Quatre ans ma Sylvaine.
Quatre ans que t'as débarqué dans mon coeur en adoucissant tout sur ton passage.
C'est une jolie date 14 décembre.
Bonne journée

Après tout je me fichais qu'elle ne réponde pas.
Bien sûr j'aurais préféré qu'elle réponde.
J'aurais préféré avoir la surprise de voir un message d'elle sur mon portable au beau milieu de la journée.
Mais je n'avais pas peur. Pas honte de lui dire. De marquer le coup de ces quatre ans.

Il ne faut pas avoir honte des belles choses.

De toutes façons, j'étais sur un nuage.
Le Prince avait un vrai sourire dans la voix la veille au soir.
Même avec tous ses problèmes.
Même avec l'attente du résultat de son divorce.
Même avec sa poisse intersidérale.
Il riait.
Et ça m'enchantait littéralement.

À part travailler, dormir, et faire des cartons, je n'ai rien fait du week-end.
Je me suis soignée.
Et dans le train j'ai regardé la suite de Love Actually.
Que j'avais déjà vu au moins trois fois, mais je ne m'en lasse pas.
Ça a fait passer ma déprime du dimanche soir, et ça m'a évidemment bercée dans la certitude qu'il faut, bordel de merde, que je passe à l'action avant Noël.

Ce matin je me suis pointée au studio de montage.
Bien sûr les autres membres de mon groupe n'étaient pas là.
Il y avait une ambiance magique.
Dehors il faisait froid.
Je sentais que le prof m'accordait toute sa confiance.
Nos images paraissaient plus belles encore qu'avant.

J'ai modifié le son. J'ai étouffé le vent.
Et puis j'ai collé la plus belle mélodie du monde aux images.
Et c'était beau à en pleurer.

Beau peut-être parce que j'ai le coeur qui déborde d'amour.
Beau peut-être parce que les gens qui s'arrêtaient disaient eux-aussi que ça donnait envie de pleurer.

C'est fou le pouvoir qu'a la musique.
Il suffit de laisser quelques notes s'envoler et plus rien n'est pareil.
Tout est embelli. Magnifié.

J'ai senti mon portable vibrer alors qu'on parlait de Carla Bruni avec mon oncle et ma tante.
Quand je me suis retrouvée, vers 13h45, seule dans le froid mordant qui rend les joues roses, j'ai lu ces quelques mots.
Et j'ai eu l'impression que mes pieds étaient soudain posés sur un petit nuage doux.

C'est drôle je vois grandir petit pierre et toi en parallèle !
Moi je cours toujours comme William.

Ça m'a touchée qu'elle parle de William.
Parce qu'en ce moment je suis, comme ça m'arrive souvent, en pleine extase dès que je l'entends.
Surtout depuis ce matin.
Mes deux acteurs sont beaux comme des dieux.
Et ma chanson préférée accompagne leurs mouvements légers et profonds.
Ça a été une grosse décision à prendre que de partager cette chanson avec tant de personnes.
Je m'y suis tellement attachée, je me la suis tellement appropriée.
Quelques mots restent miens.
Mais c'est à elle que je dédierais ce film si je le pouvais.

À elle dont le regard donnerait presque envie de la suivre.
À elle dont la douceur rendrait presque heureux de la voir vivre.

Hé oui !
Et toi tu grandis plus mais tu me fascines toujours à rester si douce et pleine de poésie avec la vie que tu mènes.
Le jour où je t'ai rencontrée, j'ai eu l'impression que je te connaissais depuis toujours.
Comme une évidence.

J'ai hâte d'être en vacances.
Hâte d'être attrapée par le tourbillon des fêtes.
Hâte que cette foutue semaine soit terminée, avec ses échéances à la con.
Hâte d'avoir un peu de temps à consacrer à mes rêves, sans avoir trop mauvaise conscience pour une fois.

Hâte de pouvoir écrire comme j'écrivais pendant les vacances.
Des choses profondes qui me sortaient des tripes.
Parce que j'avais le temps de réfléchir. Le temps de me prendre la tête sur des choses qui me concernent vraiment.
Pas sur des exposés, DS, et autres conneries stupides et inutiles.
Il y a plein de choses que je voudrais écrire.
Plein de choses peut-être inintéressantes, mais profondes.

J'entendais ma mère dire l'autre jour que quand on travaille, on est moins dépressif, on a ni le temps ni la force de se prendre la tête sur nos problèmes existentiels.
C'est sûrement vrai.
Mais je dois dire que je n'aime pas ça.
Je n'aime pas trop l'idée de noyer ses soucis dans le travail.

C'est plus classe de les noyer dans l'alcool.

Mais la vie n'est pas toujours classe.

Je sais que si je fais encore un pas, un pas de plus, quand je le reverrai, cela ne voudra rien dire pour autant.
Peut-être qu'il ne réagira pas, ou peu.
Peut-être qu'il me raisonnera. D'ailleurs c'est ce que je le vois déjà faire.
Et ensuite il se dénigrera.
Et j'aurai beau trouver tous les arguments du monde, aucun d'entre eux ne fera s'effacer son caractère têtu.
Mais j'espère qu'au moins, après, il s'en mordra les doigts. Il se foutra des claques.

Oh mon Dieu faites qu'il succombe et puis c'est tout. Qu'il n'y ait pas encore de complications.
Qu'il se laisse aimer. Merde.