Un maximum de potassium
À 8h cours d'espagnol.
Je me sens bien.
J'ai reçu un sms de lui ce matin, en réponse au mien.
Je prenais mon petit-déjeuner.
Après je souriais sous la douche.
Mes cheveux plein de mousse toute douce.
C'est bon d'avoir du shampoing. C'est presque luxueux.
Deux heures d'espagnol.
Un prof pince sans rire, extra.
Il parle toujours sur le même ton, très calme, mais je crois que c'est un grand déconneur.
Il parle bien, mieux que toutes les profs d'espagnol que j'ai eu jusque là, c'est un bonheur de l'écouter.
Je bois ses paroles.
J'ai l'impression d'être la seule à comprendre ce qu'il dit.
Il parle très vite. Il parle comme un vrai espagnol. Qu'il est d'ailleurs.
Il n'articule pas chaque mot.
Este hijo de puta ... Franco ...
Vous me pardonnerez mais, je ne suis pas neutre. Une histoire de famille ...
Les cours se terminent à 10h.
Je rentre vers 11h après avoir passé un petit moment avec quelques personnes de ma classe.
Sebastien (le copain de Flavien qui est en fauteuil) avait besoin d'aide alors on l'a accompagné.
Je me fais des coquillettes et un steack haché.
Je suis contente de moi.
Les conseils du Prince m'ont été utiles.
Je vais voir la boîte aux lettres.
J'ai reçu une lettre de ma tante Marie-Pierre.
C'est une photo de ma cousine, ma soeur et moi, en Andy Warhol.
Je l'accroche immédiatement au mur de ma chambre.
Vers 13h45 je me mets dans mon lit, et je m'endors jusqu'à 15h04.
Je me réveille mais reste la tête dans un nuage pendant au moins une demi-heure.
J'ai mon premier cours d'anglais à 16h.
Il faut que je me sorte de sous ma couette.
Je suis bien là.
J'ai tellement froid.
J'dois être un peu malade.
Ce petit virus que je me traîne depuis mardi dernier.
J'ai ce vieux réflexe de stresser avant le cours d'anglais.
Pourtant ce n'est pas Ronald qui va arriver, chemise bleue pâle, cravate bleue/violette, avec son magnéto plus noir que lui sous le bras.
Ne serait-ce que maintenant que je me rends compte que j'étais stressée avant ses cours ?
J'ai eu le malheur de dire à quelques uns de mes camarades que j'avais eu 15 au bac.
Ils croient que je suis une bête.
Mais à l'oral je ne vaux pas un clou.
Le prof fait un peu Richard Berry mais en mieux.
Avec une plus jolie peau.
Quand il marche on dirait qu'il danse.
Quand il essuie le tableau, il s'applique follement, comme s'il était en train de dessiner une oeuvre d'art.
Il est un peu stressant parce qu'il interroge n'importe qui, tout le temps, sur n'importe quoi.
Il nous fait écouter une chanson d'Ella Fitzgerald.
ça me fait penser à Billy Holliday.
J'ai à la fois envie de rire et envie de pleurer.
Strange Fruit m'avait fait terriblement pleurer.
J'étais inconsolable.
On enchaîne sur une heure de droit.
Si tous les profs que j'ai vu jusque là ont un sens de l'humour très marqué, le prof de droit n'en a aucun.
Enfin il en a sûrement mais il ne le montre pas.
Pendant le premier quart d'heure, je note un tas de trucs que je ne comprends pas.
Et puis soudain je comprends.
ça me fait chier, mais je comprends.
Les mots Justice, Droit, Lois sont des mots auxquels je suis un peu trop sensible.
Mais je n'ai pas le choix.
Et en plus de les entendre, il faut que je les écrive.
Quand à 18h, je sors de l'IUT, je me dis que je vais aller acheter les cotons tiges.
Je vais au Champion près de l'université.
J'achète donc ma boîte de cotons-tiges, un paquet de sucre en poudre et un paquet de Fingers.
Je sais déjà qu'il n'y en aura plus demain.
Il m'est impossible de faire durer une boîte de Fingers plus d'une soirée.
Dans la rue il y a un couple de clochards.
Ils ont l'air bien bourrés.
Le mari chantonne très fort : Un maximuuuuum de potassiuuuum... UN MAXIMUUUUUM DE POTASSIUUUUUUM !
Je me fais à manger.
Un peu de céleri, du jambon, le dernier blini, du pain suédois avec du tarama et du ktipiti.
Le jambon est immangeable. Il a un goût de pourri.
Je me réjouissais de manger du jambon mais là je n'en mange même pas la moitié.
Je jette le morceau qui était dans mon assiette, je renifle les trois autres tranches et me rends compte que les autres tranches puent elles aussi.
Je balance tout.
Le blini est tout dur.
Je le balance aussi.
Je mange le reste.
Après je m'installe dans mon lit.
J'ai versé du Coca dans un de ces jolis verres à pied.
Je l'ai posé sur ma table de nuit.
La lumière de ma lampe de chevet fait ressortir le rouge du Coca.
C'est presque magique.
Alors que ce n'est que du Coca.
Mais c'est ça mon bonheur.
De rendre sublimes des trucs sans importance.
Je laisse la boîte de Fingers à portée de main.
Elle ne survivra pas.
Mais ce n'est pas grave.
Ce serait presque le paradis.
Je me sens bien.
J'ai reçu un sms de lui ce matin, en réponse au mien.
Je prenais mon petit-déjeuner.
Après je souriais sous la douche.
Mes cheveux plein de mousse toute douce.
C'est bon d'avoir du shampoing. C'est presque luxueux.
Deux heures d'espagnol.
Un prof pince sans rire, extra.
Il parle toujours sur le même ton, très calme, mais je crois que c'est un grand déconneur.
