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Un homme heureux
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Un jour un psy m'a dit que j'avais 25 ans dans ma tête et que c'était dommage que la police (et pas que la police d'ailleurs) ne tienne pas compte de l'âge mental. Je pense que ça m'aurait évité bien des soucis.

Hier j’ai fini de lire ce livre que j’avais acheté à la gare Montparnasse, Un miracle en équilibre. Le personnage d’Eva, la narratrice, évolue tout en écrivant, elle se rend compte de tas de choses, et son écriture est un peu comme sa psychanalyse.

Je sais très bien que c’est exactement la même chose pour moi.

Un jour je suis allée voir un psychiatre. Un homme formidable, d’une intelligence incomparable, dont le travail avec ses patients se basait sur leurs rêves.

C’est bien sûr de lui que je tiens cette passion des rêves et c’est surtout grâce à lui que tous les matins je me souviens de ce dont j’ai rêvé, et que j’ai le réflexe d’attraper mon petit carnet Moleskine et de noter les bribes inconscientes, insolites et passionnées qu’il me reste à mon réveil.

J’aimais bien aller le voir. Le décor de son cabinet était assez particulier. Cela aurait pu être une annexe de la maison de la famille Addams. Je me disais que si un jour je devenais réalisatrice de films, je voudrais tourner une scène dans cet endroit.

C’était agréable donc d’aller le voir avant le cours d’anglais du vendredi après-midi, mais tout le soutien dont j’avais besoin, je ne le trouvais pas chez lui.

Je le trouvais d’abord dans les mots et dans le comportement qu’avait ma maman d’adoption à mon égard et dans celui de mes amis, et ensuite je le trouvais en moi, dans la force qui malgré moi me poussait à m’en sortir, de toutes façons.

Ainsi je pense que même si un jour je suis désespérée au point de n’avoir plus rien qui me raccroche à la vie, je ne me suiciderai pas.

D’ailleurs je crois qu’il est impossible qu’il m’arrive un jour de n’avoir plus rien qui me raccroche à la vie.
Je ne suis pas forcément optimiste mais j'aime la vie.

Pourtant je sais déjà que je ne serai jamais heureuse.
Même si je réussis à faire ma vie avec le Prince, dans lequel sont pour l'instant concentrées toutes mes envies de futur, je sais que je ne serai pas heureuse.
Je pense que je ne peux pas être vraiment comblée.

Il me manquera toujours quelque chose, je le sais. Même si je suis avec lui, même s’il m’arrive tout ce que je souhaite.

Car ce qui me rend avant tout heureuse c’est de rendre les autres heureux.

Ainsi je voudrais rester avec Elle et lui redonner de l’espoir en l’aimant de tout mon cœur, je voudrais épouser et avoir des enfants avec mon ancien prof d’escrime qui approche de la quarantaine et qui rêve de fonder une famille, je voudrais enlever Sylvaine de cette vie de couple minable dans laquelle elle s’est enlisée et lui faire découvrir ce que c’est vraiment l’amour, et enfin, si possible, je voudrais rendre heureux le Prince de mes rêves en l’aimant et en lui proposant de changer d’air, d’être son nouvel oxygène, d’être sa nouvelle raison de vivre, en le chouchoutant, en lui faisant aimer la vie.

Alors bien sûr maintenant c’est lui que j’aime. Alors c’est cette dernière solution qui me rendrait la plus heureuse.

Mais au fond je ne le serai pas vraiment, sachant que les trois autres sont toujours dans leur situation.

Coincés.

Peut-être penserez vous que je me prends pour le nombril du monde, pour superwoman, qui se sent capable de rendre heureux tous ceux qui ne le sont pas, mais ce n’est pas ça. Vraiment pas. Et si vous pensez ça c’est que vous ne me connaissez vraiment pas bien.

Je ferai tout, toujours, pour faire que mes rêves deviennent réalité.

J’ai toujours été comme cela, et c’est pour ça que je m’accroche pareillement au Prince. Parce que je sais que ce n’est pas impossible.

Rien n’est vraiment impossible au fond.

Je sais que ça va être dur. Que déjà s’il refuse quand je lui propose d’aller lui acheter ses cigarettes, je n’imagine même pas ce que ce sera quand je lui proposerai de dormir avec moi.
Mais je m’égare déjà. Déjà je pars dans mes rêves.

Et c’est ma plus grande qualité et mon plus grand défaut.

