Trop lucide pour être heureuse
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J’ai écouté de la musique finlandaise toute la nuit de jeudi à vendredi.
J’avais envie de faire la fête, envie d’avoir le tournis, de m’oublier.
Comme l’impression que mon corps réclamait un peu d’inconscience.
Cela fait deux semaines.
Juste deux semaines que je me suis pendue à son cou en l’écoutant me raisonner sur l’impossibilité de notre histoire et son incompatibilité avec l’amour.
J’ai l’impression que cela fait déjà une éternité. Une éternité pénible.
J’ai eu une semaine ponctuée de grands moments de joie et de grands moments de tristesse.
Je me suis moi-même étourdie en pensant à Clooney, et lorsque je l’ai croisé à la gare, beau comme un dieu, accompagné d’une femme, j’ai eu peur.
Je pensais à moitié à lui et, encore une fois, il est apparu à ce moment là.
Des pensées se sont bousculées en moi, et pour la première fois de ma vie, j’ai senti le danger. Le danger de la souffrance, quand une légère amertume s’est mise à couler en moi. Comme un petit goût d’acide. Un mini poignard.
J’ai ressenti d’avance tout le mal que j’allais me faire si je continuais une seconde de plus ce petit jeu.
J’ai assez souffert, c’est bon.
Et il paraît que les fantasmes ne doivent pas être réalisés. C’est Maman qui nous avait dit ça lors du cours sur le surréalisme et l’inconscient.
Ce fameux cours qui m’a donné de nouvelles bases, qui m’a appris à réfléchir autrement, qui a réveillé en moi quelque chose qui existait, mais qui dormait…
Rien sinon les films d’Almodovar ne m’a plus influencée que ce cours.
Mais moi je veux réaliser mes rêves.
Quelle est la différence entre rêve et fantasme ?
En y réfléchissant, je crois bien que c’est l’amour.
Et là se trouve également la différence entre le Prince et Clooney.
J’aime profondément le Prince. Je l’aime à en pleurer. Je pourrais passer ma vie auprès de lui. Je le sens. Ça ne me fait pas peur et ça m’effraie à la fois. Aimer un homme. Le rendre heureux. En serais-je capable ?
Et puis je rougis lorsque Clooney me regarde. Je le laisserais bien m’enfermer dans son bureau. Je suis sûre que Clooney a toutes les femmes qu’il veut. Il est taureau. Il ne peut que m’étourdir.
En rentrant à la maison, j’avais encore cette envie de tournis. De tout oublier. De me saouler.
J’ai mis Aerodynamic en boucle.
Je me suis regardée profondément dans les yeux, durant tout le voyage en métro.
Je me regardais dans la porte d’en face.
Tu sais très bien que même si tu te bourrais la gueule, ça ne changerait rien. Tu as juré de ne jamais te trahir, de ne jamais te mentir. T’enivrer serait te mentir. Tu croiras bêtement que tu es insensible et blasée pendant quelques heures. Et le lendemain matin, on te ramassera à la petite cuillère.
Le Prince avait sûrement raison de refuser mon amour. Je ne suis qu’un nid à problèmes. Je suis un puits de morosité. Je n’aurais fait que rendre sa vie plus triste.
Mais faudra bien qu’un jour quelqu’un me sauve.
Faudra bien que quelqu’un se charge de me faire sourire. Tous les jours.
Mais qui voudrait.
Je sais très bien que tout ce que je viens d’écrire est partiellement faux.
Mais je persiste à croire que je ne serai jamais heureuse.
Voilà pourquoi je tiens à réaliser mes rêves.
Autant essayer de connaître des moments de joie le plus souvent.
Je préfère souffrir un peu. Tenter de les réaliser m’occupera.
Ce que je voudrais savoir, c’est cette raison qui me pousse à croire que je ne serai jamais heureuse. Est-ce juste de la lucidité parce que je suis un être humain parmi des millions d’autres et que je sais pertinemment que nous allons tous en baver ? Est-ce cette conviction des millénaires, ou bien est-ce une raison plus personnelle, plus enfouie ?
Parfois je me demande s’il y a un hasard.
Parfois je me demande par exemple si je devais rencontrer Sylvaine.
Si je devais rencontrer Maman.
Si elle a survécu pour me rencontrer, entre autres évidemment.
Si ces rencontres m’étaient indispensables.
C’est ce roman qui m’a perturbée.
Je me mets à penser à des choses auxquelles je n’avais jamais pensé.
Je ne sais pas flirter, je ne sais pas draguer, je ne sais pas plaire, je ne sais pas embrasser.
Et je suis incapable de coucher avec un type que je ne reverrai jamais.
Sans sentiments.
J’ai trop d’amour-propre pour être capable de ça je crois.
