Du parfum de son corps, de ses cheveux. Je me mets alors à me renifler, pour trouver d’où provient l’odeur.
Je reste là, en suspend, quelques secondes à me sentir le bras. J’arrête toute activité. Et je laisse le parfum envahir mes sens. Cela ne me rend pas vraiment heureuse mais cela ne me tord pas l’estomac ou le cœur. Pas comme certaines autres odeurs. Ou saveurs.
Je ne peux par exemple plus manger de riz cantonnais.
Sa simple odeur me soulève le cœur, me serre la gorge. L’angoisse s’empare de tout mon corps, bloque mes pensées.
Comme dans Harry Potter, comme si un détraqueur avait bloqué toutes mes pensées ou souvenirs heureux pour laisser place à l’angoisse et la tristesse.
Nous en avons tellement mangé. Parfois c’était Elle, parfois c’était moi qui allait l’acheter dans le petit restaurant chinois d’en bas.
Je ne sais plus si c’est un bon ou un mauvais souvenir.
En ce moment je n’arrive pas à voir cette expérience passée, avec Elle, comme belle.
Je crois que la peur que j’ai ressenti pendant trois ans et le remord que j’ai encore de l’avoir quittée ont tout englouti.
Mais pas définitivement. Du moins je l’espère.
Je repousse juste chaque jour le moment d’y penser profondément, parce que je sais que ça me fait mal et que j’ai déjà suffisamment mal comme ça pour l’instant, et à cause d’autres choses plus graves que la simple tristesse de voir un souvenir devenir mauvais.
J’ai parfois encore de violents accès de haine envers mes parents. L’envie me brûle la peau de les tuer de mes propres mains. Pour que notre malheur soit vengé. Pour que je puisse recommencer une vie sans me dire que je fais ce que je fais pour leur faire plaisir, parce que j’ai toujours peur d’agir comme ça inconsciemment. Et d’être par conséquent une lâche.
En ce moment je ne supporte plus non plus ma sœur. Dès que je passe quelques minutes avec elle, je n’ai qu’une envie : faire vœu de stérilité et ne jamais, jamais avoir de progéniture. Mais il paraît que l’envie vient avec les années.
Pour une fois que je me sentirais dans mon âge pour quelque chose.
Ces derniers jours, j’ai beaucoup de mal à m’endormir.
Je ne sais si c’est à cause du lit terriblement inconfortable que je suis contrainte de partager avec ma sœur ou bien si c’est dû à autre chose.
Il n’empêche que mes paupières, usées par le manque de sommeil, ne se ferment qu’à l’heure où le soleil se lève.
Je passe des heures d’angoisse, je revois le visage de Linda, je revois le cercueil de Papane. Je ne peux pas y croire. Rien que d'y penser et j'ai l'impression que mes yeux sortent de leurs orbites, que la mort se glisse en moi. J'ai froid.
Je passe des heures brouillonnes, à réfléchir à des dialogues que je pourrais avoir avec A, au comportement à adopter la prochaine fois qu’on se verra, je m’évade quelques minutes dans de longs rêves, de longs scénarios doux dans lesquels il se laisserait faire, se laisserait aimer.
Je réfléchis à ce que je veux vraiment.
Je sais que je veux être avec lui, mais je ne sais pas exactement à quoi j’aimerais que ressemble notre histoire.
Je m’intéresse aux hommes plus âgés parce qu’ils n’ont pas envie de perdre leur temps, parce qu’ils veulent une relation sérieuse, quelque chose qui dure et pas une amourette pour passer le temps. Et c’est aussi ce que je cherche.
Je cherche la stabilité. La stabilité et l’enrichissement mutuel.
Mais l’enrichissement, je ne le trouve jamais auprès de personnes de mon âge –sauf exception bien sûr-.
Et ces mêmes personnes ne cherchent pas non plus la stabilité.
Les 400 coups je n’ai aucune envie de les faire.
Je sais aussi que je saurais être fidèle, que je saurais me contenter d’une seule personne.
Je me souviens qu’au tout début, lorsque j’ai rencontré Elle, je me rendais compte que j’étais folle amoureuse d’Elle mais je ne me souviens pas m’être dit « Oh purée, je suis lesbienne ».