Je crois que j’ai la chance, à 17 ans, d’être relativement en accord avec moi-même, de me connaître déjà un peu, tout en sachant que rien n’est acquis et qu’il me reste des milliers d’étapes à franchir.

Je vous assure qu’Elle m’a déjà donné beaucoup beaucoup de choses.
J’ai d’ailleurs l’impression que personne ne m’aimera jamais comme Elle m’a aimée.
Elle me disait qu’après Elle, je mettrai la barre super haut pour les autres.
Forcément. Elle m’a fait connaître l’Amour avec un grand A.
L’amour que, peut-être, on ne connaît qu’une fois.

Cela n’a pas duré assez longtemps, on ne nous a pas permis de choisir d’arrêter ou non. On a appuyé pour nous sur le bouton pause. On a pas pu continuer notre histoire, ensemble, seulement toutes les deux.
Notre intimité a été violée par des yeux armés de sales intentions. Elle a été dévoilée aux yeux de tous.
Plus de secrets.

Et tout reconstruire.

Se reconstruire, entièrement.

Quand ils croient tous te connaître, ils croient tous que tu n’es qu’une enfant et que c’est évident qu’il faut décider à ta place.

Je savais très bien ce que je faisais. Et Elle aussi.

Je ne regretterai jamais d’avoir eu cette première histoire avec Elle.
Je ne regretterai jamais de m’être donnée à Elle, de lui avoir offert mon corps vierge.
De m’être littéralement abandonnée à Elle.
Ils ont cru qu’Elle m’avait pris comme une pâte informe, malléable, dont on fait ce qu’on veut.
Mais bien que j’aimais m’abandonner à Elle, je contrôlais toujours la situation.
Et même si ces derniers mois n’ont pas été à la hauteur de ce que j’esperais, sans que je m'en rende vraiment compte, je ne regrette rien.

Toutes ces heures d’amour, de partage. Tout cela est à moi, en moi, et fait partie de mon histoire.

J’ai décidé de passer à autre chose.
D’aimer quelqu’un d’autre. D’effacer nos projets pour leur en substituer d’autres.

Et de me remettre en question.

Je crois également avoir la chance d’être capable de me remettre en question et d’accepter d’avoir tort.
J’ai plein plein de défauts, je peux être très chiante car trop têtue et trop passionnée.
Mais je me connais, je sais qui je suis, je ne me suis jamais trahie.

Et je crois bien que je m’accepte telle que je suis. Je ne vais pas dire que je m’aime, mais en tout cas je me respecte.

Je ne sais pas de quoi seront faites les années que je m’apprête à vivre. Je n’ai pas de boule de cristal.

Je suis un peu fataliste dans l’âme des fois, je me dis très souvent que si quelque chose est arrivé c’est parce que c’était écrit.
Mais parfois cette théorie ne me convient pas alors j’en change.

Je ne me détermine pas comme étant catholique, protestante, ou un de ces termes qui cherchent à te coincer dans une case pour toujours.

Je crois que je suis croyante. C’est-à-dire que je crois en la vie, en l’amour.

Je sais que le bonheur existe, et que même si je ne serai jamais vraiment heureuse, jamais vraiment comblée, il m’arrivera de le rencontrer et d’en profiter.

Je pense que le bonheur n’est pas quelque chose de durable.

Il est un peu la carotte qui nous fait avancer.
Il est le sucre qu’on nous lance quand on a bien travaillé, ou pas d’ailleurs.

Le bonheur n’est pas que ce sucre. J’aime beaucoup d'ailleurs les propos sur le bonheur d’Alain qui disent que le bonheur s’atteint en travaillant, que le bonheur est une victoire.
Que la formule du bonheur est : action travail victoire.

Le mot travail m’énerve un peu en ce moment, mais je pense que c’est légitime. Il ne signifie pas uniquement ces heures qu’on passe à tenter d’apprendre un cours idiot qu’on va retenir une journée et qu’on oubliera pour le restant de nos jours.

Le travail n’est pas propre au bac. Le travail n’est pas forcément rémunéré.

Le travail c’est aussi ce que je suis en train de faire, d’écrire, de me soigner moi-même, de me faire du bien sans faire de mal aux autres (juste au clavier qui est né pour être frappé, c’est comme ça, on est victime ou on l’est pas).

Le travail est avant tout un enrichissement personnel. C’est quelque chose qui t’épanouit. Sinon c’est une contrainte.

D’ailleurs dans ma tête le mot travail et le mot contrainte sont trop assimilés à la même chose. Il faut que ça change.

