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Long is the road


Je m'apprête à ranger mes affaires. La journée est terminée. Enfin !
Soudain je l'aperçois descendre l'escalier quatre à quatre, vêtu de son manteau et tenant son cartable à la main.
Je ne fais ni une ni deux. J'attrape mon sac d'une main et ma veste de l'autre. Je me précipite dans l'escalier, poussée par cette envie de vivre qui m'aurait quittée si je n'avais pas trouvé en lui un équivalent à tous ces visages qui me donnaient l'envie de me lever autrefois.

Je le vois au loin s'affairer autour de sa voiture, mettre son cartable dans le coffre, poser son manteau à l'arrière. Je souris.
Voilà, ça me suffit, je l'ai aperçu une dernière fois pour aujourd'hui.
Je passe près de la voiture, lui jette un rapide coup d'oeil, puis continue mon chemin lorsque sa voix interrompt mon pas cadencé.

-Voulez-vous que je vous dépose quelque part, Marie ?
Dans le ton de sa voix, j'ai l'impression d'entendre toute la réflexion qui l'a poussé, en quelques secondes, à décider de me proposer de me raccompagner
-Oh hé bah.. Oui, je veux bien !

Il entre dans la voiture, j'ouvre la portière, m'installe à ses côtés et il démarre.
Il appuie sur le bouton de la radio.
Les quelques mots qui s'échappent des enceintes au moment où la radio s'allume se trouvent bizarrement être "... ou faire l'amour avec elle".
Il appuie vite sur un autre bouton et c'est la voix de Franck Sinatra qui illustre cette fin de journée ensoleillée.

Il est 18h30. Ciel bleu et plein soleil. Il fait trop chaud. Comme d'habitude lorsqu'il est là, je sens l'air devenir moite. Il ouvre sa fenêtre.
L'impression de me retrouver dans l'un des films qu'il m'a prêtés.
Rouler au soleil. Le vent dans les cheveux.
Une musique entraînante et chaude qui ne vient pas rappeler un quelconque souvenir, une quelconque personne ou une quelconque effluve du passé.

Il roule un peu vite et c'est un délice. J'adore quand il accélère.

Je parle, sans complexes. Je lui dis tout ce que j'ai toujours eu envie de lui dire.
Ces petits détails idiots que j'ai retenus.
Ces questions que je voulais lui poser.
Il me parle de lui. D'une souffrance à un souvenir, d'un souvenir à une anecdote récente, d'une anecdote au récit de ses vacances.
Le trajet ne dure que dix minutes tout au plus mais je sors de sa voiture avec l'impression de lui avoir parlé des heures, de lui avoir dit beaucoup de choses et d'en avoir entendu beaucoup de lui.

Quand on attend rien des gens, on est immensément heureux lorsqu'ils donnent quelque chose...
Je n'attends rien de Clooney, je l'aime beaucoup parce qu'on rit ensemble, parce qu'il comprend mon goût du cinéma, parce qu'il est quelqu'un d'intéressant. Mais si je m'attendais à cette proposition...

Lorsque j'ai raconté ça à une amie de longue date, elle m'a dit "Putain mais c'est dingue ! Tu obtiens vraiment toujours tout ce que tu veux !".
J'ai peut-être un radar, un truc qui fait que je ne peux faire autrement que de voir les gens tout d'abord comme des êtres humains, avec un coeur, un passé, des blessures et des sentiments.
Même quand ces gens se trouvent être placés de l'autre côté du bureau, et même quand il faut que je les appelle Monsieur ou Madame.
Je n'y peux rien je suis comme ça. Je ne me rends même plus compte tant ça m'est naturel.

Hier soir, entre une pièce de théâtre et une soirée avec ma classe, mini discussion avec A sur msn. Son ordi n'arrête pas de planter (PC de merde). Je finis par lui envoyer un texto :
Bon ben bonne nuit bello.. Tu fais quoi ce week end?
Je coince mon portable dans mon soutien-gorge parce que la robe que j'ai mise n'a pas de poches, et le gilet qui recouvre vaguement mes épaules non plus.
Dix minutes plus tard, j'ai le thorax qui vibre.
Desole .. Probleme de connexion. Bonne nuit aussi bella..
Alors je m'envole. Même s'il n'a pas répondu à ma question.

En rentrant tout à l'heure, douce envie de le voir. Douce envie d'avoir peur.
Je lui demande ce qu'il fait vers 17h (heure à laquelle je sors du train).
Je ne reçois sa réponse que vers 18h.

Il est à la Fnac, où Cocoon donne un mini-concert.
J'irais bien mais... Mais si je ne le trouve pas ?
Mais si je croise mon père en descendant et qu'il me demande où je vais ?
Mais si ...
Et je suis tellement fatiguée... Et j'ai tellement envie de le voir tout seul. Juste lui. Juste moi. Pas au milieu d'une foule de groupies.

