Comme un ouragan
Et soudain tout va bien. On culpabiliserait presque de ressentir un peu de ce bonheur tant recherché, tant attendu, tant craint et tant espéré.
La semaine dernière j'étais dans les Yvelines, pour rendre visite à mon tout nouveau petit cousin, le fils de mon parrain Thomas.
Thomas est le deuxième petit-enfant sur les dix-sept que nous sommes.
Je suis la septième.
C'est idiot mais je ne vis pas cette naissance comme les autres.
Elle instaure une sorte de compétition. Et bien que sourde, elle est là.
Et puis cette naissance m'émeut, profondément.
Sans doute parce qu'elle a surgi dans la cellule de la famille dont je me sens la plus proche. Celle que mon oncle Philippe a créé.
J'ai donc retrouvé pour la énième fois la maison à la grille bleue, cette maison dans laquelle je me sens si bien. Et pas seulement parce que je sais Sylvaine si proche, non.
Le doux air des Yvelines me réconforte, m'apaise.
Plus que nul part ailleurs, je me sens chez moi, comprise.
Je me mets à songer à un éventuel retour ici, plus tard.
Quelques minutes après, ma tante me demande où j'aimerais vivre dans quelques années.
Je souris.
Ici.
J'aime cette bulle dans laquelle je m'enferme à chaque fois. Bulle de douceur, sans haine ni violence. Comme si ces mots et les sentiments qu'ils désignent avaient été bannis de cette maison, voire de cette région.
Les murs de chez Philippe transpirent la bonté, la bienveillance. C'est sidérant.
Sylvaine n'était pas disponible de la semaine, je ne pouvais venir la voir le soir à cause de son mari et de son mal-être actuel.
Alors vendredi je me suis levée un peu plus tôt, je suis sortie dans la rue tiède, du miel encore imprimé sur ma langue, et j'ai marché jusqu'au portail de la maison de Sylvaine. Elle était justement dehors, seule. Ses longs bras m'ont fait signe d'entrer.
Nous nous sommes assises un court instant. Elle n'avait pas l'air d'avoir envie de parler d'elle.
Sur elle un nouveau parfum. Mes narines n'ont pour une fois pas eu à se contenter de la simple odeur de ses vêtements, lavés avec cette lessive qui m'enveloppe tendrement.
Ses cheveux volettent et des effluves de son shampoing arrivent jusqu'à moi. Je le reconnais et me jure d'en acheter une bouteille dès que j'en aurai l'occasion.
Je suis encore une fois étonnée, surprise, émerveillée de la légèreté qu'il y a dans ses paroles, dans sa façon de se mouvoir, dans les gestes que font ses mains, alors que quelque chose pèse si lourd dans le fond de son regard chocolat dans lequel je fonds, encore et encore.
La Touran s'éloigne, je rentre paisiblement à la maison, trouvant chaque feuille virevoltante, chaque grain de poussière brillant au soleil d'une beauté absolument miraculeuse.
Elle me fait toujours cet effet. Personne ne peut lutter contre elle. Personne ne peut résister.
Je n'ai jamais su si elle avait réussi à voir mon court-métrage. Je n'ai pas pensé à le lui demander, ce ne sont pas des choses qu'on se dit avec la voix car elle n'aurait su dire son émotion.
Nos échanges oraux sont toujours d'une banalité qui bien souvent me désespère un peu, mais il y a les mots qu'on écrit, et les mots des autres, qu'on s'offre depuis le début...
A chaque fois je ressens la même chose.
D'un sourire, d'un regard, elle me pousse à être heureuse à sa place.
Comme si elle vivait par procuration, dans mes silences souriants, un peu de son bonheur envolé.
Comme si un vent s'appuyait contre mon dos, me forçant à foncer, à regarder droit devant, à avancer vers un ailleurs, un autre, sans fantômes, sans l'obscurité de ce passé qui me torture encore.
