J'ai l'impression que je n'arriverai pas à écrire vraiment tant que le déjeuner avec lui ne sera pas passé.
Je ne pense qu'à ça, tout le temps, à ce que je vais dire, à ce que je vais faire, à ce qu'il va penser, à ses réactions.
J'ai peur, ça me bouffe.
Peur qu'il y ait plus de contre que de pour dans sa tête.
Peur de souffrir aussi.
Cette même angoisse qui fait qu'on redoute le rendez-vous chez le dentiste.
On a peur d'avoir mal.

D'ailleurs cette histoire de dentiste me rappelle un film qui est passé la semaine dernière.
Sandrine Bonnaire est dans le couloir du soi-disant psy et elle croise un autre patient. Elle lui demande si ses séances se passent bien.
Il répond "C'est comme chez le dentiste. Sauf que quand je ressors j'ai encore plus mal".

J'aimerais tellement qu'il ne me repousse pas.
Je ne suis pas belle, mais j'ai la peau douce.
Et il m'aime bien.

Mais bien ça suffit pas.

J'ai plein d'arguments.
Mais est-ce que face à lui je les retrouverai ?
Et puis c'est idiot. En amour il n'est pas question d'argumenter.

Le verbe aimer ne se conjugue pas à l'impératif.

J'ai peur qu'il croit que j'aime toujours les filles.
Mais en même temps je me repasse tout le chemin parcouru depuis la fin mars et je me rends bien compte que ça crevait les yeux que ce n'était pas un simple sentiment d'amitié d'une jeune fille garçon manqué à un homme triste et doux.

Mais il n'a pas de mémoire, il ne s'en souvient peut-être pas.

J'aimerais tellement savoir ce qu'il y a dans sa tête.

Certains me disent depuis des mois de sauter le pas.
D'autres me disent d'attendre.

Moi je ne suis pas pressée mais en même si.
Je suis pressée d'essayer.
Pressée de clarifier les choses.

Le fait qu'il ne m'appelle pas et qu'il ne réponde pas à mes derniers mails me fait penser qu'il est lui aussi en pleine cogitation.

Mais si ce n'était pas le cas ?

Ce que je ne comprends pas c'est qu'il y a une semaine nous avons eu un échange de mails émouvants, adorables.
Et là, plus rien.

Je ne veux pas me faire trop de films.
Mais je n'y peux rien, je m'en fais quand même.

J'ai hâte qu'il appelle, hâte qu'il me dise quand on déjeune ensemble.

Je devais partir à Paris quelques jours avec Amina, mais du coup elle part demain matin avec deux copines et moi je ne peux pas partir en même temps qu'elles (voire pas partir du tout) parce que je laisse tout en suspension pour lui.

Je ne veux pas rater ça.
C'est ma seule occasion.
Seule avec lui, dans un endroit où personne ne nous verra.

Vous allez peut-être me dire que je suis pressée (d'autres me diront que cela fait des mois que je lambine et que je suis désespérante), que je ne devrais pas aller si vite, mais une occasion comme celle-là ne se représentera peut-être pas avant un certain nombre de semaines voire de mois.

Après nous allons tous deux reprendre nos vies.
Lui reprendre la sienne.
Moi en commencer une autre.
Je veux rester dans la sienne et je veux qu'il recommence avec moi.

Je ne veux pas lui prendre la tête, je voudrais juste qu'on s'aime, qu'on se le dise, qu'on se tienne chaud, qu'on se serre les coudes.
Qu'on s'enveloppe de toute la tendresse qui nous manque.

J'ai besoin d'affection, j'ai besoin d'amour, mais j'ai aussi un immense besoin d'en donner.
Je ne suis plus avec Elle ; J'aime maman d'un amour incommensurable et réciproque mais cet amour n'est pas celui avec lequel on construit une vie et une famille, il m'aide et me réconforte, il me donne de la consistance, il me donne des bases sur lesquelles m'appuyer, mais il ne peut me combler ; J'aime le peu d'amis que j'ai et ils me le rendent bien.

Mais ce dont j'ai besoin c'est d'un amoureux, une personne dont le rôle principal est d'être aimée de moi, et d'accepter l'amour que je lui donne.
Une personne, ou plutôt LA personne, que je me dois de rendre heureuse.

Voilà de quoi j'ai besoin.
Pour être heureuse.