Je suis allée au Havre cet après-midi pour m’inscrire à l’IUT.
J’ai repéré une petite annonce. Un appartement pour deux.
À 150 m de l’université.
J’ai noté le numéro de portable.
Ce serait peut-être bien pour Garfu et moi.
Si nos parents arrivent à s’entendre.
Si mon père se rentre dans le crâne qu’un appartement ne coûte pas au maximum 150 euros mais plutôt 250 au minimum.

Encore un truc qui va me prendre la tête.
Il y a quelques jours je me réjouissais d’habiter pendant au moins deux ans avec Garfu, de partager mon quotidien avec elle.
Maintenant cela ne semble plus sûr du tout.

Je ne veux plus parler de ça, ça me ronge et m’exaspère.

J’ai fait un super rêve cette nuit.
De lui encore, évidemment.
Et de ses enfants.
À la fin on formait une véritable petite famille.

J'ai cette image de faire-part de naissance dans la tête.
Avec lui, moi, sa fille, son fils, et un petit bébé qui serait à nous quatre au milieu.

Faut que j'arrête de rêver si loin.

Hier je lui ai écrit ça
« j'ai d'immenses élans de tendresse envers vous qui
vont même jusqu'à me bouleverser moi-même.
mais c'est un bouleversement positif.
qui me fait sentir que j'ai bien un coeur, même si
souvent il déborde. »
Mais j’ai ensuite envoyé un autre mail car le ciel était orange et l’air d’une divine douceur et je voulais partager ça avec lui.
C’est donc à ce mail qu’il a répondu et pas à l’autre, nettement plus gênant…

Effectivement, la douceur orangée est très jolie.
On dirait un fond d'écran Apple.

Qu’est-ce que je l’aime…

Ce que je me dis c’est que pour l’instant il n’y a rien de négatif.
Pas de refus, rien. Juste un peu de gêne.
Mais ça c’est normal.

Il ne me connaît pas bien et je flatte son égo à longueur de mails et de journées.
Je lui dis qu’il est mignon, qu’il est gentil, qu’il me fait du bien, qu’il me manque…
Et puis j’imagine que cela fait déjà un certain temps qu’il n’a pas reçu autant d’amour d’un seul coup.

Il n’est pas vraiment beau aux yeux des autres, mais dans mes yeux, les yeux de l’amour, il est l’homme le plus beau de la terre.

D’ailleurs cela faisait des années que je ne m’étais pas intéressée à un homme.

Mes yeux se sont totalement fermés. Je n’ai d’yeux que pour lui.
Je m’en rends compte quand je suis dans la rue.
Et même quand je pense à d’autres gens.
J’ai l’impression que je n’existe plus qu’exclusivement, uniquement, pour lui.
Je ne regarde plus personne.
Je me force à écrire aux autres pour leur dire que je pense à eux parce que bien sûr je les aime aussi, bien que différemment.

Mais je voudrais ne vivre que de l’amour que j’ai pour lui.
Et c’est un peu ce que je fais.

Mais ne me dites pas Fais gaffe, ne t’enferme pas dans cet amour, ne t’isole pas complètement du reste du monde, s’il ne veut pas de toi tu vas être à ramasser à la petite cuillière.

Ne me le dites pas parce que je le sais déjà.
Et parce que c’est trop tard.

Je sais bien que tous les instants que je vais vivre vont être gâchés par son absence, par le point d’interrogation qu’il y a sur notre éventuelle histoire.

Je vais partir en vacances mais comme d’habitude je vais préférer rester sur ma serviette à lire mon magazine et à rêvasser silencieusement plutôt que d’aller à la rencontre de personnes de mon âge qui, soit dit en passant, ne m’intéressent pas.

C’est horrible à 17 ans d’être coincée entre ses deux parents sur une plage venteuse.

Je n’aime pas faire la fête. Je n’aime pas boire. Je n’ai aucune envie de draguer puisque premièrement je suis laide comme un pou, et deuxièmement parce que le seul qui m’intéresse n’est pas un homme que l’on drague.