Dimanche soir, au Havre.
Florent et Nicolas sont repartis de notre petit week-end entre copains, et Eric vient me chercher.
On s'embrasse, juste un baiser, comme une évidence. Comme si on avait toujours été ensemble.
Et puis il m'emmène chez lui, pour la soirée.
Nos regards ne tardent pas à se rejoindre, puis nos lèvres, puis nos langues, puis nos peaux, incessamment, sur le canapé.
La nuit assèche nos gorges, des douleurs torturent mes jambes, je suis à la fois infiniment bien et puis un peu mal.
Cette peur de l'homme qui me prend à la gorge, cette répulsion incalculée.
Mon coeur se bat contre mon corps. L'amour contre la peur.
J'ai envie de lui mais ce désir ne me vient pas aussi naturellement que me vient celui que je peux avoir pour une femme. Il est paralysé par la peur.
Difficile de trouver une autre façon de se donner, physiquement, à un homme. Mais mon corps a du mal à l'admettre. Il souffre de s'y résoudre. Comme un danger, comme une violence incommensurable qui se dégagerait de ce morceau de chair. Ma main se refuse même à l'effleurer. Mes yeux à le regarder. Pourtant ce corps chaud contre le mien me semble familier. Comme si, comme j'ai déjà caressé maintes et maintes fois le mien, mes mains l'avaient déjà parcouru.
J'ai l'impression de le connaître déjà, comme s'il me ressemblait, lui aussi. A un détail près.
Au petit matin, il finit par glisser en moi.
Mon désir est plus fort que le plaisir éprouvé, mais peu importe. C'est à la fois trop important pour me laisser indifférente et à la fois trop secondaire pour que cela me chagrine vraiment.
Eric est là, près de moi, son coeur près du mien. C'est la seule chose qui compte.
On rit en pensant à la rentrée. On tente de trouver le ton le plus juste et le plus neutre pour se dire "bonjour".
L'après-midi on va à la plage. Il y a du vent et un grand soleil. Allongés sur les galets, on se cache sous un k-way pour ne pas se faire attaquer par les petites bêtes d'orage qui infestent l'air.
Et puis la mer s'approche, tente de nous lécher les pieds mais nous remontons un peu plus haut, toujours de justesse. Elle avance, tentante. On finit par ne plus pouvoir lui résister et on plonge. On goûte le sel de l'eau sur les lèvres de l'autre.
Je me pends à son cou, dans l'eau je suis légère, je suis une plume, une frêle sirène.
On s'embrasse et l'eau tourne autour de nous, nous fait tourner, ou bien est-ce nous qui tournons.
J'ai l'impression d'être dans ce film -d'espionnage je crois, dans lequel les deux héros principaux échangent l'un des baisers les plus longs du cinéma. La caméra tourne autour d'eux, jusqu'à ce que l'image se colore différemment et devienne floue.
A cet instant je ne pense plus à rien d'autre qu'à lui. Qu'à nous. Je me sens bien. J'ai laissé tout le reste au fond de l'eau.
Et même si j'essuie quelque larmes dans la nuit, même si des sanglots me remontent dans la gorge, parce qu'à la fois c'est trop beau, parce que je ne pensais pas avoir, encore, une chance pareille.
Parce qu'aussi j'ai trop peur de faire du mal à Eric, parce que j'ai cette phrase dans la tête :
"tout le monde s'est alors mis à penser que c'était une pathologie que tu avais. Qu'une vie de détruite, ça suffisait".
Il m'accepte avec mes troubles, avec mon passé, avec mes névroses. Il me perçoit comme je me perçois moi. En une version un peu améliorée bien sûr. Mais on se comprend. Un peu trop mais c'est bien.
"Il n'y a pas d'amour au hasard" dit Jenifer dans sa chanson "Donne-moi le temps". J'ai un peu honte de la citer mais cette chanson m'a toujours particulièrement parlée.
