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Dios mio
Je crois que je reprends déjà pied.
Peut-être que d’ici quelques jours, quand je serai retournée au Havre, je serai de nouveau déprimée, avec l’impression que mon cœur est en train de se faire piétiner.
Mais jeudi midi, quand je suis entrée dans la salle de bains pour prendre ma douche à la framboise, j’ai senti que j’avais de nouveau la pêche.

Sûrement parce que j’y crois encore.

J’ai volontairement envoyé un mail très bref, mardi, pour lui souhaiter une bonne année.
Parce que je voulais juste qu’il soit certain que je n’étais fâchée, que je ne lui en voulais pas.
Mais maintenant j’attends qu’il prenne de mes nouvelles.
Parce que maintenant qu’il n’y a « plus rien à espérer », je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas un peu lui qui entretiendrait l’amitié.

Ma sœur avait commencé un portrait de moi hier, mais elle m’avait dessiné plein de boutons.
Je le montre à ma mère, offusquée, en lui demandant si j’ai tant de boutons que ça sur la tronche.
Elle me dit : « Mais non ! Sur son dessin tu ressembles à une calculette ! ».
Alors ça m’a fait rire, et j’ai répliqué que si j’étais vraiment une calculette, je lui plairais peut-être plus.
Elle a rétorqué que ce n’était pas ça le problème. Que c’était évident que je lui plaisais.
« Tu voulais qu’il t’aime ? Et ben il t’aime. Mais après ça, rideau ! ».

Après être sortie de la salle de bains et m’être habillée, j’ai pris mon courage à deux mains, j’ai enfoncé mon bonnet sur ma tête, et je suis allée renouveler mon stock de Miss Dior, épuisé depuis un sacré bout de temps.
Et ça m’a fait du bien.
Ph nous a raccompagnées ma mère et moi dans sa belle voiture intérieur cuir avec les sièges chauffants. Whouuu.

Vendredi, je suis partie à la chasse, espérant trouver le livre de Pénélope Jolicoeur.
La vendeuse m’a filé le seul et unique exemplaire.
Qu’elle avait planqué entre deux présentoirs, parce qu’elle se le gardait pour le soir.
Quand enfin il a été à moi, on est allé à la Fnac et j’ai fait une partie de cache-cache entre les rayons avec Julien.
Il m’avait vexée.
Gentiment.
Enfin bon, j’ai fait celle qui prenait ça bien, mais quand on me dit qu’on préfère le design d’un PC à celui d’un mac, j’ai comme un urticaire qui me pousse à l’intérieur.
Alors j’ai voulu le semer.
Mais en voulant ruser, je me suis fait avoir.

J’ai jamais été très douée pour les cachettes.

Sauf le jour où on a joué à cache-cache avec mes cousins, que je me suis planquée dans le placard du grenier de chez mes grands-parents, et que je suis restée deux heures à me tordre parce que ma vessie allait exploser, alors qu’ils avaient tous abandonné et qu’ils étaient en train de goûter. Les ingrats.

Hier on est allé voir Hélène à son magasin (vous savez la copine de ma mère dont je vous ai déjà parlé plusieurs fois, qui est trop sympa et complètement vrillée).
J’ai eu du mal à la reconnaître.
Elle avait plutôt mauvaise mine mais par contre, elle avait grossi de neuf kilos depuis la dernière fois.
Remarque ça faisait un bail.
Et puis.
Et puis la Hélène que je connaissais était limite anorexique.
La Hélène d’aujourd’hui est toute mimi, toute en rondeurs, et sera l’heureuse maman d’une petite fille, en mai prochain.

Je me souviens que pendant un temps, les femmes enceintes m’effrayaient. Elles me mettaient très mal à l’aise.
Maintenant elles m’inspirent une autre émotion. Une émotion douce.

J’ai hâte de retourner à l’appartement, de retrouver certains de mes professeurs, et puis en même temps, je suis angoissée.
Parce que je n’ai rien foutu des vacances, rien de rien, et que je commence à culpabiliser grave. Surtout pour l’exposé de mardi, pour lequel les filles de mon groupe et moi n’avons trouvé aucune information.
Et aussi les DS de cette semaine.
Et de la semaine d’après.
Que des dizaines de pages à apprendre par cœur.

