si calme, si silencieux. Il a parlé un peu, il est venu nous embrasser chacun notre tour, dix minutes après être arrivé. Je me suis dit qu’il était sûrement homo pour parler de cette façon là et pour me faire tellement penser aux amis gays d’Elle. Il paraît qu’après une expérience homo, on a comme un radar.
Mais peu de temps après, j’ai compris que non. Ou qu’en tout cas il aimait aussi les filles.
Une chose est sûre, il m’attirait. Dès le début.
Nos bureaux étaient collés, l’un en face de l’autre.
Nos ordinateurs nous séparaient, et plein de bordel sous les tables aussi.
Mais aussi dessus de l’écran de mon PC, je voyais ses yeux qui me regardaient lorsqu’il m’entendait rire à ses bêtises.

Je parle d’ailleurs de lui dans l’article que j’ai écrit le dernier jour de mon stage.

« Je me demande ce qu'ils pensent de mon départ.
Lucie m'a dit que j'allais leur manquer, qu'ils aimeraient bien avoir des stagiaires comme moi tous les jours. Mais je n'étais pas si proche d'elle. Enfin je ne sais pas.
Je suis derrière mon petit poste miteux, A bidouille ses photos.
En fond, Song for lovers de The Do. Petite mélancolie dans l'air.
Je ne peux m'empêcher de penser que ça lui fait un peu quelque chose quand même.
J'ai adoré ses regards, j'ai adoré ses sourires.
Et si les autres jours son sourire était un peu carnacier, ou du moins plein de malice et d'ironie, il était très doux aujourd'hui. »

Je me suis rappelée il y a peu de ce moment, à la fois terrible et splendide, dans ce café de Saint-Malo qui s’appelait « La Marie-galante ».
Elle était venue me rejoindre en vacances, quelques jours avant qu’on se tombe dans les bras.
Nous étions face à face, nos regards inquiets se croisaient.
Je ne voulais pas comprendre. Elle ne voulait pas le dire clairement.
On s’était écrit déjà plusieurs fois qu’on s’aimait.
Mais la question du jour était : qu’allons-nous devenir ? Devons-nous craquer, céder à cet amour qui nous brûle ? Allons-nous assumer ? Allons-nous résister ? Que devons-nous faire ?
C’était forcément différent, de par nos positions dans le lycée. Surtout la Sienne, évidemment.
Mais au fond, cette période troublée ressemble à celle que nous vivons en ce moment.

Il n’y a qu’une phrase qui vient un peu gâcher ma rêverie.

« mais la bonne reponse c’est effectivement une protection contre un vieux « laskar » comme moi … qui ne pourrait en plus pas assumer… »

Qui ne pourrait pas assumer ou qui n’assumerait pas tout court ?

Je sens bien qu’il me considère presque comme une égale.
Mais assumer c’est quoi ?
Assumer auprès de ses collègues, auprès de sa famille, auprès de ses amis…
Assumer de se dire qu’il sort avec une fille qui a seize ans de moins que lui.
C’est sûrement ça, son sens du mot assumer.

Est-il vraiment un lascar comme il le dit ?
Ne serait-ce pas une carapace ? Une image qu’il aime bien donner de lui-même, pour se protéger ?

Pourquoi les hommes prennent-ils tant de plaisir à se dévaloriser…
Pourquoi adorent-ils se faire passer pour des ours, même pas bons à apprivoiser ?

Le Prince a renoncé catégoriquement au bonheur.
Mais je ne suis pas sûre qu’A en fera de même.

Il avoue plus vite un sentiment de tristesse ou de mélancolie, mais se révèle moins désespéré que le Prince. Du moins c’est ce que je crois.

Mais ils ne sont pas vraiment comparables.

A a encore de l’espoir.
Il espère construire une famille, un beau jour…
Le Prince en a déjà construit une. Qui s’est détruite.
Et il n’a plus d’espoir.

Je m’étais toujours dit qu’il me faudrait un artiste.
Quelqu’un d’un peu torturé comme moi. Et de créatif.
Car la créativité est importante pour moi.
Plus que je ne le croyais.
C’est presque indispensable.
Comment pourrais-je m’entendre à long terme avec quelqu’un qui n’a pas un minimum envie de créer ?

Et c’était un plaisir de farfouiller dans les vieilles boîtes en carton d’A, de retrouver ses photos, ratées, collées. J’ai même trouvé une photo de lui avec les cheveux mi-longs, et une longue barbe.

De me trouver chez lui, de découvrir ses photos, d’observer ses tableaux, de caresser ses statues.

Un créatif, enfin, qui a des choses à dire.

En m’approchant de son lit, j’ai découvert un gros livre, posé sur son étagère.
Le surréalisme.
J’avais presque envie de lui sauter dans les bras, rien que pour ça.
Ni Elle, ni le Prince ne comprenaient mon goût pour le surréalisme.

C’est l’artiste torturé que j’attendais.

Oh non, ne vous en faites pas, je ne mise pas tous mes espoirs sur lui. Ses épaules ne seraient pas assez fortes pour les porter. Je ne veux pas lui imposer ça comme je l’ai fait auparavant. Je prends la résolution d’être un peu moins excessive.

Je n’ai pas envie de lui écrire toutes les cinq secondes même si je pense beaucoup à lui, même si je pense qu’on a beaucoup de choses à se dire.
Je ne l’aime pas démesurément mais justement, c’est ce qui me fait penser que cela ne peut être que plus équilibré que tout ce dont j’ai rêvé jusqu’alors. Et puis je vais l’aimer de plus en plus, au fur et à mesure que je vais le découvrir. C’est toujours comme ça.

Alors évidemment, je m’imagine des scénarios dont nous sommes tous les deux les acteurs principaux, mais cela ne me prend pas la tête plus que ça.
Je ne me dis pas que je suis plus heureuse dans mes rêves que dans la réalité.
La réalité me convient, enfin.

Je construis le présent, et même s’il n’est pas sûr de lui, et même si lui non plus n’est pas bavard et me tait son passé, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même d’avoir été nulle vendredi dernier.

Mon mutisme m’exaspère parce que les autres pensent que je ne m’intéresse pas à eux. Alors qu’au contraire…

C’est pitoyable pour quelqu’un qui a envie d’être journaliste de ne pas savoir poser de questions, de ne pas savoir s’intéresser aux autres.
Mais c’est certainement de la timidité, de la gêne, une surcharge d’attentes diverses et un soupçon de peur qui provoquent cette sorte de blocage.

Je m’emballe, quand même.
Mais je vais mieux. C’est ce qui compte, non ?


Ecrit par inconsciente, le Vendredi 18 Avril 2008, 17:28 dans la rubrique Vacances.

Commentaires :

exvag
exvag
18-04-08 à 23:01

A est assurément un lascard, parole d'ours.

 
inconsciente
inconsciente
18-04-08 à 23:07

Re:

Why ????