Je pense que c'est en partie vrai.
Je persiste aussi à croire que je suis une sacrée chanceuse. D'être tombée sur lui.
Soudain j'oublie tout le reste, toutes les déceptions. Cela ne compte plus. C'est dérisoire.
Ce qui est merveilleux c'est que sous son regard, ses mains, ses baisers, je me sens moi. Je n'ai pas besoin de me forcer. Je peux rester telle que je suis, je peux lui dire les choses clairement, de manière très crue même. Sans aucun détour. Quand ce n'est pas lui qui trouve les mots, c'est moi. Et inversement.
Je rentre à Rouen le lendemain.
Le soir, Nanane (ma grand-mère) vient dîner et dormir à la maison.
Vers 22h, Eric me téléphone. Je m'éclipse pendant une demi-heure dans ma chambre.
Lorsque je redescends, Nanane me demande, par intérêt et non par curiosité, "c'était qui ?".
Je bégaye une seconde, lui lançant un regard entendu qui annonce la joie et la tendresse des mots qui vont suivre.
"Mon amoureux !"
J'ai comme l'impression qu'elle explose de joie. C'est silencieux pourtant, mais ses yeux brillent vraiment.
A cet instant je sais parfaitement à quoi elle pense. Je ressens très exactement son sentiment. Elle me donne tout par les yeux, toutes ses émotions, les réflexions paradoxales que cette nouvelle lui déclenchent, et puis me dit :
-Y'a rien de mieux que d'avoir un homme qui nous aime. Après, on se fout de tout le reste...
-Oui... Rien de plus beau.
-Et si en plus ça peut durer...
Elle ne me demande pas beaucoup de détails. Je lui dis qu'il est bien évidemment plus âgé. Ça ne l'étonne pas, je les avais prévenus. Ils savent tous que je n'en fais pas exprès mais que c'est irrémédiable.
"Pas marié ? Complètement libre ?".
Mais oui, complètement libre. Les gens indisponibles ne m'intéressent pas. Au loin brille une alliance et je m'enfuis.
Il m'aime, tu sais. IL M'AIME.
Et son prénom.
-J'ai toujours aimé "Eric". D'ailleurs si Marie-Pierre avait été un garçon, je l'aurais appelée Eric.
Je souris.
Et puis cet après-midi, lorsque je la raccompagne jusqu'à sa voiture, je l'embrasse une dernière fois et elle me dit à l'oreille, dans un grand sourire affectueux :
-Des bisous à Eric... Et tu me l'amènes quand tu veux !!
Je me sens bien.
Je ressens déjà un manque, de plus en plus fort, de plus en plus profond. Et cela me réjouit, me conforte dans cette idée de bonheur auquel je crois à fond.
Un petit mois de vacances ce n'est rien. Tu as connu bien pire. Et là tu as le droit de prendre de ses nouvelles autant de fois par jour que tu le souhaites. Tu as le droit de parler de lui. Tu as le droit de dire et redire son prénom sans que cela ne provoque des foudres.
Je sens ces vacances comme de belles vacances, de nouveau. Je n'ai plus aucun problème. Je peux enfin recommencer vraiment à vivre. Car je ne vis pas sans amour, je survis.
Mais fini de survivre, Marie. Tu vas de nouveau aimer, tu vas de nouveau être aimée, tu vas de nouveau donner et recevoir, comme un miracle. Tu vas de nouveau sourire naturellement, parce que tu en as envie, et non parce que c'est ce masque là qui convient à ton entourage.
Tu vas redevenir la Marie heureuse que tu étais.
Tu l'es déjà.
Ça n'a pas échappé à ceux qui te voulaient du bien.
La semaine dernière j'étais dans les Yvelines, pour rendre visite à mon tout nouveau petit cousin, le fils de mon parrain Thomas.
Thomas est le deuxième petit-enfant sur les dix-sept que nous sommes.
