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Rue de la folie


Je crois que j’ai pas encore réalisé qu’on est en janvier.
Que l’année 2008, cette année que j’attendais encore il y a pas si longtemps avec une grande impatience, est déjà commencée depuis quatorze jours.

Je suis restée en décembre, en novembre, ou peut-être même en octobre.
Octobre. Parce que si on rate c’est pas encore trop grave. Ce n’est que le début. C’est normal. C’est l’adaptation.

Parce que toutes les bonnes choses sont devant.

Les découvertes, les rêves, les vacances de Noël.
Alors des découvertes il y en aura d’autres, des vacances de Noël aussi.
Et sans aucun doute qu’il y aura aussi beaucoup d’autres rêves.

Mais l’idée de me séparer d’un rêve me fait mal.
Je ne m’y fais pas.

Tout comme je n’arrive pas à me résoudre à décrocher toutes les photos de lui qu’il y a sur mes murs.

Je les regarde et j’ai envie de pleurer. Parce que je l’aime tellement.
À croire que j’aime souffrir.

Hier soir, il était presque 23h30 et j’ai eu envie de lui écrire.
De lui dire combien je l’aime, au moins une dernière fois.

J'ai toujours vu les gens parler de leur conjoint ou de leur amoureux comme quelqu'un d'ennemi. Pour l'unique raison qu'il est du sexe opposé.
Alors d'après eux, il faut trouver des stratagèmes pour le séduire, des stratagèmes pour le garder, des stratagèmes pour tout. Il faut être calculateur ou calculatrice. Préparer des plans d'attaque. Moi cette idée m'insupporte. M'effraie même.
Si on aime l'autre, pourquoi le considérer comme un ennemi et le combattre toujours, tout le temps, chaque jour ?
Si on doit faire la guerre, autant la faire ensemble, et pas l'un contre l'autre.
Moi je cherche un acolyte plein de tendresse, et plein de cicatrices que je pourrais effacer à grand renfort de bisous.
J'ai trop à donner. Ça pèse trop lourd. Je peux pas porter tant d'amour toute seule.
Il faut que je le partage. Mon coeur est trop petit pour l'immensité qu'il contient.
Je n'ai jamais été douée en amitié. Parce que j'accorde une importance démesurée à l'amour. Et que quand j'aime quelqu'un, je ne vis plus que par / pour lui.
Voilà pourquoi c'est dur en ce moment, parce que ça pèse trop lourd, parce que t'aimer toute seule, je ne peux pas.
Parce que s'il n'y a rien à attendre, s'il n'y a pas d'espoir alors que justement ma devise c'était "l'espoir fait vivre", il faut que je m'adapte et que je trouve une autre façon de vivre.
Et s'adapter, souffler sur les rêves comme sur des bougies pour qu'ils s'éteignent, ça fait mal.
J'aurais voulu parler de tout ça avec toi, te dire pourquoi, te dire combien je t'aime..
te dire que c'est toi mon rêve, et que, tel que tu es, je te cite : "vieux con", "ours solitaire" ou "petit prof de maths", c'est toi que j'aime.
C'est mon seul argument.
Mais j'imagine que ça doit être très chiant d'entendre ou de lire ça quand ce n'est pas du tout réciproque.
Alors je te l'écris, une dernière fois, pour te laisser tranquille avec ça ensuite.
Car je te parle, sans arrêt, dans ma tête, je me dis que j'aurais dû te dire ça ou ça...
Je suis peut-être trop sincère, trop sensible, trop illusionniste, pas assez comme les autres et pas assez calculatrice (j'ai jamais aimé compter), mais jamais tu ne seras mon ennemi.
J'espère que tu vas bien, et que ce n'est pas trop pénible pour toi de lire tous ces mots qui font les cent pas dans ma tête.
(…)


Samedi j’ai revu Claire, une amie que j’avais rencontrée quand j’avais neuf ans dans un cours d’escrime. Je l’ai perdue de vue jusqu’à l’année dernière, où je l’ai retrouvée par l’intermédiaire d’un blog.

Claire me fascine toujours. Elle a les mêmes yeux doux de Sylvaine. Elle lui ressemble beaucoup d’ailleurs. Et c’est peut-être Claire que j’ai retrouvée en Sylvaine lorsque je l’ai rencontrée. C’est peut-être ça qui m’a plu chez elle.

Nous avons été séparées pendant presque sept ans, et nous nous sommes retrouvées, plus amies encore qu’avant.

On s’est raconté nos vies, on a bu des thés, des cafés, on s’est fait écouter de la musique, on a parlé amour, philosophie, politique, culture. Elle a toujours quelque chose à m’apprendre. C’est tellement agréable.

En fait, plus j’y réfléchis, plus je me rends compte qu’elle ressemble vraiment à Sylvaine, et pas que physiquement.

