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Mais qu'est-ce qu'il y a dans le sac des filles ?
Le film se termine sur une note de flamenco.

Je me retourne vers l'autre canapé.
Ma soeur s'est retournée vers le mur et dort profondément.

Je me lève doucement.
Je vois mon reflet dans le grand miroir qui est au-dessus de la cheminée.
La dentelle rouge de mon soutien-gorge dépasse un peu de ma robe noire à pois blancs, trop décolletée.
C'est ma robe préférée.
Je l'ai acheté l'été dernier à Narbonne, dans un magasin du style Mim dans lequel je ne vais jamais habituellement, et dans lequel, ce jour là, tout était en solde.
Tout, sauf cette robe évidemment.

J'avais attrapé deux robes, celle-là et une noire unie.
Je m'étais enfermée dans l'une des cabines d'essayage.
J'étais mal à l'aise parce que la porte ne couvrait que mon corps.
Tout le monde pouvait donc voir mon visage.

J'ai donc essayé les deux robes. Mais c'est pour celle-là que j'ai eu le coup de foudre.
J'ai ouvert la porte de la cabine et me suis regardée dans la glace.
J'ai écarquillé de grands yeux. Ce n'était pas possible que ce soit vraiment moi cette fille dans le miroir.

Je me suis dit qu'enfin j'avais trouvé la robe de mes rêves et que ça n'avait pas de prix.
Je ne suis pas du genre à faire des folies pour un vêtement, ça m'est bien égal, je ne fais jamais vraiment attention à ma façon de m'habiller.
Mais cette robe était spéciale, à la manière du jean magique des 4 filles dans ce roman pour ados que j'avais dévoré et dont le tome 4 est sorti (et qu'il faut que je me procure de toute urgence ainsi que le best of des 100 plus belles chanson de William Sheller).


Alors ce soir en me voyant dans le reflet, avec ce flamenco envoûtant en fond sonore, j'étais émue.
J'ai eu envie de danser, mon dos s'est fendu quand je me suis penchée en arrière, ma tête a basculé, ma main a tapé le rythme contre ma cuisse, et mes pieds nus ont esquissé quelques pas dans flamenco improvisé et certainement ridicule pour tout spectateur autre que moi.
Je me suis regardée bien profondément dans les yeux.
Je me suis dit qu'à cet instant la chose que je désirais le plus au monde c'était de lui donner tout l'amour qu'il n'a pas eu.

La dentelle rouge qui dépassait tranchait entre le noir de la robe et le blanc si pâle de ma peau.

J'aime ce rouge intense, ce rouge sang, pur, beau, viscéral.

Je me suis sentie envahie, comme le personnage de Léo (une femme) dans le film que je venais de regarder, par un désir incommensurable. Un désir brûlant qui a saisi tout mon corps.

Et même si je ne prenais pas, comme Léo, des comprimés de phosphore -qui eux étaient la cause de cette sensation chez Léo-, je savais très bien que ce flamenco prenant était l'un des facteurs de mon état.

J'ai forcément du sang espagnol caché quelque part.
Il y a cette émotion quand j'entends quelqu'un parler espagnol dans la rue.
Des frissons. De la joie. Un bonheur qui m'ôte tout de suite la moindre idée noire.
Et puis ce tremblement intérieur lorsque les castagnettes se mélangent aux guitares, et les bruits des talons aux claquement de main.
Plus qu'une musique, elle vit en moi. Elle a quelque chose de sensuel qui ne me laisse pas indifférente.


Je suis allée jusqu'à la salle de bain.
Dans l'autre miroir, j'ai regardé les cernes rondes qui se dessinaient sous mes yeux.
Puis j'ai regardé les deux courbes que formaient mes seins, rapprochés et comprimés par ce soutien-gorge trop féminin pour moi...

J'étais si près de lui hier.
Et comme il est beaucoup plus grand que moi, ses yeux se sont peut-être posés un instant sur la blancheur laiteuse de mon décolleté.

Je sentais quelque chose qui nous séparait tous les deux de tous les autres qui nous entouraient.
Comme si dans leurs yeux à tous, quelque chose de plus fort nous liaient.
Il y avait le regard de maman qui, elle, savait, mais aussi celui de M. M qui m'a salué de cette manière si particulière, comme s'il me devait le respect -dû à ma lettre ou bien dû à cette position spéciale que j'ai désormais avec le prince-.
Peut-être en cet instant, alors que j'évitais son regard, ses yeux à lui se sont posés sur moi.
Sur ma peau.


À cet instant, devant mon miroir, si j'avais pu, su, osé, je serais sortie en courant dans la rue sombre et humide et j'aurais couru le retrouver.

Mais le vent frais m'aurait fait reprendre raison en me fouettant les joues.

Tu connais le numéro de l'immeuble mais tu ne sais pas quel est l'appartement.
Son nom n'est pas sur l'entrée. Seuls des chiffres, toujours des chiffres, d'un cruel anonymat.
Il ne t'attend pas.
Il dort peut-être.
Il n'a jamais esquissé l'ombre d'une phrase qui aurait trahi une envie quelconque de te voir débarquer chez lui.


Mais pourquoi, lorsque je lui ai demandé son adresse e-mail, m'a-t-il récité avec précision son adresse postale, alors qu'il savait pertinemment que je la connaissais déjà ?
À part pour m'embêter, y-aurait-il une autre raison ?

Je ne peux m'empêcher de visualiser encore et encore le sourire qu'il avait hier midi.

Et de me répéter son message que j'ai appris par coeur à force de le lire.

Voilà ce que j'ai de lui.
Ce message dont je suis l'unique destinataire.

Chère - Princesse - Adorable - Dévoré - Ciel bleu - Bon week-end - Nage-bien.

Je répète ces mots qui n'ont pas tant de valeur mais qui moi me touchent.

Il dit toujours qu'il n'a pas la plume facile. Mais c'est faux.

Il écrit merveilleusement bien.

Avec tant de poésie.

Oh je l'aime. je l'aime tellement. je n'y peux rien.
Et cela me plaît de l'aimer comme cela.

Au moins je vis pour quelque chose.
Pour quelqu'un.

Ecrit par inconsciente, le Mercredi 20 Juin 2007, 22:06 dans la rubrique Aujourd'hui.

Commentaires :

ninoutita
ninoutita
20-06-07 à 23:25

Et moi qui ne veut plus vivre pour personne.
Pour tout le monde. Mais pas pour une personne en particulier.

 
Mandragore
Mandragore
21-06-07 à 18:39

Re:

ah bon ? Tu vas vivre dans l'abnégation? mais pourquoi ça??

 
Mandragore
Mandragore
21-06-07 à 18:40

Il y a quand même une veine dingue d'être aimé comme toi tu l'aimes. En plus, t'ayant vu... sa veine est double.