30/07 - Summer in the city
Après une journée passée à la plage, entre ma serviette bariolée et la mer trop salée, entre Amour, Prozac et autres curiosités… et le vent breton épuisant, nous sommes remontés à l’appartement (cinq étages sans ascenseur, cuisses d’acier le retour, n’est-ce pas Garfu ?).
Comme c’est lundi, je me suis dit que j’allais enfiler un jean (tous mes membres étaient à la fois brûlants de coups de soleil et congelés par le vent) et ressortir acheter le nouveau ELLE.
J’ai donc enfilé mon pull marin à col camionneur, ai remis mes lunettes de soleil et suis ressortie dans la douceur du début de soirée. Toute seule. Tranquille.
Mon portable dans ma poche droite.
Je lui avais envoyé un nouveau sms dans l’après-midi.
En fait j’en étais venue à la conclusion que mon précédent sms ne suggérait aucune réponse, étant profondément affectueux et tendre il ne méritait qu’un éventuel merci mais comme il me remercie presque à chaque mail, il en avait peut-être marre.
Alors je me suis dit que j’allais en écrire un autre, comme si de rien était. Naturellement.
Il fait très beau aujourd’hui. Je suis à la plage avec ma sœur. Un petit garçon joue au golf avec un club en plastique. Je t’ai trouvé une super carte que je t’envoie demain ! Bonne fin de journée mon Prince !
Je marchais tranquillement dans les rues. Espérant secrètement qu’il allait appeler.
J’entre dans la maison de la presse dans laquelle je me rends depuis que j’ai l’âge de m’intéresser aux magazines (c’est-à-dire très très longtemps).
J’écoute Joe Cocker à fond, écouteurs vissés sur mes oreilles.
J’ai l’air d’un vieux loup de mer avec mon pull marin tout crado qui fait des plis partout et qui me fait tout sauf une silhouette gracieuse. Et puis ma peau cramée d’avoir passé la journée à voir le soleil miroiter dans l’eau.
Je tends le ELLE au vendeur.
J’enlève mes lunettes de soleil pour mieux voir son visage.
Cela fait longtemps que je l’ai vu.
Un an en fait.
J’étais venue à la maison de la presse l’été dernier durant la seule journée que nous avions passés, en touristes, à Saint-Malo.
Il me fixe bizarrement. J’imagine qu’il se dit c’est bien toi la gamine qui vient tous les jours pendant deux semaines chaque année depuis que tu sais marcher ?
Je ressors, remets mes lunettes de soleil, me bat avec mes tongs, et reprends le chemin habituel. Place du Pilori. Rue de Dinan. Rue de Broussais. Rue de Toulouse.
Je me tape les cinq étages.
Je vais directement dans ma chambre, je déchire l’emballage plastique qui recouvre mon ELLE, enlève mon pull et vais dans le salon, m’asseoir sur le canapé.
Mon père va dans la cuisine pour allumer le four et mettre la pizza dedans.
Ma sœur vient s’asseoir à côté de ma mère.
J’ai posé mon portable à côté de moi.
Soudain les premiers accords de All my Loving retentissent dans l’air, je regarde ma mère en ouvrant de grands yeux, vois le joli minois de mon Prince s’afficher sur l’écran de mon portable, étouffe un cri de surprise mêlé d’immense joie et cours dans ma chambre.
Il m’appelle, comme ça. J’ai un sourire scotché aux lèvres. Cette fois il ne m’appelle pas par hasard. Il a fait la démarche de chercher mon nom dans son répertoire et de m’appeler.
Il me demande comment je vais, s’il fait beau, ce que je fais. Je lui dis que je nage, que je dors, que je lis.
Il me dit que lui il n’aime pas trop lire. Je lui dis que j’avais cru comprendre. Il me dit qu’il n’aime pas lire, mais que par contre il adore lire mes messages. Je m’envole sur un nuage. Je lui demande si si un jour j’écris un livre, il le lira, il me répond que oui, évidemment.
Le nuage est propulsé 100 mètres de plus en l’air à la vitesse de la lumière.
Il me remercie pour mes messages, me dit qu’il a hâte de recevoir ma carte postale. Il me dit qu’il va aller au moins cinq fois au golf cette semaine, que pendant ce temps il ne pensera pas trop. Je me dis qu’il pense quand même à m’appeler et que je suis donc dans son quotidien même si je suis loin. Et que s’il m’appelle c’est que peut-être je lui fais vraiment du bien. Et qu’il a besoin de l’amour que je lui porte.
