C'est bizarre comme on croit maîtriser les réactions des gens alors qu'on ne les maîtrise pas du tout.

Je pensais par exemple qu'il y aurait des commentaires sur l'article qui parlait de mes retrouvailles avec le Prince...
Mais non. Rien.

Mes lecteurs seraient-ils tous barrés ?

Hier soir j'ai reçu un autre mail, j'ai dit des choses très touchantes, et j'en ai reçu en retour.
Je suis ensuite montée me coucher et j'ai reçu un texto.
De rien du tout, pas vraiment intéressant.
Mais le simple geste m'a ravie.
Et puis ce matin je suis allée consulter mes mails et j'ai vu que j'avais un nouveau mail.
Un petit rien aussi, mais un petit jeu de mot qui m'a enchantée.
Au lieu d'écrire Marie -il ne m'a jamais appelée Marie je crois, ou bien si mais lorsqu'il parle de moi à maman ou alors quand il m'avait comme élève et qu'il me disait de me taire- il a écrit mar(e)i(n)e.

Le reine me touche profondément mais le ma encore plus.

Nous sommes allés chez Conforama en début d'après-midi -après que ma tante soit venue chercher ma soeur pour nous l'enlever encore une dizaine de jours et ait fumé quelques Malboro-.
Nous avons juste repéré quelques trucs, un matelas et un sommier, une penderie/étagère, une armoire pour la salle de bains, ...

J'étais en train de contempler les petites armoires lorsque la radio a diffusé "Tout l'or des hommes" de Céline Dion.

J'ai murmuré Oh non...
Puis j'ai commencé à réciter les paroles, tout bas, tout doucement.

Réentendre cette chanson m'a foutu un sacré coup.

La dernière fois que je l'ai écoutée c'était lors du dernier cours d'expression-scénique de toute ma vie.
J'avais répété dans ma tête toute la journée les quelques mots que je voulais dire en introduction à l'écoute de cette chanson, le but étant de faire mes adieux à la troupe à travers une chanson, mais je n'ai pas pu prononcer plus d'une phrase correcte car mon corps s'est mis à être secoué par un torrent de larmes.
Des larmes amères et chaudes, douces et tristes.

J'étais inconsolable.

Je crois que je n'avais jamais pleuré comme cela. Pas d'une si profonde tristesse.

C'était terrible.

Je me souviens que j'entendais tous les autres de la troupe rire, et que même E. qui était alors à côté de moi n'a même pas daigné me consoler.
Ensuite Chloé est venue s'asseoir à côté de moi puis s'est mise dans mes bras, à pleurer toutes les larmes de son corps, et nous ne sommes redevenues deux personnes distinctes qu'une fois que l'ensemble de la troupe a été sorti de l'amphithéâtre.

La plupart des membres de la troupe ne m'ont jamais aimée.
Me voir dans cet état les a sans doute violemment indifférés, voire les a puissamment contentés.

Je pleurais pour la troupe, pour les souvenirs, pour le lycée, pour certains élèves, pour Christine, pour Nadège, pour ces gens que j'aime tant et qui restent là-bas.
Et surtout, je pleurais pour le Prince.

C'était terrible mais c'était cette pensée qui me refaisait couler des larmes à chaque fois, alors que les gouttes d'eau, qui s'étaient posées entre mes petits cils, étaient à peine évaporées.

Je ne m'attendais pas trop à me prendre ça sur la tête en allant chez Conforama et dans les miroirs des petites armoires, je voyais mes yeux rougis se gonfler d'eau.

Je n'ai pas eu de nouvelles de lui depuis 1h et demie du matin.

J'ai hâte qu'il m'appelle, qu'on aille prendre un verre, que je lui offre son pot de crème caramel beurre-salé, son bol avec son prénom peint dessus et le dernier CD que je lui ai fait.

Hâte de revoir son sourire.

Au rayon des oreillers, ma mère a dit "Il faudra qu'on te rachète un oreiller... D'ailleurs, on en achètera deux parce que..." et puis elle m'a lancé un petit regard en coin. Elle aussi elle y croit à fond.

Et ça m'enchante d'avoir un lit deux places.
Même si je suis seule à dormir dedans.

J'aurai plus de place pour mes rêves.