Je ne voudrais pas dire de bêtises.
Mais après tout peu importe.
Les mensonges je me les raconterai à moi.
La douleur du faux espoir ne retombera que sur moi.
Mais depuis quelque jour j'ai un pressentiment.
Comme si quelque chose d'important allait arriver.
Un évènement quelconque. Une rencontre.
Quelque chose de positif ou bien de négatif.
Mais je ressens plutôt du positif.
Est-ce que cela a un rapport avec mes 18 ans ?

J'ai l'impression que mon esprit est une fourmilière.
Des milliers de pensées vagabondent paisiblement ou filent comme l'éclair.
Des milliers de chemins, comme si toutes mes terminaisons nerveuses se retrouvaient dans mon esprit.

Hier soir j'ai enlevé toutes les photos du Prince que j'avais accrochées sur mon mur.
Ce matin j'ai retourné et glissé derrière plein d'autres cartes la photo qui était dans mon agenda.
Tu l'as bien mérité. Toi qui ne réponds plus à mes messages.

Je ne sais pas trop si je m'en veux au fond, de l'avoir étouffé de tant d'amour au moment où il était le moins récéptif.
À mes yeux, l'amour est toujours bon à prendre, à n'importe quel moment.
Et j'ai dû mal à m'imaginer dire "Je préfère être seule, je t'aime de tout mon coeur mais nan tant pis, je préfère me remettre tranquillement".
Si c'est ça la vie, alors ça ne vaut pas la peine.
On a pas le temps putain.
Réfléchir c'est bien.
Se blaser à l'amour ? Jamais.

Mais encore une fois, c'est ma vision des choses.

Ce matin quand je me suis réveillée, après juste deux heures de sommeil, j'ai bondi de mon lit.
J'allais écrire que c'était ça le bonheur mais je me suis ravisée.
Je sens comme une tache d'encre noire qui gâche ce bon moment.
Mais j'en reparlerai plus tard.

J'ai petit-déjeuné, je me suis lavée, me suis habillée, et puis après avoir cherché un gilet, en vain, j'ai ouvert les portes fenêtres et suis montée sur le balcon.
7h du matin.
L'air humide, les mouettes qui ricanent déjà. Le ciel à couper le souffle.
J'ai eu envie de dire tout fort : Mais quelle chance j'ai de vivre ici !

Et puis j'ai pensé : Même si j'ai enlevé toutes les photos de toi, tu me manques mon Prince... Je t'imagine dans ton café, avec ta petite sacoche pleine de copies, en attendant que le lycée ouvre. Je voudrais tellement entendre ta voix. T'écouter me parler. Tu me manques tellement mon amour. Je t'aime... Tellement tellement tellement.

Garfu dormait sous ma couette blanche, d'un sommeil fragile.
Il y avait une mélancolie douce. Une tristesse installée, et fondée. Mais belle.

Je ne suis pas partie guillerette mais chavirée.
Joliment chavirée.
Avec les voix de Thomas Fersen et de Marie Trintignant pour me bercer.
Pour la centième fois depuis deux jours.
Je ne me lasse pas de sa voix à elle. Je l'ai toujours aimée mais cette chanson est un trésor.
Surtout depuis ce rêve étrange où elle m'est apparue. Si belle si fraîche si triste. Dans une robe à marguerites.

Je ne sais si cette tache d'encre noire qui vient perturber mon semi-bonheur a rapport avec le fait que j'ai dormi deux heures cette nuit et que j'ai bu quatre ou cinq cafés pour tenir.
C'est bien possible. Le manque de sommeil mêlé au café me rend amère, ou comme sale.

Et puis il y a cette autre impression, qui m'est venue dans la journée.
Je suis trop affectueuse.
Trop folle. Trop inconsciente.
Je fais des choses que je ne devrais pas faire.
Je ne suis pas assez discrète.
William dit qu'il n'ose pas.
Mais moi j'ose trop.

Et tout au long de la journée, j'ai eu l'impression que c'était ce qu'on me reprochait à l'IUT.
Je ne suis pas là depuis douze ans...
Je suis là depuis six mois.
Il faut que je fasse attention.

Peut-être n'ont-ils pas l'habitude de voir des élèves se comporter ainsi à l'égard de leurs professeurs ?

Car comme toujours, les professeurs m'intéressent mille fois plus que les élèves.
Et j'ai tellement l'habitude que tout le monde connaisse tout de ma vie que...
Que j'ai l'impression qu'eux aussi ils la connaissent.
Qu'eux aussi ils voient en moi une folle furieuse, une fayotte, ou pire... une croqueuse de profs.
Ce que je ne suis pas.
Enfin... Peut-être que je l'ignore ?

J'ai l'impression qu'en deux secondes, ma vie peut tourner au cauchemar.
Ou au rêve.
Selon le pressentiment.

Je suis mal à l'aise, je ne me sens pas bien, je sens un truc arriver.
Je ressens exactement le même sentiment désagréable de quand un orage se prépare, l'atmosphère est lourde, pesante, étouffante.
Mais qui sait, l'orage sera peut-être époustouflant de beauté ?

Et à part ça :
-Elle a un ulcère qui ne guérira pas
-J'ai eu maman pendant deux heures au téléphone vendredi et c'était génial : elle sort un bouquin que vous pouvez acheter ici
-Clooney a répondu à l'un de mes mails en terminant par "see you soon"
-Mon grand-père est hospitalisé à partir de demain et ma grand-mère est terrorisée de retourner vivre à la clinique
-Des filles de ma classe (enfin surtout une) veulent m'acheter un vibromasseur pour mes dix-huit ans
-J'ai vu Le péril jeune de Klapisch et j'ai A-D-O-R-É
-Demain je saurai si j'ai (ou pas) mon semestre.

Moralité : les choses qui sont dites avec plein de mots, plein de détails et plein de phrases ne sont pas forcément les plus importantes.