Elle est accompagnée d'une fille qui n'a pas du chat, mais qui a plutôt l'air un peu torturée.
Le paysage est beau à en pleurer.
Il tombe une brume humide. L'horizon est flouté par le brouillard.
La profondeur du bleu du ciel se reflète dans l'étendue de la mer, qui semble infinie.
Odeurs. Silences. Flash backs. Sourires. Larmes. Délires intérieurs. Phrases inachevées. Pensées en supens.
Elles ne parlent pas, ou peu.
Rien ne pourrait venir perturber l'état dans lequel elles se trouvent.
Elles sont heureuses et désespérées. Elles sont actrices dans ce lieu presque trop beau pour être vrai. Ce décor urbain et maritime. Les arbres encore nus en cette fin de mois de février, semblent être faux. Si on les attrapait, pense la fille torturée, ils se décrocheraient tout seuls du bitume, ils seraient légers. Ils seraient en plastique.
Une petite digue, et un phare apparaissent, comme par magie.
Après les bâteaux, fantômes errants sur la mer violette, il ne manquait plus qu'eux. Il pleut des cordes, le ciel est sombre, le khôl noir coule et les cheveux se rebellent. Souvenir de vacances. Souvenir de paix.
Qu'est-ce que j'aimerais vivre ici, dans une ville au bord de la mer, pense la fille torturée...
Puis elle rattrape sa pensée, la raye sans la gommer -car elle aime les erreurs et elle aime la folie- et se corrige :
Mais je vis ici ! Quelle chance j'ai de vivre là... D'avoir ce bonheur-là à portée de mains, à portée de pieds, à portée d'yeux et à portée de coeur.
-On tourne ici ? demande la fille torturée. Ça nous fera un petit détour mais...
-Ah non moi j'aime pas. Je préfère la petite rue avant la nôtre, répond la fille qui a du chien.
-Moi j'adore, chuchote la fille torturée. C'est la rue où on voit le grand atelier...
La fille torturée se rappelle alors la phrase de cette fille qu'elle ne connaissait pas, qu'elle avait aidée un après-midi, à faire du cinéma.
Cette fille lui avait dit, en souriant :
-T'es vraiment pas contrariante toi comme fille...
Sur le coup elle n'avait pas tellement réalisé, que cela pouvait être vrai.
Trop bonne trop conne ? Bonne poire ?
Quand elle était petite, la fille torturée adorait les poires. A l'époque où ce fruit savoureux, qu'elle aimait plus que tous les autres, ne lui provoquait pas d'horribles démangeaisons dans la bouche et la gorge, et ne faisait pas s'accélérer les battements de son coeur.
La première fois qu'elle avait entendu l'expression "bonne poire", elle s'était dit que ça lui collerait à la peau, toujours. C'était elle la poire. Celle à qui on sourit, celle qu'on aime bien, celle qu'on adore même des fois. Celle qu'on considère parfois comme un concept auquel on adhère à fond, ou bien qu'on rejette complètement. Celle qui aime, plus que tout, mais qu'on ne laisse jamais aimer. Celle qui cède. Celle qui fait des efforts. Celle qui rend toujours service, celle qui ne sait pas dire non. Celle qui est populaire mais qu'on ne pense jamais à inviter aux soirées. Ou dont on ne veut pas peut-être, parce qu'elle ne sera pas drôle, parce qu'elle se fâchera pour un oui pour un non, parce qu'on tombera bien sur quelqu'un qui ne l'aimera pas et elle gâchera alors la soirée. Parce que son corps bougera d'une façon plus ridicule que belle.
Bonne poire. Celle qui s'fera toujours avoir.
Ça ressemble presque au refrain d'une chanson.
Tous ces bâteaux lui auront donné envie de voyager.
D'être celle qu'elle est vraiment au fond.
De trouver l'autre, celui qui ne verra en elle que son envie d'aimer, et d'être aimée.
L'autre qu'elle emmènerait en voyage, dans les plus beaux pays du monde, à qui elle ferait l'amour sur la plage, en savourant chaque seconde, où son corps engourdi s'enflamme, jusqu'à s'endormir dans ses bras...
Mais elle est femme, et quand on est femme, on ne dit pas ces choses là.
Ses rêves se séparent en deux camps : celui où elle utiliserait tous les outils du monde moderne, où elle tournerait des films, les monterait sur Final Cut, écrirait des articles, les publierait, reverrait la mise en page sur inDesign, dirait "moteur", "ça tourne", "coupé" ou bien : "qui prend les deux col' page 6 ?".
Et puis celui, plus rudimentaire et plus poétique, où elle vivrait dans une cabane au bord de l'eau, où elle pêcherait chaque jour, où elle partirait de longues journées, en bâteau.
Le lien entre ces deux mondes ? Le point commun ? Le pont qui les relie ?
L'amour.
La seule chose qui compte.
Commentaires :
Et voir la mer au réveil... Cà doit être si. Si. Si.
Des bisous. Des sourires.