Elle est drôle et intellectuelle. Elle travaille d’arrache-pied tout en restant pleine de poésie, de douceur, de joie de vivre. Et de rêves.

Samedi elle m’a donc emmenée chez elle.
Je n’avais jamais visité son appartement.
Il est tout près de la gare. J’adore ce quartier.
Elle m’a servi du thé dans une tasse de princesse.

Avant ça nous étions allées aux petites cuillères, ce salon de thé découvert un beau jour de novembre avec Ninou et Garfu.

Puis nous nous étions assises sur les quais, devant un bateau tout gris. Mais comme les bateaux me font rêver, Claire s’était résolue à se mettre devant lui, malgré sa laideur.

On avait quand même un rayon de soleil qui venait nous frapper le front.
Et puis il y avait un drôle de type allongé par terre, qui a fini presque en dessous de mes jambes.
Il avait la tête posée sur ses mains. Et il regardait d’un air absorbé mes chaussures. Pourtant elles étaient aussi grises que le bateau et ne méritaient pas d’être regardées ainsi.

Plus tard, on s’est assise sur son lit, et on a longuement discuté.
De mes problèmes, des siens.
De mon prince, de son voisin.
De nos deux vies.

Ça m’a fait un bien fou.

Quand je suis rentrée, j’étais épuisée.
Vide.
Mais peut-être soulagée.
D’avoir cette amie, un peu particulière.
Ce petit trésor.
Cette merveille que l’immensité de l’internet m’a permis de retrouver.
Claire, c’est évident, je devais la retrouver.

Ma chambre de Rouen est toute blanche.
Les murs sont tachetés de morceaux, usés, sales, de patafix.
Quand je parle, ça résonne.
J’ai ôté toutes les décorations.
Tous ces petits détails, ces morceaux de papier, ces photos.
Il n’y a plus que des cartons, et encore mon arc-en-ciel, au-dessus de mon lit.

Je ne sais pourquoi, mais j’attends le dernier moment pour l’enlever.

Avant de fermer mon carton à dessins, j’ai eu envie de regarder de nouveau mes dessins.
Certains m’ont fait battre le cœur si fort que ça m’en trouait la cage thoracique.
J’en ai pris quelques-uns en photo.
Je les ai mis ici. Mais ils sont dérangeants. Je vous préviens.

J’ai reçu tout à l’heure l’écographie des douze semaines du bébé de mon parrain et de sa chérie Émilie. Je me suis mise à pleurer. Comme le jour où il me l’a annoncé officiellement, par téléphone.

Apprendre qu’un bébé est en route ne m’a jamais bouleversée plus que ça.
Mais comme ce sont eux les parents, c’est différent. Et puis peut-être que le fait que je sois amoureuse d’un homme n’y est pas pour rien non plus…

Ce bébé sera le plus beau bébé du monde.
Il va être l’idole de notre grande famille.

Aphone me disait hier « c'est vraiment pas facile de vivre seule je trouve, même si t'es entourée ça vaut pas l'amour ». Et c’est exactement ça.
Je suis bien entourée, je peux compter mes vrais amis sur les doigts d’une seule main, mais ceux que je compte sont importants et très présents.

Mais les bras de l’être aimé me manquent. Ses bras, ses oreilles, sa bouche, sa peau, sa chaleur. Sa voix.
Le sexe je m’en fous pas mal. Même si, j’en conviens, c’est important.
Être dans ses bras me suffirait.
Pouvoir lui dire que je l’aime.

Il me manque. Beaucoup beaucoup.
Je voudrais l’appeler comme avant, lui parler. L’écouter. Le laisser me faire rire.
Me livrer, pleine de défauts et d’affection.

Ce matin, dès que j’ai eu déposé ma copie d’éco sur la table de l’illuminé qui nous surveillait, j’ai foncé au centre commercial, et, en écoutant Assassine d’Obispo à fond dans mon iPod, je me suis précipitée sur A mouthful, l’album de The dø.

14 janvier, c’était une jolie date pour sortir un album.

C’est une date qui ne m’évoque pas grand chose à moi, mais qui en évoque beaucoup chez Maman par exemple.
Sa fille Camille est née un quatorze janvier.
Quatre ans plus tard, son père mourrait.

Douloureux quatorze janvier pour elle.
Et comme tout ce qui la touche ne m’a jamais laissée indifférente…

J’ai chanté toute la matinée.

Je chantais à tue-tête dans les rayons de Monoprix, et dans la rue aussi.

Et maintenant j’écoute The dø en boucle.
J’aime chacune des chansons.
C’est rare que j’aime entièrement un album.
De la première à la dernière chanson.
Surtout quand il y en a quinze.

