Je suis réveillé par un texto de ma mère.
Il y a du linge à étendre...

Je me vautre devant la télé pendant une petite heure.
Le muesli a mauvais goût. Maintenant que Rosa est partie.

Je monte actualiser ma page Yahoo mais rien.
J'étends le linge.
Je prends ma douche.
Il est midi. Il faut que j'aille prendre le métro si je veux être à l'heure au bureau de ma mère.
J'ai mis ma chemise rouge/orange avec des sortes de roues blanches dessinées dessus et mon short trop grand en jean.
Je suis plutôt de bonne humeur, contente de sortir.
Mais cela est de courte durée.
Je ramasse le courrier qui est dans le couloir.
Je me dis que je ne vais pas regarder, que ça n'a pas l'air très intéressant, mais je regarde quand même et là cinq mots me glacent le sang.

Tribunal de grande instance - Correctionnel

Une date. 04/10/2007

Je savais bien que ça allait me retomber dessus un jour ou l'autre, mais je ne pensais pas que la lettre arriverait avant qu'on parte en vacances.

Un énorme sanglot me secoue.
J'oublie de prendre mon parapluie, au cas où.
J'essaye de fermer la porte avec ma carte de métro.
Le soleil me brûle les yeux.
J'ai envie de me laisser tomber dans les bras de quelqu'un.
J'écris un message à maman pour lui dire.
Elle me répond alors que j'ai déjà traversé la Seine.
Courage marie. Il va bien falloir que cette histoire se termine
Elle a tout dit.
Cela me donne un peu de courage pour affronter ma mère dans un instant.

Dois-je lui dire ?
Si elle me demande ce qu'il y a au courrier je lui dirai.
Sinon je ne lui dis rien.

J'ai envie de m'enfuir.
Envie de disparaître.

C'est marrant mais à chaque fois que je dis haut et fort que je m'en suis sortie, on me refout la tête sous l'eau.
Mes relations avec mes parents se maintenaient plutôt. Étaient plutôt bonnes même.

J'en ai marre.
Vivement que cette histoire finisse.
Pas pour ne plus entendre parler d'Elle parce qu'Elle compte toujours pour moi et que j'aimerais ne jamais la perdre vraiment de vue.
Mais pour arrêter d'attendre que cela arrive.

J'ai l'impression de ne plus en faire partie.
Mais je n'en ai jamais fait partie.
Ce n'est pas moi qui ai porté plainte.
Pas moi qui ai tenu à ce qu'Elle souffre.
Moi je l'aimais. Je ne voulais pas qu'Elle souffre.
Je ne voulais pas non plus que mon père me demande de choisir entre lui et Elle.
Je ne voulais pas gâcher la vie de tout le monde, y compris la mienne.

Je sais que mes relations avec mes parents vont redevenir difficiles.
Ils vont lui en mettre plein la gueule et je ne l'accepterai pas.
Car même si je ne suis plus amoureuse d'Elle, j'aurai toujours des sentiments pour Elle.
Et je ne supporterai pas qu'ILS lui fassent encore du mal.
Je sais que ce procès va être horrible.
Qu'ILS vont encore lui dire des choses inhumaines.
L'accuser des pires vices.
Alors qu'Elle n'a fait que me rendre heureuse.

Cela me rend folle de repenser au fait qu'ILS ont mis leurs sales pattes dans notre histoire d'amour.
Qu'ILS ont tout détruit, tout piétiné.
Et que même le temps et le découragement ont réussi à user l'amour que je gardais pour Elle.

Je m'étais dit que j'allais aller voir Mme D. pour prendre un rdv de code pour la semaine prochaine mais là je me sens abbatue et je n'ai plus aucune force.

Ce n'est pourtant que la lettre.
Mais cela fait tout remonter à la surface.
Et cela me fait tellement mal.

Je répondais ce matin au commentaire d'Alberto en disant que le pardon faisait son chemin à l'intérieur de moi, et qu'il allait se faire naturellement, au fil des jours.
Mais je ne pensais pas que cette lettre allait à nouveau tout remettre en question ou presque, et me faire repartir à zéro.

Mes cervicales sont nouées.
Je n'ai plus envie de rien.
Sauf de m'écrouler dans les grands bras du Prince.
Mais je n'ai pas de nouvelles depuis dimanche.
J'en ai marre d'attendre.
Il est sûrement parti quelque part avec ses enfants, profiter du beau temps si on peut appeler ça comme ça.
Ou bien sa connexion ne fonctionne plus.

Hier je suis passée en voiture avec ma mère dans la rue où Elle gare habituellement sa voiture.
Au moment où je m'y attendais le moins, mes yeux se sont posés sur un coffre bleu sur lequel j'ai vu les autocollants habituels.
Nous sommes passées trop vite et je n'ai pas vu si Elle avait laissé le triskel.
Ce que je sais c'est qu'Elle est toujours ici.
Et qu'à l'heure qu'il est Elle doit être dans un état proche du mien, mais en puissance 10 000.

Je n'ai pas de doutes sur mes sentiments.
C'est déjà ça.

Mais pour tout le reste, je suis perdue.