Cet amour pour Elle m’était naturel. Évident.
Après, j’ai remarqué que je ne regardais jamais les hommes dans la rue. Jamais.
Et que lorsque mes copines me disaient « Putain, il était pas mal celui-là tu trouves pas ? », je n’avais même pas remarqué le beau mâle à qui elles faisaient allusion.
Je ne regardais pas vraiment leurs femmes non plus. La plupart d’entre elles étaient vulgaires, inintéressantes. Les seules qui pouvaient attirer mon attention étaient celles qu’on me mettait sous les yeux. Une femme dans un café, la serveuse, une invitée à une fête, la femme du frère du marié aux mariages, la sœur de la mère d’une copine de ma sœur.
Maintenant je ne regarde plus personne. Est-ce parce que je suis en train de tomber amoureuse et que par conséquent, les autres ne m’intéressent plus ?
Peut-être.
Les seuls que je regarde parfois sont les cinquantenaires, qui me paraissent toujours si classes, si respectables, si désespérés et si cultivés.
Les autres, je ne les regarde pas.
Les quadragénaires sont soit divorcés, soit mariés, ils ne semblent pas avoir de recul, ils sont brut de décoffrage, ils ont soit trop d’espoir, soit plus du tout, ils ne s’arrêtent pas pour contempler la vie.
Quant aux trentenaires, ils sont soit célibataires endurcis parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils veulent et ont peur de l’engagement, soit ils préparent leur mariage ou attendent un bébé.
(Non, ne hurlez pas, c’est juste ma vision, et je sais trèèèès bien qu’elle peut être complètement erronée).
Je ne me serais pas retournée sur le passage d’A si je ne m’étais pas retrouvée dans ce grand bureau, à quelques mètres de lui. Si nos regards presque entendus ne s’étaient pas démesurément attardés dans les yeux de l’autre.
A m’est tombé dessus par hasard et si nous parvenons à nous mettre ensemble, je sais qu’il m’en fera baver parce qu’il a peur de l’amour.
Lorsqu’il m’a dit que j’étais bien trop entière pour un mec comme lui, j’aurais dû lui dire que seule une femme pourrait m’aimer comme moi j’aime, mais que je n’ai pas envie de vivre avec une femme.
Cette idée me fait peur. Je n’y vois pas un futur qui me plaît. Je n’y vois plus d’avenir.
Ce sentiment m’est-il venu tout seul ou bien est-il entré de façon perverse dans mon esprit, à travers les mots de mes parents et d’autres conseillers aux esprits fermés ?
Pourrais-je vivre avec un homme sans avoir un jour l’envie de le tromper pour retomber, quelques heures, dans les bras d’une femme ?
Je crois en l’amour, en la fidélité.
Mais peut-être suis-je la seule sur cette terre à y croire encore…
Je voudrais connaître les rêves d’A. Je voudrais savoir si je suis capable de les réaliser.
Mais avant de lui poser ces questions, je voudrais caresser sa peau, me serrer dans ses bras, respirer son odeur, embrasser ses lèvres avec les miennes, ses lèvres qui ont l’air si douces.
Mais je m’embarquerais alors dans une histoire de sexe, une histoire à laquelle on réfléchit après, après s’être entiché du corps de l’autre, après s’être gravés l’un dans l’autre, pour toujours.
Car je suis incapable de sexe sans amour, et je sais que je suis déjà en train d’aimer A, même si c’est moins fort que pour les autres d’avant. C’est peut-être même mieux.
Je cherche une histoire sérieuse et j’ai tout juste 18 ans.
Est-ce que c’est ça, croire au Prince Charmant ? Je ne crois pas.
Je voudrais un pilier, un accolyte, un amoureux stable, pas pressé de fonder une famille mais suffisamment aimant pour rester, pour attendre. Attendre que je finisse mes études avant de fonder une vraie famille, avec un nid à nous.
Je voudrais quelque chose d’officiel, quelque chose qu’on assumerait, quelque chose qui me tranquiliserait, quelque chose qui me rendrait heureuse, qui rendrait l’autre heureux aussi et surtout.