Il parle bien, mieux que toutes les profs d'espagnol que j'ai eu jusque là, c'est un bonheur de l'écouter.
Je bois ses paroles.
J'ai l'impression d'être la seule à comprendre ce qu'il dit.
Il parle très vite. Il parle comme un vrai espagnol. Qu'il est d'ailleurs.
Il n'articule pas chaque mot.
Este hijo de puta ... Franco ...
Vous me pardonnerez mais, je ne suis pas neutre. Une histoire de famille ...
Les cours se terminent à 10h.
Je rentre vers 11h après avoir passé un petit moment avec quelques personnes de ma classe.
Sebastien (le copain de Flavien qui est en fauteuil) avait besoin d'aide alors on l'a accompagné.
Je me fais des coquillettes et un steack haché.
Je suis contente de moi.
Les conseils du Prince m'ont été utiles.
Je vais voir la boîte aux lettres.
J'ai reçu une lettre de ma tante Marie-Pierre.
C'est une photo de ma cousine, ma soeur et moi, en Andy Warhol.
Je l'accroche immédiatement au mur de ma chambre.
Vers 13h45 je me mets dans mon lit, et je m'endors jusqu'à 15h04.
Je me réveille mais reste la tête dans un nuage pendant au moins une demi-heure.
J'ai mon premier cours d'anglais à 16h.
Il faut que je me sorte de sous ma couette.
Je suis bien là.
J'ai tellement froid.
J'dois être un peu malade.
Ce petit virus que je me traîne depuis mardi dernier.
J'ai ce vieux réflexe de stresser avant le cours d'anglais.
Pourtant ce n'est pas Ronald qui va arriver, chemise bleue pâle, cravate bleue/violette, avec son magnéto plus noir que lui sous le bras.
Ne serait-ce que maintenant que je me rends compte que j'étais stressée avant ses cours ?
J'ai eu le malheur de dire à quelques uns de mes camarades que j'avais eu 15 au bac.
Ils croient que je suis une bête.
Mais à l'oral je ne vaux pas un clou.
Le prof fait un peu Richard Berry mais en mieux.
Avec une plus jolie peau.
Quand il marche on dirait qu'il danse.
Quand il essuie le tableau, il s'applique follement, comme s'il était en train de dessiner une oeuvre d'art.
Il est un peu stressant parce qu'il interroge n'importe qui, tout le temps, sur n'importe quoi.
Il nous fait écouter une chanson d'Ella Fitzgerald.
ça me fait penser à Billy Holliday.
J'ai à la fois envie de rire et envie de pleurer.
Strange Fruit m'avait fait terriblement pleurer.
J'étais inconsolable.
On enchaîne sur une heure de droit.
Si tous les profs que j'ai vu jusque là ont un sens de l'humour très marqué, le prof de droit n'en a aucun.
Enfin il en a sûrement mais il ne le montre pas.
Pendant le premier quart d'heure, je note un tas de trucs que je ne comprends pas.
Et puis soudain je comprends.
ça me fait chier, mais je comprends.
Les mots Justice, Droit, Lois sont des mots auxquels je suis un peu trop sensible.
Mais je n'ai pas le choix.
Et en plus de les entendre, il faut que je les écrive.
Quand à 18h, je sors de l'IUT, je me dis que je vais aller acheter les cotons tiges.
Je vais au Champion près de l'université.
J'achète donc ma boîte de cotons-tiges, un paquet de sucre en poudre et un paquet de Fingers.
Je sais déjà qu'il n'y en aura plus demain.
Il m'est impossible de faire durer une boîte de Fingers plus d'une soirée.
Dans la rue il y a un couple de clochards.
Ils ont l'air bien bourrés.
Le mari chantonne très fort : Un maximuuuuum de potassiuuuum... UN MAXIMUUUUUM DE POTASSIUUUUUUM !
Je me fais à manger.
Un peu de céleri, du jambon, le dernier blini, du pain suédois avec du tarama et du ktipiti.
Le jambon est immangeable. Il a un goût de pourri.
Je me réjouissais de manger du jambon mais là je n'en mange même pas la moitié.
Je jette le morceau qui était dans mon assiette, je renifle les trois autres tranches et me rends compte que les autres tranches puent elles aussi.
Je balance tout.
Le blini est tout dur.
Je le balance aussi.
Je mange le reste.
Après je m'installe dans mon lit.
J'ai versé du Coca dans un de ces jolis verres à pied.
Je l'ai posé sur ma table de nuit.
La lumière de ma lampe de chevet fait ressortir le rouge du Coca.
C'est presque magique.
Alors que ce n'est que du Coca.
Mais c'est ça mon bonheur.
De rendre sublimes des trucs sans importance.
Je laisse la boîte de Fingers à portée de main.
Elle ne survivra pas.
Mais ce n'est pas grave.
Ce serait presque le paradis.
Ecrit par inconsciente, le Mardi 11 Septembre 2007, 21:26 dans la rubrique Aujourd'hui.
Commentaires :
J'aime Ella Fitzgerald.
J'aime les Fingers.
J'aime l'anglais.
J'aime me poser et profiter d'un moment insignifiant qui a un petit goût de paradis.
J'en aurais bien besoin, là...
Ceci dit, ton article me redonne le sourire... et je t'en remercie.
Re:
Ohhhh ça faisait longtemps !
ça me fait plaisir de te voir ici.
Et plaisir de savoir que je t'ai un peu remonté le moral :)
ça me fait plaisir de te voir ici.
Et plaisir de savoir que je t'ai un peu remonté le moral :)
chrysalide06
Mais c'est ça mon bonheur.
De rendre sublimes des trucs sans importance.
C'est beau, ça :-)
Chrysalide