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31/07 - Clandestine
Évidemment je n’arrête pas de penser à lui.

Je repense aux cours de maman que j’écoutais, cachée dans le couloir, l’oreille collée contre la porte.
En Première, tous les mardis, j’avais une heure de libre entre 10h25 et 11h15, alors j’attendais que tous les élèves aient rejoint leurs classes et je montais, vers 10h35, tout au fond du couloir du deuxième étage, écouter les cours que maman donnait à ses Secondes.
Entendre sa voix. Son rire. Elle me manquait tellement.
Ce jour-là j’étais tombée sur mon cours préféré, celui qui m’avait terriblement passionné quand j’étais en Seconde. Qui m’avait sauvé d’ailleurs. Qui m’avait nourri intellectuellement. Que je relis sans arrêt dans mon vieux cahier bleu.
Ce cours sur le Surréalisme, sur l’inconscient, sur l’importance des rêves.
J’ai tenté l’expérience des cadavres exquis, et surtout des écritures automatiques qui me sont devenues vitales.
J’étais donc dans ce couloir, assise contre le mur blanc, l’oreille collée contre la porte verte, un sourire béat sur mes lèvres.
Maman disait
Y’a différents types de rêves, y’a ceux qu’on provoque, qu’on se crée le soir pour s’endormir...
Je me souviens du rire gras de Samuel.
Cette phrase m’avait rappelé une autre phrase qu’elle avait prononcée l’année d’avant.
Ceux qui ont déjà été amoureux savent que parfois on a envie d’aller rêver sur son lit, qu’on a besoin de rien pour être heureux, juste de rêver, de se créer des scénarios et de se concentrer dessus…
C’est exactement ce que je fais de toutes mes journées.
Je me dis qu’on va se revoir à mon retour et qu’il va certainement se passer quelque chose.

Alors j’imagine.

Son sourire. Ma main qui caresse sa joue. Un bras qui nous rapproche. Puis nos lèvres qui se joignent.
Suit une conversation.
Moi qui lui dit que je suis folle amoureuse de lui depuis des mois. Que j’ai l’ambition de le rendre heureux malgré le fait que ma vie va devenir un peu instable avec tous ces déplacements, déménagements, points d’interrogation sur l’avenir, mais que la seule chose qui est résolument stable et ancrée en moi est bien l’amour que j’ai pour lui.
Lui qui me dit qu’il ne sait pas. Que sa vie est déjà un beau bordel. Mais qu’après tout je lui fais du bien. Qu’il n’a rien à m’offrir. Que je suis jeune. Qu’il a peur. Que l’amour me rend sûrement aveugle. Qu’il n’est pas si bien que je le crois. Qu’il a trop de défauts, trop de souffrances.
Moi qui lutte pour lui faire entendre raison.
Et puis un autre baiser plein de tendresse.
Et puis l’obligation de partir, parce qu’il est l’heure.
Et donc finalement on en reste là, on ne sait pas.

Je me fourvoie peut-être. Sûrement.
Je n’en sais rien.

Je sais qu’il va me falloir beaucoup de volonté pour le convaincre.

Je sais que je vais avoir besoin de concentration durant les mois et les années qui vont arriver. M’enfin presque toutes les filles de mon âge ont des amoureux et ce n’est pas pour autant qu’elles ne s’en sortent pas dans leurs études.

Je me sentirais tellement plus libre avec lui.
En comparaison avec Elle je veux dire.

Et puis il aura toujours ce pied dans le monde que j’aime, dans ma deuxième famille.

Mais il ne faut pas que je m’imagine trop vite dans le futur, avec lui…
Ce n’est pas parce qu’il m’a appelé hier soir qu’il faut que fasse des plans sur la comète.

Je l’aime.
Mais j’ai peur.
Peur de l’IUT, du nouveau.
Peur de ne pas être à la hauteur de ses attentes.

Mais…
Mais si je n’étais qu’une élève juste un peu plus proche que les autres, une élève avec qui il est plaisant d’échanger quelques mails, m’aurait-il invité à boire un verre avec son fils ? M’aurait-il appelé hier juste comme ça, juste pour me remercier de mes sms ?
Je me plais à croire que non.

Mes messages sont tous remplis de tendresse, voire de déclarations plutôt explicites même si la phrase « je suis folle de toi depuis des mois » n’y figure pas.

S’il avait voulu mettre les choses au clair, il aurait mis un terme à nos échanges depuis longtemps.
Enfin je crois.

Je suis morte de trouille face à cet avenir inconnu.
Mais j’ai vraiment envie qu’il en fasse partie.
Qu’il soit mon ancre, ma bouée, qu’il soit le point fixe.
Et quitte à ce que ce soit réciproque, que l’on se prenne l’un pour le repère de l’autre.


Ecrit par inconsciente, le Samedi 11 Août 2007, 15:33 dans la rubrique Vacances.