Je voudrais l’amour, l’amour stable. Je veux bannir la passion de ma vie, car la passion est destructrice, impossible.
Je voudrais être avec A.
Je voudrais qu’on se parle, qu’on rie ensemble, qu’on s’éclate tous les deux.
Je voudrais qu’on se pose la question géniale que pose Jean-Pierre Darroussin à ses amis dans Le cœur des hommes :
« Mais qu’est-ce que je ferais si j’étais moins con ?! ».
Je voudrais être sa réponse. La réponse d’A.
Je voudrais qu’on tente, à nos risques et périls.
Mais si la prochaine fois je me jette sur lui et qu’il ne me repousse pas, qu’en sera-t-il de notre avenir ?
Je voudrais ne pas avoir à me poser ces questions. Je voudrais bannir aussi la raison de ma vie. Je voudrais qu’il n’y ait plus que l’amour.
Je voudrais avoir le droit de marcher dans la rue avec celui que j’aime, main dans la main, sans que l’un de nous ne doive se cacher.
Je voudrais qu’on s’aime et je voudrais qu’on assume.
J’ai trop de choses dans la tête.
Au fond ce que je voudrais, c’est une boule de cristal, comme tout le monde.
Après tout, pourquoi je ne m’embarquerais pas dans une histoire dont je n’ai pas spécialement envie de connaître la fin ?
Pourquoi je n’essayerais pas ?
Je n’ai rien à perdre, je l’ai déjà écrit.
Nous ne sommes pas amis et ne serons jamais amis.
Nous n’avons pas passé sept mois à nous aimer en silence, en regards et en sourires.
Je ne suis pas passionnément attachée à lui, et il pourrait encore sortir de ma vie assez facilement, sans trop de douleurs…
Laisse-toi porter, me souffle le vent.
Il a sûrement raison.
Commentaires :
Re:
C'est impossible, et c'est ça qui fait qu'on est toujours un peu malheureux au fond.
Avec Elle, nous ne nous aimions pas du tout de la même façon. Et ça aurait pu durer encore longtemps.
Il n'était pas vraiment question d'amour lors de notre rupture.
Un tout petit peu forcément, mais ça aurait pu durer.
On nous a détruites. Notre histoire il fallait la reconstruire, il fallait repartir à zéro.
Je pense que mon amour aurait été assez fort, mais je n'avais plus le courage.
Et je ne crois pas que ça ait un rapport avec le fait que je crois en la fidélité.
Justement.
Si je l'ai quittée, c'est parce que je me mettais à penser à un autre, en lequel je voyais soulagement, liberté, fin des problèmes, soleil. Je l'ai quittée parce que je ne pouvais supporter l'idée de lui mentir.
J'ai dû lui mentir trois jours, en allant la voir tout en pensant à lui, et je me suis détestée ces trois jours là, je me suis haïe.
Alors je l'ai quittée.
Je préfèrerais qu'on me quitte avant d'avoir sauté le pas, plutôt qu'on me mente à longueur de journée.
Si tu ne connais pas vraiment mon histoire, c'est difficile de me parler d'Elle et de mon comportement, lorsque je compare les faits actuels et ceux du passé. Lorsque je parle du passé.
Mais merci de ton passage ;)
trouver sa voix
Allez bon vent de sentiments, ça va le faire t'inquiète.
Re: trouver sa voix
Pour ce qui est de me comprendre et de m'apprivoiser, c'est bien vrai...
J'en ai appris de ces choses sur moi depuis que j'écris...
;)
Merci
Re: trouver sa voix
Allez bon week-end Lucky ;-)
Re:
C'est juste là... J'avais besoin de cadres, besoin de vous faire un peu râler ;)
Je ne fais qu'observer mon entourage ;)
Re:
Re:
En fait, j'adore les défauts tout court.
Mais à moi ça me fait plaisir... "la force de mon talent"...
Chouette :)
Re:
Re:
Re:
Mais ... merci ;)
Bon week-end !
Re:
Re:
Re:
Re:
Drôle de distorsion. C'est anormal. La doc est un métier féminin de fait (je dis pas que j'approuve).
