Tout à l'heure je marchais dans la rue, le soleil m'éblouissait -un de ces soleils qui vient après la pluie, et qui fait tout resplendir-, et j'ai eu comme une hallucination.

Au coin de l'entrée de cet immeuble, il y avait Sylvaine.

La seconde d'après j'ai vu que ce n'était pas elle.
C'était impossible de toutes façons.

Mais pendant un bref instant j'ai revu son visage, son regard si particulier.
Et ça m'a fait du bien.

Puis je me suis repassée la conversation que je venais d'avoir avec mon oncle Philippe.

J'ai ressenti cette envie d'aller à Epône.
De me retrouver chez eux.
Dans la chambre du haut, à droite.
Avec cette odeur d'humidité.
Cette housse de couette à petites fleurs rouges.
La guitare en bas.

Et le retour à l'essentiel.
Le miel et le thé dans le placard.
Mon portable dans ma poche.
L'amour de Philippe et Micheline.
Et la pensée, presque obsessionnelle, que Sylvaine n'est qu'à quelques mètres de moi.
Et plus rien d'autre.

Parfois je voudrais me prendre trois jours pour revivre ça.
De l'essentiel pendant trois jours.
Tous les problèmes passés et futurs ne seraient plus qu'un vague murmure, sourd, au fond du ciel.

Une cure de Sheller.
Des plaisirs simples.
Et Sylvaine.

La tristesse douce-amère qui transforme tout autour de moi en poésie.
L'amour gratuit que je lui porte, et qui ne changera jamais, j'espère.

C'est mon problème le plus agréable.
Problème qui est devenu un trésor.
Problème dans lequel j'aime me replonger quand je ne sais plus trop comment je vais.

J'avais envie de le voir ce soir. De lui parler.
De ne rien dire.
De laisser nos sourires s'échanger.

J'avais envie de lui dire que j'arrive à 19h05 demain.
Que j'aurais aimé qu'il soit à la gare.
Que j'aurais voulu commencer le week-end avec lui.
Avant de passer ma journée avec des militaires et une soirée avec des gens que je ne connais pas.

Avant de passer un dimanche maussade, comme tous les autres.

Je vois que les gens me lisent mais ils ne laissent plus de trace.
Cela m'attriste, car je marche à l'affection. Pas aux chiffres que je lis dans mes statistiques.
Et je sais que c'est idiot, que j'écris pour moi.
Mais j'écris aussi pour ne pas être seule.

J'écris pour être lue.
Critiquée.
Sauvée.
Réconfortée.
Encouragée.
Conseillée.

Je ne suis plus originale.
Je suis enrhumée.
Demain il faut que j'achète mon billet de train.
Je suis fatiguée.
La semaine est passée terriblement vite.
J'ai passé la plupart de mon temps assise sur les chaises de l'IUT, ou bien assise dans mon lit, avec trop chaud aux jambes.

J'ai regardé plein de films avec Albert Dupontel.
Pour me gaver de ses ressemblances princières.

Mais ça ne me suffit jamais.
Et en même temps ça me conforte dans l'idée que j'ai de la chance.
J'ai Albert Dupontel, en mieux -c'est-à-dire à mon goût de la tête au pieds-, et en plus à ma portée.



Et partout, meme quand je t'oublie
Y'a pas de verrou à l'infini
Mais comment faire pour que ça dure
Que tu aies pas mal à notre avenir
Je voudrais t'offrir du futur
Que nos souvenirs soient des sourires


Chapitre toi, Mélissa Mars