Arno avait besoin de personnes à prendre en photo pour illustrer un article.
Il m'avait dit de ramener toutes mes copines.
Garfu, Julien et ma soeur attendaient les autres place de l'Hôtel de ville pendant que je montais dire bonjour aux autres et chercher Arno.
Je suis entrée dans le grand bureau, j'ai salué la compagnie, puis, à 14h pétantes, j'ai entendu la porte s'ouvrir au bout du couloir.
J'ai croisé les doigts intérieurement pour que ce soit Nino.
Et c'était lui.
Je me suis dit qu'il devait avoir drôlement envie de me voir pour arriver pile à l'heure à laquelle je lui avais dit que je venais.
Il est entré. Mon coeur sautillait.Je m'empêchais de rougir.
Lorsqu'il m'a vue, il m'a embrassée et est resté très près de moi, tremblant comme d'habitude.
Il répétait Elle est revenuuue ! Trop géééénial ! avec ce ton pareil à celui que Sylvaine aurait employé si elle était aussi survoltée que lui.
Et puis de ses mains tremblantes, il a attrapé les extremités de mon bonnet (deux petites nattes de plusieurs couleurs) et les a nouées en répétant encore Ça y eeeest ! Elle est revenuuue ! Avec son super bonnet !
Il disait tellement de choses à la fois et j'étais tellement perturbée qu'il soit si près de moi devant autant de gens que je n'entendais pas la moitié de ses mots. Je souriais en hochant la tête. Ses mots tournoyaient autour de moi. Il n'y avait plus que lui.
Je me demandais si mon expression me trahissait vis-à-vis des autres.
Et puis il s'est un peu calmé et est resté debout, près de moi.
Je me sentais bien comme ça, tout près de lui, au milieu de tous les autres, derrière leurs bureaux.
Je ne me sentais pas seule. Je me sentais deux. Même s'il ne le savait pas.
Ça n'a pas duré longtemps, car moins de deux heures après, quand on est revenu avec Arno pour rapporter le matos, les autres ont tout gâché.
-Tu repasses nous voir hein ?
-Oui ! Enfin j'essayerai... Les seuls moments où je suis à Rouen c'est le week-end, et vous n'êtes pas là...
-Oh tu trouveras Nino le samedi matin, peut-être même le dimanche !
-C'est vrai ?!!!! Oh bah je viendrai lui apporter des croissants alors...
-Nan, pas des croissants, hé, faut pas le faire encore grossir !
-Quoi ? Mais il est pas gros Nino...
-Il a grossi depuis qu'on le connaît...
J'étais face à Lucie, c'était elle qui me parlait. Et j'ai entendu A, dans mon dos :
-Bah oui, c'est ça hein quand on est en couple...
Là j'ai eu l'impression d'être Amélie Poulain et de me liquéfier, comme lorsque son Nino à elle part du café et qu'elle s'en veut de n'avoir pas su surmonter sa timidité et de ne pas s'être déclarée.
Après, pendant les heures qui ont suivi, je n'ai pas réussi à m'enlever cette phrase de la tête.
Une toute petite phrase qui arrive à détruire un semblant de rêve, un bourgeon d'espoir.
C'était peut-être le moment ou jamais de le détruire.
De le geler avant qu'il ne me fasse du mal.
De le tuer afin qu'il ne grandisse plus.
Mais bien souvent, mes rêves se prennent pour des phénix et renaissent de leurs cendres.
Je me suis remise à me bouffer les ongles et les petites peaux autour.
J'avais oublié les douleurs des contractures dans mon cou et dans mon dos.
Et depuis dimanche soir, elles sont revenues.
Violente dispute avec mon père.
Des heures à crier.
À se protéger parce qu'il lançait la vaisselle ou me menaçait avec un couteau.
Je lui ai dit tout ce que j'avais sur le coeur depuis trois ans.
Tous ces aspects de son comportement dont je souffre depuis trois ans, voire plus.
Il est fâché avec ses parents depuis plus de trois ans aussi, et je suis persuadée qu'entre nous ça finira comme ça.
