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Sur mon propre divan
Vendredi, dans le train, il y avait un vrai film qui se déroulait à côté de moi.
Lisa avait absolument tenu à ce qu’on se mette toutes les deux dans un espace où il y avait quatre sièges. « Pour respirer » disait-elle.

Moi je ne respirais pas du tout, je ne pouvais pas poser mon sac ni avancer mes jambes d’un centimètre parce qu’il y avait un type devant moi. Mais bon.

Sur l’un des quatre sièges à côté de nous, une jeune femme, toute seule, lisait un livre.
À je ne sais plus quel arrêt, un père d’environ 40 ans, débarque avec ses deux enfants : un petit garçon d’environ 6/7 ans et une petite fille qui devait sûrement avoir 3 ans.
Au fil des minutes qui passaient, le père s’est mis à parler à la jeune femme. Il la regardait avec des yeux de merlan frit. (Soit dit en passant, j’adore cette expression).
J’ai cru comprendre, de par les bribes de conversation que j’ai pu saisir, que sa femme à lui était morte, et que sa situation de couple à elle n’était pas encore assez stable pour envisager avoir des enfants.
C’était beau.
Quand on est arrivé à la gare de Rouen, la jeune femme s’est levée. Elle s’est mise dans la queue des gens qui attendaient que le train s’arrête.
Le père s’est retourné, nos regards se sont croisés, et il m’a souri.

Je serais bien restée là, à les regarder lui et ses enfants, pendant des heures.

Avec Lisa, dans le train, on a parlé de la fête d’hier soir.
Mon ami Florent fêtait ses 18 ans et étaient bien sûr conviés tous les élèves du lycée qui lui sont proches.

Je lui ai confié ma petite appréhension à en revoir certains.
-Ce sera le bal des morts-vivants !

Je lui ai également fait part de mon plaisir de revoir Flavien (celui qui vient tout juste de terminer la formation que je commence) car je l’aime bien.
Là, Lisa m’a arrêtée.
-Flavien ? L’handicapé ? Ah moi je ne supporte pas ce gars-là. Il profite trop de son handicap.

Comme je ne supporte pas qu’on dise des choses pareilles, je me suis tournée vers la fenêtre et ai regardé le paysage, jusqu’à ce qu’elle change de sujet.

Je me suis imaginé dire leurs quatre vérités à tous les gens présents à la fête.

Tous les trucs que je ne leur dis pas parce que je ne les vois plus ou par manque de courage et de temps. Tous les trucs que je ne dirai pas parce que je n’ai pas l’intention de gâcher l’anniversaire de Florent.

Mais c’était un exercice assez amusant.

C’était l’année dernière je crois, ou l’année d’avant, on était en cours d’expression scénique, j’étais à droite de l’amphi, et Laura, Marion, Mélissa, Charlotte et Caroline était à gauche. Elles s’étaient mises en cercle, impénétrable, comme d’habitude. Elles riaient, bruyamment, et Laura a laissé échapper « Grosse gouine ... » sur un ton dégueulant.
Puis elles se sont toutes arrêtées de rire et m’ont regardée.
Qu’elles parlent (ou pas) de moi, c’était évident que j’allais directement prendre cette phrase pour moi.
Si elle ne l’avait pas été, l’une d’entre elles aurait pu venir me dire que bien sûr elles ne parlaient pas de moi.
Je suis sortie, et quand je suis entrée dans la voiture, je me suis mise à pleurer, parce que la situation était suffisamment dur pour qu’en plus je supporte les paroles de personnes que je croyais proches.
Ma mère s’est mise dans une colère noire, elle appelé la mère de Laura.

Je suis allée chez Laura, puisque c’est toujours moi qui ai tort, et c’est moi qui ai dû m’excuser. D’avoir mal compris. D’avoir pu imaginer trente secondes que Laura dirait une pareille chose à mon propos.
Je me souviens que Maman m’avait dit qu’elles avaient un QI d’huître, que Florent ne leur avait plus adressé la parole pendant une semaine.


