Cure de sommeil
Samedi matin, j'attendais le métro sur le banc.
J'avais mon gilet en coton. De toutes les couleurs.
Et mon chemisier bleu et blanc en dessous.
J'étais toute bariolée.
Mais j'avais une mine de cadavre.
Un pâle fantôme, déguisé en clown.
Voilà de quoi je devais avoir l'air.
Quelques minutes plus tôt j'étais entrée dans le bar pour acheter une carte de métro.
À la radio passait Unchained Melody.
J'ai cru que j'allais m'évanouir.
Autant il y a des chansons que je peux réécouter, sans problèmes.
Celle là, j'en suis totalement incapable.
Je me suis cramponnée au comptoir, et j'ai lutté pour que mes larmes restent dans mes yeux.
Quand je me suis retrouvée entre les doigts de Vanessa, je me suis sentie mieux.
Elle m'a enlevé tous les cheveux qui me gênaient.
Je suis entrée avec une frange qui m'arrivait presque sur les yeux, je suis ressortie avec une minie frange.
Et en ressortant, j'étais bien.
J'aime parler avec Vanessa.
Quand on la voit comme ça, on pourrait croire qu'elle est comme les autres.
Et puis...
Je suis allée acheter le cadeau de Julien dans cette petite boutique de la rue aux ours.
Et puis je suis rentrée.
Après le repas du dimanche, nous sommes allées chez mes grands-parents.
Quand je suis entrée dans la salle à manger, j'ai cru un instant qu'il n'avait jamais été malade.
Il était là, assis dans son fauteuil, comme toujours.
Bien habillé, bien coiffé, bonne mine, souriant.
Et puis il s'est mis à discuter avec ma mère.
Naturellement.
Ma grand-mère a apporté le gâteau qu'elle avait fait exprès pour nous.
Elle était déçue car il s'était cassé en plein de morceaux.
Mais c'était délicieux.
Elle a mis du coulis de fruits rouges dessus.
Puis nous sommes sorties, avec elle et ma soeur, on a donné de l'eau à boire aux vaches.
Cela faisait bizarre de ne pas entendre les hennissements de Batna et Saphir.
On a cueilli les dernières framboises.
Ma grand-mère m'en tendait plein de grosses, bien mûres.
Et entre deux framboises, elle me disait combien elle était contente que tout soit enfin fini.
J'aime sa façon de dire les choses les plus importantes en si peu de temps et avec si peu de mots.
Je ne suis pas sûre de connaître quelqu'un d'aussi pacifique que ma grand-mère.
Je n'aime pas non plus employer les termes "grand-père" et "grand-mère", ça fait vieux, fripé, démodé.
Ce qui n'est pas le cas de mes grands-parents.
Le jardin était mordoré.
C'était beau.
Nous sommes reparties.
Quand nous sommes arrivées près du Zénith, il était à peine 17h.
J'ai appelé le Prince.
Répondeur.
J'ai appelé chez lui.
Quelques sonneries puis répondeur.
Je me suis dit qu'il était sûrement allé au golf.
Cela faisait si longtemps qu'il y était allé, et il faisait tellement beau.
Je me serais bien baladée avec lui.
Avant de partir.
La semaine avant, je n'avais eu aucune nouvelles de lui.
Et puis il y avait eu cette merveilleuse discussion de presque trois heures le dimanche soir.
Je m'étais dit que cela augurait une semaine pleine de nouvelles et d'émotions.
Et rien.
Vendredi, quand j'ai quitté l'appartement en faisant rouler ma valise, je l'ai appelé.
Je ne lui ai pas demandé pourquoi il ne me donnait pas de nouvelles.
Mais ça me faisait du bien de l'entendre.
Il n'était pas libre le samedi.
J'ai envoyé des mails, écrit des textos.
Ce matin je me suis dit que j'arrêtais, jusqu'à ce qu'il me donne de ses nouvelles.
Et puis là j'écoute de la musique, et j'ai envie de lui envoyer chaque chanson.
L'autre jour, par hasard, je suis tombée sur un extrait d'un épisode de la série The L Word.
Je n'en avais jamais vu avant.
J'ai cru que mon coeur allait se décrocher, que mon corps allait exploser.
Je me battais intérieurement.