Quitte à satisfaire mon désir, autant le satisfaire toute seule. C’est finalement moins humiliant. Moins irrespectueux pour moi, en tant que femme, et en tant que moi-même aussi.
Il dit quoi déjà Woody Allen ?
Ah oui : faire l’amour à la personne qu’on aime le plus au monde.
Ou encore : s’entraîner tout seul.
Je préfère encore être une sale égoïste casanière.
En fait, ces deux semaines d’éternité ne constituent pas vraiment une éternité puisque j’ai encore l’impression que personne ne m’aimera jamais, que je n’aurai jamais aucun espoir en amour, que jamais je n’aimerai quelqu’un d’autre que le Prince.
Mais il paraît que c'est classique et que ça passe.
Alors on verra bien.
Cela faisait juste un an.
Et des mois que ma vie se basait entièrement sur lui.
Les poissons ne pleurent pas
Ou alors ça ne se voit pas
Peut-être nagent-ils dans leurs larmes
C’est un chagrin qui a du charme
Je ne suis pas poisson pour rien.
12ème jour de janvier et ma résolution est déjà à l’eau.
De nouveau cette sensation que mon cœur est piétiné.
Qu’une grosse main le serre et qu’il devient tout petit.
Trop petit pour l’immensité qu’il contient.
Il me manque mon Prince…
Je ne veux pas l’oublier.
Je n’ai pas non plus envie d’abandonner.
Malgré ce qu’il m’a dit.
Je l’aime je l’aime je l’aime.
Et je souffre de ne pouvoir partager tout cet amour avec le seul intéressé.
Ça me rend malade, ça m’étouffe, ça me donne constamment envie de pleurer, j’écrase ma tête contre l’oreiller, et je serre les dents parce que le psychosomatique est roi dans mon corps, et que du coup, j’ai mal partout.
Je suis comme une plante qui ne vit pas sans eau.
Je ne sais pas vivre sans amour.
Alors je survis.
Alors je vais continuer à l’aimer dans mon coin, et à me déchirer le cœur chaque nuit.
Et à chaque moment où ma douleur s’ennuiera…
Parfois j’ai l’impression que des larmes aiguisées coulent à l’intérieur de moi.
Je m’étais habituée à vivre avec Elle près de moi, à avoir sans arrêt l’être le moins superficiel du monde à mes côtés.
L’être qui lisait quelque chose dans chacune de mes intonations, dans chacun de mes mots.
Qui comprenait mes silences mieux que quiconque.
Tous me semblent vides et inintéressants.
Elle a mis la barre si haut.
Elle m'a habituée au luxe.
Cette présence-là me manque.
Je crois que ce qui me fait le plus peur, c’est de me dire que je ne trouverai jamais mieux qu’Elle.
Et de vivre pour toujours avec des regrets.
Ecrit par inconsciente, le Samedi 12 Janvier 2008, 13:14 dans la rubrique Aujourd'hui.
Commentaires :
Tu n'es pas un nid à problèmes et il me semble que si tu es morose ces temps-ci, c'est parce que le prince a refusé ton amour. Rapport cause/conséquence, je n'sais pas pourquoi je dis ça.
D'après notre bon vieux Blaise Pascale, on ne trouve jamais le bonheur.
D'après moi, c'est du temps perdu que de le chercher. Et pourtant je le perds, ce temps.
Tes regrets par rapport à Elle, je les comprends tout à fait puisque je vis un peu la meme chose avec R. Se dire qu'on ne trouvera jamais mieux.
On ne trouvera peut-être pas mieux mais différent. Et c'est peut-être cette différence qui nous rendra heureux, peut-être pas très longtemps, mais on goutera au moins à un peu de cette sensation éphémère.
Et puis, rares sont les êtres qui connaissent un seul amour.
Je t'embrasse fort.
D'après notre bon vieux Blaise Pascale, on ne trouve jamais le bonheur.
D'après moi, c'est du temps perdu que de le chercher. Et pourtant je le perds, ce temps.
Tes regrets par rapport à Elle, je les comprends tout à fait puisque je vis un peu la meme chose avec R. Se dire qu'on ne trouvera jamais mieux.
On ne trouvera peut-être pas mieux mais différent. Et c'est peut-être cette différence qui nous rendra heureux, peut-être pas très longtemps, mais on goutera au moins à un peu de cette sensation éphémère.
Et puis, rares sont les êtres qui connaissent un seul amour.
Je t'embrasse fort.
De ma petite experience j'peux juste te dire que je pense que tu vas trouver mieux qu'elle à un moment donné. Même si t'en es pas sûr, après tu reliras tout ça et tu te diras que c'était faux.
Courage ma choupette, la solitude est bien triste. Je t'embrasse =)
Courage ma choupette, la solitude est bien triste. Je t'embrasse =)
Delirium-Tremens