Il me dit qu’il va aller se faire à manger. Je lui demande ce qu’il va faire ce soir. Il me dit qu’il va sûrement regarder la télé et qu’il espère qu’une des chaînes va passer un bon film avec Michel Serrault en l’honneur de sa mort parce que sinon le programme de la soirée est assez médiocre. Je dis Ah oui c’est vrai… En entendant le nom de Michel Serrault associé au mot mort.
Je ne veux pas réaliser. C’était un acteur que j’adorais. Et que j’adorerai toujours. Un de mes acteurs préférés. Il me faisait penser à mon grand-père. Quand les gens qui meurent ne sont pas trop proches, il est assez facile de ne pas réaliser. Quand ça va me tomber dessus un de ces jours, je ne sais pas comment je vais réagir. Déjà que j’ai l’impression de voir Fredo à toutes les terrasses des cafés, que j’ai l’impression que je vais le croiser à chaque fois que je vais faire un tour en ville. Je n’accepte pas sa mort. Ce n’était pas possible. Pas lui. Pas Frédo l’invincible.
Il me dit que bon qu’il va me souhaiter une bonne soirée, qu’il me fait des bisous et qu’il me dit à bientôt. Je dis à toi aussi… Je raccroche en premier je crois.
En fait je voudrais ne jamais raccrocher.
Je voudrais qu’il soit toujours là.
Mais je suis sur un nuage alors ça va, je n’y pense pas trop.
J’ai bien fait d’envoyer ce sms.
Même ici, ça avance.
Et cet appel rehausse mes rêves.
Ils talonnent la réalité.
Quand je reviens dans le salon, mon père dit, de sa cuisine : c’était qui ? je réponds sur un ton énigmatique un ami… avec le sourire dans la voix.
Je retourne m’asseoir près de ma mère.
Elle se penche vers moi et me murmure À mon avis, il va pas te jeter comme une vieille chaussette…
Cette histoire est le nouveau feuilleton préféré de ma mère et de ma sœur…
Alors, la suite au prochain épisode… Je m’en vais retrouver mon nuage…
Comme c’est lundi, je me suis dit que j’allais enfiler un jean (tous mes membres étaient à la fois brûlants de coups de soleil et congelés par le vent) et ressortir acheter le nouveau ELLE.
J’ai donc enfilé mon pull marin à col camionneur, ai remis mes lunettes de soleil et suis ressortie dans la douceur du début de soirée. Toute seule. Tranquille.
Mon portable dans ma poche droite.
Je lui avais envoyé un nouveau sms dans l’après-midi.
En fait j’en étais venue à la conclusion que mon précédent sms ne suggérait aucune réponse, étant profondément affectueux et tendre il ne méritait qu’un éventuel merci mais comme il me remercie presque à chaque mail, il en avait peut-être marre.
Alors je me suis dit que j’allais en écrire un autre, comme si de rien était. Naturellement.
Il fait très beau aujourd’hui. Je suis à la plage avec ma sœur. Un petit garçon joue au golf avec un club en plastique. Je t’ai trouvé une super carte que je t’envoie demain ! Bonne fin de journée mon Prince !
Je marchais tranquillement dans les rues. Espérant secrètement qu’il allait appeler.
J’entre dans la maison de la presse dans laquelle je me rends depuis que j’ai l’âge de m’intéresser aux magazines (c’est-à-dire très très longtemps).
J’écoute Joe Cocker à fond, écouteurs vissés sur mes oreilles.
J’ai l’air d’un vieux loup de mer avec mon pull marin tout crado qui fait des plis partout et qui me fait tout sauf une silhouette gracieuse. Et puis ma peau cramée d’avoir passé la journée à voir le soleil miroiter dans l’eau.
Je tends le ELLE au vendeur.
J’enlève mes lunettes de soleil pour mieux voir son visage.
Cela fait longtemps que je l’ai vu.
Un an en fait.
J’étais venue à la maison de la presse l’été dernier durant la seule journée que nous avions passés, en touristes, à Saint-Malo.
Il me fixe bizarrement. J’imagine qu’il se dit c’est bien toi la gamine qui vient tous les jours pendant deux semaines chaque année depuis que tu sais marcher ?