Il se dit "sans aucun tort" vis-à-vis de ses parents, et c'est de même vis-à-vis de moi.
Il se croit parfait. Par orgueil. Simplement parce qu'il souffre.
Il se fait prescrire des anxiolitiques, pour montrer que je lui ai fait mal.
Moi forcément je suis une méchante, je suis la méchante fille cruelle. Qui pompe le fric des parents. Qui ne souffre pas de tout ça. Qui n'a pas besoin de calmants, elle.
Dès qu'il lui a demandé des anxiolitiques, ma mère m'a appelée pour me dire de me réconcilier avec lui, de faire un effort.
Je devrais me faire pardonner d'avoir dit la vérité ? D'avoir enfin dit la vérité ?
De leur avoir fait comprendre qu'on ne pouvait pas vivre comme des autruches, que ce n'était pas possible de continuer à vivre comme ça ?
Je pensais leur rendre service, leur ouvrir leurs putains d'yeux fermés.
Mais dès le lendemain, ils remettent leurs oeillères.
Qu'est-ce que je peux faire de plus ?
Je rêve de me barrer.
Je rêve de ne plus dépendre d'eux. Jamais.
Jamais je ne me suis crue parfaite.
Je sais pertinnemment que notre relation ne peut pas s'arranger non plus si je ne fais aucun effort de communication.
Mais je ne l'aime plus. Je n'arrive pas à trouver de l'amour pour lui à l'intérieur de moi.
Je n'y trouve pas vraiment de haine. Juste du dégoût.
Du dégoût envers son odeur, envers son physique.
Oh il doit bien y avoir un peu d'amour caché quelque part, pour que ce qu'il m'a dit me fasse du mal. Mais je n'arrive pas à le trouver. Vraiment pas.
Cela fait trois ans que je n'ai plus confiance en ma fille aînée. Je ne te pardonnerai jamais, petite conne. Pauvre fille. Salope. Connasse. Sale égoïste. Je ne te comprends pas. Je ne comprends pas ce que tu me reproches. Je n'ai rien à me reprocher. Toi, tu es une menteuse. Tout ce qui sort de ta bouche est du mensonge. Tout.
Je ne sais pas ce qu'on va devenir.
Mais depuis la dispute, je n'ai qu'une envie : me trouver un amoureux, et vite.
Je n'en peux plus du manque de tendresse.
Je n'en peux plus non plus de toute cette tendresse qui n'est utile à personne et que je garde en moi. Ça pèse trop lourd pour moi toute seule. Et me donner de la tendresse à moi-même, ça va un temps...
Depuis la dispute, j'ai compris que c'était bien à cause de mon père que j'avais ce besoin d'être avec quelqu'un de plus âgé.
-Tu sais Marie, toi tu n'as pas grand chose à faire chez moi. Tu n'as pas besoin de voir un psy. Celui qui devrait être ici à ta place aujourd'hui, c'est ton père. Et je le sais bien que l'image que tu as du père est mauvaise. Ton père est faible. Cela ne t'aidera pas à aimer les hommes. Je le sais bien car je l'ai eu pendant quelques séances il y a une dizaine d'année.
C'était moins compliqué quand j'étais petite.
Ils pouvaient encore me faire gober n'importe quoi.
Ils pouvaient me modeler à leur image.
Faire de moi leur clone, leur chose, leur créature.
Mais c'est fini.
Et souvent je pense au jour où je devrai faire le choix d'avoir ou non un enfant.
Si bien sûr je trouve un jour quelqu'un qui ait envie de m'en faire un.
Je suis partagée entre l'envie de tenir cette adorable petite chose toute chaude dans mes bras et de l'aimer plus que tout, et entre cette terreur effroyable qu'elle ressente un jour envers moi ce que je ressens envers EUX.
Terreur de LEUR ressembler un jour.
Tant de choses à prendre en compte.
Et si on ne fait pas ce qu'il faut, ils seront vrillés pour toujours.
Ils souffriront pour toujours.
Même si on souffre toujours.
Je rêve souvent d'avoir d'autres parents.
Je voudrais vite avoir une nouvelle famille.
Une famille que je me fabriquerais.
