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05/08 - Égoïsme aquatique
C’est fou comme je me sens égoïste lorsque je suis dans l’eau, en train de me baigner.
Au milieu de la piscine d’eau de mer, qui est vide à l’heure qu’il est, il doit être 21 heures passées.
Je fais la planche.
L’eau est d’un calme absolu.
Personne ne vient troubler sa tranquillité.
Ni la mienne.
Mes yeux contemplent l’immensité bleue du ciel.
Je pourrais rester là des heures, toute la vie même, si le froid ne m’atteignait jamais, si la faim et la soif ne prenaient jamais possession de mon corps.
Je pourrais rester là pour toujours.
C’est drôle, mais lorsque je suis dans mon lit pour m’endormir ou juste pour me reposer, je ne peux bien sûr pas empêcher mon esprit de cogiter.
Mais mes pensées sont motivées par le fait que dès que je vais me lever, il faudra que je les réalise, que je les mette en pratique, que j’agisse, d’une manière ou d’une autre.
Or, mes pensées aquatiques ne sont pas du même ordre.
Elles sont bien plus immenses, et plus importantes, elles ne s’attardent pas sur les détails. Elles sont profondes et futiles en même temps.
Elles sont grandioses.
Elles sont divines.
Elles sont créatrices.
Elles sont grandes, infinies.
Elles sont plus grandes encore que l’immensité du ciel, l’immensité de la mer.
Il n’y a plus que moi.
Mais il n’y a plus de lit, plus de sensations en trop, plus de voix qui empoisonnent le silence.
Il y a l’amour en moi.
Sur le ciel et avec mes yeux, j’écris Jean-Christophe.
J’imagine qu’il voit le même ciel que moi.
Et à travers ce bleu intense je lui dis que je l’aime.
Je pourrais me dire que je vais sortir de l’eau, prendre le premier train pour Paris et le rejoindre ensuite en prenant un train de banlieue qui me mènera à Rouen.
Mais cette idée, je la repousse.
Pas vraiment à plus tard, mais un peu comme si elle appartenait à une autre vie.
Comme si dès que je me trouvais dans l’eau, je commençais une autre vie.
Une vie de plénitude et de méditation. Une vie qui n’aurait pas besoin d’action(s).
Et ces pensées de midinette amoureuse sont presque de trop.
Je m’oblige presque à les avoir pour ne pas décrocher de ma vraie vie.
Parce que cet amour est la meilleure des choses qui vivent en moi en ce moment.
Ce pourquoi je vis depuis plusieurs mois.
Et qui m’embellit un peu la vie.
Mais dans cette eau, toute seule, tranquille, je me mets à ne penser qu’à moi.
Il n’y a plus que moi.
L’immensité m’appartient.
Les gens que j’aime sont très loin.
Le soleil couchant se reflète sur mon ventre humide.
L’eau est mon élément.
Je me sens bien, je me sens moi. Je me sens à la fois rien et tout.

Ecrit par inconsciente, le Samedi 11 Août 2007, 15:38 dans la rubrique Vacances.