Comme une rage dans la gorge.
Un grand ras-le-bol.
Une envie de crier.
Mais je crois que même si je voulais, je n'y parviendrais pas.
Plus de courage.

Je ne trouve pas de stage.
Les profs nous foutent la pression.
J'ai une soutenance à préparer pour la semaine prochaine.
J'ai presque un DS tous les jours.

Et puis Maman nous en veut.
Je fais partie des nous et je crois que c'est pire que si elle n'en voulait qu'à moi.
Je ne supporte pas que ça n'aille pas avec elle.
Je ne supporte pas non plus qu'elle me foute dans le même panier que tous les autres moutons.

Je suis énervée. J'ai pas le moral. Je vois tout en gris.
Le matin je n'arrive pas à me lever.
Pourtant je suis réveillée.
Ce n'est plus un problème de fatigue.
Du moins pas physique.
Ou alors un tout petit peu.

Je me sens bornée, les sourcils froncés, infestée d'idées noires.
Le Prince est parti samedi, sans me dire aurevoir.
J'en peux plus.
J'en ai marre que ça traîne en longueur.
Mais il ne va pas bien.
Lui aussi il en a marre de tout.
Et encore une fois, j'ai peur d'être parmi ces tout.

Je crois que pendant un temps, je l'intéressais, je lui plaisais.
Il m'appelait ma reine, il me téléphonait, m'écrivait douze mails par soir.
Il venait sur Skype et on parlait toute la nuit.
Alors sûrement qu'il est fatigué, comme on l'est tous.
Mais sûrement aussi qu'il en a eu marre que je traîne en longueur.
Il en a eu marre que mes messages se ressemblent.
Marre de mes silences pendant qu'on était tous les deux.

Je voudrais l'appeler.
Et puis je me dis que je ne veux pas le déranger.
Qu'il a plein de problèmes.
Que c'est demain le tribunal.
Alors je lui écris un mail, comme toujours.
Mais empreint de mélancolie.
Parce que je n'arrive pas à être autre chose.

Pendant un temps, je disais que j'étais maladroite parce que c'était mignon.
Mais c'est devenu vrai.
J'ai foutu en l'air mes chances avec lui.
J'ai foutu en l'air mon amitié avec Maman.
J'ai cassé le minuteur.
Et ce n'est pas mignon.

Oh dans le fond, ne vous en faites pas, mon image de moi-même n'est pas si pitoyable.
Mais mon moral l'est, lui.

Je dois trop croire en mes rêves.

Je voudrais dormir, toute la semaine, et toute la semaine prochaine.
Me réveiller pour Noël.
Avec la famille.

Jeudi c'est l'anniversaire de maman.
Sophie va venir ici mercredi après-midi.
On va lui faire un beau gâteau au chocolat.
Et une vidéo.
Et des lettres d'amour.

Ma mère m'a dit de ne pas déprimer, de tenter le tout pour le tout la prochaine fois.
J'y pensais.
Et puis samedi ça n'allait pas.
Trop de monde.
Et lui qui était si sombre.

Un jour ton prince viendra...

Ouais.
Mais c'est pas en dépérissant que je vais le sauver de ses dragons.