Dans ma vie, une seule chose compte : l'amour.
Celui ou celle que j'aimerai...
Je me ronge les sangs parce que j'ai trop de rêves, parce que j'ai l'impression d'être poursuivie par un rouleau compresseur piqué de lames de rasoir.
Je n'ai pas peur de la mort.
Parfois quand je me lève la nuit, j'ai un premier réflexe qui fait que j'ai peur.
Et s'il y avait un tueur derrière la porte de la salle de bains ? Et s'il me tuait ?
Et puis je me dis que de toutes façons, il ne pourrait rien m'arriver de mieux que de mourir. Délivrance.
Si c'est ce jour-là que je dois mourir, alors je mourrai.
Mais je suis intimement persuadée que quelque chose m'attend.
Quelqu'un ?
Je voudrais que ce soit tout de suite.
Je ne fume pas, je ne bois pas, je ne prends pas de médicaments, pourtant je me demande souvent si dans mon entourage, il existe quelqu'un de plus torturé que moi.
Je ne sais pas si mes nerfs sont en béton, je ne sais pas si je suis un exemple ou bien si je suis un modèle à bannir.
J'ai l'impression d'en savoir plus que mon père, j'ai l'impression d'être plus intelligente que lui. Pas dans le sens que j'ai plus de connaissances ou de capacités que lui. Mais j'ai l'impression que contrairement à lui, je sais me remettre en question et reconnaître mes torts. Je sais prendre un peu de recul. C'est horrible de dire ça, et je ne veux pas avoir l'air de lui ressembler, avoir l'air de m'aduler et de penser que je suis l'exemple à suivre. Mais je pense avoir un minimum d'amour propre. Pas de fierté, non. Mais du respect pour moi-même.
J'ai plein de nouvelles idées de films.
Je voudrais en réaliser un qui aurait la fraîcheur et la profondeur des films d'il y a trente ans. Ces films aux musiques simples mais qui parviennent quand même à t'arracher les tripes.
J'aurais dû naître dans les années 60.
J'aurais été bien plus heureuse.
Mais j'ai pas besoin de regrets.
Et surtout pas d'être seule pour être libre.
Ce dont j'ai besoin, c'est d'une solution.
Et j'ai l'intime certitude que la solution, je la trouverai quand j'aurai quelqu'un à aimer. Et quelqu'un qui m'aimera comme je suis.
Commentaires :
Re:
Ou en tout cas de se lever le matin.
Savoir qu'on sert à quelque chose.
C'est Goldman qui dit "Parce que l'on a tant besoin que l'on ait besoin de nous"...
Merci beaucoup.
:)
J'ai l'impression de retrouver un peu de mon histoire dans la tienne, sauf que je ne suis pas l'aînée, que mes parents sont séparés... Mais je retrouve mon père dans le tien... et les psys débiles que j'ai envoyé aux fraises...
Mais bon, tout ce que je peux faire c'est te soutenir moralement, et espérer que ça passe rapidement...
Re:
Quand tu parles de psy débiles, tu veux dire que tu les retrouves dans mon père ou tu parles des psys en général ?
Parce que je pense que la seule solution pour qu'il s'en sorte, c'est bien d'aller consulter...
Malheureusement le meilleur psy de la ville a eu un accident et a dû arrêter d'exercer.
Re:
J'ai bien peur que cela termine comme ça parce que c'est un sanguin et qu'il fera sûrement comme ses parents.
Ce n'est pas moi qui couperai les ponts, même si je n'en peux plus de lui.
Ce n'est pas bon pour moi.
Je ne veux pas de cauchemars, je ne veux pas de remords.
Je veux être au clair.
Mais comment être au clair avec quelqu'un qui ne veut pas l'être ?
Tu as la solution : "Dans ma vie, une seule chose compte : l'amour. Celui ou celle que j'aimerai..."
Pourtant, si tu veux vraiment être heureuse, tu devrais essayer de dire : "Dans ma vie, une seule chose compte : l'amour. Celui que j'aimerai..."
Actuellement, en attendant de trouver l'amour fou, si tu trouvais un amoureux, tu arriverais à retrouver un équilibre, face à toi-même et face à tes parents (face à ton père).