Lisa, qui a le don pour dire des choses qui font terriblement mal sur un ton léger et mutin, m’a dit que si Laura et les autres filles ne m’adressaient plus la parole depuis plus d’un an, c’était à cause de cette histoire. Que j’étais une fille à problèmes, et qu’elles n’avaient plus envie de se prendre la tête avec moi.

Après m’être excusée, comble du comble, nous sommes restées sur son canapé, et on a rigolé en regardant un épisode de Friends et en se faisant un gros câlin.

Pas vraiment étonnée, quand je suis sortie de la voiture, j’ai aperçu le noyau dur de la Loulouterie, toutes de noir vêtues, qui me regardait d’un air absent.

Non, pas absent. Méprisant.

Il a fallu que je prenne sur moi pour entrer dans la salle. C’était pire que d’entrer sur scène et de me trouver nez-à-nez avec 180 personnes.

Je suis entrée, j’ai posé mes affaires.
Je me suis approchée du cercle pour dire bonjour.
Aucune d’entre elles n’a bougé.
Il a fallu que je tape sur l’épaule de L et qu’elle se retourne pour que les autres daignent poser leurs regards sur moi.
Je les ai embrassées vite fait mal fait, puis j’ai foncé droit sur Florent.

J’ai passé la soirée entre Nicolas et Flavien, et me suis ainsi débrouillée pour qu’elle me soit la plus agréable possible.

Jamais je n’ai été jalouse de cette bande de filles.
Mais là, leur médiocrité était tellement criante qu’il ne m’a pas été difficile de faire comme si elles n’étaient pas là.

On met du temps à se contrefoutre de ce que les autres langues de vipère pensent et disent de soi.
C’est pas facile.
On morfle, plus que les autres.
On se bat pour ne faire partie d’aucune bande.
On s’acharne pour être respecté. Accepté. Reconnu.
Et puis on réussit.
On en ressort décoiffé, abîmé, plein de cicatrices. Pas indemne.
Mais pas sali.

Et si certaines plaies saignent encore, elles sont en voie de guérison.

Si je fais un petit bilan : le procès est passé, il s’est bien terminé ; je suis en paix avec mes parents ; mon grand-père va mieux (la preuve : il m’a fait pleurer de rire tout à l’heure) ; j’ai une semaine de repos relatif avant d’attaquer des semaines de dur labeur ; j’ai peu d’amis mais même si je ne peux les compter que sur les doigts d’une main, je sais que je peux avoir confiance en eux ; ma nouvelle vie au Havre avec Garfu se passe à merveille ; je n’ai plus de nouvelles de Maman ; j’ai des kilos en trop mais je me plais comme je suis ; j’ai un truc qui m’a poussé dans l’œil et je suis ultra fatiguée ; j'ai acheté le dernier tome d'Harry Potter cet après-midi ; cela fait plus de huit mois que je suis tombée d’amour pour le Prince et lorsque j’écoute « Have a little faith in me », j’ai toujours des papillons dans le ventre ; mon intuition m'a rarement trompée ; je continue à écrire, presque tous les jours, et cela m’aide à rester en accord avec moi-même.

Et enfin, j’ai toujours ce même but dans la vie : me battre pour réaliser mes rêves.


Ecrit par inconsciente, le Dimanche 28 Octobre 2007, 02:07 dans la rubrique Aujourd'hui.

Commentaires :

ecilora
ecilora
28-10-07 à 14:04

Les voyages en train font toujours naître de charmantes histoires en tête. tout le monde s'épie, plus ou moins, et des vies s'inventent le long des rails.
Quant au "profiter de son handicap", je trouve çà... Assez amusant comme phrase... Parce que oui, évidemment, ils n'ont demandé que çà d'avoir un handicap. Les gens feraient mieux de s'entendre parler des fois.
Et les autres. Peut-être faudrait-il juste réapprendre à les considérer comme des inconnus. je sais, c'est pas faisable... Mais, l'indifférence, c'est pas mal quand même... parole d'experte. Avec le temps, ça viendra... :D
J'attends la poste.
BzOo dOo

 
inconsciente
inconsciente
28-10-07 à 15:25

Re:

Je crois que ça vient.
Hier je ne reconnaissais presque plus ces corps, tordus par la haine, l'hypocrisie, et les rires, qui sonnaient tous plus faux les uns que les autres.
Bientôt des inconnus.
Faut que les plaies cicatrisent complètement.
Mais je ne suis pas revenue chagrinée. C'est déjà beaucoup.