Cela m'a plongée dans une profonde angoisse.
Presque à me rendre malade.
Tout à l'heure, Garfu et moi sommes allées voir la mer.
J'ai trempé mes pieds et mes mollets dans l'eau glacée.
J'ai retrouvé cet égoïsme aquatique qui vide tellement la tête.
Je ne peux faire autrement que de penser à la vie, en général.
À une immensitude sans nom.
Et à ce livre que cousine fourmi m'avait prêté et que j'avais dévoré dans l'heure.
Cette femme qui allait remettre à la mer la petite sirène qu'elle avait volé dans l'aquarium du restaurant chinois d'en face de chez elle.
Je voudrais pouvoir dormir, pendant des jours et des jours.
Manger des macarons à la framboise, et boire du jus d'orange.
Et du thé.
Et des kinders.
Je voudrais dormir.
Chaque réveil est un déchirement.
Un cauchemar.
Il est là, dans chacun de mes rêves.
Il y a quelques jours, il s'excusait de ne pas pouvoir me voir ce week-end.
Il me serrait contre lui, je mettais ma tête dans son cou.
Je lui disais qu'il sentait bon, que j'étais bien avec lui.
Que je l'aimais, que ça me chavirait de l'aimer comme ça.
Il était ému, il pleurait presque.
La semaine prochaine on va sûrement commencer à tourner notre court-métrage.
On a fait quelques exercices avec la caméra ce matin.
Comme j'aime ça.
Manier la caméra, le pied.
Et notre histoire me plaît...
J'ai hâte d'être en vacances.
Cela ne sera qu'une semaine, mais j'ai l'intention de manger de la barbapapa et de voir mon Prince.
De lui fêter son anniversaire.
Et aussi de me faire arracher deux dents de sagesse.
J'avais mon gilet en coton. De toutes les couleurs.
Et mon chemisier bleu et blanc en dessous.
J'étais toute bariolée.
Mais j'avais une mine de cadavre.
Un pâle fantôme, déguisé en clown.
Voilà de quoi je devais avoir l'air.
Quelques minutes plus tôt j'étais entrée dans le bar pour acheter une carte de métro.
À la radio passait Unchained Melody.
J'ai cru que j'allais m'évanouir.
Autant il y a des chansons que je peux réécouter, sans problèmes.
Celle là, j'en suis totalement incapable.
Je me suis cramponnée au comptoir, et j'ai lutté pour que mes larmes restent dans mes yeux.
Quand je me suis retrouvée entre les doigts de Vanessa, je me suis sentie mieux.
Elle m'a enlevé tous les cheveux qui me gênaient.
Je suis entrée avec une frange qui m'arrivait presque sur les yeux, je suis ressortie avec une minie frange.
Et en ressortant, j'étais bien.
J'aime parler avec Vanessa.
Quand on la voit comme ça, on pourrait croire qu'elle est comme les autres.
Et puis...
Je suis allée acheter le cadeau de Julien dans cette petite boutique de la rue aux ours.
Et puis je suis rentrée.
Après le repas du dimanche, nous sommes allées chez mes grands-parents.
Quand je suis entrée dans la salle à manger, j'ai cru un instant qu'il n'avait jamais été malade.
Il était là, assis dans son fauteuil, comme toujours.
Bien habillé, bien coiffé, bonne mine, souriant.
Et puis il s'est mis à discuter avec ma mère.
Naturellement.
Ma grand-mère a apporté le gâteau qu'elle avait fait exprès pour nous.
Elle était déçue car il s'était cassé en plein de morceaux.
Mais c'était délicieux.
Elle a mis du coulis de fruits rouges dessus.
Puis nous sommes sorties, avec elle et ma soeur, on a donné de l'eau à boire aux vaches.
Cela faisait bizarre de ne pas entendre les hennissements de Batna et Saphir.
On a cueilli les dernières framboises.
Ma grand-mère m'en tendait plein de grosses, bien mûres.
Et entre deux framboises, elle me disait combien elle était contente que tout soit enfin fini.
J'aime sa façon de dire les choses les plus importantes en si peu de temps et avec si peu de mots.
Je ne suis pas sûre de connaître quelqu'un d'aussi pacifique que ma grand-mère.
Je n'aime pas non plus employer les termes "grand-père" et "grand-mère", ça fait vieux, fripé, démodé.