Bien sûr, chacun(e) a son destin à assumer. Personnellement, je crois que tu peux t'en sortir sans trop y laisser de plumes. Aie confiance en toi, domine ton caractère passionnel en apprenant à repousser les amours impossibles. La vie est devant toi. Il y a des chemins à prendre. Chaque fois, il faut en choisir un qui nous mène toujours un peu plus en avant. Où ? Vers quel but ? Vers quel but ?
Chacun(e) doit se poser la question (ton papa aussi). Quand on se lève le matin, nous avons besoin d'être encouragé...
Bon courage Inconsciente ! Bon courage !
Re:
En plus il faut vraiment que je me lève sinon je vais être en retard.
Moi je ne les vois pas les chemins. Ce sont les rencontres que je fais qui m'emportent.
Les gens de mon âge ne m'intéressent pas.
J'aimerai quelqu'un de plus vieux, je le sais depuis toujours, mais pourquoi serait-ce un amour forcément impossible ?
On entend tous les jours qu'un prof est parti avec son ancienne élève, que tel homme refait sa vie avec une femme bien plus jeune...
Re:
Le problème c'est que tu ne veux pas un homme de ton âge...
Ma femme a 12 ans de moins que moi. Je peux donc parler de la différence d'âge dans un couple. Au début, ça ne se voit pas. Mais plus tard, quand l'homme attrape des cheveux blancs, la différence d'âge se concrètise et les problèmes commencent. Si le couple n'a pas de fondement, bonjour les dégâts !
Mais le destin est ce qu'il est. Pour moi, construire une vie à deux , c'est comme construire une maison : il faut un fondement. Les amours qui ne tiennent pas ne m'intèressent pas. Si ce que nous faisons n'aboutit pas à quelque chose, où sera donc le bonheur ? Si notre vie ne mène pas quelque part, ça sert à quoi ? Un chemin mène toujours vers un but.
Quel est notre but ? Si nous n'avons pas de but dans notre vie, nous ignorons les chemins que nous prenons. Or, nous sommes toujours en route, sur un chemin qui mène quelque part... ou nulle part. Si tu acceptes un "amour impossible", c'est comme si tu marchais sur un chemin qui mène nulle part. C'est ainsi que l'on se perd.
Pas facile. Je sais. Au risque de prendre toujours des mauvais chemins, il faut aussi tirer les enseignements des expériences vécues. Dans un échec, il y a souvent des tonnes de chance !
Inconscience, c'est aussi une question de volonté. Tu dis en toi : "je veux ceci" ou "je ne veux pas cela". Tu ouvres ou fermes les portes toi-même.
Si tu ne veux pas d'amoureux de ton âge... tu n'en auras pas !
Si tu le voulais... à mon avis, ce serait bien pour toi !
Re:
Ils sont bons pour les autres, pas pour moi. Je ne peux pas.
Et je ne vois pas pourquoi le seul bon chemin à prendre serait celui-là.
Ce n'est pas parce que j'aimerai un homme plus âgé que l'histoire en sera moins belle ni moins forte.
Ce sera peut-être politiquement incorrect mais je ne vois pas d'autre solution. Pour l'instant.
Dans ma tête je n'ai pas l'âge que j'ai Alberto.
Il me faut quelqu'un de mon âge justement. De mon âge de ma tête.
Re:
Et qu'est-ce que tu feras quand ton homme aura des cheveux blancs, qu'il se plaindra de son arthrose, alors que toi tu seras encore une belle jeune femme toute fraîche ?
Re:
Je n'ai jamais été belle alors je serai juste un peu plus fraîche que lui.
Re:
Je pensais que tu affirmais davantage ta personnalité ! Ça veut rien dire "j'ai jamais été belle"!... Ou plutôt si ! Vaux mieux ne pas avoir été belle avant et être belle maintenant ! Ou veux-tu dire que ton fameux prince n'a pas de goût ?!
D'ailleurs tu le sais bien... qu'il suffit d'aimer pour être beau / ou belle !
Re:
Juste que les gens de mon âge ne s'arrêtent qu'à la beauté physique.
