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Jérôme
--> C'est cette lettre que j'adresse à mon ancien maître d'armes que je souhaite vous faire partager pour que vous compreniez un peu mieux qui il est pour moi.

Mon cher Jérôme,

Cela m'occasionne à chaque fois une immense joie de te revoir comme j'ai pu le faire mardi soir.

Après cela, même si les idées noires essayent de se faire une place dans ma tête ou de se frayer un rang dans mes priorités, tu restes comme une lumière, comme la rencontre positive d'une journée, d'une semaine.

J'ai vécu des tas de choses ces dernières années, des tas de choses qui auraient pu me faire t'oublier, me faire oublier ce que j'ai vécu pendant deux ans au club, deux ans qui me semblent parfois des siècles de bonheur et parfois des secondes, j'ai vécu des choses qui auraient pu me détruire, me rendre folle, me faire perdre la tête, me briser entièrement, mais j'ai puisé une force que je ne soupçonnais pas en moi et je m'en suis sortie.

Je ne peux m'empêcher de croire que c'est un peu grâce à toi.
Car si tu m'as appris à manier le fleuret, tu m'as appris de nombreuses autres choses.
Et cette force, cet instinct de survie qui m'est peut-être inné a sans doute été renforcé au fil des années et au fil des rencontres.

Maître a dit tu vas t'en sortir

S'il l'a dit alors je m'en sortirai.

Je n'ai jamais vraiment le temps ni le cran de te parler.
Pourtant j'aimerais le faire.
J'aimerais que tu me parles de toi.
J'aimerais aussi te parler de moi.

Je n'avais qu'une petite dizaine d'années quand nos chemins se sont séparés et pourtant l'affection que j'ai pour toi a grandi avec moi. Elle est restée intacte et sincère.
Il reste en moi également comme une petite flamme douce et positive.
Comme une de ces petites choses qui mettent du baume au coeur.

Mais quand je passe la porte du club, lorsque j'entre dans cette salle, lorsque je vois la balle de tennis accrochée à l'escalier, lorsque je vois les coupes et les trophées au fond, lorsque je regarde les photos et les cadres accrochés, je ne peux empêcher une grosse boule de se former dans ma gorge, une boule de larmes qui éclate à chaque fois que j'en sors.

Je maudirai toujours mon genou gauche de m'avoir séparée de vous.
J'aurais pu revenir.
Mais je n'étais pas sûre d'abord que ce maudit genou le veuille, et puis je crois que je n'avais pas le courage.
Me réintégrer au groupe.
Car j'ai manqué tant de choses.

Je suis contente d'avoir retrouvée Claire qui est devenue une amie particulière, une amie que j'avais idéalisée étant petite et qui m'est revenue encore mieux que je l'imaginais.

J'aurais voulu avoir cette complicité avec toi, mon cher maître d'armes, mon très cher Jérôme.

Lorsque je vais manger le midi, acheter mon sandwich, j'ai un réflexe, toujours le même, un geste qui me rassure, c'est de lever la tête et de regarder les fenêtres du club pour vérifier si les néons sont allumés.
Si c'est le cas, et c'est souvent le cas, je t'envoie mille ondes d'affection pour qu'au fond de toi, quelque chose te dise que tu as une place spéciale dans mon coeur et que je ne t'oublie pas.


Je t'embrasse très fort mon Jérôme.

Prends soin de toi.

Ecrit par inconsciente, le Jeudi 28 Juin 2007, 15:11 dans la rubrique Les autres.