Je suis une emmerdeuse dont le cœur est trop gros, je ne peux rien faire si ce n’est pas dans l’affectivité.
Par exemple quand je suis allée me présenter à Lannion, les deux types qui me questionnaient n’en avaient rien à foutre de ce qu’il pouvait bien avoir derrière ma poitrine, c’est à dire un immense cœur.
Alors que lorsque je suis allée au Havre, M. G, qui est fou de moi, je ne sais pas pour quelle raison -même Flavien que j’ai vu à la fête de la musique et qui vient de terminer son DUT m’a dit Je ne sais pas ce que tu as fait à M. G mais il est fou de toi…- s’est montré sensible à mes passions, à ce que je suis. Il m’a demandé de me présenter, de dire qui j’étais.

Ce que les bretons de Lannion n’ont pas du tout fait.

Alors voilà, je vois de l’amour et de l’affection partout, et quand il n’y en a pas, je suis malheureuse.
Je pense que je suis comme maman, et c’est pour ça qu’elle fait une merveilleuse professeur et que ses élèves l’adorent. Elle leur donne de l’amour en continu, elle est sans cesse dans l’affection, dans le partage. Et quand un élève lui fait une réflexion désobligeante, elle se sent mal. Elle se remet en question. Elle est merveilleuse de tendresse et de sincérité. Elle est tellement entière, elle se donne tellement, qu’avec elle on accroche à fond, ou alors on accroche pas du tout.

J’ai beaucoup de points communs avec maman. C’est d’ailleurs en partie pour cela que je l’appelle maman et qu’elle dit que je suis sa fille.
D’ailleurs cela m’est arrivé de nombreuses fois d’être interpellée par ses élèves de 6ème ou de 2de qui voulaient savoir si j’étais vraiment sa fille.

En parlant d’affection, j’ai eu le bonheur de recevoir mon dossier scolaire lundi lorsque je suis allée chercher mes notes du bac, et j’ai pu lire les appréciations de certains de mes profs. D’ailleurs il faut que je dispute mon prince d’amour car il n’y a pas son appréciation… Et j’ai donc pu lire les quelques mots qu’adresse à mon égard ma prof de sport adorée que je surnomme La sirène.
Et elle a écrit qu’elle me regrettait déjà, que j’étais motivée, agréable, et surtout bien plus que tout cela…
Je pense qu’elle a écrit ça aussi en réponse à ma lettre d’adieu sur laquelle j’ai écrit à son intention À Carole V. qui m’a appris bien plus que nager et courir…

Cette prof est une petite merveille.

Elle a de grands yeux bleus, un sourire adorable, un petit visage charmant. Quand j’ai rencontré Sylvaine elle me faisait penser à quelqu’un, quand j’ai à nouveau eu cours avec la sirène je me suis fait la même réflexion puis c’est en entendant sa voix que j’ai compris que c’était Sylvaine que je retrouvais en elle.

Elle était mon bonheur du lundi.

Le dernier jour de cours, le 1er juin dernier, elle m’a dit qu’elle ne voulait surtout pas me perdre de vue.
Ensuite elle m’a demandé si j’aimais manger chinois, j’ai répondu que oui et elle a dit qu’on irait ensemble au restau, et puis aussi que j’étais la bienvenue chez elle pour passer le week-end, qu’il y avait un train à côté de chez elle –elle habite à la campagne- et qu’il fallait absolument que je vienne la voir.

Vous hallucinerez peut-être de voir quelles sont les relations que nous entretenons avec nos professeurs dans notre lycée. Je n’ai jamais connu autre chose alors je ne peux pas comparer mais je crois qu’on a de la chance.

Je crois que j’ai de la chance.

D’ailleurs si je n’avais pas rencontré Maman, Nadège et la sirène, je ne sais pas ce que je serais aujourd'hui.


J’ai écrit un mail au prince et lui ai demandé s’il voulait bien qu’on déjeune ensemble un prochain midi.

Il me fait rire. Il est drôle. Sensible. Beau. Il me plaît.
Il est charmant.

Normal pour un prince.

J’ai tout laissé pour ton sourire
Même si dedans j’vois pas l’avenir
Mais t’es le prince
Le prince paumé
Le prince charmant
Que j’attendais
T’as pas d’château
Pas de carosse
Moi j’suis pas belle
Toi t’as plein de bosses
Mais à nous deux
P’t’êt’ qu’on pourrait
Se soigner
Se cajoler
Et pourquoi pas s’aimer
Car moi je t’aime déjà