Je vous ai lu à propos de Linda... j'en reste encore bouversée.
Re:
Je ne m'en remets pas.
Ça me hante.
Et dès que j'entends le début d'une chanson de Lynda Lemay, les larmes me montent aux yeux et une boule se forme dans ma gorge. C'est idiot, c'était juste un surnom... Et pourtant.
Vous êtes une femme ou un homme ?
aucun rapport : avez -vous jeté un coup d'oeil à mon blog de dessins (ici) ?
Re:
Je connaissais votre autre blog avant même celui-ci. c'est même le bonnet péruvien qui m'a amené ici.
Votre autre question est embarasante. Je suis un homme mais avec la particularité d'être androgyne. C'est un peu complexe mais ça n'existe pas que dans les livres et il ne faut pas confondre cette situation avec d'autres choses. dsl
Re:
On trouve le chapeau par le joueb, mais pas le contraire..
Puis-je vous demander comment vous avez fait ?
Et euh sinon, je ne comprends pas bien... Pourquoi confondrais-je avec d'autres choses?
Avec la particularité ? C'est un choix ?
Re:
Ne vous inquiètez pas. C'est mon métier de recouper l'info. Normal donc que je vous retrouve même s'il y a une énorme part de hasard mais avec un peu de perspicacité, c'est facile.
Pour ma part, je n'ai pas compris votre remarque sur "c'est un choix". On ne choisit pas les attributs physiques avec lesquels on nait.
Re:
Et sinon, non bien sûr...
Pourquoi vous excusiez-vous tout à l'heure ?
Re:
Re:
Re:
vous tapez quoi par exemple ? (si ça vous embête j'arrête tout de suite, je sais combien je peux être embêtante avec mes questions)
Re:
Re:
Et pourquoi vouliez vous me retrouver ?
Et pourquoi le blog de gidiot07 est-il une faille ?
Re:
Re:
Re:
Je ne triche pas. Je n'aime pas vraiment jouer. Et je déteste le mensonge.
Tout ce que je dis ici est complètement vrai.
Re:
Re:
Mais.. je ne veux pas abandonner à cause de la paranoia...
Je suis trop bien ici, et je suis incapable de raconter autre chose que la vérité.
Je me suis toujours donnée toute nue, toute crue, les yeux fermés.
Ça m'a parfois joué des tours... mais j'ai une confiance aveugle en l'humanité.
Et on ne me changera pas. Enfin j'espère !!
chaussettes
En outre et pour en revenir aux chaussettes, j'aimerais avoir celles de baladur qui parait il ne porte que des chaussettes rouges en soie, provenant du Vatican.
et j'espère que tu apprendras à regarder les gens,
et parmis les gens bien, tu trouveras quelqu'un qui pourras être ton accolyte.
Je crois qu'il vaut mieux chercher un accolyte, plutôt qu'un prince charmant.
Re:
Je ne les regarde pas déjà ?
Tu sais, malgré les surnoms que j'ai pu donner, je n'ai jamais cherché de prince charmant.
Re:
Mais je l'ai lu un peu sur le ton de "tu ne sais pas regarder les gens" alors j'ai eu peur ;)
Re:
J'en suis toujours à l'étape "excusez moi d'exister"
C’est triste le début, avec ce souvenir qui devient mauvais et qui oublie ses bons côtés :(
c’est dommage surtout.
Je prends en route l’histoire là, et oui c’est un beau bordel sinon ! mais bien écrit.
Un truc bizarre : tu parles d’une personne au début que t’as aimé puis quitté (là où tu dis que t’as des remords) et après tu dis : « Je crois en l’amour, en la fidélité.
Mais peut-être suis-je la seule sur cette terre à y croire encore… »
Pourtant tu as quitté celle que tu aimais non ? et tu continue de croire quand même à la fidélité ? tu crois ce qui t’arrange en fait ;)
Pour l’amour sinon, faut juste savoir ce que l’autre met dans ce terme, et s’assurer que vous avez la même conception.
Car ce n’est qu’un mot après tout.
et chacun l’écrit, le vit, à sa façon.