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Cousine fourmi
Cousine fourmi était ma prof de français en 1ère L.

Je sortais de l’année de 2nde, où j’avais maman comme prof de français, et j’appréhendais terriblement d’avoir la fourmi comme professeur principal.
Elle semblait tellement plus froide que maman.

Maman est pour moi l’incarnation de la féminité.
Plutôt petite, des bras ronds, des mollets ronds, une belle poitrine, une taille bien dessinée, maquillée, coiffure très étudiée, ongles longs et vernis, bijoux autour des poignets et du cou, bagues aux doigts, et talons hauts.
Mais en plus d’être féminine, elle est bavarde, et un peu exubérante.
Mais dans le bon sens du terme.
En fait elle est exubérante, mais elle n’y peut rien.
Elle reflète la lumière.
Ce n’est pas elle qui tourne les projecteurs pour qu’ils se fixent sur elle.
Ce sont les projecteurs qui la suivent.
Maman est une star.

Fourmi, elle, est tout le contraire.
Elle est à peu près de la même taille que maman (1m57, pas plus) mais elle n’est pas du tout féminine.
Elle a une allure de petit garçon, elle est très très mince, n’a aucune forme.
Pas une once de poitrine, pas de rondeurs.
Les cheveux noirs, tondus.
Mais ses cils sont longs, ses lèvres charnues, ses yeux bruns pétillent, ses dents carnassières se découvrent en un sourire terriblement malicieux et sur ses lobes d’oreilles brillent deux petits diamants.
Comme une goutte de pluie que le soleil ferait briller.
On pourrait la trouver laide, mais quand on prend le temps de la regarder, elle est irrésistible.
Et puis elle est très discrète, elle parle très peu, elle économise ses mots, mais elle a cette qualité que j’admire.
Cette qualité qui fait qu’elle dit beaucoup de choses avec très peu de mots.
Et elle est bavarde. Mais bavarde du regard.

Fourmi aime les femmes.
Personne n’est sensé le savoir, mais pourtant tout le monde le sait.
Parfois, lorsque j’étais triste et que j’essuyais quelques larmes pendant un cours, elle me demandait de venir la voir lorsque la cloche avait sonné.
Et alors nous entamions un dialogue de sourds, dans lequel il fallait manier l’implicite pour comprendre quelque chose.
Mais Elle était adepte de l’implicite, alors je savais parfaitement déchiffrer fourmi.
Elle me disait tellement avec son regard et avec ses mots qui avaient l’air de rien mais qui au fond étaient si précis.

Souvent elle tentait de nous raisonner, nous les ados rebelles révoltés contre le monde entier.
Mais parfois, sa voix grave et suave laissait s’échapper l’ombre d’une pensée rebelle.
Je me souviens que personne ne parvenait à la déchiffrer complètement.
Sauf Laura et moi.
Car Laura et moi avons toujours eu la même sensibilité.

Nous craquions toutes les deux pour Monsieur J. en 5ème.
Et puis fourmi nous émouvait autant l’une que l’autre.

Mais fourmi m’adorait parce que nous nous ressemblions plus que tous les autres.
Elle connaissait mon histoire, et je savais qui elle était.
On se comprenait à demi-mot, c’était fantastique.

Elle me disait que personne ne pouvait me comprendre mieux qu’elle.

En quelques sortes, elle avait raison car même maman ne pouvait comprendre mon attirance pour les femmes.
Et même si aujourd’hui j’aime le Prince, mon penchant pour les femmes ne s’envole pas pour autant.

Car je désire avant tout les femmes.
C’est comme ça.
Mon cœur s’est juste un peu plus arrêté sur le Prince.
Et peut-être que je m’épanouirai sexuellement avec lui ou avec un autre homme.
Ça, je n’en sais rien.

Tout ça pour dire qu’avec cousine fourmi, on est devenu très proche.
Sans vraiment se le dire.

Le 17 mai dernier, nous avons organisé un dîner avec elle, Maman, E, Laura, Eugénie, Amina, Marion L, Marion B, et moi.
C’était fabuleux.
On était au sous-sol d’une très bonne pizzeria de Rouen.
Et de 20h à minuit, cela n’a été que fous rires et émotion.
Car Maman et Fourmi nous avaient écrit un texte, qui nous concernait toutes.
Maman avait, pour une fois, écrit en se mettant dans la peau d’une prof, en faisant allusion surtout à son travail de professeur –ce qui nous avait presque échappé depuis ces trois années où elle était presque comme l’une de nos amies et plus du tout une prof- et Fourmi, d’habitude si discrète et toujours pleine de retenue, s’était beaucoup épanchée, parlant de nous avec émotion et affection.

C’était très émouvant et Laura et moi nous étions mises à pleurer comme des madeleines.

Alors voilà.
Tout à l’heure quand je l’ai vue, elle n’a pas hésité une seconde.
Elle m’a fait la bise, avec une tendresse que je ne lui connaissais pas.

Et je sais que, quoi qu’il arrive, on pourra compter l’une sur l’autre.

Ecrit par inconsciente, le Lundi 3 Septembre 2007, 23:15 dans la rubrique Les autres.