Leur musique me parle. Elle sonne de façon familière dans mes oreilles.
Comme Sheller.
Il n’y a qu’une seule chanson de Sheller qui m’agace un peu. Sur les quatre-vingt-quinze morceaux que j’ai de lui.

J’ai l’impression qu’elle réveille en moi des choses qui existaient déjà.
Des sentiments. Des mélodies qui auraient pu être enfouies.

J’avais déjà ressenti cela lorsque je les avais entendus jouer les chansons que je ne connaissais pas encore quand on est allé les voir en concert avec Garfu.

Je n’arrête pas de penser à lui, je voudrais partager cette musique avec lui. Comme je voudrais tout partager.
J’ai besoin d’amour. Comme des milliers de gens sur cette terre.
Ça m’arrache le cœur.
Et le reste.

Comme si j’allais m’évanouir.

J’écris toujours la même chose. Mais c’est ce qui me torture l’esprit.

Me fixer des dates à atteindre, pour tenir.

Aujourd’hui c’était l’album de The dø.
Demain ce sera le cours d’anglais.
Bien qu’il faille absolument que j’arrête de penser à Clooney parce que ça va finir mal.
Un de ces jours il y aura la réponse du Prince à mon mail.
Vendredi midi ça se fêtera : plus de DS avant la semaine prochaine.

Je m’accroche.
J’y crois, toujours. Je ne devrais peut-être pas.
Mais peut-être aussi que demain je vais croiser Albert Dupontel dans la rue et qu’il va tomber éperdument amoureux de moi.

En attendant, il faudrait que je me mette à travailler.
Je suis une loque humaine.

Mais j’ai trop de films dans la tête.




Ecrit par inconsciente, le Lundi 14 Janvier 2008, 22:55 dans la rubrique Aujourd'hui.

Commentaires :

Chivato
14-01-08 à 23:14

Eh choupette c'est tout blanc ! Violet, rose, rouge, bleu, noir !
Youhou !

C'est à cause du Prince tout ces changements ? Changement de vie, changement de couleur ?
Bisous ma choupette et j'espère vraiment que tu vas trouver l'amour bientôt, d'une façon simple (ou presque, parce que c'est jamais vraiment simple) et pi c'est déjà bien =)

Smoutch

 
aphone
aphone
14-01-08 à 23:15

Re:

pfff bon bah le chivato c'est moi hein^^

 
inconsciente
inconsciente
14-01-08 à 23:18

Re:

J't'avais reconnu ;)
Y'en a pas beaucoup qui m'appelent choupette...  :)

Ouais je sais j'arrête pas de changer, je suis fatigante.
le rose me faisait du bien et tout d'un coup il m'énerve.
J'ai envie de blanc. De vide. De calme. D'air.
J'ai rêvé cette nuit que mon Joueb était tout blanc et que ça rendait très bien.
Alors zou.

J'arrivais pas à trouver quelque chose qui me plaise.
Là c'est pas encore ça, mais déjà, c'est blanc...

Je suis fatiguée mais je culpabilise de ne rien foutre.

Je voudrais dormir et vivre de mes rêves.

Mais ça c'est pas la vraie vie.
Argh.

 
alberto
alberto
15-01-08 à 10:02

Chère Inconsciente, tu as le droit d'avoir des rêves, tu as le droit de les garder - tous les rêves que tu peux imaginer ! C'est normal et même sain. Vouloir les transposer dans la réalité est humain, je trouve. Par contre s'y accrocher et en faire le nerf de sa vie me paraît excessif. Même si je ne te connais pas, Marie, je crois que serais triste si tu persistais dans cette disposition de coeur. D'ailleurs tous t'apprécient assez pour être sensibles à ce que tu vis et aux passions qui semblent te dominer. Toutefois, personne ni moi ne souhaitent influencer dans tes décisions. Il n'y a guère que le bon sens qui peuvent peut-être t'aider à faire les meilleurs choix de vie. Je ne peux que prier pour toi.

 
inconsciente
inconsciente
15-01-08 à 19:15

Re:

... Et c'est déjà beaucoup  :)
Tu me fais penser à mon oncle diacre, tu as le même amour dans les mots, la même passion, la même sagesse.

C'est un compliment hein !

 
alberto
alberto
15-01-08 à 11:14

Exemple de scénario vrai

Chapitre 1
Hervé  : Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Où est la limite entre ce rêve de vivre et vivre ses rêves. Gamin, j'ai révé d'avoir la vie que j'ai eue et que j'ai. Elle est même encore plus fantastique qu'on peut l'imaginer. Et c'est pas fini !
http://danslesvaps.hautetfort.com/about.html

Chapitre 2
L'envol d'un gitan…
Malheureusement il était déjà très malade,
J'aimais ses histoires dans les vaps,
Voilà, Hervé est décédé hier…
http://charlottepensequeue.hautetfort.co

Fin

 
ecilora
ecilora
15-01-08 à 13:39

Je les trouve pas si ...attends, je retrouve ton mot... si dérangeants que ça tes dessins. A vrai dire, je suis assez admirative.. Tu as un bon coup de crayon. Comme si lignes et lettres étaient faites pour aller de paire.