Je ressors, remets mes lunettes de soleil, me bat avec mes tongs, et reprends le chemin habituel. Place du Pilori. Rue de Dinan. Rue de Broussais. Rue de Toulouse.
Je me tape les cinq étages.
Je vais directement dans ma chambre, je déchire l’emballage plastique qui recouvre mon ELLE, enlève mon pull et vais dans le salon, m’asseoir sur le canapé.
Mon père va dans la cuisine pour allumer le four et mettre la pizza dedans.
Ma sœur vient s’asseoir à côté de ma mère.
J’ai posé mon portable à côté de moi.
Soudain les premiers accords de All my Loving retentissent dans l’air, je regarde ma mère en ouvrant de grands yeux, vois le joli minois de mon Prince s’afficher sur l’écran de mon portable, étouffe un cri de surprise mêlé d’immense joie et cours dans ma chambre.
Il m’appelle, comme ça. J’ai un sourire scotché aux lèvres. Cette fois il ne m’appelle pas par hasard. Il a fait la démarche de chercher mon nom dans son répertoire et de m’appeler.
Il me demande comment je vais, s’il fait beau, ce que je fais. Je lui dis que je nage, que je dors, que je lis.
Il me dit que lui il n’aime pas trop lire. Je lui dis que j’avais cru comprendre. Il me dit qu’il n’aime pas lire, mais que par contre il adore lire mes messages. Je m’envole sur un nuage. Je lui demande si si un jour j’écris un livre, il le lira, il me répond que oui, évidemment.
Le nuage est propulsé 100 mètres de plus en l’air à la vitesse de la lumière.
Il me remercie pour mes messages, me dit qu’il a hâte de recevoir ma carte postale. Il me dit qu’il va aller au moins cinq fois au golf cette semaine, que pendant ce temps il ne pensera pas trop. Je me dis qu’il pense quand même à m’appeler et que je suis donc dans son quotidien même si je suis loin. Et que s’il m’appelle c’est que peut-être je lui fais vraiment du bien. Et qu’il a besoin de l’amour que je lui porte.
Il me dit qu’il va aller se faire à manger. Je lui demande ce qu’il va faire ce soir. Il me dit qu’il va sûrement regarder la télé et qu’il espère qu’une des chaînes va passer un bon film avec Michel Serrault en l’honneur de sa mort parce que sinon le programme de la soirée est assez médiocre. Je dis Ah oui c’est vrai… En entendant le nom de Michel Serrault associé au mot mort.
Je ne veux pas réaliser. C’était un acteur que j’adorais. Et que j’adorerai toujours. Un de mes acteurs préférés. Il me faisait penser à mon grand-père. Quand les gens qui meurent ne sont pas trop proches, il est assez facile de ne pas réaliser. Quand ça va me tomber dessus un de ces jours, je ne sais pas comment je vais réagir. Déjà que j’ai l’impression de voir Fredo à toutes les terrasses des cafés, que j’ai l’impression que je vais le croiser à chaque fois que je vais faire un tour en ville. Je n’accepte pas sa mort. Ce n’était pas possible. Pas lui. Pas Frédo l’invincible.
Il me dit que bon qu’il va me souhaiter une bonne soirée, qu’il me fait des bisous et qu’il me dit à bientôt. Je dis à toi aussi… Je raccroche en premier je crois.
En fait je voudrais ne jamais raccrocher.
Je voudrais qu’il soit toujours là.
Mais je suis sur un nuage alors ça va, je n’y pense pas trop.
J’ai bien fait d’envoyer ce sms.
Même ici, ça avance.
Et cet appel rehausse mes rêves.
Ils talonnent la réalité.
Quand je reviens dans le salon, mon père dit, de sa cuisine : c’était qui ? je réponds sur un ton énigmatique un ami… avec le sourire dans la voix.
Je retourne m’asseoir près de ma mère.
Elle se penche vers moi et me murmure À mon avis, il va pas te jeter comme une vieille chaussette…
Cette histoire est le nouveau feuilleton préféré de ma mère et de ma sœur…
Alors, la suite au prochain épisode… Je m’en vais retrouver mon nuage…
Ecrit par inconsciente, le Samedi 11 Août 2007, 15:32 dans la rubrique Vacances.