Je suis la septième.
C'est idiot mais je ne vis pas cette naissance comme les autres.
Elle instaure une sorte de compétition. Et bien que sourde, elle est là.
Et puis cette naissance m'émeut, profondément.
Sans doute parce qu'elle a surgi dans la cellule de la famille dont je me sens la plus proche. Celle que mon oncle Philippe a créé.
J'ai donc retrouvé pour la énième fois la maison à la grille bleue, cette maison dans laquelle je me sens si bien. Et pas seulement parce que je sais Sylvaine si proche, non.
Le doux air des Yvelines me réconforte, m'apaise.
Plus que nul part ailleurs, je me sens chez moi, comprise.
Je me mets à songer à un éventuel retour ici, plus tard.
Quelques minutes après, ma tante me demande où j'aimerais vivre dans quelques années.
Je souris.
Ici.
J'aime cette bulle dans laquelle je m'enferme à chaque fois. Bulle de douceur, sans haine ni violence. Comme si ces mots et les sentiments qu'ils désignent avaient été bannis de cette maison, voire de cette région.
Les murs de chez Philippe transpirent la bonté, la bienveillance. C'est sidérant.
Sylvaine n'était pas disponible de la semaine, je ne pouvais venir la voir le soir à cause de son mari et de son mal-être actuel.
Alors vendredi je me suis levée un peu plus tôt, je suis sortie dans la rue tiède, du miel encore imprimé sur ma langue, et j'ai marché jusqu'au portail de la maison de Sylvaine. Elle était justement dehors, seule. Ses longs bras m'ont fait signe d'entrer.
Nous nous sommes assises un court instant. Elle n'avait pas l'air d'avoir envie de parler d'elle.
Sur elle un nouveau parfum. Mes narines n'ont pour une fois pas eu à se contenter de la simple odeur de ses vêtements, lavés avec cette lessive qui m'enveloppe tendrement.
Ses cheveux volettent et des effluves de son shampoing arrivent jusqu'à moi. Je le reconnais et me jure d'en acheter une bouteille dès que j'en aurai l'occasion.
Je suis encore une fois étonnée, surprise, émerveillée de la légèreté qu'il y a dans ses paroles, dans sa façon de se mouvoir, dans les gestes que font ses mains, alors que quelque chose pèse si lourd dans le fond de son regard chocolat dans lequel je fonds, encore et encore.
La Touran s'éloigne, je rentre paisiblement à la maison, trouvant chaque feuille virevoltante, chaque grain de poussière brillant au soleil d'une beauté absolument miraculeuse.
Elle me fait toujours cet effet. Personne ne peut lutter contre elle. Personne ne peut résister.
Je n'ai jamais su si elle avait réussi à voir mon court-métrage. Je n'ai pas pensé à le lui demander, ce ne sont pas des choses qu'on se dit avec la voix car elle n'aurait su dire son émotion.
Nos échanges oraux sont toujours d'une banalité qui bien souvent me désespère un peu, mais il y a les mots qu'on écrit, et les mots des autres, qu'on s'offre depuis le début...
A chaque fois je ressens la même chose.
D'un sourire, d'un regard, elle me pousse à être heureuse à sa place.
Comme si elle vivait par procuration, dans mes silences souriants, un peu de son bonheur envolé.
Comme si un vent s'appuyait contre mon dos, me forçant à foncer, à regarder droit devant, à avancer vers un ailleurs, un autre, sans fantômes, sans l'obscurité de ce passé qui me torture encore.
Dimanche soir, au Havre.
Florent et Nicolas sont repartis de notre petit week-end entre copains, et Eric vient me chercher.
On s'embrasse, juste un baiser, comme une évidence. Comme si on avait toujours été ensemble.
Et puis il m'emmène chez lui, pour la soirée.
Nos regards ne tardent pas à se rejoindre, puis nos lèvres, puis nos langues, puis nos peaux, incessamment, sur le canapé.