Donc si je reprends la formule d’Alain, je veux transformer le mot travail. Ou du moins lui rendre sa juste signification.

Le mot est action est parfait, et le mot victoire aussi, car le mot bonheur aurait été trop fort. La victoire a cette idée de court terme. Une victoire. Quelques instants de bonheur. Puis à nouveau l’effort de vaincre une nouvelle fois.

Souvent je dis que je suis heureuse. Car c’est vrai. Les mots des gens que j’aime, d’ailleurs le simple fait de les voir, me rend sincèrement heureuse.

C’est en surface bien sûr, mais il y a aussi des rayons de ce bonheur qui ne font pas que se refléter à la surface de "mon eau", ils arrivent à pénétrer dans les profondeurs de mon moi et à y apporter de la joie.

Il ne sera pas possible de tout illuminer, mais ces quelques rayons me suffisent.

Pourvu que mon Prince fumeur sourie de tout son cœur.

Son sourire est le plus beau du monde.

Et même lorsqu’il n’était qu’un prof de maths un peu alcoolique et carrément tête en l’air, je savais déjà que son sourire était le plus beau du monde.

Je me souviens du dernier jour, du dernier cours de maths de toute ma vie.

Les autres de la classe jouaient aux cartes ou dessinaient sur le tableau, et moi je m’étais mise en face de lui, et il m’avait parlé de lui. Juste un peu.

Je me souviens qu’une des filles avait vu ses initiales sur son cahier.

J-C.

Elles lui avaient demandé :
- J-C c’est pour Jean-Charles ?
et j’avais répondu :
- Jean-Christophe.
Il avait sourit et m’avait dit :
-tu le savais déjà, non ?

Peut-être connaissait-il mon histoire avec Elle.

Les profs qui connaissaient la raison de Son départ et de ma tristesse, qui savaient quelle était l’origine de mes relations avec Elle avaient l’habitude que je connaisse leurs prénoms. Parce que forcément, quand moi je Lui parlais de mes amis, Elle me parlait de ses collègues.
Alors je mémorisais les prénoms des profs comme Elle mémorisait les noms de famille des élèves.

Alors j’avais hoché la tête en lui souriant.

Il m’avait parlé de ses enfants. De sa maison à la campagne. De ses animaux. De son chien qui s’était échappé de la maison, et avait traversé le village pour aller voir les enfants à l’école.

Il devait déjà être bien malheureux.

Parfois quand nous avions cours à 10h le lundi, il sentait l’alcool à plein nez.
Quand il se mettait derrière moi, les bras de chaque côté de mes épaules, son torse penché sur mon dos pour m'expliquer quelque chose sur l'ordinateur, je le sentais.

En y repensant je me dis que je me serais évanouie plus d'une fois l'année dernière si j'avais les sentiments que j'ai aujourd'hui pour lui.


Il m’attendrissait. Il était beau avec son pull blanc, son crâne dégarni, ses quelques petits cheveux restants qui avaient l’air si doux.

Je me souviens de la première phrase qu’il m’a dite.

C’était notre premier cours avec lui.

Il avait prévu qu’on travaille sur les ordinateurs mais ceux-ci étaient en panne.

Comme il n’avait rien prévu d’autre, il nous avait dit que nous pouvions faire ce que nous voulions en restant bien entendu dans la salle. Discuter, travailler, dessiner.

Il s’était assis sur le coin de ma table, avait ouvert mon agenda et en voyant mon nom et mon prénom m’avait dit « Oh toi tu as eu Mme J l’année dernière ! ».

J’ai éclaté de rire. Mme J était la prof de maths que j’avais eu en 2de, et qui me détestait. J’étais l’élève la plus nulle en maths, j’avais toujours entre 0 et 3 à toutes les interrogations. Il avait donc dû beaucoup entendre parler de moi. Mais pas en bien.

Il avait sourit.

Je le voyais bien qu’il allait mal. Son mariage était en train de foutre le camp. Sa femme lui laissait tout le temps les enfants et sortait. Il n’avait plus un moment pour lui.

Il prenait donc le rôle du père et de la mère, ne pouvant plus être le papa poule qu'il était avant mais se devant de se faire obéir et d’être donc plus sévère.

Je crois que ses enfants sont sans aucun doute ce qu’il a de plus cher.

Cela se voit bien à la façon qu’il a de caresser la tête de son fils de huit ans.