Hâte que tu reçoives mes quatre mini pages de gribouillis.

Bon dimanche <3

 
Elwinwea
Elwinwea
28-10-07 à 17:06

Quelle bande d'atroces petites pestes...

Tu es au-dessus d'elles et de leurs idioties, bien au-dessus...

J'aime bien ton petit bilan final, ta vie est composée de mille petits rayons de soleil, suffit de regarder sous le bon angle ;-)



 
inconsciente
inconsciente
30-10-07 à 15:17

Re:

Oui, je suis assez d'accord avec toi  ;)

 
alberto
alberto
29-10-07 à 13:19

Chère Inconsciente, aujourd'hui je vais te dire quelque chose de positif ! En effet, j'ai failli écrire qu'il était impossible de réaliser ses rêves... Mais écrire cela serait une bêtise ! Non seulement, cela n'apporterait que le découragement et en plus c'est faux !

Je crois que l'important est d'avoir ses rêves. Plus tu en as plus tu idéalises, peut-être ! ... Il y a les idéalistes et les réalistes... Faut faire avec ce que l'on est et c'est bien ! Un peu de l'un un peu de l'autre ne serait peut-être pas si mal, sûrement : pour garder les pieds sur terre et la tête dans les nuages (pour ne pas dire : dans le ciel) !

On aurait envie de te rassurer et de te dire " Allez! Ça va aller ! Reste sincère !"

 
inconsciente
inconsciente
30-10-07 à 15:19

Re:

Moi je suis idéaliste et surréaliste : j'ai tout pour plaire ! Ouarf !
Mais je t'assure qu'il n'est pas impossible de réaliser ses rêves.
Même si je suis bien au chaud, enveloppée dans mon nuage d'illusions.



 
ninoutita
ninoutita
05-11-07 à 22:36

Comme quoi, Oscar Wilde a parfois tort : la vie n'est pas tout le temps une grande désillusion.
J'aurais voulu partager avec toi un cake chocolat banane, j'ai peur qu'on se soit un peu éloignés, j'aimerai que tu saches je pense à toi.

 
inconsciente
inconsciente
05-11-07 à 22:42

Re:

Oh ma Ninou...
Je stoppe immédiatement l'apprentissage de mes cours de droit parce que mon mail vient de faire un petit ding ! pour me dire que j'avais reçu un message...
Moi aussi j'ai peur qu'on se soit éloignées, peur de n'être pas assez bien, ni assez cool, ni assez belle, ni assez imaginative, peur d'être trop sérieuse, trop amoureuse, et trop à genoux devant tout ce que tu écris ou photographie. Peur que t'en aies ras le bol de mes compliments.
Mais je tiens tellement à toi Ninounette.
Il ne se passe pas un jour sans que je pense à toi.

<3

 
ninoutita
ninoutita
05-11-07 à 23:14

Re:

hé mais c'est quoi ce complexe d'infériorité débile ?
Tu écris aussi bien qe moi et tu as autant de qualités que moi. Tout le monde est différent non ?

 
inconsciente
inconsciente
05-11-07 à 23:17

Re:

Non non mais moi ça va, je me trouve bien comme je suis, mon univers et tout ce que j'écris me plait plutôt.
Mais j'avais l'impression de ne plus t'intéresser, de te lasser quoi...
De n'être plus assez délirante, voilà tout !


 
ninoutita
ninoutita
05-11-07 à 23:18

Re:

Ce n'est pas ton coté délirant que j'aime chez toi. Le fait que tu aimes me fascine.

 
inconsciente
inconsciente
05-11-07 à 23:22

Re:

:)

Je voudrais tellement que tu sois là parfois
Quand c'est une amie comme toi dont je manque

Tu vois, je rêverais de réaliser un court-métrage avec une personne que je prendrais comme actrice "fétiche" et à qui je demanderais de représenter toutes ces images que j'ai dans la tête.
Une sorte de muse.
À qui je pourrais tout demander.
Une fille suffisamment belle et troublante.
Une personne qui ne se moquerait pas de mes rêves.
Quelqu'un comme toi.