La nuit assèche nos gorges, des douleurs torturent mes jambes, je suis à la fois infiniment bien et puis un peu mal.
Cette peur de l'homme qui me prend à la gorge, cette répulsion incalculée.
Mon coeur se bat contre mon corps. L'amour contre la peur.
J'ai envie de lui mais ce désir ne me vient pas aussi naturellement que me vient celui que je peux avoir pour une femme. Il est paralysé par la peur.
Difficile de trouver une autre façon de se donner, physiquement, à un homme. Mais mon corps a du mal à l'admettre. Il souffre de s'y résoudre. Comme un danger, comme une violence incommensurable qui se dégagerait de ce morceau de chair. Ma main se refuse même à l'effleurer. Mes yeux à le regarder. Pourtant ce corps chaud contre le mien me semble familier. Comme si, comme j'ai déjà caressé maintes et maintes fois le mien, mes mains l'avaient déjà parcouru.
J'ai l'impression de le connaître déjà, comme s'il me ressemblait, lui aussi. A un détail près.
Au petit matin, il finit par glisser en moi.
Mon désir est plus fort que le plaisir éprouvé, mais peu importe. C'est à la fois trop important pour me laisser indifférente et à la fois trop secondaire pour que cela me chagrine vraiment.
Eric est là, près de moi, son coeur près du mien. C'est la seule chose qui compte.
On rit en pensant à la rentrée. On tente de trouver le ton le plus juste et le plus neutre pour se dire "bonjour".
L'après-midi on va à la plage. Il y a du vent et un grand soleil. Allongés sur les galets, on se cache sous un k-way pour ne pas se faire attaquer par les petites bêtes d'orage qui infestent l'air.
Et puis la mer s'approche, tente de nous lécher les pieds mais nous remontons un peu plus haut, toujours de justesse. Elle avance, tentante. On finit par ne plus pouvoir lui résister et on plonge. On goûte le sel de l'eau sur les lèvres de l'autre.
Je me pends à son cou, dans l'eau je suis légère, je suis une plume, une frêle sirène.
On s'embrasse et l'eau tourne autour de nous, nous fait tourner, ou bien est-ce nous qui tournons.
J'ai l'impression d'être dans ce film -d'espionnage je crois, dans lequel les deux héros principaux échangent l'un des baisers les plus longs du cinéma. La caméra tourne autour d'eux, jusqu'à ce que l'image se colore différemment et devienne floue.
A cet instant je ne pense plus à rien d'autre qu'à lui. Qu'à nous. Je me sens bien. J'ai laissé tout le reste au fond de l'eau.
Et même si j'essuie quelque larmes dans la nuit, même si des sanglots me remontent dans la gorge, parce qu'à la fois c'est trop beau, parce que je ne pensais pas avoir, encore, une chance pareille.
Parce qu'aussi j'ai trop peur de faire du mal à Eric, parce que j'ai cette phrase dans la tête :
"tout le monde s'est alors mis à penser que c'était une pathologie que tu avais. Qu'une vie de détruite, ça suffisait".
Il m'accepte avec mes troubles, avec mon passé, avec mes névroses. Il me perçoit comme je me perçois moi. En une version un peu améliorée bien sûr. Mais on se comprend. Un peu trop mais c'est bien.
"Il n'y a pas d'amour au hasard" dit Jenifer dans sa chanson "Donne-moi le temps". J'ai un peu honte de la citer mais cette chanson m'a toujours particulièrement parlée.
Je pense que c'est en partie vrai.
Je persiste aussi à croire que je suis une sacrée chanceuse. D'être tombée sur lui.
Soudain j'oublie tout le reste, toutes les déceptions. Cela ne compte plus. C'est dérisoire.