Re:
Je savoure, je lis et jme dis... "tiens elle est allergique aux fruits comme M"
Declic jtourne le regard vers la droite, je vois ta photo!
Hihi
Jt'ai retrouvé sans faire d'exprès euh!
Joli texte sois dit en passant, mais pourquoi la fille torturée dis!
Bizou
Re:
C'est riquiqui Joueb ;)
Je suis contente que tu sois revenue écrire ici, pour prouver à tout le monde que le bonheur ne bride pas l'inspiration !
La fille torturée c'est moi.
Parce que je suis torturée !
Re:
Et qu'elle ne bougera pas.
À n'importe quelle heure du jour et de la nuit, je pourrai la voir.
C'est bon...
"Inconsciente", vous ignorez peut-être que la "Poire" est un des plus beau ratage de l'histoire de la pub. Une marque de voiture (Renault) en a affublé une voiture : "La Poire" disait la campagne, pensant vanter son design aérodynamique (si vou êtes curieuse, fouillez autour de la R14). Résultat, un flop historique qui a plombé la vie commerciale du modèle. A vous lire (quelle plume !!!) vous me semblez, sans ironie, une bonne poire qu'on aimerait connaître...
Re:
Je crois que c'est le quelle plume ! qui me fait le plus plaisir.
En général je n'aime pas qu'on me vouvoie, mais là... Là c'est flatteur.
Je jetterai un oeil sur cette R14.
Tiens, 14... Mon chiffre préféré !
Re:
La lecture de votre blog est le pur hasard d'un clic heureux. Curieusement la blogosphère est riche en volume mais tellement pauvre en contenu. Découvrir dans vos lignes une véritable oeuvre littéraire est un bonheur (je pèse mes mots). En vous lisant, j'ai partagé vos doutes et vos errances. Je me suis sentie terriblement impudique.
Sans vous offenser, je me refuse à la complaisance, mon impuissance est grande à vous conseiller, mais j'ai envie de vous dire soyez simplement plus simple et moins tourmentée. C'est facile à dire !! (vos derniers billets sont encourageants en ce sens) Je crois vous comprendre dans votre envie de ne pas être "la bonne copine" bouche trou. Je crois encore vous déceler dans votre agacement vis à vis du rôle protecteur de vos proches dans des situations qu'ils ne peuvent intégrer et mesurer...
C'est difficile et paradoxal de lire un optimisme aussi noir. Sincèrement je vous félicite et vous souhaite d'imposer un rose qui ne soit pas de circonstance mais l'expression de l'amour et du bonheur auquel vous aspirez.
Re:
Vos mots me font vraiment plaisir.
Narcissisme. Sentiment de compréhension.
Merci !
Re:
Re:
Je ne m'y complairai pas, promis !
J'essaye toujours de me remettre en question, et même si l'on ne peut se changer complètement, parce que ce serait idiot de vouloir être quelqu'un d'autre, il faut toujours chercher à s'améliorer... Enfin je crois !
J'accepte les "compliments". Et si je me sens plutôt bien avec moi-même, c'est que j'ai certainement un minimum de confiance en moi, un minimum d'amour-propre. Je me plais et m'accepte telle que je suis.
Narcissisme n'est qu'un mot. Je suis toujours un peu excessive.
C'était juste pour dire que vos mots ne tombent pas dans l'oreille d'une sourde, et qu'ils me font du bien.
Re:
Re:
Au contraire.
J'assume complètement ce côté du blog un peu... Pas malsain mais... Futile ?
Car je sais que cela ne me ressemble pas !
Je sais que certaines personnes de mon entourage ne comprennent absolument pas ce besoin que j'ai d'écrire ici, ce plaisir-là.
Mais ça m'est bien égal.
Le principal étant d'être consciente des dangers/mauvis côtés et de connaître les limites.
Faut quand même vivre avec son temps, vous pensez pas ?
Re:
C'est sans doute pour ça que vous me touchez, je ne vous sens pas enfermée, et pour tout dire, pas du tout "inconsciente" sur ce monde virtuel. Vous maitrisé à fond. Rigolez un bon coup et franchment, c'est preque effrayant.
Re:
Re:
Et de rencontrer quelqu'un qui me comprend et perçoit mes certitutes au milieu de tous mes doutes ;)
Re:
Re:
Re:
Les gens ont souvent du mal à comprendre qu'il y a une demi-mesure. Quelque chose qui existe entre le dénigrement de soi et la fierté criante et dégueulante.
Merci de cet intermède rose, l'espace d'une soirée...
:)
Re:
Bisous =)
Re:
je l'ai écrit hyper vite sur un PC de merde de mon IUT, en me retournant toutes les trois secondes pour vérifier que personne ne lisait derrière mon dos...
je t'embrasse fort ma bellotte
et ne jamais s'abaisser à traiter un jour quelqu'un en bonne poire.
J'ai hâte de voir des films.
Garfu
merci la vie !
Je t'aime je t'aime je t'aime