Ce qui n'est pas le cas de mes grands-parents.
Le jardin était mordoré.
C'était beau.
Nous sommes reparties.
Quand nous sommes arrivées près du Zénith, il était à peine 17h.
J'ai appelé le Prince.
Répondeur.
J'ai appelé chez lui.
Quelques sonneries puis répondeur.
Je me suis dit qu'il était sûrement allé au golf.
Cela faisait si longtemps qu'il y était allé, et il faisait tellement beau.
Je me serais bien baladée avec lui.
Avant de partir.
La semaine avant, je n'avais eu aucune nouvelles de lui.
Et puis il y avait eu cette merveilleuse discussion de presque trois heures le dimanche soir.
Je m'étais dit que cela augurait une semaine pleine de nouvelles et d'émotions.
Et rien.
Vendredi, quand j'ai quitté l'appartement en faisant rouler ma valise, je l'ai appelé.
Je ne lui ai pas demandé pourquoi il ne me donnait pas de nouvelles.
Mais ça me faisait du bien de l'entendre.
Il n'était pas libre le samedi.
J'ai envoyé des mails, écrit des textos.
Ce matin je me suis dit que j'arrêtais, jusqu'à ce qu'il me donne de ses nouvelles.
Et puis là j'écoute de la musique, et j'ai envie de lui envoyer chaque chanson.
L'autre jour, par hasard, je suis tombée sur un extrait d'un épisode de la série The L Word.
Je n'en avais jamais vu avant.
J'ai cru que mon coeur allait se décrocher, que mon corps allait exploser.
Je me battais intérieurement.
Cela m'a plongée dans une profonde angoisse.
Presque à me rendre malade.
Tout à l'heure, Garfu et moi sommes allées voir la mer.
J'ai trempé mes pieds et mes mollets dans l'eau glacée.
J'ai retrouvé cet égoïsme aquatique qui vide tellement la tête.
Je ne peux faire autrement que de penser à la vie, en général.
À une immensitude sans nom.
Et à ce livre que cousine fourmi m'avait prêté et que j'avais dévoré dans l'heure.
Cette femme qui allait remettre à la mer la petite sirène qu'elle avait volé dans l'aquarium du restaurant chinois d'en face de chez elle.
Je voudrais pouvoir dormir, pendant des jours et des jours.
Manger des macarons à la framboise, et boire du jus d'orange.
Et du thé.
Et des kinders.
Je voudrais dormir.
Chaque réveil est un déchirement.
Un cauchemar.
Il est là, dans chacun de mes rêves.
Il y a quelques jours, il s'excusait de ne pas pouvoir me voir ce week-end.
Il me serrait contre lui, je mettais ma tête dans son cou.
Je lui disais qu'il sentait bon, que j'étais bien avec lui.
Que je l'aimais, que ça me chavirait de l'aimer comme ça.
Il était ému, il pleurait presque.
La semaine prochaine on va sûrement commencer à tourner notre court-métrage.
On a fait quelques exercices avec la caméra ce matin.
Comme j'aime ça.
Manier la caméra, le pied.
Et notre histoire me plaît...
J'ai hâte d'être en vacances.
Cela ne sera qu'une semaine, mais j'ai l'intention de manger de la barbapapa et de voir mon Prince.
De lui fêter son anniversaire.
Et aussi de me faire arracher deux dents de sagesse.
Ecrit par inconsciente, le Lundi 15 Octobre 2007, 20:06 dans la rubrique Aujourd'hui.
Commentaires :
Ne va pas le voir si tu t'es fait arracher les dents de sagesse pardi ! Tu vas ressembler à un hamster !!
Re:
J'me fais arracher les dents le lendemain de son anniversaire (le jour d'Halloween hahaha)
Et puis je suis sûre qu'il aime bien les hamsters
De toutes façons il m'a déjà vue quand je ressemblais à un steack haché parce que je pleurais trop, et il m'a même invitée à déjeuner !!
Et puis je suis sûre qu'il aime bien les hamsters
De toutes façons il m'a déjà vue quand je ressemblais à un steack haché parce que je pleurais trop, et il m'a même invitée à déjeuner !!
Mais tout à l'air de s'arranger. Pour Elle. Pour ton grand-père.