Je ne suis pas une petite pouf aux cheveux longs et lisses, bien maquillée et bien habillée.
Je suis belle à l'intérieur, certains le savent déjà.
Re:
il faut aussi le vouloir
pour ta beauté (ta frimousse), il est important que tu gardes le sourire
Re:
Personne d'autre qu'Elle n'a eu envie de me prendre dans ses bras
Personne d'autre qu'Elle ne m'a désirée
Re:
Je sais si ce que j'ai vécu s'appliquer à tous, mais peut être que ça peut t'aider, ou te faire du bien, ou te rassurer ou quoi que ce soit alors je te le dis, ça peut s'arranger. Avec ton Père.
Il y a quelques années j'ai fait une dépression à cause de ma Mère, pourtant j'étais ce qu'elle voulait que je sois, entre les coups et les insultes je m'étais jurée de partir à 18 ans. Elle m'a détruit au fur et à mesure des jours, et elle le fait encore avec ma famille, seulement moi je suis partie et j'ai eu la volonté d'aller mieux. Maintenant je fais beaucoup beaucoup d'effort et je prend beaucoup sur mo pour que tout aille mieux. Avant j'étais persuadée que je détestai ma Mère que ce n'était qu'un monstre, maintenant, avec la rage en moins je me rends juste compte qu'elle est malade. Et aussi qu'elle a besoin d'aide parce que pour aller mieux faut pas qu'elle soit seule, et que pour Nous (ma famille et moi) allions mieux il faut qu'elle aille mieux elle même. Alors si je fais tout ça c'est que je l'aime, et que même si je le savais pas, je l'ai toujours aimé et je l'aimerai toujours...
Faut juste que le temps passe, et puis aussi que tu aies confiance et que tu aies de la volonté...
:) Courage :) BzOoO.
Re:
Si tu n'es pas toujours d'accord avec moi, moi ici je le suis avec toi à 100% : du fait que tu aimes ta mère. C'est vrai que si Inconsciente y arrive avec son père, elle à gagné (pour elle et pour lui).
En repassant
A chaque retour, cette même famille de sentiments qui émerge, cette envie de dévorer tout ce que tu écris, comme un roman, comme la vie !
C'est à cet article que j'ai envie de réagir. Celui-là justement où il s'agit de famille, d'appartenance. Bien évidemment parce qu'en transparence, je me retrouve un peu. Et pourtant, pourtant, la la la la la la la ! Et pourtant, comme nos vies sont différentes !
Et c'est justement là que je voulais en venir, à la différence... Sans vouloir te heurter, sans que tu ressentes un jugement quelconque, je voulais te dire ce que j'ai cru lire à travers tes mots. C'est une humble lecture, sans prétention, simplement une résonnance.
En fait, je suis profondément convaincue qu'aux premiers "vrais" pas de notre vie - ceux que nous accomplissons seuls et la tête haute (presque dans les nuages) - on balance entre deux tendances : la répétition et la réparation. Deux désirs, deux leurres.
Et puis le chemin se poursuit, on continue de grandir. En ce qui me concerne, le déclic a été porteur : me construire sur un modèle parental bancal ? JAMAIS !! Ancrer mes choix sur ce que je n'ai jamais eu... ? Comme c'est tentant... Mais à y réfléchir, c'est partir du même modèle, celui qui manque, justement... Où est l'inventivité, la créativité ?
Elle n'est pas, elle reste étouffée sous la cohorte des manques qui nous ont creusé, usé.
J'me présente, je m'appelleu Laure, j'voudrais bien réussir ma vie, être aimmééé... ! C'est tout. Je me fous d'être belle, de gagner de l'argent, puis surtout d'être intelligente. Je m'en fous !
Voilà où j'en suis aujourd'hui, du haut de mes 1 mètre 57, avec mes 30 ans en bandoulière. Je ne grandirai plus, mais j'avancerai toujours. En gros, mes "torturations mentales" se sont rejointes ici : y'a des choses immuables, comme le passé et la taille réduite des petits êtres, et d'autres qui sont à inventer et à recréer.
