Cela ne fait qu'une nuit qu'elle est là et pourtant ça me parait naturel.
Evident.

Les autres matins je ne voulais pas sortir de mon lit.
J'avais envie d'aller à l'IUT mais... Mais j'étais fatiguée, j'voulais rester la tête dans mes rêves.
Maintenant Garfu est là.
Alors je dors mieux parce qu'elle m'a apporté un oreiller nuage.
Et j'ai envie de me lever pour la voir.

J'aime cette ambiance.
Nos deux univers, juste séparés par un couloir.

On est allé à la plage.
C'était agréable de marcher, le long des grandes avenues, tout droit, jusqu'à qu'il n'y ait plus d'horizon.
Enfin jusqu'à ce qu'il y en ait enfin un justement.

Un horizon bleu.

Il y avait un attroupement.
On se marrait avec Garfu, se moquant des gens de l'IUT.
"Oh ouaaaais moi j'suis en puuuub... Et toi ? En MLP ? Oh yeah ??"
Là deux ou trois filles nous accostent "Les filles, vous êtes en PUB ??"

On fait "Euh naaan" d'un air "Moi en PUB ? Tu veux rire...".
Et puis on se glousse.
En fait l'attroupement correspondait sûrement à la "journée intégration" à laquelle j'avais décidé d'échapper, j'y serais bien allée si j'avais été seule, mais je préférais mille fois passer l'après-midi avec Garfu.
Je ferai donc la VIP, et n'irai qu'à la fête de ce soir.

Alors on a foncé vers la droite et on a marché, marché, jusqu'à ce que, sur les galets, seules des fesses de vieux soient exposées au soleil.

On s'est déshabillé et on a filé à l'eau.

Elle était fraîche mais quel bonheur.

L'impression de rêver.
Ce matin j'étais en cours.
Et là je suis à la plage.
Avec Garfu.

J'aurais bien dit avec ma meilleure amie mais ça me fait penser à toutes ces filles qui disent "ma meilleure amie" à tire l'arigot et avec superficialité. C'est trop connoté (oh yeahh) alors ça me fait chier. Alors Garfu est la meilleure des amies que je connaisse, elle est la personne à qui je peux tout dire, tout confier. Et elle sait que, selon l'expression poufisante (et autres) consacrée, elle tient bien le rôle de "la meilleure amie de Marie". Voilà.

Hier soir j'ai parlé avec lui sur Skype.
On parlait, tous les deux et soudain, dans son salon, une petite voix a dit "Papa, y'a un but !".

Cela m'a étonnée et ravie à la fois.
Il me parle donc quand ils sont là, je fais toujours "partie de sa vie", il m'appelle Marie quand il leur dit que j'ai dit quelque chose qui les concerne ou qui peut les intéresser.
On commence une longue série de rires, ils sont de plus en plus excités, il est presque 23h et ils ne dorment toujours pas alors qu'ils doivent se réveiller le lendemain vers 5h30/6h parce que leur école et leur collège est très loin de chez lui.

Il me dit "Bon on va y aller, on va aller se coucher, je te laisse, à demain j'espère, je te fais un gros bisou".
Et puis il répète cette phrase, en inversant parfois les mots, environ dix fois, jusqu'à ce que l'image bloque et que je raccroche la conversation pour lui permettre d'aller coucher ses sauvages.

Mais avant que l'image ne bloque, j'entends et vois un bout d'Eugénie, sa fille, qui claque un gros bisou dans l'air.

Je rigole.

J'ai reçu la réponse de Nadège.
Je pensais qu'elle allait me rassurer, qu'elle allait faire preuve de ce ton si doux et si réconfortant que je lui connais.
Mais ce que je lis derrière les lignes me blesse quand même.

Rassure-toi mon opinion ne change pas quant à toi, je ne te juge pas, tu fais tes propres choix et l'essentiel c'est que tu sois en accord avec ta conscience.

Mais comment être en accord avec ma conscience si personne ne m'aide à prendre un choix ?
Si personne ne m'éclaire sur mes droits ?
Je demande de l'aide mais elle ne m'en donne pas.

Demain soir je vais rentrer à Rouen.
Je pensais que mes parents seraient contents de me voir, ma mère le sera sûrement mais mon père m'a déjà engueulée sur Skype, parce que tout à l'heure je me suis pris la tringle de mes rideaux sur la gueule.

Ils s'étaient coincés derrière mon lit, et je ne sais pas comment ça s'est passé mais en tout cas c'est allé très vite.

Alors je pense au Prince, on s'envoit des mails, au moins un par jour, et ça me donne des ailes.
Il ne finit plus ses mails par Bisous mais par Je t'embrasse.

Alors voilà, je continue mon petit bout de chemin.
Cette nuit fiesta.
Demain cinq heures de cours, dont trois avec Monsieur G, que je n'ai pas encore eu en tant que prof, mais j'ai quand même hâte.

La vie n'est pas un long fleuve tranquille, demain matin vers 9h45 je prendrais la passerelle, comme d'habitude, et je me répèterai que la vie est belle.