J'ai décidé d'employer les grands moyens.

Comme j'ai la chance d'être équipée du merveilleux dernier iMac et du non moins formidable iPod Vidéo, je me suis enregistrée -grâce au logiciel GarageBand- lisant tous les chapitres du programme d'histoire...
Comme cela je vais pouvoir écouter en boucle la France, l'Europe, le Monde depuis 1945...

Dans la rue j'entends la voisine d'en face murmurer des potins à une autre voisine.
J'entends des enfants perdus dans leur monde imaginaire.
J'entends des voitures passer, d'autres démarrer.
Mon ventre ronronne après le brownie du goûter.

Tout à l'heure je suis allée chercher ma soeur à l'école -elle est en CM2- et donc je suis passée par le lycée pour faire un petit bonjour à la dame de l'accueil et à ceux que je croiserais.
Malheureusement (heureusement ?) je savais déjà que je n'y verrais pas le prince qui était en cours avec ses troisièmes.
Mais la fenêtre de sa classe était ouverte, alors j'ai pu un peu mieux lui envoyer mes pensées.
Peut-être a-t-il entendu ma voix dans la rue...

J'ai croisé le directeur qui m'a salué très très chaleureusement -certains profs l'appelent l'homme de cire mais pour un homme de cire il était vraiment chaleureux...- et puis aussi ma prof d'histoire/géo de l'année dernière que j'aimais tant... Avant que je n'ai cet idiot de prof de cette année, le père de la meilleure amie de ma soeur, sorte de Gainsbarre mal habillé mal rasé mal coiffé qui se veut cool à raconter des blagues pendant les cours, mais qui a les idées aussi étroites que celles de mon père.

Demain je vais voir ma coiffeuse adorée, Vanessa, qui va halluciner de voir que je reviens déjà me faire ratiboiser le peu de cheveux que j'ai sur la tête.
Maintenant que j'ai goûté aux cheveux courts, on ne m'arrête plus.
Et puis l'été arrive -ça fait un certain temps qu'on attend le printemps déjà, mais ne désespérons pas, l'été devrait arriver...- je ne vais pas partir en vacances -ni passer ton bac, n'oublie pas, tu n'es pas encore en vacances- avec une tignasse crépue sur la tête.

Et ça me fait penser à cette chanson du dernier album de Jeanne Cherhal où elle dit :
Mes cheveux trop courts
Me crient au secours
Je coupe toujours
Et dans mon crâne il y a ta voix
On est bien ensemble
Parce qu'on se ressemble
Enfin il me semble
Mais comment être sûr de ça
Mais comment être sûr de ça ?
Car son squelette est léger léger léger
Car son squelette est léger
Sa silhouette est maigre maigrelette
Mon bonheur n'a qu'la peau
Mon bonheur n'a qu'la peau
Mon bonheur n'a qu'la peau sur les os...

Cette chanson c'est exactement moi, d'abord les cheveux courts, et puis le bonheur mal identifié.

Hier en comatant sur mon lit je me suis rendue compte que cela faisait des mois que je n'étais plus bien avec Elle. Je faisais semblant, je me mentais même à moi-même.
Je l'aimais, toujours, avec beaucoup de sincérité, mais notre quotidien -si on peut appeler ça comme ça étant donné le caractère hors-la-loi de ce quotidien- était vide et identique, toujours, à chaque fois.

J'ai sûrement besoin d'autre chose.

On ne s'est pas rendu compte à quel point on s'était enlisé là-dedans.
C'est triste en y repensant.
On avait tellement de projets en commun.
Mais c'est comme ça.

T'as la vie devant toi ma fille, la vie devant toi.

Alors la fille elle va suer sang et eau, elle va se battre jusqu'au bout, mais elle va essayer de l'avoir ce prince.