Alors voilà : j'ai eu la vie que j'ai eu, mais j'aurai la vie que je vais choisir.
Aujourd'hui, j'ai choisi d'aimer le plus beau des hommes, le plus ingrat des métiers, la famille la plus décalquée. J'ai aussi choisi de faire les deuils vitaux en m'éloignant de tous ces manques qui m'ont fondée.
Les fondations sont précieuses. Mais elles prennent racine autrement.
Dans le mouvement, le renouvellement, l'autrement, justement.
Moi, c'était plutôt sur la corde raide de l'opposition dans un premier temps (vous êtes tous des cons et je vous emmerde !). Ensuite, je me suis dit que c'était forcément mieux ailleurs et loin (je donc prends mon sac à dos et je trace la route).
Comme il était bien ,comme il était beau ce bout de vie !
J'en suis aujourd'hui à la phase de "réconciliation", peut-être parfois de résignation... Je ne regrette rien, mais j'en reviens toujours à la même sempiternelle expression : il ne sert à rien de se battre contre des moulins à vent.
Sauf si on les force à ne plus tourner, auquel cas la vie s'arrête.
Moi, j'ai pas envie que ma vie s'arrête. Mais j'ai pas non plus envie d'être meunière, comme on m'a gentiment dit de l'être, "parce que c'est comme ça".
Et bé non ! Ce sera autrement, parce que je l'ai décidé ! Ce qui n'empêchera pas les moulins tourner...
Mon père à moi, c'est un homme doux, ambitieux, grand, et obtus. Bizarrement, mes premiers amours l'étaient aussi...
Ma mère à moi, c'est une femme accablée par le poids des générations précédentes, qui fait de sa vie un débat perpétuel, jamais elle ne sort des cadres dans lesquels on l'a enfermée, séquestrée...
Tant pis pour elle... Mais je ne peux finalement que lui dire merci. Parce qu'elle m'a donné la force et le courage, sans le savoir je pense, de refuser cette fatalité.
J'ai choisi autrement, j'ai refusé tout ce qu'elle a accepté, contrainte et effrayée. Même si j'ai essayé de croire que l'on pouvait choisir sa famille, une famille de coeur, une famille de leurre.
Ca m'a coûté, ça m'a blessée. Mais je l'ai choisi et que c'est bon !
J'aime un homme, pas bien grand, pas bien ambitieux et loin d'être obtus... Et je n'ai jamais aimé comme je l'aime. J'entrevois avec lui des douceurs indicibles, des bonheurs à pleurer, des douleurs à s'unir de plus en plus.
Voilà. J'ai failli avoir la prétention de réparer tout ce qui était bancal ou claudicant. En faisant des choix calqués sur une union modèle.
Et puis la vie m'a tirée de ce mauvais pas : elle m'a entraînée vers des horizons inconnus, boueux parfois. C'est aussi ça, croire que le hasard n'existe pas. C'est accepter que la vie n'est pas que rose (et je cligne d'un oeil, Inconsciente), et que quoiqu'il arrive, ce sera forcément bénéfique. Même dans la douleur et le déchirement, forcément...
Ma plus belle victoire à ce jour, c'est de me dire non pas que ce que je fais n'est pas pareil que ce qu'ils ont fait, mais bien que ce que je fais est différent, point.
Voilà... Sinon, tes brouillards nocturnes cachant des tueurs imaginaires m'ont fait sourire et m'ont rappellé le roman de Sylvie Testud : "le ciel t'aidera".
J'ai été longue... Mais je n'ai jamais su faire court !
Prends bien soin de toi, Laure.
Re : En repassant
C'est marrant que la confusion arrive à un moment pareil ! Encore un clin d'oeil de la vie...
exvag
Il ne faut pas se ronger les ongles, ni manger les petites peaux qui sont autours,
Il ne faut pas boire ou prendre des médicaments pour ne plus voir le monde qui nous entoure, même si souvent il n'est pas beau à voir.
Il ne faut pas avoir envie de mourir ou disparaitre.
Parce que pour d'autres et pour moi, tu sers à quelque chose.
Tu sers à se sentir moins seul.