Changement de fond. Je me sens moins seule à en changer tous les quart d'heure ou presque. Mais toujours un fil rose. Et si seulement "ma vie [était] tout à fait fascinante"... J'ai le livre entre les mains. Et c'est un bon moyen de sourire.

Je te laisse! je vais faire des muffins.
Films ou rêves. Un jour, il faudra bien qu'il y en ait au moins un qui se réalise...

BzOo dOo

 
inconsciente
inconsciente
15-01-08 à 19:16

Re:

J'adoooore ta dernière phrase !!!

 
ecilora
ecilora
15-01-08 à 20:27

Re:

Bah oui, hein! Ce sera peut-être pas le prioritaire mais. Au moins il ne sera plus dans la bouteille avec paris! Je m'emporte dans les proverbes, désolée.

 
inconsciente
inconsciente
17-01-08 à 18:36

Re:

Trop mignon :)

 
exvag
exvag
15-01-08 à 15:00

Question

En lisant ceci :

"J'ai trop à donner. Ça pèse trop lourd. Je peux pas porter tant d'amour toute seule.
Il faut que je le partage. Mon coeur est trop petit pour l'immensité qu'il contient.

Je n'ai jamais été douée en amitié. Parce que j'accorde une importance démesurée à l'amour. Et que quand j'aime quelqu'un, je ne vis plus que par / pour lui."

Je voudrais savoir, s'il t'arrive parfois de te demander si le poids, l'immensité de ton amour, ne pourrait pas faire un peu peur à celui ou celle à envers qui tu le ressens ?


 
inconsciente
inconsciente
15-01-08 à 19:16

Re: Question

Oh oui.
Et pas qu'un peu peur.
Ça doit être vachement impressionant.


 
alberto
alberto
16-01-08 à 09:10

La remarque d'exvag qui rapporte  la citation d'inconscience est intéressante.
En effet, quand ils s'aperçoivent que l'amour devient ou est possessif, les hommes se sauvent, et vite ! L'amour possessif est un amour objet. On veut posséder l'autre comme on veut posséder un objet. C'est un amour qui, évidemment, étouffe. En même temps, il est signe d'un intense besoin affectif qui rappelle aussi la nécessité impérieuse du besoin affectif de l'enfant durant les toutes premières années.

Oh qu'inconscience se rassure, on s'en sort avec l'expérience du vécu et une prise de conscience, et puis on peut plus tard enfin vivre cet autre amour qui consiste non pas à s'accrocher, à posséder, mais à laisser, à lâcher prise...

Quant à aimer quelqu'un en ne vivant que par/pour lui... il n'y a qu'avec Dieu que cela est possible (la voie royale).

 
inconsciente
inconsciente
16-01-08 à 17:42

Re:

Je veux juste qu'il soit heureux.
Et je suis trop entière, c'est mon défaut.

 
alberto
alberto
17-01-08 à 16:40

Re:

pourquoi lui ?

 
inconsciente
inconsciente
17-01-08 à 18:07

Re:

Parce qu'il me touche au plus profond de moi
Parce qu'il me plaît
Parce que je ressens l'envie de le rendre heureux
Parce que c'est à lui que je veux donner mon amour

 
alberto
alberto
18-01-08 à 08:13

Re:

et si lui ne veut pas ?

 
inconsciente
inconsciente
18-01-08 à 08:33

Re:

C'est justement ce qu'il se passe.
Alors tant pis pour lui.
Je vais essayer de garder cet amour à l'intérieur de moi sans qu'il ne pèse trop lourd.

 
alberto
alberto
18-01-08 à 08:53

Re:

Nous t'aiderons Inconsciente... nous pensons à toi !

 
alberto
alberto
18-01-08 à 08:57

Re:

de garder en toi un idéal masculin, je pense que c'est bien pour toi, plus que bien !

 
Delirium-Tremens
Delirium-Tremens
17-01-08 à 18:33

Y'a rien à dire, à chaque fois que je vois cette photo je la trouve trop bien! c'est une perle rare!

 
inconsciente
inconsciente
17-01-08 à 18:35

Re:

Ça fait des années que j'attends d'avoir un appareil photo numérique pour la prendre.
Je l'ai pris mille fois sur les appareils des autres, mais comme d'habitude, il n'envoient jamais les photos et on peut attendre...



 
Delirium-Tremens
Delirium-Tremens
19-01-08 à 10:04

Re:

Ah ben voilà! Maintenant tu l'as rien qu'à toi, rien que pour toi!