Je n'aime pas trop the L world, je trouve cette série un peu trop stéréotypée.
Je n'aime pas trop the L world, je trouve cette série un peu trop stéréotypée.
Laure
17-10-07
à 19:23
Un coucou chaleureux, ça fait longtemps ! Depuis mon retour à Toulouse, j'ai peu accès au net. Mais je continue de penser à toi, souvent. C'est quoi le livre de cousine fourmi ? Les manif', surtout quand elles sont faites avec conviction, font un bien fou. On est toujours dans le même sentiment d'impuissance et de profonde injustice, mais au moins on est ensemble, tous à y croire. A Toulouse, c'est demain à 14h. Tu y vas, il se passe quelque chose là où tu es ? Prends bien soin de toi, à très bientôt, Laure.
Re:
Je ne suis pas trop branchée manifs.
Mais oui, il y en a bien une demain, et mon prof d'espagnol y va donc je commencerai à dix heures.
Et encore, je pense que la population de ma classe sera bien décimée aux deux heures de cours qui suivront, à cause de la grève.
Le livre de la fourmi s'appelle Le musée de la sirène et c'est de Cypora Petit Jean-Cerf (enfin je crois que c'est bien ça son nom).
Je te le conseille, c'est vraiment très beau.
Et très court aussi.
Il est sur Amazon je crois, tu peux le commander ;)
Moi aussi je pense très souvent à toi, je ne t'oublie pas
Et ça me fait très plaisir d'avoir de tes nouvelles !
Prends soin de toi aussi.
Mais oui, il y en a bien une demain, et mon prof d'espagnol y va donc je commencerai à dix heures.
Et encore, je pense que la population de ma classe sera bien décimée aux deux heures de cours qui suivront, à cause de la grève.
Le livre de la fourmi s'appelle Le musée de la sirène et c'est de Cypora Petit Jean-Cerf (enfin je crois que c'est bien ça son nom).
Je te le conseille, c'est vraiment très beau.
Et très court aussi.
Il est sur Amazon je crois, tu peux le commander ;)
Moi aussi je pense très souvent à toi, je ne t'oublie pas
Et ça me fait très plaisir d'avoir de tes nouvelles !
Prends soin de toi aussi.
Petit chaton, je ne sais pas quoi te dire vu que je suis moi-même dans une période assez mouvementée (enfin, je me suis remise à écrire, preuve que je retrouve mon équilibre, c'est déjà ça...). Mais sache qu'à chaque fois que tu ne vas pas bien tu peux te dire qu'il y a un petit soleil, à des centaines de km de toi, qui ne demande qu'à te donner un rayon pour te redonner courage...
Je t'envoie plein d'ondes positives... et si tu ne connais pas, je te conseille la série dr House qui est vraiment super et qui me remonte bien le moral... une sorte de docteur holmesque... aussi chiant à vivre en tout cas ;-) !
Je t'envoie plein d'ondes positives... et si tu ne connais pas, je te conseille la série dr House qui est vraiment super et qui me remonte bien le moral... une sorte de docteur holmesque... aussi chiant à vivre en tout cas ;-) !
Re:
C'est touchant car on pense l'une à l'autre presque en même temps.
Je viens juste d'aller sur ton Joueb te mettre un petit commentaire.
:)
Merci en tout cas, je pense beaucoup à toi, car il y a toujours ces deux filles dans ma classe qui me font penser à toi ;)
Mais même si elles n'étaient pas là, je penserais à toi.
Là j'écoute Can't stop Loving you, alors ça me remue, et ça me donne envie de te dire combien je tiens à toi.
Voilà.
Je t'aime ma ptite Roxanne
Je viens juste d'aller sur ton Joueb te mettre un petit commentaire.
:)
Merci en tout cas, je pense beaucoup à toi, car il y a toujours ces deux filles dans ma classe qui me font penser à toi ;)
Mais même si elles n'étaient pas là, je penserais à toi.
Là j'écoute Can't stop Loving you, alors ça me remue, et ça me donne envie de te dire combien je tiens à toi.
Voilà.
Je t'aime ma ptite Roxanne
aubes
:-)
Parce que les framboises gardent ce quelque chose de particulier. Dans mon jardin, il n'y en a plus depuis longtemps.