Joyeuse fête de la musique.
Après deux jours, intenses, de tournage, Julien passe me chercher à 20h45.
Sa mère nous dépose devant le théâtre des arts.
Et là ce n'est que rencontres...

À Rouen cette fête n'est pas très riche en groupes fabuleux, en émotions fortes, mais elle est l'occasion de rencontres, de retrouvailles.
C'est déjà ça.
Je ne cherchais rien d'autre d'ailleurs.

On retrouve Florent qui, génial, a ammené notre ami commun Flavien.
Flavien est en fauteuil depuis que je le connais. Je crois qu'il est comme ça depuis sa naissance.
On parle tous les deux pendant toute la soirée.
Il vient de terminer ses deux ans dans l'IUT que je vais intégrer en septembre.
On rigole sur ses profs que j'ai aperçus.
J'aime bien Flavien.

Quant à Florent, lorsqu'il est venu me retrouver le midi au lycée -j'attendais désespérement que le Prince débarque, mais il n'est pas venu, il ne devait pas avoir cours- nous sommes allés manger à la caféteria où je vais habituellement et nous avons discuté très sérieusement.
Je pense que, que ce soit pour lui comme pour moi, il nous est rare de discuter réellement sérieusement avec quelqu'un de notre âge.
Plus Florent grandit, mieux il est.
On peut rire à s'en décrocher la mâchoire avec lui, mais il peut également être un super confident à l'oreille très attentive.
Ainsi à la table de ce restaurant, il m'a dit tout ce qui lui pèse, à mon avis, depuis plusieurs années, et qui est ressorti avec le décès du père d'E.
Cela fait des années qu'ils se connaissent avec E et les sentiments d'E à son égard ont toujours été un peu ambiguë.
Mon meilleur ami, Mon frère, ...
Et là elle lui demande de venir à l'enterrement de son père.
D'un sens c'est normal, mais on aurait tous pu y aller, et Flo prend ça à nouveau comme une preuve de son amour pour lui.
Il est évidemment confronté aux questions de la famille Ah c'est toi le petit ami d'E ?, Vous êtes ensemble ?!
Comme il n'a jamais été vraiment sûr que l'amitié rien que l'amitié d'E à son égard soit réellement de l'amitié, cela en rajoute à son malaise.
Alors voilà, il s'est confié à moi, m'a expliqué à quel point il avait été choqué par l'attitude d'E qui riait au moment où elle a appris qu'il s'était suicidé.

Je crois que nous avons tous été choqués.

À la terrasse du bar à laquelle nous avons pris un pot hier soir, il y avait un petit groupe d'hommes d'une quarantaine d'années qui jouaient des classiques. Finalement c'était plus agréable que d'écouter des groupes nouveaux. Pas que je n'aime pas écouter ce que jouent les groupes nouveaux, mais dans les circonstances de la soirée, de nos discussions, etc, c'était mieux.
Ainsi, ils ont joué "Say It Ain't So Joe", chanson que j'avais mise dans l'une des compiles que j'ai offertes au Prince, alors mon coeur était en ébullition.

D'ailleurs juste avant que Julien vienne me chercher, j'avais déjà le coeur en ébullition -dès que je pense au Prince en fait-, alors je lui ai envoyé un mail, juste pour lui dire que je pensais à lui avant d'aller en ville me mêler à la foule...

Cette nuit j'ai rêvé qu'il m'avait écrit trois mails. Ce qu'il disait à l'intérieur était agréablement ambiguë.

Quand je me suis réveillée j'avais mal partout comme si on m'avait battu toute la nuit.
D'ailleurs je ne comprends toujours pas pourquoi j'ai mal comme ça partout.
Je sais que j'ai un petit bout de peau déchiré dans le dos mais ça je me souviens comment c'est arrivé.
Je me suis râpé la peau du dos en tentant de grimper sur des poteaux pour filmer de plus haut.
Mais ce n'est pas ça qui fait que je suis à tel point courbaturée.
Enfin peu importe, après tout on s'en fiche royalement.

Quand je me suis réveillée donc, j'étais en colère, de très mauvaise humeur, allez savoir pourquoi...
Je suis descendue. Il était 8h50.
J'ai vu que tous les céréales, pain de mie et autres ingrédients essentiels au petit-déjeuner étaient toujours sur la table.
Je suis allée dans la salle de bains.
Je me suis mis de l'eau sur la tête.
J'avais toujours les sourcils froncés et un goût de contrariété dans la bouche.
Je suis remontée mais cette fois au deuxième.
J'ai appuyé sur la barre d'entrée du clavier et l'ordinateur endormi s'est réveillé.
J'ai regardé machinalement mes mails sur Yahoo et soudain j'ai aperçu le nom de mon Prince dans la colonne "expéditeur".
J'ai cliqué vite sur le délicieux "Re" qui intitulait son mail. Pourquoi "délicieux" ? Parce que ce "Re" signifie qu'il m'a répondu, qu'il accepte de m'écrire, qu'il accepte de continuer la conversation...
Bon je ne vais pas partir dans la psychanalyse des automatismes des boîtes mail mais je suis sûre que vous voyez ce que je veux dire...
Comme introduction à ce mail, simplement, Très chère princesse.
La dernière fois c'était chère princesse et là c'est Très chère...

Ce soir méga fête au lycée.
Je ne pense pas qu'il viendra mais...
En tout cas je l'ai mis au courant en répondu à ce cher mail.