J’ai la ferme impression que mes prochaines nuits vont être courtes.
Et ça me fout en l’air.

Ça me fait chier, de devoir encore me prendre la tête avec des DS de merde.
 
Je n’arrête pas de dire que ouais quand je sortirai de l’IUT je n’aurai que 19 ans, que c’est trop jeune pour travailler, que de toutes façons je n’en aurai pas envie, que je préfèrerai continuer mes études, et tout et tout et tout.

Mais en même temps je suis incapable de faire quelque chose si ce n’est pas dans la passion ou l’affection.

Et je dois dire que bien que cette formation se rapproche de ce que je voudrais faire plus tard, bien que l’ambiance y soit top moumoute, et ben bien des matières m’emmmmmmerdent.

Qu’est-ce que c’est con ces diplômes. Tu dois passer tant d’années dans un tel lieu pour pouvoir faire tel truc.

Je crois que si je réfléchissais comme ça tout le temps, je serais une rebelle, je ne porterais pas forcément de jogging mais je n’aurais pas mon bac.

Ce qui me motivait pour le bac, c’était que j’aimais mes profs, par-dessus tout. J’avais envie qu’ils soient fiers de moi.
J’avais la pression de leur confiance, je crois que c’était surtout ça.

Hier je me disais qu’il faudrait que j’ai vachement de succès, que je gagne un max de fric en faisant une méga connerie qui plairait, et qu’ensuite, je pourrais me la couler douce, et faire ce que je veux vraiment faire.
De l’écriture, et du cinéma.

Je voudrais passer mes journées à écrire des scénarios, à repérer des endroits, à chercher l’acteur qu’il me faut.

Mais pour ça il faut avoir du soutien, de la bouteille, et du fric.
Et je n’ai rien de tout ça.

Je voudrais dessiner.
Je voudrais photographier.
Je voudrais écrire.

Mais je crois que je ne pourrais pas ne pas faire du cinéma, parce que dessiner, photographier, et écrire, on le fait tout seul.
Et moi j’ai besoin du contact humain. Et de l’image. L’image qui bouge.

Dans les films, les écrivains sont toujours dépressifs.
Et comme ma vie, c’est les films…

Et même si j’ai un côté un peu dépressif, que je revendique d’ailleurs, je ne me vois pas empirer ça en m’enfermant pour écrire un bouquin.

Les bouquins m’emmerdent.
Pourtant j’aime lire.
Mais j’ai pas le courage.

Moi je veux bouger, je veux gueuler, je veux glousser, je veux chialer, je veux vociférer, je veux courir, je veux applaudir, je veux être éblouie, je veux voir, je veux entendre.
Je veux filmer.

Il paraît que ceux qui y croient réussissent.

Je ne suis pas spécialement croyante. Enfin si. Enfin j’ai un fond quoi.
Et puis j’ai le réflexe de dire Oh mon Dieu à tout bout de champ. Mais c’est peut-être à force de regarder les films d’Almodovar.
Je crois en moi et en mes projets.

Je n’arrête pas de penser à ce putain d’exposé.
Ça me stresse.
J’ai toujours l’air comme ça d’assurer, de me foutre pas mal de ce genre de détails.
Mais franchement, j’aimerais bien ne pas en avoir que l’air.

J’ai très souvent l’impression d’avoir plus de 50 ans dans ma tête. Enfin ça me fait chier de délimiter un chiffre pour vous faire comprendre ce que je ressens, parce que bon, on peut avoir 55 ans et être méga immature.
Enfin bon, voilà, je me sens trop vieille pour mon corps, trop vieille pour mon âge terrestre.
Et si vous saviez comme c’est lourd à porter.
J’ai presque l’âge de la retraite (j’écoute les infos mais je ne retiens ni ne comprends rien. Ceci explique cela).
Je suis fatiguée.

Les quinquagénaires qui me lisent vont m’étriper : pardon d’avance, je vous adore.

Le système scolaire m’emmerde profondément.
Je n’en peux déjà plus moi de tout ça.
C’est pas normal.
En plus je suis la plus jeune, j’ai toujours été la plus jeune de ma classe.
Je suis la seule mineure de ma classe.
Le truc c’est que je ne suis pas normale.
 