Ce qui est merveilleux c'est que sous son regard, ses mains, ses baisers, je me sens moi. Je n'ai pas besoin de me forcer. Je peux rester telle que je suis, je peux lui dire les choses clairement, de manière très crue même. Sans aucun détour. Quand ce n'est pas lui qui trouve les mots, c'est moi. Et inversement.
Je rentre à Rouen le lendemain.
Le soir, Nanane (ma grand-mère) vient dîner et dormir à la maison.
Vers 22h, Eric me téléphone. Je m'éclipse pendant une demi-heure dans ma chambre.
Lorsque je redescends, Nanane me demande, par intérêt et non par curiosité, "c'était qui ?".
Je bégaye une seconde, lui lançant un regard entendu qui annonce la joie et la tendresse des mots qui vont suivre.
"Mon amoureux !"
J'ai comme l'impression qu'elle explose de joie. C'est silencieux pourtant, mais ses yeux brillent vraiment.
A cet instant je sais parfaitement à quoi elle pense. Je ressens très exactement son sentiment. Elle me donne tout par les yeux, toutes ses émotions, les réflexions paradoxales que cette nouvelle lui déclenchent, et puis me dit :
-Y'a rien de mieux que d'avoir un homme qui nous aime. Après, on se fout de tout le reste...
-Oui... Rien de plus beau.
-Et si en plus ça peut durer...
Elle ne me demande pas beaucoup de détails. Je lui dis qu'il est bien évidemment plus âgé. Ça ne l'étonne pas, je les avais prévenus. Ils savent tous que je n'en fais pas exprès mais que c'est irrémédiable.
"Pas marié ? Complètement libre ?".
Mais oui, complètement libre. Les gens indisponibles ne m'intéressent pas. Au loin brille une alliance et je m'enfuis.
Il m'aime, tu sais. IL M'AIME.
Et son prénom.
-J'ai toujours aimé "Eric". D'ailleurs si Marie-Pierre avait été un garçon, je l'aurais appelée Eric.
Je souris.
Et puis cet après-midi, lorsque je la raccompagne jusqu'à sa voiture, je l'embrasse une dernière fois et elle me dit à l'oreille, dans un grand sourire affectueux :
-Des bisous à Eric... Et tu me l'amènes quand tu veux !!
Je me sens bien.
Je ressens déjà un manque, de plus en plus fort, de plus en plus profond. Et cela me réjouit, me conforte dans cette idée de bonheur auquel je crois à fond.
Un petit mois de vacances ce n'est rien. Tu as connu bien pire. Et là tu as le droit de prendre de ses nouvelles autant de fois par jour que tu le souhaites. Tu as le droit de parler de lui. Tu as le droit de dire et redire son prénom sans que cela ne provoque des foudres.
Je sens ces vacances comme de belles vacances, de nouveau. Je n'ai plus aucun problème. Je peux enfin recommencer vraiment à vivre. Car je ne vis pas sans amour, je survis.
Mais fini de survivre, Marie. Tu vas de nouveau aimer, tu vas de nouveau être aimée, tu vas de nouveau donner et recevoir, comme un miracle. Tu vas de nouveau sourire naturellement, parce que tu en as envie, et non parce que c'est ce masque là qui convient à ton entourage.
Tu vas redevenir la Marie heureuse que tu étais.
Tu l'es déjà.
Ça n'a pas échappé à ceux qui te voulaient du bien.
Ecrit par inconsciente, le Jeudi 31 Juillet 2008, 00:47 dans la rubrique Aujourd'hui.
Commentaires :
Je persiste aussi à croire qu'il est un sacré chanceux. D'être tombé sur toi.
C'est beau de te voir comme ça Marie.
Re:
Merci d'être heureux pour moi.
Ceux qu'on appelle les "amis" sont sensés être heureux quand on est heureux, non ?
Alors peut-être bien que tu es un ami, même si je ne crois pas trop en ce mot. En tout cas tu l'es plus que bien des gens. Bien des gens sensés être proche que la nouvelle de mon bonheur ne réjouit pas.