J'ai froid, je me glisse sous mon édredon en me traitant de conne, en me rongeant le peu d'ongles qui me reste (je commence d'ailleurs à avoir sérieusement mal au bout des doigts...).

Je ferme les yeux et pense à lui, au désir qui me vient lorsque je l'imagine se serrer dans mes bras, à sa bouche rouge, à son regard si doux et si dur, à ses joues piquantes et à ses mains qui ne ressemblent pas du tout aux mains dont je rêverais, mais qui me plaisent malgré tout.
À la tendresse qui s'empare de mon coeur quand j'imagine ma main se poser sur sa joue.
J'entends son petit rire étouffé qui me fait craquer.

Lorsque je rouvre les yeux, il est 19h45.
C'est ma mère qui vient me réveiller.
Elle s'allonge à côté de moi et commence à me raconter plein de trucs.
Elle parle parle parle des lettres de condoléances d'untel et d'untel, elle me dit qu'elle a de nouvelles photos de mon grand-père, des photos que mon oncle lui a scannées et qu'elle ne connaissait pas.
Elle me les envoie. Je ne veux pas les voir. Je les regarde, un peu forcée, mais referme vite la fenêtre du mail. C'est trop dur. C'est comme quand j'entends la voix de Lynda Lemay. J'ai cette impression d'horrible terreur et de terrible angoisse, ce malaise qui coupe les jambes, celui que j'ai ressenti, par deux fois, dans ces églises fleuries de larmes.

Semaine stressante mais belle.
Grande complicité avec Clooney, éclats de rire dans l'escalier, moqueries dans son bureau, confidences sur la route.
Préparation de la revue de presse de la semaine, découpage, collage, feuilletage, prise de tête, organisation, coups de gueule, café à la vanille, expressos, soupirs de ras-le-bol, sandwich dégueulasse.
Théâtre avec Garfu, Mél et Élodie. Adaptation très réussie de Feydeau par l'atelier théâtre de l'université.
Passage éclair à la soirée de l'IUT. Le barman me reconnaît et me demande si aujourd'hui je suis venue avec mes chaussures. Je bois un ti-punch. Je danse deux minutes. On repart.
Promenade dans la ville la nuit avec Mélanie. Je chante Simplement sur notre beau pont illuminé. je me rends compte que personne d'autre que Sheller ne peut vraiment la chanter. Même moi qui la connaît par coeur, du moindre mot à la moindre note, je peine à lui donner belle figure lorsque j'essaye de la chanter.

Je me sens quand même vraiment mieux.
Très fatiguée parce que je me couche bien trop tard et que je mange bien trop mal, mais j'ai plutôt le moral. J'ai des projets, mes petits trésors habituels qui sont là quand rien ne va plus et cette douceur dans le coeur.

Alors parle-moi, parle-moi de nous
Tous les deux, qu'est-ce qu'on veut
Qu'est-ce qu'on fout
Parle-moi, parle-moi de nous
Avec toi j'irai n'importe où
Parle-moi de toi



Ecrit par inconsciente, le Samedi 26 Avril 2008, 00:54 dans la rubrique Aujourd'hui.

Commentaires :

Elwinwea
Elwinwea
26-04-08 à 11:25

Alors ça avance quand même un peu avec nos A. respectifs... ça me fait tout plaisir, je t'ai sentie toute heureuse, toute troublée... Je suis super contente pour toi !!!

 
inconsciente
inconsciente
26-04-08 à 11:29

Re:

Oui...
Même si c'est un trouillard et qu'il repousse le jour où on va se revoir...

 
Elwinwea
Elwinwea
26-04-08 à 21:08

Re:

J'espère que tu auras plus de chance que moi ;-) Je te raconterai, promis...

 
inconsciente
inconsciente
27-04-08 à 11:59

Re:

J'espère aussi..
Que nos routes ne sont pas si parallèles...

 
Elwinwea
Elwinwea
27-04-08 à 18:09

Re:

Tu ne peux pas savoir à quel point je l'espère pour toi...

Que toute la chance qui m'a été refusée dans ce domaine (bon, tu vas me dire que j'en ai assez pour bien d'autres choses) te soit accordée !!!

 
Chivato
26-04-08 à 20:28

Vous êtes tout simplement un concentré de vie Marie. Vous savez capter un rayon de soleil (Clooney) ; vous avez l'émotion difficile (Linda, votre grand-père...), vous guettez l'espoir (A....). Et cette vie vous savez aussi la croquer dans vos dessins que vous partagez avec générosité.

Avec ce ciel bleu au bord de l'eau, j'ai bien pensé à vous aujourd'hui.

Bises.


 
inconsciente
inconsciente
27-04-08 à 12:00

Re:

C'est gentil d'avoir pensé à moi :)

 
Chivato
27-04-08 à 12:57

Re:

Lol, de rien, c'était une pensée spontanée inspirée par les éléments ;)