S’il se mettait à parler à chaque fois qu’il fait ça je pense qu’il dirait quelque chose comme « ah mon ptit bonhomme on se ressemble tous les deux, je suis désolé d’avoir été obligé de te faire tant souffrir, tu es la plus belle chose qui me soit arrivé. Je t’aime tant ».

En tout cas c’est ce que je lis dans son regard quand il a ce geste affectueux à l’égard de son petit garçon.

Ce petit a quelque chose de brisé dans le regard. Cela me saute aux yeux à chaque fois que je le vois.

Comment j'te le chouchouterais moi...

Ses enfants je les aime déjà, je les aime aussi sincèrement que je l’aime lui.

Et je sais que ça ne changerait pas si j’étais avec lui, parce que je ne cherche pas à être l’unique lumière de ses yeux. Je sais que cette place est déjà prise par eux. Je ne cherche pas à avoir une place. Mais juste un peu d’importance à ses yeux. Et encore…

Non ce que je veux, avant tout, c’est qu’il soit heureux. Mais avec moi ce serait encore mieux.

Ecrit par inconsciente, le Dimanche 17 Juin 2007, 20:40 dans la rubrique Aujourd'hui.

Commentaires :

ninoutita
ninoutita
17-06-07 à 22:49

J'ai lu d'une traite.
Tu es un peu une superwoman n'empêche. Une superwoman avec la cape en moins.

 
inconsciente
inconsciente
18-06-07 à 21:51

Re:

Et lui un prince sans couronne et sans cheval blanc :)

j'adore cette photo de ton cou

je ne sais pas pourquoi

qu'est-ce que je n'adore pas chez toi, d'ailleurs ?

 
Garfu
Garfu
17-06-07 à 23:05


Tu veux rendre les gens heureux, ça se sent et ça se voit. Tu n'es peut-être pas superwoman mais tu arrives à faire connaitre ce qu'est le bonheur. Peut-être que tu ne t'en rend pas compte, mais chacun de tes mots, de tes attentions, de tes autocollants ou autres compiles contribue au bonheur, même bref, des personnes que tu aimes.
Tu respires la générosité et c'est ça qui fait ta force et qui fait de toi quelqu'un de génial !

Et puis tu sais, quand je ne pouvais rien dire pour Elle et toi, mais que certaines personnes se doutaient de quelque chose comme Lisa par exemple je lui avais dis un truc du genre: "Ce que je peux te dire c'est qu'elle est Amoureuse, qu'elle Aime quelqu'un avec un grand A et je te souhaite (et me souhaite aussi) de connaitre rien qu'un dixième de ce qu'elle connait actuellement. A ce moment là, on pourra se dire qu'on n'a pas gacher sa vie" et elle m'avais répondu "Ouuuuaahhhhh". Tu as eu la chance de connaitre cet amour, et tu auras la chance de le connaitre plusieurs fois ! Parce que tu donnes tellement qu'on est obligé de te le rendre ... Ton prince n'est pas vraiment expressif mais il te le rendra un jour ou un autre, à sa manière ;)

 
aphone
aphone
17-06-07 à 23:07

Hey, j'ai eu l'impression d'être toi et c'était cool =)

 
inconsciente
inconsciente
18-06-07 à 21:54

Re:

Ah oui ??
Faudra que tu me racontes ça !
J'étais super contente de te rencontrer en tout cas...
ça m'a fait très plaisir !
dommage que ça ait été si court...

Mais on recommencera !!

 
aphone
aphone
21-06-07 à 18:28

Re:

Y'a pas de problème pour qu'on se revoit.

Bah tu sais, quand tu lis un roman, tu t'identifies au personnage, et du coup t'as l'impression de pénétrer en lui, d'être lui, de vivre tout ce qu'il vit, et c'est ça que j'adore dans la lecture.
C'est ce que ça me fait en te lisant, j'adore ce style "roman" ^^

 
inconsciente
inconsciente
18-06-07 à 21:57

Re:

Où es-tu passé ?
Que t'es-t-il arrivé ?
Pourquoi avoir effacé tous tes articles ?

En tout cas merci pour ce commentaire et pour tes compliments

je suis contente de te connaître

 
Mandragore
Mandragore
19-06-07 à 15:32

Superbe


 
inconsciente
inconsciente
19-06-07 à 15:39

Re:

merci :)
je ne pensais pas que me raconter aussi personnellement et aussi profondément vous plairait autant
je pensais même que je n'aurais aucun commentaires...

finalement tant mieux
à écrire on se fait du bien
et les autres qui nous répondent nous font encore plus de bien

merci