Enfin personne n’est normal.
Mais certains le sont quand même plus que d’autres.

En fait depuis toujours je sens qu’un truc énorme m’attend dans le futur (si ça se trouve, tout le monde a cette impression, comme celle d’être immortel). Un truc trop bien.
Mais j’ai toujours eu peur de ne pas emprunter la bonne voie, et de passer à côté du truc de ouf.
Si ça se trouve je vais attendre toute ma vie, je vais devenir une vraie galérienne, et rien n’arrivera jamais.

Parfois aussi j’ai peur que la chance ou que le destin soit héréditaire.
Je me dis que je vais peut-être me planter grave, et finir par faire un métier pas du tout intéressant, parce qu’il faut bien aller au turbin pour se nourrir.
Et puis je me dis aussi que j’aurai peut-être le cul bordé de nouille. Que je vais rencontrer des gens géniaux, que je vais monter les échelons, sans faire beaucoup non plus.

Et il y a un truc que j’ai toujours eu envie de me promettre, car vous savez tous que je suis inconsciente, c’est de ne jamais emprunter de l’argent à mes parents.
Déjà, le fait qu’ils payent le loyer de l’appartement, bien que je n’aie que 17 ans, ça m’horripile.
J’ai tellement toujours rêvé de m’en sortir toute seule.
Toute seule.
Sans l’aide de personne.
Et réussir en plus.

Voilà, vous connaissez mes ambitions, vous avez de nouvelles preuves de la folie qui m’habite.

À croire que l'angoisse m'inspire.


 
Ecrit par inconsciente, le Dimanche 6 Janvier 2008, 14:00 dans la rubrique Aujourd'hui.

Commentaires :

ninoutita
ninoutita
06-01-08 à 20:37

Bon déjà, j'irai bien à un concert de J-L Aubert avec toi.
Ensuite, il faut que j'achète le bouquin de Penelope Jolicoeur.
Et puis, cet article me ressemble : ou plutot, nous nous ressemblons.
Je n'ai aussi rien fait ces vacances et je suis très stressée.
Enfin, je suis heureuse que tu sois déjà sur pied.

Te quiero ma rafi.

PS: je me suis souvenue que je t'avais écrit il y a un an et demi, durant l'été, lorsque j'avais rencontré Romain. Je me demande quels étaient mes mots.
 

 
inconsciente
inconsciente
06-01-08 à 21:09

Re:

C'est étrange mais depuis que je suis rentrée dans l'appartement, tout à l'heure, je me sens beaucoup mieux.
Pourtant je me rapproche de demain.
Mais je crois que j'aime par dessus tout travailler dans l'urgence.
Et tout déchirer.

Demain matin je fignole le montage de mon film (enfin du film que j'ai réalisé avec deux filles de ma classe et mon prof). J'ai hâte. Mais je voudrais que la semaine commence à 8h et termine à midi.
Pour que toutes les merdes d'après n'arrivent pas.

J'ai deux bougies au chocolat et une bougie à la rose qui brûlent à côté de moi et à côté du buste de Beethoven.
Et moi je m'empiffre de tartines de foie gras à la confiture (ultra épicée) d'oignons.

Pour les lettres dans lesquelles tu parles de Romain, je te les scannerai dès que je le pourrai : toutes mes affaires sont dans des cartons à Rouen, alors je ne suis pas sûre de pouvoir le faire avant au moins trois semaines...
Tes mots étaient doux je crois. Ils étaient peut-être un peu mélancoliques de l'avoir quitté.
Mais on sentait une douceur, comme celle qui nous enveloppe lorsqu'on s'endort dans le train.

Je pense à toi mon amour de ninou.

yo tambien te quiero.

 
alberto
alberto
07-01-08 à 11:13

Les gens géniaux... c'est peut-être déjà ceux qui te mettent des com !
Courage, courage pour 2008 ! Le rose rouge annonce déjà que du bon !


 
inconsciente
inconsciente
07-01-08 à 18:19

Re:

Bonne année Alberto :)
Et oui, je considère mes lecteurs comme des gens géniaux !!