Ils préfèraient peut-être la Marie-Martyr, elle les rassurait parce qu'elle allait toujours plus mal qu'eux.
Mais ça, c'est fini. Maintenant que j'ai mon Eric.
:)
Merci Exvag. Vraiment.
Ceux qu'on appelle les "amis" sont sensés être heureux quand on est heureux, non ?
Alors peut-être bien que tu es un ami, même si je ne crois pas trop en ce mot. En tout cas tu l'es plus que bien des gens. Bien des gens sensés être proche que la nouvelle de mon bonheur ne réjouit pas.
Ils préfèraient peut-être la Marie-Martyr, elle les rassurait parce qu'elle allait toujours plus mal qu'eux.
Mais ça, c'est fini. Maintenant que j'ai mon Eric.
:)
Merci Exvag. Vraiment.
Bon alors, ce Eric, il sort d'où ? C'est pas le mec précédent avec qui t'avais passé une nuit ? Et le prof ? Aaaaaaaah faut que je lise tout !
Aphone, paumée ^^
Aphone, paumée ^^
Laurette
02-08-08
à 14:55
C'est un peu indécent de trainer par là. Mais ce texte, je le lis avec bienveillance, et beaucoup de bonheur. Si tu veux bien, Petite Marie, je serai un peu votre ange gardien à tous les deux... Mais seulement si tu le veux bien. Puis les anges, ça plane doucement, il suffit de leur souffler dessus pour qu'ils s'en aillent voir ailleurs...
En tout cas, je suis simplement heureuse et touchée de lire ces mots. Sincèrement. Plein de bonheur à toi et ton amoureux, Petite Marie. :-)
En tout cas, je suis simplement heureuse et touchée de lire ces mots. Sincèrement. Plein de bonheur à toi et ton amoureux, Petite Marie. :-)
Re:
Merci beaucoup chère Laurette, tes mots me touchent beaucoup... :)
Bien sûr que je veux bien, un ange gardien n'est jamais de refus... J'en ai eu un auparavant, cela me plaît que tu le sois le nouveau, le nôtre...
Merci pour tout
A bientôt :)
Bien sûr que je veux bien, un ange gardien n'est jamais de refus... J'en ai eu un auparavant, cela me plaît que tu le sois le nouveau, le nôtre...
Merci pour tout
A bientôt :)
Bonheur POWAAAA !!!
Même si je ne sais pas trop d'où sort cet Eric, s'il t'aime, c'est un mec bien ! Et un veinard en plus. Je te souhaite "tout le bonheur du monde" mon Inconsciente, j'ai un petit truc à te raconter sur msn, la prochaine fois qu'on se voit, un petit truc que j'ai fait , ça devait être autour du 20 juillet, et dont je me souviens maintenant que je te lis !!!
Même si je ne sais pas trop d'où sort cet Eric, s'il t'aime, c'est un mec bien ! Et un veinard en plus. Je te souhaite "tout le bonheur du monde" mon Inconsciente, j'ai un petit truc à te raconter sur msn, la prochaine fois qu'on se voit, un petit truc que j'ai fait , ça devait être autour du 20 juillet, et dont je me souviens maintenant que je te lis !!!
Les deux premières phrases me marquent. Et surtout nepas culpabiliser, et puis profiter c'est tout. parfois, il faudrait se foutre des autres Marie...
Bonjour,
Je découvre ton blog, et j'aime ce que j'y lis... Tes mots me touchent, tes tournures de phrases, tous ces sentiments que tu décris si bien, à la fois avec précision et pudeur.
Tu as tellement raison de profiter de cette maison du bonheur, tellement raison d'être heureuse. Je n'ai pas du tout lu ton blog pour l'instant, juste cet article, mais je devine le combat pour en arriver là, et je t'admire :-)
Je m'attaque au reste ;-)