Alors parfois j'imagine qu'on vive dans la même ville, et je me demande si je ne t'embêterais pas au bout d'un moment. Si mon côté passionné ne t'enfermerait pas.

J'adore te faire des compliments parce que je raffole de toutes tes créations.
Et je ne veux pas qu'un jour tu t'en lasses.



 
ninoutita
ninoutita
05-11-07 à 23:29

Re:

Si ça ne tenait qu'à moi, je viendrais au havre, ou n'importe où, où veux-tu le faire ce court-métrage ?
Je ne penserais pas être à la hauteur de toutes ses images que tu dois avoir dans les yeux. Mais un jour, on pourrait essayer ?
J'ai l'impression que tout change autour de moi, tout devient plus vrai, moins intouchable, j'avance.
J'aime me dire que tu avances toi aussi de ton coté et que les choses deviennent plus belles et ressemblent moins à des illusions.

J'ai moi aussi un coté passionné et il ne m'enferme pas, alors pourquoi le tien m'enfermerait ? Au contraire, il permetterait au mien de s'agrandir.


Je t'embrasse, bonne nuit :)

 
inconsciente
inconsciente
05-11-07 à 23:33

Re:

Bonne nuit ma ninounette

Et si si si tu correspond complètement à la muse qui pourrait incarner toutes ces images que j'ai en tête.
Je n'ai pas d'histoire, mais j'ai des milliers d'images, qui me font rêver.

Mon premier court-métrage je l'ai fait en groupe donc j'ai forcément été un peu réfrénée
Mon deuxième (inachevé) était fait vraiment avec les moyens du bord et surtout avec les acteurs que je pouvais (douze mille fous-rires terribles...)
Et ce dernier que je réalise en ce moment, je le fais à nouveau en groupe.
J'avais des idées un peu oniriques, mais cela n'a pas plu à l'ensemble du groupe.

Alors je voudrais être seule, avec une caméra top, et surtout, une actrice qui te ressemblerait.

J'aimerais tellement qu'on réalise quelque chose ensemble !

Bonne nuit, fais de beaux rêves

 
MangakaDine
MangakaDine
06-11-07 à 00:56

"Je me suis imaginé dire leurs quatre vérités à tous les gens présents à la fête. "
Rhalala, moi aussi ça me trotte en ce moment. Je ne sais pas si c'est à cause de mon passé, mais je n'arrive plus à supporter les commérages, et les gens qui font semblant d'être gentils avec moi. Et quand je vois des personnes qui manquent de respect à d'autres dans la rue, j'ai envie de crier, de les remettre à leur place, leur dire tout ce que j'aurais voulu dire avant, quand ça me tombait dessus. Il ne faut pas trop s'impliquer pour ce genre de phénomènes extérieurs mais, tu vois, même quand je lis simplement des articles comme le tien, j'ai cette fureur qui vient en moi. Et cette envie de rétablir l'injustice. Dans mon monde idéal, j'aimerais qu'il ne soit pas possible à ces gens de retourner à leur petit quotidien sans le moindre scrupule ni remord. Qu'ils se rendent au moins compte que parfois, ce sont eux les méchants. Nous aussi on a peut-être pas toujours été gentils. Au moins, on sait ce que ça fait.

Il n'empêche qu'aujourd'hui, dire les quatres vérités à quelqu'un quand ça me dérange, ami ou ennemi, je ne me prive plus.

 
inconsciente
inconsciente
07-11-07 à 23:38

Re:

Et tu as raison.
Moi je n'ose pas encore, mais ça viendra.

Bonne nuit !